Coronavirus et Autisme : conditions de confinement assouplies

Coronavirus et Autisme : conditions de confinement assouplies

autisme

Lors de son allocution du jeudi 2 avril, journée internationale de l’autisme, le Président Emmanuel Macron a annoncé un assouplissement des conditions de confinement pour les personnes autistes. Elles pourront « sortir un peu plus souvent […] se rendre sur des lieux habituellement fréquentés, porteurs de repères rassurants. »

Sophie Cluzel, Secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, et Claire Compagnon, déléguée interministérielle chargée de la mise en œuvre de la stratégie nationale autisme, sont intervenues sur un live Facebook l’après-midi même pour répondre aux questions des internautes à ce sujet. « Nous avons beaucoup de témoignages sur des aggravations du trouble du comportement chez un certain nombre de personnes autistes », « nous travaillons sur des solutions de répit quand le confinement est extrêmement difficile » ont déclaré les deux femmes.

Elles ont ainsi pu préciser que des consignes avaient été passées aux forces de l’ordre « pour permettre de fractionner les sorties, d’aller un peu plus loin que 1 km, dans la nature, pour permettre de supporter ce confinement », tout en utilisant la même autorisation de sortie que d’habitude. Les certificats médicaux, attestations MDPH, notifications de droits, font office de justificatif suffisant en cas de contrôle.

Cette mesure est rétroactive : les personnes ayant été précédemment verbalisées parce qu’elles n’avaient pas respecté les conditions de déplacement en raison d’un handicap, peuvent donc contester l’amende, « les préfets sont mobilisés pour faire attention à ces verbalisations. » La Secrétaire d’Etat a rappelé que les structures d’accueil rouvriront à la fin du confinement. Elle appelle les familles à rester en lien avec leurs établissements d’accueil habituels, ainsi qu’avec les professionnels qui accompagnaient les enfants. « Les établissements gestionnaires sont fermés mais en mode accompagnement » a-t-elle précisé.

Sophie Cluzel a invité les familles à contacter la plateforme Solidaires Handicaps, afin de pouvoir faire état de leurs besoins et obtenir des solutions adaptées (aide pour les courses, garde, aide dans la gestion de dossiers…)

La plateforme Autisme Info Service, disponible par mail à partir du formulaire sur le site Internet, ou par téléphone au 0800 71 40 40 (ouverture de la ligne d’écoute du lundi au vendredi, de 9h à 13h, ainsi que tous les mardis, de 18h à 20h pour faciliter l’accès aux personnes actives) est également un dispositif pour se faire accompagner en cas de besoin.

Avortement : polémique idéologique sur les délais en période de Coronavirus

Avortement : polémique idéologique sur les délais en période de Coronavirus

avortement
Interrogé à plusieurs reprises par la sénatrice Laurence Rossignol (PS – Oise) sur la question de l’accès à l’IVG en période de confinement, le ministre de la Santé, Olivier Véran a parlé d’ « une réduction inquiétante du recours à l’IVG », lors de la séance des questions au gouvernement le 1er avril 2020, sans pour autant s’engager à modifier en urgence les conditions de délais.

Lors de la discussion en séance au Sénat du projet de loi Urgence Covid-19, le 19 mars dernier, la sénatrice Laurence Rossignol avait défendu un amendement prévoyant d’allonger de deux semaines le délai légal pour avoir recours à une IVG, faisant valoir que le confinement risquait d’entraver et retarder les demandes d’avortement. L’amendement avait été rejeté, le Gouvernement, ainsi que la Commission des lois du Sénat, ayant émis des avis défavorables.

Revenant à la charge lors des questions au gouvernement, transformées en question de contrôle durant l’état d’urgence sanitaire, la sénatrice Rossignol s’est appuyée sur une tribune parue dans le Monde la veille, signée par une centaine de professionnels de l’avortement qui revendiquaient des mesures pour faciliter l’IVG :

  • un allongement des délais pour la pratique de l’IVG à domicile de 5 à 7 semaines de grossesse ;
  • la dispense du délai de 48 heures pour les mineures entre la consultation psychologique préalable obligatoire et le consentement écrit pour l’IVG, en proposant que l’avortement soit pratiqué dans la foulée de la première consultation ;
  • un allongement des délais légaux de 12 à 14 semaines de grossesse pour les femmes qui seraient hors délai, du fait de difficultés liées au confinement.

Interrogée sur France Inter dans la matinale du 1er avril, une des cosignataires de la tribune reconnaissait que des collègues gynécologues avaient reproché de vouloir profiter de la situation pour faire passer des revendications, ce dont elle s’est défendue.

Le ministre a dit examiner les aspects techniques pour l’allongement de délai des IVG médicamenteuses à domicile et affirmé que la question des IVG hors délai pourrait être évaluée à la fin du confinement, si cela se justifiait.

