Coronavirus : le Sénat rejette un amendement sur l’IVG

Coronavirus : le Sénat rejette un amendement sur l’IVG

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Lors de la discussion en séance au Sénat du projet de loi Urgence Coronavirus , le 19 mars dernier, la sénatrice Laurence Rossignol a défendu un amendement prévoyant d’allonger de deux semaines le délai légal pour avoir recours à une IVG.

Alors que la loi concerne l’état d’urgence sanitaire, l’amendement qui visait à faire passer la limite du délai légal pour avoir recours à une IVG de 12 à 14 semaines de grossesse, constituait un véritable cavalier législatif. Le Gouvernement, ainsi que la Commission des lois du Sénat, ont émis des avis défavorables : l’amendement a été rejeté.

L’amendement prétendait renforcer les recommandations que le CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français) avait adressées, le 17 mars, à ses membres pour les IVG en période de Coronavirus. L’analyse de ce document montre, au contraire, que la réelle inquiétude sur les délais concerne une pression pour leur raccourcissement, et pas tant la nécessité de les allonger.

En effet, le CNGOF préconise de « favoriser l’IVG à domicile » pour éviter le plus possible des soins à l’hôpital. Il parait inquiétant, en période de confinement, de promouvoir cette méthode d’avortement qui a une incidence sur la précipitation de la décision d’IVG, dans la mesure où l’avortement doit être pratiqué avant 5 semaines de grossesse. De plus, ces avortements nécessitent un suivi précis, en raison des risques psychologiques et médicaux.

Coronavirus : lancement de deux essais cliniques

Coronavirus : lancement de deux essais cliniques

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En plein cœur de la crise sanitaire liée à l’épidémie du Coronavirus, un essai clinique européen destiné à évaluer quatre traitements expérimentaux a démarré ce 22 mars 2020.

Baptisé Discovery, cet essai est coordonné par l’Inserm, dans le cadre d’un consortium dénommé « Reacting ». Un autre essai clinique international baptisé « Solidarity » commencera également prochainement, sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

C’est un hôpital lyonnais qui pilotera la partie française de cet essai européen, sous la direction de Florence Ader, infectiologue et chercheuse au Centre international de recherche en infectiologie CIRI.

Au moins 800 patients français, tous atteints de formes sévères du COVID-19 seront inclus. Cinq hôpitaux démarrent cet essai à Paris, Lille, Nantes, Strasbourg et Lyon. Rapidement, d’autres hôpitaux seront impliqués, leur sollicitation suivra la réalité épidémiologique de la pandémie, avec une priorisation à l’ouverture de l’essai dans des hôpitaux sous forte pression. En Europe, en plus de la France, il est prévu d’inclure 3 200 patients issus de Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg, du Royaume uni, d’Allemagne et d’Espagne.

L’objectif est d’évaluer l’efficacité et la sécurité de quatre stratégies thérapeutiques expérimentales. La liste des molécules à tester s’appuie sur les données scientifiques déjà disponibles, notamment celles émanant de Chine, ainsi que sur les traitements expérimentaux classés comme prioritaires par l’OMS.

Il s’agit d’un essai ouvert, c’est-à-dire que l’attribution des modalités de traitement se fera de façon randomisée, c’est-à-dire aléatoire, mais les médecins, comme leurs patients, sauront quel traitement est utilisé.

L’analyse de l’efficacité et de la sécurité du traitement sera évaluée 15 jours après l’inclusion de chaque patient.

Pour Florence Ader, cet essai est « adaptatif », capable d’être évalué en temps réel. Ainsi, les traitements expérimentaux inefficaces pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules qui émergeront de la recherche et des données scientifiques.

Les quatre stratégies antivirales qui vont être testées sont :

  • le remdesivir,
  • le lopinavir en combinaison avec le ritonavir,
  • ce dernier traitement, associé ou non, à l’interféron bêta,
  • et l’hyroxychloroquine.
Covid-19 : Deux projets de loi sur les mesures d’urgence

Covid-19 : Deux projets de loi sur les mesures d’urgence

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Deux projets de loi ont été présentés, en urgence, au Parlement et doivent être adoptés, ce vendredi 20 mars 2020, pour donner à l’Etat les moyens de gérer la crise sanitaire du Covid-19.

1) Un projet de loi organique qui vise à suspendre jusqu’au 30 juin 2020 le délai de trois mois de transmission des questions prioritaires de constitutionnalité par le Conseil d’Etat et la Cour de cassation ainsi que le délai de trois mois dans lequel le Conseil constitutionnel statue sur une question transmise.

