Une loi pour l’euthanasie mais contre la raison

Le morbide scénario se confirme : des trois propositions de loi sur l’euthanasie, la commission des affaires sociales du Sénat réunie mardi dernier a fait une synthèse. Ce texte sera discuté en séance au Sénat ce mardi 25 janvier. Et le résultat du vote est incertain.

Toute personne qui présenterait une « souffrance physique ou psychique (…) qu’elle juge insupportable » se verrait ainsi en droit de se voir administrer « une mort rapide et sans douleur. »

Derrière ce texte, la manipulation est évidente, nous l’avons déjà dénoncée. Jean-Pierre Denis, l’éditorialiste de La Vie, nous en apporte une confirmation supplémentaire dans le dernier numéro de l’hebdomadaire, en dénonçant la position très particulière de Mme Muguette Dini qui préside la commission des affaires sociales du Sénat et se trouve être, dans le même temps, membre du comité de parrainage de l’ADMD, le lobby très acrimonieux de l’euthanasie !

Le contexte est donc préoccupant. Les français sont mal informés sur la fin de vie, sur les soins palliatifs et la réalité que cache le terme euthanasie. Le sondage Opinion way publié la semaine dernière nous apprend que 68 % des français pensent qu’il n’existe pas en France de loi les protégeant de l’acharnement thérapeutique. Quant on leur propose le choix, pour un proche gravement malade, entre la piqûre létale et des soins palliatifs de qualité, 63 % choisissent les soins palliatifs (heureusement …) mais il en est quand même 36 % à privilégier l’injection mortelle !

Evidemment, ce n’est pas neutre que ce débat sur l’euthanasie surgisse en même temps que la révision des lois bioéthique et la discussion sur la dépendance. Ces questions sont en lien et nous renvoient aux deux grandes tentations du siècle dernier. La première rêvait d’un « homme nouveau », elle transparaît aujourd’hui dans les implications eugéniques de la bioéthique. La deuxième projetait de purifier l’espèce. Elle est maintenant visible dans la tentation euthanasique et la question de la dépendance. L’homme idéal serait autonome, actif, productif, bien-portant. La personne dépendante, fragile ou handicapée fait figure de « parasite ». Devenue une charge pour la société et pour ses proches, elle se croit déchue de sa dignité et réclame la mort. Imparable !

On le sait, il n’y a pas de totalitarisme plus abouti que celui qui voit les citoyens combattre pour leur propre servitude. De même, il n’y a pas d’eugénisme plus sournois et discriminant que celui que verra les citoyens arbitrer de leur propre dignité. Car, face au miroir, il n’est point de juge plus intransigeant que nous-mêmes. La revendication euthanasique s’affiche comme une liberté puisqu’elle ne serait pas contraignante. C’est oublier un peu vite que les conventions sociales et la psychologie pèsent plus que la loi pour influencer nos pratiques. Quelque soit l’issue du débat, l’existence même de celui-ci nous en dit donc long sur la société française.

Heureusement, de nombreuses voix s’élèvent pour s’indigner de ce texte de loi mal ficelé, présenté à la va-vite et presque en catimini sans réel débat de société. Contre ce texte qui voudrait, face à la souffrance, renverser nos réponses et nous contraindre à récuser le soin pour privilégier ce qui pourrait bien ressembler à une sorte d’épuration, ça coince ! D’ailleurs, signe de mobilisation, la pétition contre l’euthanasie sur le site « Faut pas Pousser » a réuni presque 50000 signatures et celle du site « Plus Digne la Vie » en regroupe plus de 10000.

L’euthanasie n’est pas une liberté

L’euthanasie n’est pas une liberté

L’euthanasie n’est pas une liberté

Le Sénat débattra de l’euthanasie mardi 25 janvier. Trois propositions de lois ont été déposées, par des sénateurs UMP, Communiste et Socialiste, tous proches de l’ADMD, l’association très virulente qui tente par tous les moyens de faire légaliser l’euthanasie dans notre pays.
 

Dans le projet de Guy Fischer, l’euthanasie serait « une dernière liberté à conquérir : la liberté pour les personnes atteintes d’une maladie incurable de recourir à une euthanasie volontaire ».

Dans le projet de Jean-Pierre Godefroy, il s’agirait de reconnaître « à chacun le droit d’aborder la fin de vie dans le respect des principes d’égalité et de liberté »

Dans la proposition de Loi du Sénateur Fouché, UMP, le premier article serait ainsi rédigé  « La personne malade a droit au respect de sa liberté et de sa dignité. Elle peut bénéficier, dans les conditions prévues au présent code, d’une aide active à mourir ».