Allongement des délais des IVG médicamenteuses à domicile

En écho aux recommandations du collège des gynécologues, le ministre de la Santé préconise donc d’encourager les IVG médicamenteuses, tout en « garantissant le libre choix des femmes » sur la méthode d’avortement. Pour rappel, les IVG médicamenteuses sont pratiquées jusqu’à 5 semaines de grossesses à domicile et 7 semaines en établissement hospitalier. Au-delà de ces délais, l’avortement chirurgical est pratiqué.

Ce qui est réellement inquiétant, en période de confinement, c’est cette promotion d’une méthode d’avortement qui n’est pas sans risque physique et psychologique avec, par ailleurs, une incidence sur la précipitation de la décision d’avorter. Il est également préoccupant de constater la pression qui pourrait s’exercer sur les jeunes en supprimant le délai de réflexion.

De plus, il est reconnu que ces avortements induisent un risque sanitaire supplémentaire et nécessitent un suivi précis. La loi prévoit que la femme puisse, en cas de complication, se rendre dans un délai d’une heure maximum dans l’établissement de santé avec lequel le médecin ou la sage-femme du cabinet de ville, le centre de planification ou encore le centre de santé a signé une convention et qu’elle puisse être accueillie à tout moment par cet établissement. D’autre part, entre 5 et 7 semaines de grossesse, les protocoles sont spécifiques. Dans ces délais, les douleurs, les saignements et les risques d’hémorragie peuvent être plus importants.

Inciter à « avorter confinée » et mobiliser les soignants pour ce type d’acte, est-ce vraiment la priorité ? Est-ce respecter les femmes ?

IVG, IMG et détresse psychosociale

Quant aux revendications de retarder les délais de l’IVG chirurgicale de 12 à 14 semaines de grossesse, les promoteurs de cette demande précisent qu’il s’agirait potentiellement de femmes en situation de violences conjugales, comme si l’avortement était la seule issue dans ces situations. D’autant que l’on sait que la violence peut également s’exercer sur les femmes enceintes en les poussant à avorter contre leur gré. Le ministre a cependant dit étudier, selon les réelles demandes à la fin du confinement, la proposition de qualification d’IMG pour « détresse psychosociale », (autorisant à avorter pendant 9 mois) si la pandémie a retardé l’IVG.

On peut enfin s’étonner que l’inquiétude du ministre de la Santé soit la réduction du nombre d’avortements, alors que la France, comme une grande partie du monde, a choisi le confinement pour sauver des vies.

Mesurer l’accès à l’avortement par le nombre d’IVG pratiquées n’est pas utiliser le bon indicateur. Derrière ces chiffres à la baisse qu’il faudrait pouvoir objectiver, il peut y avoir également des femmes qui préfèrent poursuivre leur grossesse, même inattendue, en période de contagion du Covid-19. La pandémie et ses menaces peuvent changer le regard sur la vie émergente.

Pour ceux qui se réclament du féminisme, l’urgence est à la protection des femmes contre toute violence, sans omettre celle que constitue la pression – souvent masculine – qui les pousse trop souvent à avorter à contrecœur.

Coronavirus, Rivotril® et éthique biomédicale

Coronavirus, Rivotril® et éthique biomédicale

rivotril

Le Journal Officiel a publié, le 29 mars, un décret autorisant la prescription du Rivotril® sous forme injectable en ambulatoire et hors AMM (autorisation de mise sur le marché) et ce, jusqu’au 15 avril 2020 dans le cadre de l’épidémie du Covid-19.

Ce décret prévoit sa dispensation par les pharmacies d’officine en vue de la prise en charge des patients atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus SARS-CoV-2, dont l’état clinique le justifie, sur présentation d’une ordonnance médicale portant la mention « Prescription Hors AMM dans le cadre du Covid-19 ».

Cette dérogation vise clairement à offrir un produit aux médecins confrontés aux fins de vie de patients en détresse respiratoire aiguë. Ce médicament est en effet susceptible d’être utilisé comme un sédatif, selon les recommandations de la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs) qui a édité et révisé des fiches d’information à destination des praticiens dans le contexte de la pandémie.

Ce médicament appartient à la famille des benzodiazépines, comme le midazolam, le Valium® (diazépam), le Narcozep®, le Lexomil®, le Xanax®, le Rohypnol® (flunitrazepam) ou encore le Tranxène® (clorazepate). Comme toutes ces molécules, le Rivotril® (clonazepam) a, selon la dose administrée, une action anxiolytique (calmante), sédative (sommeil, coma) et anticonvulsivante (contre l’épilepsie : son indication d’AMM).