2) Un projet de loi ordinaire d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid -19, qui vise à :

  • organiser le report du second tour des élections municipales, communautaires, des conseillers de Paris et des conseillers métropolitains de Lyon (titre I) ;
  • instaurer un dispositif d’état d’urgence sanitaire (titre II) ;
  • prendre des mesures d’urgence économique et d’adaptation à la lutte contre l’épidémie (titre III).

L’exposé des motifs relatif à l’état d’urgence sanitaire est le suivant :

« Il apparaît nécessaire d’intégrer dans la loi les enseignements de la gestion de la crise depuis trois mois et, en particulier, l’organisation qui a été mise en place dans l’urgence pour permettre un éclairage scientifique des décisions publiques ainsi que leur transparence vis-à-vis tant de la représentation nationale que de la population.

Il est ainsi proposé d’instituer un état d’urgence sanitaire pour faire face aux crises d’une gravité et d’une ampleur exceptionnelles. Ce dispositif, inspiré de l’état d’urgence de droit commun s’en distingue par ses motifs, tenant à une menace majeure pour la santé de la population, et par son régime. Les mesures portant atteinte à la liberté d’aller et de venir, à la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion sont prises par le Premier ministre, en cohérence avec la jurisprudence administrative et constitutionnelle qui lui reconnaît un pouvoir de police générale au niveau national, tandis que le Ministre de la santé aura vocation, quant à lui, à prendre les autres mesures, en particulier sanitaires, appelées par les circonstances. Selon ce qui paraîtra le plus approprié dans chaque cas de figure, ces mesures pourront être décidées au niveau national ou laissées pour partie à l’appréciation du représentant de l’État dans le département.

L’existence d’un comité scientifique destiné à éclairer les choix des autorités compétentes dans la gestion de la crise du Covid-19 est consacrée et l’autorisation du Parlement requise pour la prolongation de ce régime au-delà d’une durée de d’un mois. »

En effet les mesures, prises jusqu’à maintenant dans le cadre de la crise du Covid19, qui restreignent des libertés fondamentales, souffraient d’un défaut de base légale. L’état d’urgence de droit commun est défini par la loi du 3 avril 1955. Son article 1er dispose :« L’état d’urgence peut être déclaré sur tout ou partie du territoire métropolitain, des départements d’outre-mer, des collectivités d’outre-mer régies par l’article 74 de la Constitution et en Nouvelle-Calédonie, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique ».

Or la « calamité publique » n’a pas de définition liée à la question sanitaire, et n’est pas clairement susceptible de couvrir l’état d’urgence sanitaire. Cette loi permettra donc à l’autorité administrative de sanctionner légalement en cas d’infraction aux mesures prises.

Coronavirus : confinés et mobilisés

Coronavirus : confinés et mobilisés

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En ces moments exceptionnels, nous pensons à tous ceux qui sont inquiets, seuls, dans l’épreuve. Alliance VITA porte, comme beaucoup de Français, la préoccupation des plus vulnérables : les personnes âgées, les personnes isolées, dépendantes, malades, handicapées, que la pandémie et le confinement viennent fragiliser encore plus.

Notre service SOS Fin de vie, fortement mobilisé dans ce contexte, travaille à développer une écoute et une information en lien avec ce contexte d’épidémie, pour répondre à des questions spécifiques, et aider les personnes qui subissent l’impossibilité d’accompagner un proche, ou la privation des précieux rites de deuil.

Notre autre service d’écoute, SOS Bébé, a également renforcé ses permanences d’écoute pour accompagner toutes les femmes enceintes inquiétées par cette crise sanitaire, et aussi celles qui découvrent une grossesse inattendue.

Enfin, en lien avec notre réseau de médecins et de soignants, qui sont en première ligne, Alliance VITA travaille à la diffusion d’initiatives solidaires, dans l’élan de celles déjà menées par des entreprises et associations. Nous vous informerons prochainement plus en détails de ces projets.

Belgique : des soignants opposés à l’extension de l’avortement

Belgique : des soignants opposés à l’extension de l’avortement

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Depuis octobre 2019, une proposition de loi relative à l’avortement est examinée par le Parlement fédéral belge.