La question de la liberté est d’importance. Mais de quelle liberté parle-t-on ? De la liberté de maîtriser la vie et la mort, la santé et la maladie ? De la liberté de ne jamais être dépendant des autres ? Mais il s’agit là d’une abstraction, d’un phantasme, d’une fausse liberté.

Pourrait-il s’agir d’une  liberté que de décider qui est digne et qui a perdu sa dignité ? Certainement pas. Car ceux qui s’érigeraient en arbitres de la dignité anéantiraient la notion même de dignité.

Les zélateurs de l’euthanasie exigent-ils une liberté par rapport aux influences extérieures ? Mais la demande de mort résulte essentiellement de l’influence extérieure ! En réalité, derrière l’apparente liberté, se cachent bien souvent les pressions de l’entourage et des contraintes économiques. Quelle est la liberté réelle de celui qui se sent « de trop » ?

Prenant l’exemple de l’euthanasie des blessés sur les champs de bataille qui a pu être considérée comme légitime lorsqu’elle était réalisée dans un contexte de dénuement total, Jacques Ricot, le philosophe des soins palliatifs,  s’étonne : « qui peut prétendre qu’il s’agit là d’actes libres ? »

Au fond, cette liberté qui justifierait l’euthanasie, c’est un concept, une option philosophique. Et ce n’est pas tant pour soulager la souffrance que pour obéir à l’injonction de ceux qui défendent cette option philosophique qu’il faudrait légaliser la piqûre létale.

La belle affaire que cette soi-disant liberté qui bousculerait radicalement notre conception de la solidarité et du « prendre soin ». Et qui nous rendrait obligés d’obtempérer à la revendication suicidaire.

Mais alors, comment respecter la liberté de celui qui demande la mort ? En l’écoutant en vérité. En cherchant à comprendre, en profondeur, la raisons de sa détresse.

Car il n’y a pas de demande de mort sans désespoir.

Et ce désespoir a des raisons auxquelles il s’agit de porter remède.

Si la demande de mort est motivée par la souffrance, il faut la soulager, si elle est déterminée par la solitude, il faut être présents, si elle semble justifiée par la souffrance induite par la dépendance, il faut rendre cette dépendance moins pesante, par l’attention, la délicatesse, la discrétion, etc ….

Respecter la liberté, c’est d’abord écouter et c’est ensuite prendre soin et non pas tuer !

Le positionnement d’Alliance VITA sur l’objection de conscience

Le positionnement d’Alliance VITA sur l’objection de conscience

Sauvons l’objection de conscience !

La clause de conscience des soignants est en danger.

Le 7 octobre prochain, une résolution visant à la « règlementer » sera soumise au vote de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Ce texte est d’une particulière gravité, pour trois raisons majeures :

1/ il entend « en cas d’urgence » forcer un soignant à pratiquer des actes que sa conscience réprouve ;

2/ il veut exclure du droit à l’objection les soignants participant « indirectement » à l’acte ;

3/ il propose l’établissement et la publication de listes d’objecteurs.

Un tel « encadrement » ruinerait le principe même de la clause de conscience. Comme si l’urgence pouvait légitimer de faire taire sa conscience, alors que c’est dans les situations les plus tendues qu’elle est le plus indispensable ! Comme si la participation indirecte à un acte pouvait être exigée, sous prétexte qu’en « émiettant » la responsabilité, chaque intermédiaire serait moins impliqué dans l’acte inacceptable ! Et comme si on pouvait oublier à quelles dérives aboutit la constitution de listes de citoyens classés selon leurs opinions politiques, philosophiques ou religieuses !

Faut-il rappeler les leçons d’une histoire pas si ancienne ? Devant la justice, des médecins ont pensé pouvoir s’exonérer de leur responsabilité en cinq mots : « Nous avons obéi aux ordres ». Ils furent logiquement condamnés pour n’avoir pas obéi… à la loi de leur conscience.

Aujourd’hui, la liberté de conscience est reconnue par les différentes Conventions européennes qui protègent les droits de l’homme. Sa garantie concrète, c’est le droit à l’objection de conscience.

Or la liberté de conscience ne doit pas souffrir d’exception. Si ce droit est nécessaire aux soignants, c’est qu’ils prennent soin de personnes en situation de faiblesse, sur des questions intimes de vie et de mort. Ils détiennent de ce fait un pouvoir considérable. La loi doit donc garantir à tout professionnel de santé la possibilité de ne pas participer à un acte que sa conscience réprouve.