Comme toutes ces substances, le Rivotril® a une action proportionnelle à la dose administrée et notamment un effet dépresseur de la respiration.

Sa demi-vie (temps nécessaire pour que, après son administration, sa concentration diminue de moitié) longue est à la fois un avantage (évite les perfusions prolongées) mais aussi un inconvénient car selon la susceptibilité de chacun, la posologie ne peut pas être adaptée à la situation et au but recherché. Son action peut être potentialisée par l’adjonction de morphiniques par exemple.

Le fait de modifier les indications AMM précises de ces médicaments révèle la pénurie actuelle des produits affectés à la sédation (midazolam, diazepam) dont les propriétés sont bien connues des professionnels. Cela souligne la nécessité d’utiliser le Rivotril® dans une intention anxiolytique, palliative et non euthanasique.

Le Rivotril® peut s’administrer en injection sous-cutanée deux fois par jour. Sa demi-vie étant nettement plus longue (30 à 40 heures) que celle du midazolam (demi-vie d’environ deux heures), le Rivotril® est plus simple d’utilisation pour le soignant. Il peut en effet être administré sans perfusion avec une simple injection régulièrement renouvelée. Cependant, de ce fait, les doses sont moins adaptables que pour le midazolam.

L’autorisation exceptionnelle de prescription du Rivotril® sous forme injectable en ambulatoire et hors AMM entre dans la même logique que l’annonce du ministère de la santé en février dernier de modifier l’AMM du midazolam pour intégrer la sédation. Cependant elle ne s’applique qu’aux patients atteints de Covid-19, trop fragiles pour supporter la réanimation​, et qui présentent une détresse respiratoire aiguë (asphyxie).

Le Rivotril® est donc une molécule efficace et apparemment simple d’usage, clairement présentée comme contre-indiquée en cas « d’insuffisance respiratoire grave ». Les dérives euthanasiques assorties à l’extension de son usage sont d’autant plus fortes que les soignants qui l’utilisent seraient mal formés, peu expérimentés ou isolés. La dimension collégiale de la décision d’une telle prise en charge palliative en libéral ou en EHPAD et dans les établissements médico-sociaux ( EHPAD, MAS, FAM) peut en effet aussi être questionnée.

Avertie par plusieurs soignants, Alliance VITA avait relayé, jeudi 26 mars, une alerte sur les dangers de protocoles « exceptionnels et transitoires » et d’une trop rapide prise en charge palliative de la détresse respiratoire, sans prise en charge curative suffisante.

Le décret du 28 mars précise : « Lorsqu’il prescrit la spécialité pharmaceutique mentionnée (…) en dehors du cadre de leur autorisation de mise sur le marché, le médecin se conforme aux protocoles exceptionnels et transitoires relatifs, d’une part, à la prise en charge de la dyspnée et, d’autre part, à la prise en charge palliative de la détresse respiratoire, établis par la société française d’accompagnement et de soins palliatifs et mis en ligne sur son site. »

Alliance VITA rappelle que les soins palliatifs, nécessaires et précieux, exigent en principe une formation appropriée. Ils ne sauraient avoir comme objectif de pallier le défaut ou l’abandon des traitements curatifs, qui seraient nécessaires, en « mettant en fin de vie » un patient qui devrait bénéficier de ces soins curatifs. L’association met donc en garde contre le possible détournement – conscient ou inconscient – d’un médicament qui peut, s’il est mal utilisé, devenir l’agent d’une euthanasie qui ne dit pas son nom. Alliance VITA insiste également sur l’importance de ne pas fonder sur le seul âge d’un patient les décisions thérapeutiques qui le concernent.

Pour limiter ce risque de grave dérive, Alliance VITA suggère que, plutôt que de laisser les praticiens « se conformer » seuls à des protocoles préétablis, soit mis en place un pôle national ou départemental d’astreinte de gériatres et praticiens expérimentés de soins palliatifs, disponibles 24h/24. La prescription en urgence de Rivotril® pour un patient atteint de Covid-19 en application du nouveau décret serait soumise à leur avis. La mise en œuvre de la décision collégiale ainsi que l’approvisionnement en médicaments doivent être anticipés.

Face aux situations complexes auxquelles les soignants sont confrontés, le service d’aide et d’écoute SOS fin de vie d’Alliance VITA a mis en place, sur son site; un espace qui leur est dédié. Il a pour objectif d’aider ceux qui le souhaitent à prendre du recul en dialoguant avec d’autres soignants et a été élaboré, entre autres, avec la collaboration du réseau de soignants VITA.

Alliance VITA lance la plateforme « Solidaires des plus fragiles »

Alliance VITA lance la plateforme « Solidaires des plus fragiles »

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Alliance VITA porte, comme beaucoup de Français, la préoccupation des plus vulnérables : les personnes âgées, les personnes isolées, dépendantes, malades, handicapées, que la pandémie et le confinement viennent fragiliser encore plus.