La loi devait être discutée à la Chambre (une des deux instances du Parlement belge) ce 12 mars, mais le débat a été reporté après que des députés ont annoncé leur intention de déposer des amendements qu’ils veulent envoyer pour avis au Conseil d’État. Le Conseil d’Etat a, quant à lui, déjà rendu un avis en février sur la teneur même de la loi.

La proposition de loi prévoit plusieurs dispositions, qui visent à modifier le cadre de l’accès à l’avortement.

  • Le délai autorisé pour pratiquer une IVG, actuellement permis jusqu’à 12 semaines, serait allongé jusqu’à 18 semaines (soit 4 mois et demi de grossesse.)
  • Serait abrogée toute sanction spécifique en matière d’IVG pratiquée hors cadre légal, dès lors que la femme y consent. Ce qui signifie donc qu’un médecin pourra pratiquer un avortement sur une femme bien au-delà de 18 semaines, avec le consentement de la femme, sans être condamné. Toutes les lois d’encadrement de l’IVG sont dès lors dépourvues de toute force contraignante effective.
  • Le délai de réflexion minimum obligatoire pour prendre une décision après une première consultation passerait de six jours à 48 heures (hors urgence médicale).
  • L’obligation d’informer la femme enceinte sur les aides financières, sociales et psychologiques offertes par la loi aux familles, aux mères (célibataires ou non) et à leurs enfants, ainsi que sur les possibilités d’adoption de l’enfant à naître, serait supprimée. Elle serait remplacée par une proposition d’accompagnement médico-psychologique, et ce seulement après l’avortement.
  • L’accès à l’IMG (interruption médicale de grossesse) est élargie. Alors qu’à l’heure actuelle, une IMG ne peut être pratiquée que « lorsqu’il est certain que l’enfant à naître sera atteint d’une affection d’une particulière gravité et reconnue comme incurable au moment du diagnostic », la proposition de loi prévoit que l’IMG soit permise dès qu’il existe un « risque élevé, selon l’état actuel de la science. »
  • Il serait interdit aux établissements de santé d’établir avec des médecins des conventions excluant la pratique de l’IVG.
  • Concernant le délit d’entrave à l’IVG, la définition serait élargie et les sanctions renforcées. « Celui qui tente d’empêcher physiquement », « de quelque manière que ce soit » une femme d’aller subir une IVG » pourrait être condamné à une peine de prison (entre trois mois et un an) et une amende (cent à cinq cents euros).
  • L’IVG serait considérée comme un acte médical, qui entrerait dans les droits des patients et dans le champ d’application du personnel médical.

Le Conseil d’Etat belge a rendu un avis sur la loi, pointant du doigt plusieurs contradictions. Concernant le délit d’entrave à l’IVG notamment, le Conseil relève que son champ d’application n’est pas clair : est-ce que sont sanctionnées seulement les fausses informations, ou également les opinions ? A partir de quand l’expression de la désapprobation, quand elle provient du conjoint de la femme, est-elle punissable ?

Cependant, le Conseil d’Etat est resté assez distant du reste de la loi, s’appuyant sur une jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme qui laisse une “ample marge d’appréciation” aux Etats pour définir le cadre légal de l’accès à l’avortement.

Plus de 750 soignants ont signé une pétition pour s’opposer à cette proposition de loi, qui entraîne le « délitement des balises éthiques » et « brise le nécessaire équilibre entre la liberté de la femme et l’attention portée à l’enfant à naître qui se développe dans son corps ». « Tenter de faire croire que c’est un soin de santé comme un autre, c’est d’abord et avant tout mentir aux femmes » affirment-ils. Un collectif représentant 2500 soignants opposés à la proposition de loi, a tenu une conférence de presse, le 10 mars, demandant à être reçu par les députés.

L’éthicien, psychologue et infirmier Eric Vermeer, qui accompagne des femmes ayant subi un avortement, a dénoncé « une loi qui mène au silence » dans une tribune parue dans la Libre Belgique . « D’ici peu, l’avortement risque de devenir un acte médical, totalement dissocié d’un questionnement éthique » explique-t-il. « Aurons-nous encore le droit, demain, en tant que thérapeutes, d’oser parler des diverses conséquences négatives de l’IVG, en particulier du syndrome post-avortement, reconnu par la majorité des soignants concernés ? (…) Sans poser le moindre jugement sur la personne qui décide d’interrompre une grossesse, tout thérapeute mesure l’importance de “prendre soin” et d’ouvrir un espace d’écoute empreinte de douceur et d’empathie. »