PJL Santé : amendement au Sénat pour passer le délai de l’IVG à 14 semaines

PJL Santé : amendement au Sénat pour passer le délai de l’IVG à 14 semaines

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Le vendredi 7 juin, a été adopté par le Sénat un amendement présenté par la sénatrice Laurence Rossignol, augmentant le délai légal pour pratiquer l’avortement, de 12 à 14 semaines de grossesse, dans le cadre du projet de loi Santé.

C’est par surprise, dans un hémicycle très clairsemé, contre l’avis du gouvernement et du rapporteur Alain Milon, que cet amendement a été adopté après un vote assis-debout 12 voix pour, 10 contre.

Cette dernière a invoqué une revendication du planning familial avançant qu’il n’existe pas de « consensus scientifique sur la matérialisation de ce délai ».

La sénatrice a aussi défendu un amendement demandant la suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG. Il a été quant à lui rejeté par scrutin public de 247 voix contre 92. (NB : le scrutin public permettant de voter pour les absents).

Une commission paritaire se réunira pour statuer sur le projet de loi dans son intégralité : elle devrait rejeter cette disposition.

Pour Alliance VITA

Il s’agit d’un coup d’éclat idéologique, bien loin de la réalité que vivent les femmes et les couples confrontés à des grossesses inattendues. Inciter toujours plus à l’avortement sans apporter de réelles alternatives à un acte qui met la vie en jeu n’est pas responsable. Au contraire, nous réitérons notre demande d’effectuer un rapport scientifique sur les situations qui conduisent les femmes à l’avortement et sur les conséquences de cette pratique pour favoriser une véritable politique de prévention de l’avortement.

Un sondage IFOP publié en 2016 avait révélé que 89% des Français jugeaient que l’avortement laissait des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes et 72% estimaient que la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’IVG.

Directives anticipées

Directives anticipées

Le Guide des directives anticipées a été créé par Alliance VITA dans le cadre de son service d’écoute SOS fin de vie.

Il s’inscrit dans le cadre de la loi Claeys-Leonetti de février 2016.

Le Guide des Directives anticipées

Réfléchir à ce que je souhaite jusqu’aux derniers instants de ma vie, c’est un acte de lucidité et de courage. C’est aider mes proches et les médecins qui me soigneront, de façon anticipée, à prendre les meilleures décisions respectueuses de la déontologie médicales et de mes convictions personnelles exprimées. En ce sens, les directives anticipées sont utiles et doivent être encouragées.

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Belgique : “L’euthanasie, l’envers du décor” (Livre)

Belgique : “L’euthanasie, l’envers du décor” (Livre)

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L’euthanasie, l’envers du décor”, ce nouvel ouvrage, portant sur la question de la fin de vie et les conséquences de l’euthanasie, vient d’être publié aux éditions Mols, Autres regards.

Préfacé par le philosophe Jacques RICOT et coordonné par le professeur Timothy DEVOS, médecin interniste-hématologue aux Hôpitaux universitaires de Louvain,ce livre recueille les témoignages de huit soignants belges, professeurs d’université, médecins, infirmiers et éthiciens reconnus, tous spécialisés en accompagnement palliatif.

Ils partagent leur vécu et leurs réflexions nées de leur confrontation aux demandes d’euthanasie et d’accompagnement en fin de vie dans un pays, la Belgique, où l’euthanasie, dépénalisée depuis 2002, est aujourd’hui souvent devenue un acte banal. Leurs récits s’adressent tant aux soignants qu’à toute personne qui s’interroge sur le sens de la mort et de la souffrance, ainsi que sur la réalité de la loi votée en 2002 qui suscite beaucoup de questions.

Etude AP-HP : Les directives anticipées en EHPAD

Etude AP-HP : Les directives anticipées en EHPAD

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Le personnel des maisons de retraite a pour obligation, depuis 2016, d’informer les pensionnaires des directives anticipées. Cependant, une étude récente réalisée par le centre d’éthique clinique de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) démontre que cela demeure difficile.

Les auteurs de l’étude révèlent qu’ « ils s’approprient peu le sujet, soit parce qu’ils ne s’y intéressent pas davantage que la population générale, soit et surtout parce qu’ils n’en sont plus capables ».

Le dispositif « personnes de confiance » est privilégié pour aborder les questions de fin de vie auprès des patients en Ehpad. C’est ce qu’a révélé un sondage publié il y a quelques jours par le Centre national de fin de vie et soins palliatifs (CNVSP) lors duquel ont été questionnés des directeurs d’Ehpad. Les proches et la famille des pensionnaires se sentent plus concernés par ces questions ; l’information est parfois difficile à communiquer auprès des personnes très âgées.

Les conclusions de cette étude sont donc :

  • Les directives anticipées se concentrent sur l’obstination déraisonnable, ce qui n’est pas la problématique principale à laquelle sont confrontés les résidents. D’autant que l’obstination déraisonnable est interdite par la loi ;
  • Les discussions autour des directives anticipées permettent en revanche d’aborder d’autres questions importantes telles que la souffrance, la déchéance, la mort douce, etc. ;
  • Les proches sont indispensables pour mener à bien ces échanges car ils sont plus conscients des problèmes et plus présents dans la vie de leurs aînés.

 

Retrouver les directives anticipées diffusées par Alliance VITA et son service d’écoute SOSFindevie.