Dans ce contexte, nous lançons la plateforme « Solidaires des plus fragiles ».

Cet espace a pour objectif de recenser des initiatives solidaires répondant aux innombrables besoins que font émerger ces moments difficiles. Chacun peut contribuer en partageant lui-même une initiative sur le site, sur la page « Contribuer ».

Il y a tant de personnes fragilisées par la situation, isolées, désorientées, en souffrance.

Le temps est à l’action solidaire ! Partager nos bonnes idées stimule l’innovation et permet de nous ajuster aux besoins concrets, pour servir toujours mieux ceux qui en ont le plus besoin (personnes fragiles, soignants, agriculteurs etc.) et notre société.

Puisse cette boîte-à-idées encourager chacun à prendre sa part, ici et maintenant, pour que gagne l’espérance.

Nous vous invitons à découvrir la plateforme ici.

Covid-19 : avis du CCNE sur les mesures prises en EHPAD

Covid-19 : avis du CCNE sur les mesures prises en EHPAD

ccne

Covid-19 et CCNE : Le 30 mars dernier, le CCNE, saisi par le Gouvernement, a rendu un avis sur le renforcement des mesures prises en EHPAD et USLD. Pour lui, « la situation d’urgence ne saurait autoriser qu’il soit porté atteinte aux exigences fondamentales de l’accompagnement et du soin. »

Pour rappel, le Gouvernement avait suspendu les visites en EHPAD le 11 mars dernier, les personnes âgées étant la population la plus fragile face au Coronavirus. Le 28 mars, le ministre de la Santé Olivier Véran avait demandé « d’aller plus loin » et de procéder à un « isolement individuel » (allant de l’interdiction des activités collectives et des prises de repas collectives à une limitation de l’accès aux espaces communs y compris les ascenseurs, jusqu’à un confinement individuel en chambre.)

Le Gouvernement a néanmoins sollicité le CCNE, pour être éclairé « sur les conditions dans lesquelles ces décisions peuvent être mises en œuvre, en particulier dans les établissements accueillant des personnes atteintes de troubles cognitifs. » Plus globalement, le gouvernement souhaitait une avis pour savoir si « une décision nationale de confinement préventif de l’ensemble des résidents était justifiée ? Si oui, quels garde-fous devraient être prévus par le Gouvernement ? »

En réponse, le CCNE rappelle avant tout que « les principes éthiques fondamentaux doivent être respectés. » « l’urgence sanitaire peut justifier que des mesures contraignantes soient, à titre exceptionnel et temporaire, exercées pour répondre à la nécessité d’assurer la meilleure protection possible de la population contre la pandémie« , mais « le respect de la dignité humaine, qui inclut aussi le droit au maintien d’un lien social pour les personnes dépendantes , est un repère qui doit guider toute décision prise dans ce contexte. » Par ailleurs, le renforcement de ces mesures « ne saurait être décidé de manière générale et non contextualisée, tant la situation des établissements diffère. »

Le CCNE rappelle l’importance pour les résidents de « l’environnement familial ou amical » qui est, « pour nombre d’entre eux, le lien qui les rattache au monde extérieur et leur raison essentielle de vivre ». « Les en priver de manière trop brutale pourrait provoquer une sérieuse altération de leur état de santé de façon irrémédiable et même enlever à certains le désir de vivre. » Il appelle également à porter une attention particulière aux proches des résidents et à entretenir la « médiation à distance entre la famille et les résidents confinés. »

Très concrètement, le CCNE demande d’abord d’identifier pour chaque établissement « tous les moyens (humain et ressources) », puis de procéder au « déploiement rapide de moyens humains nécessaires pour remplacer les professionnels arrêtés pour maladie afin que les soins de base (se nourrir, se laver, se déplacer) soient toujours assurés ». Il demande « la préservation d’un espace de circulation physique, même limité […] afin d’éviter que le confinement, quelle que soit sa justification au regard des impératifs de santé publique, ne devienne pour ceux qui n’ont plus la liberté de choisir leur cadre et leur mode de vie, une mesure de coercition. » Il propose également que pour les résidents et leurs proches testés négativement, les visites soient rendues possibles « dans des conditions strictes de sécurité sanitaires. »

Le CCNE souligne par ailleurs que « la crise sanitaire actuelle est révélatrice du manque de moyens préexistants, notamment humains, dans ces établissements. La pénurie de personnels et des ressources indispensables aujourd’hui (masques de protection, tests de détection), dans un contexte d’isolement déjà installé, exacerbe les difficultés auxquelles les professionnels de santé doivent faire face dans l’urgence. »