Car si la clause de conscience a été créée, c’est parce qu’elle s’exerce dans les situations les plus critiques : l’avortement, la stérilisation, des choix thérapeutiques vitaux, certains protocoles de recherche impliquant des expérimentations sur l’homme, sans oublier l’euthanasie dans les quelques pays où cet acte a été légalisé.

D’aucuns pensent que, pour assurer le « service public » dans ces domaines, la liberté de conscience ne doit pas s’imposer. Mais un médecin doit-il se plier aux injonctions d’une administration, si c’est pour réaliser un acte grave contraire aux valeurs fondamentales auxquelles il croit ? Si le texte du Conseil de l’Europe est voté, le risque est réel qu’un jour, sous cette influence, une loi soit votée qui oblige des soignants à porter atteinte à la vie de notre semblable, au nom du service public !

Déjà en France, de nombreux soignants souffrent de ne pas pouvoir exercer librement leur clause de conscience. D’autres, comme les pharmaciens, en sont même privés. Certains subissent brimades et discriminations, notamment à l’embauche, au point que leur liberté de conscience est devenue théorique. Et voilà qu’on entend la fragiliser davantage !

Même les citoyens non concernés, parce que personnellement favorables aux actes en jeu, peuvent être d’accord sur le principe qu’on ne doit pas forcer quelqu’un à agir contre sa conscience. Enseignants, militaires, chercheurs, fonctionnaires, journalistes, nous devrions reconnaître que le droit à l’objection de conscience est universel et nous concerne tous.

Des hommes ont préféré renoncer à leurs avantages ou à leur carrière plutôt que d’agir contre leur conscience. Certains ont même accepté de perdre la vie pour cette raison. Ils ont manifesté par ce sacrifice suprême que le droit à l’objection de conscience n’avait rien à voir avec une revendication individualiste pour son propre confort. C’était au contraire à leurs yeux un devoir impérieux, plus cher que leur propre vie.

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Mme Bachelot décrète que les transsexuels ne sont pas malades

Mme Bachelot décrète que les transsexuels ne sont pas malades

Il y a quelques mois, Roselyne Bachelot avait annoncé sa décision de supprimer la transsexualité de la liste des affections psychiatriques. C’est maintenant chose faite avec un décret publié le 10 février 2010, quelques jours avant la remise d’un rapport de la Haute autorité de santé sur ce sujet.

La transsexualité se caractérise par la croyance d’appartenir à l’autre sexe, ce qui entraîne la revendication que le corps soit transformé en conséquence. Les personnes concernées peuvent entamer un parcours psychiatrique, une manipulation hormonale, puis éventuellement une chirurgie, qui transforme l’aspect intime, au prix d’une mutilation définitive et d’une fonctionnalité très douteuse sur les plans sexuel et urinaire. Parcours qui peut aller jusqu’au changement d’état civil. Tout ceci ne changeant évidemment pas les chromosomes qui restent ce qu’ils sont.

Les associations militantes avancent le chiffre – invérifiable mais certainement surévalué – de 50.000 Français concernés. Il y aurait en France une centaine d’opérations de changement de sexe chaque année.  Certains notent que la médiatisation du transsexualisme inciterait les candidatures de personnes à l’identité sexuelle fragile…

S’il s’agit d’un phénomène tout-à-fait marginal, il n’en reste pas moins préoccupant, comme symptome d’une évolution sociale.

La France devient donc le premier pays du monde à décréter que les transsexuels ne souffriraient pas d’une maladie mentale. Première mondiale aussitôt qualifiée d’ « historique », par le porte-parole de l’Interassossiative lesbiennes, gay, bi et trans.

Certains hommes politiques de gauche et intellectuels se réjouissent d’un geste qui serait un signe de tolérance.

 

Un enthousiasme un moment pondéré par l’association Transgenre, qui a suspecté le gouvernement de vouloir « dé rembourser » le coûteux parcours psycho-médico-chirurgical des personnes transsexuelles. Le ministère de la Santé s’est empressée de démentir et d’assurer que le traitement resterait à la charge de la Sécurité sociale. Quelle confusion …

Mais, au fond, si cette décision du Ministre, avant tout politique et symbolique, pose problème, c’est parce qu’elle n’est peut-être pas si respectueuse de ces personnes qu’elle en a l’air.  En effet, ne plus reconnaître la maladie, disent certains, cela enferme ces personnes dans leur souffrance. Comme si elle était inéluctable.

Le problème, c’est que la transsexualité est devenue un cheval de Troie de ceux qui entendent déconstruire le modèle familial traditionnel, soupçonné d’exclure les personnes qui ne se sentent pas en conformité avec leur anatomie.