Vincent Lambert : Tugdual Derville, invité de Radio Notre Dame le 21 mai 2019

Vincent Lambert : Tugdual Derville, invité de Radio Notre Dame le 21 mai 2019

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, était l’invité de Louis Daufresne sur Radio Notre Dame, le 21 mai 2019 pour revenir sur l’affaire Vincent Lambert.

Quelques verbatim extraits de l’émission :

J’étais au départ de la Marche blanche pour manifester ma solidarité avec cette famille, bien conscient que les souffrances sont des deux côtés, que l’amour est des deux côtés. Cette division est arrivée à partir du moment où Viviane Lambert a découvert, grâce à un de ses enfants, que son fils n’était plus alimenté depuis 21 jours. C’était en 2013.

Nous sommes tous, moi le premier, victimes de ce que j’appelle un syndrome de persévération : quand on commence à se tromper, et à plusieurs, avec des médecins, des magistrats… Cela demande beaucoup d’humilité de reconnaître qu’il n’est pas dans un lieu approprié aux patients EVC-EPR comme lui, soit en état pauci-relationnel avec des modes de relation indéfinissables, soit en état neuro-végétatif. Il y a en France, grâce à l’énergie de médecins et soignants très spécialisés, des petites unités dédiées à ces patients, 1700 à peu près, qui ont de graves séquelles de traumatismes crâniens, en général liés à des accidents.”

Ce matin, si la décision de justice annoncée hier soir par la Cour d’Appel de Paris a été exécutée, il est à nouveau réalimenté, on a cessé cette sédation – en espérant qu’il n’aura pas de séquelles supplémentaires. Cette décision oblige la France à respecter les traités internationaux en matière de droit des personnes handicapées ; le CIDPH de l’ONU a demandé à la France de maintenir les soins dus à Vincent Lambert, de manière conservatoire, ensuite il y aura une évaluation de son état.”

Ce qui a été très marquant ces derniers jours, c’est que de très nombreux soignants, médecins, notamment dédiés aux états dits EVC – EPR, ont dit à quel point ils étaient prêts à accueillir Vincent Lambert dans leurs établissements, et à quel point ils étaient aussi choqués de toutes les erreurs qu’on lit : qu’il est branché, qu’il y a des machines, qu’il est maintenu en vie… ce qui n’est pas le cas ! Il respire spontanément, il a déjà résisté à 31 jours d’arrêt d’alimentation, avec une hydratation minimale, ce qui dit quelque chose de sa vitalité.

Je rends hommage aux soins palliatifs, j’en ai bénéficié pour certains membres de ma famille, mais ce n’est pas le rôle des soins palliatifs que de mettre en situation de fin de vie des personnes qui ne le sont pas, ce serait retourner les soins palliatifs contre eux-mêmes.”

On peut se demander pourquoi un certain nombre de médecins, j’en connais, par exemple le Pr Xavier Ducrocq, neurologue qui a pu rencontrer Vincent Lambert et qui dit à quel point il faut respecter sa vie, ont été comme mis à l’écart.

D’un certain côté, il y a comme une unanimité à prendre soin des plus fragiles. Et d’un autre côté, il y a cette tendance parfois “naturelle” à les rejeter. Le fil est ténu, et si on bascule, comme on l’a fait en Belgique ou en Hollande, dans l’euthanasie, on s’aperçoit que des voix s’élèvent en disant “il vaut mieux dégager un peu tôt pour ne pas coûter trop cher”…

Ceux qui revendiquent en France l’euthanasie le font habituellement selon trois critères ; que la personne soit gravement malade, en fin de vie, et qu’elle l’ait demandé. Et Vincent Lambert ne répond à aucun de ces trois critères.”

C’est un signe d’alerte extrêmement important à relever : cette culture de l’euthanasie va très vite vers l’exclusion des plus fragiles. On passe du droit au devoir, et on finit par ne plus le demander. C’est vraiment le risque, c’est en cela qu’une levée de boucliers est nécessaire.

Les personnes se projettent dans l’état de Vincent Lambert ; personne n’a envie d’être comme lui dans un état pauci-relationnel ou neuro-végétatif. Et pourtant, il ne nous est pas demandé de nous projeter dans cet état, mais de le protéger dans cet état, c’est très différent !

Lorsqu’on voit une famille qui exprime tant d’affection et de volonté de continuer le chemin avec leur enfant tel qu’il est, avec ce très lourd handicap, comment lui imposer la mort de cet enfant ? Cela paraît vraiment inhumain.”

Le regard que nous portons sur les personnes fragiles dit beaucoup de la conception que nous avons d’une vie digne et d’une vie humaine. Il se joue là un choix politique absolument majeur. À Alliance VITA, nous éditons un guide des directives anticipées que nous avons énormément travaillé avec des praticiens… Mais nous ne voulons pas cautionner l’idée d’une sorte de protocolisation par avance de notre fin de vie. Nous ne savons pas la réaction que nous aurions dans telle ou telle situation. Nous insistons pour ne pas rompre la confiance soignants-soignés, continuer le dialogue, et réévaluer en fonction des situations.”

L’exemple suisse, belge ou hollandais -les rares pays qui ont légalisé l’euthanasie- nous montrent jusqu’à quelles dérives on aboutit… La France a effectivement résisté pour le moment, mais le risque serait ce que j’appelle le syndrome de la ligne Maginot : on dit non à l’euthanasie, mais on laisse pratiquer des formes d’euthanasie qui ne disent pas leur nom. Il faut être extrêmement précis sur la définition : “action ou omission ayant comme intention et comme conséquence de provoquer la mort pour éliminer toute souffrance”. Les critères sont l’intention et le résultat.