Les théoriciens du Gender voudraient inculquer, dès la maternelle, qu’on ne naît pas homme ou femme, mais qu’on le choisit. Ou bien – et là réside une ambiguïté notable – qu’on serait obligé de se conformer à ce qu’on ressent.

On ne naîtrait pas garçon ou fille. Il faudrait laisser à chacun le temps de déterminer s’il se sent homme ou femme puis quel sexe l’attire chez autrui, à l’instant T. On pourrait donc être un homme qui ressent qu’il est une femme et se fait opérer puis qui revendique d’aimer les femmes.

S’il faut lutter contre les stigmatisations offensantes de personnes en grande souffrance, le caractère pathologique d’un trouble identitaire ne saurait être effacé d’un coup de gomme ministérielle. C’est de la mauvaise politique qui se retourne contre les intentions affichées et qui fait le jeu d’une idéologie dangereuse.

Choc entre féminisme et écologie

Choc entre féminisme et écologie

Choc entre féminisme et écologie

On aurait pu imaginer que ce féminisme quelque peu outrancier avait disparu, tant il apparaît désuet. Le brillant livre de la philosophe Elisabeth Badinter nous montre qu’il n’en est rien.

Dans la ligne de Simone de Beauvoir, Madame Badinter continue de contester qu’il y ait un instinct maternel. Dans son nouvel ouvrage intitulé « Le conflit, la femme et la mère » publié chez Flammarion – et qui lui a valu une journée entière de tribune sur France Inter le 11 février –  la philosophe s’en prend à deux nouveaux «dogmes» que l’écologie fondamentaliste imposerait aux femmes : l’allaitement maternel et les couches lavables.

Car il s’agit pour Elisabeth Badinter de lutter pour un féminisme radical. Selon sa thèse, la femme ne serait pas naturellement encline à aimer son enfant, en tout cas pas plus que les pères. Il n’y aurait pas d’« instinct maternel ». Et la femme ne pourrait s’affirmer que par le travail, l’indépendance financière, une forme de féminité absolument libérée de la maternité.
La voilà aujourd’hui partie en guerre contre l’idéologie écologiste qui domine largement notre paysage politique et qu’elle accuse de conduire les femmes à la régression en voulant les orienter vers une maternité plus « naturelle ». Elle ironise d’ailleurs contre l’accouchement « sauvage ».
Elisabeth Badinter vitupère donc contre les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé qui voudrait que les femmes allaitent leurs bébés : selon elle, ce n’est qu’une nouvelle aliénation car cela oblige les femmes à rester à la maison. Certes, les hommes ne peuvent donner le sein.
Elisabeth Badinter jette l’anathème sur les couches lavables. Car les écologistes jugent les couches jetables – symbole d’émancipation de la femme – peu biodégradables et militent donc pour les couches réutilisables. Ce qu’Elisabeth Badinter fustige donc comme une nouvelle oppression, convaincue que ce ne sont pas les hommes qui laveront les dites couches lavables, ce en quoi on ne peut lui donner tout à fait tort.

Si de nombreuses mères ont rejeté l’époux en se croyant plus libres, elles se sont trouvé un nouveau maître : l’enfant roi Le voilà en effet, le nouveau tyran domestique qui aliène les femmes.
Elisabeth Badinter estime même qu’une étape nécessaire au féminisme est l’émergence des femmes «childless», c’est-à-dire décidant de ne pas devenir mères. Elles ne sont que 10% en France, alors qu’en Allemagne leur proportion a déjà atteint 26%.

Il n’y a pas que des outrances dans la position d’Elisabeth Badinter. Car sa révolte contre le totalitarisme vert qui imprègne largement nos sociétés n’est pas infondée.

Mais en persistant à promouvoir une lutte des classes entre le sexe supposé faible et celui qui dominerait, Madame Badinter fait l’impasse sur l’amour désintéressé au cœur de la vie de famille.
Au fond, ce sont deux idéologies, le féminisme outrancier et l’écologie radicale, qui s’affrontent et se contestent leurs excès. La «vieille garde» de l’ultra-féminisme se rebelle contre le retour de bâton de l’écologisme dictatorial. Le choc pourrait heureusement affaiblir l’une et l’autre utopie.

Evidemment, quand il manque les repères de l’anthropologie et de l’amour vrai, on ne peut que construire des idéologies stériles et contradictoires.
On ne peut s’empêcher de penser qu’il leur manque la foi dans l’amour fidèle. C’est-à-dire l’essentiel.