Alliance VITA, avec le collectif Marchons Enfants ! a participé, aujourd’hui, jeudi 18 juin 2020, à une conférence de presse d’urgence devant le ministère de la Santé pour dénoncer la volonté du Gouvernement de faire passer en force le projet de loi bioéthique, en session extraordinaire du parlement en juillet.
Propos de Caroline Roux, déléguée générale adjointe d’Alliance VITA :
» Nous sommes ici pour dénoncer le passage en force du très controversé projet de loi de bioéthique que le gouvernement a décidé de mettre au calendrier parlementaire en session extraordinaire. Alors que nous ne sommes pas encore sortis de cette grave crise sanitaire, l’examen de cette loi bioéthique est aux antipodes des besoins urgents de notre pays.
Nous sommes témoins que les personnes les plus fragiles ont pris cette crise de plein fouet.
Les appels vers nos services d’écoute ont plus que doublé. Nous avons vécu cette période avec beaucoup d’intensité à Alliance VITA pour accompagner les femmes enceintes en grande précarité et les personnes âgées, celles confrontées à la maladie, au handicap, à la solitude, à la fin de vie et au deuil.
Cette période de confinement a révélé les angoisses de chômage, le besoin de soutien social notamment pour les personnes en précarité, et de lien familial.
Nous avons fait le constat, comme beaucoup de Français, de la mobilisation et du dévouement des soignants. mais aussi des défaillances de notre système de santé, qui nécessite d’être réformé.
Cette période a fait prendre conscience, à tous, de manière aigüe, de la fragilité de la condition humaine et de la fragilité de l’environnement. Nous sommes face à un défi qui appelle chacun à s’engager pour mettre en œuvre une véritable écologie qui place de l’humain au centre. La France a besoin de réviser les priorités qui servent l’intérêt de tous.
Ce projet de loi bioéthique fait courir des risques graves pour les générations futures
C’est la fuite en avant vers une procréation toujours plus artificielle, qui aboutit à une remise en cause de droits de l’enfant et un bouleversement de la filiation.
C’est une pression vers plus de sélection des générations futures, à travers la multiplication des diagnostics pré-nataux, avec à la clé des risques de discriminations génétiques et de stigmatisation accrue du handicap.
C’est aussi le franchissement de lignes rouges graves autour de la manipulation de l’humain, avec la perspective d’ouverture à des modifications génétiques de l’embryon humain, mais aussi l’autorisation de la création de chimères mélangeant des cellules animales avec des cellules humaines.
Quand on connaît la virulence et les inconnues de ce virus qui vient de paralyser la planète, cela demande vraiment une remise en cause et une plus grande humilité face à ces expériences d’apprentis sorciers.
Nous en appelons à la responsabilité du gouvernement et des parlementaires : le gouvernement ne peut pas faire comme si rien ne s’était passé : il s’agit d’une nouvelle donne, le monde a été fragilisé. Des urgences économiques, sociales, et sanitaires sont à prendre en compte, dès cet été. Il faut respecter le temps des priorités et le temps des parlementaires, qui doivent travailler à des réformes vitales pour répondre aux besoins des Français. C’est pourquoi nous demandons le retrait de ce projet de loi bioéthique. «
Alliance VITA dénonce une manœuvre politique pour faire passer en force le très controversé projet de Loi Bioéthique et appelle à mobilisation avec le collectif Marchons Enfants !, pour que ce projet de loi soit retiré des prochaines discussions parlementaires.
Le Gouvernement a publié un décret ce matin, mardi 16 juin, pour convoquer le Parlement, en session extraordinaire, mercredi 1er juillet 2020, dans le but de continuer l’examen de différents textes législatifs, dont celui relatif à la bioéthique. Comme le souligne le sondage IFOP pour Marchons Enfants !, plus de 7 Français sur 10 considèrent que ce projet de loi devrait être suspendu ou retiré pour donner la priorité à la gestion des conséquences économiques et sociales de la crise du coronavirus.
Pour Caroline Roux, déléguée générale adjointe d’Alliance VITA :
« L’inscription par le gouvernement de ce texte à l’ordre du jour en session extraordinaire est le résultat de la pression idéologique d’une minorité. Deux jours après la prise de parole du président de la République, déclarant l’engagement, dès cet été, de « reconstruire une économie forte, écologique souveraine et solidaire », le gouvernement se détourne des vraies attentes et besoins des Français, pour faire passer en force un texte très controversé. Le gouvernement ne peut pas faire comme s’il ne s’était rien passé. Le monde d’après ne peut demeurer le même. Les Français aspirent à juste titre à une révision complète des priorités qui servent l’intérêt de tous. Près de deux tiers des Français (62%) perçoivent cet examen comme une manœuvre de diversion ou de tactique électoraliste dans le contexte de la crise sanitaire, économique et sociale du Covid-19. Pour une large majorité, les sujets urgents concernent le pouvoir d’achat, l’emploi, la protection de l’environnement, etc. Nous demandons donc que ce projet de loi soit retiré des prochaines discussions parlementaires. »
Dans un documentaire, diffusé le 2 juin 2020 sur France 5, « PMA-GPA, les enfants ont la parole », cinq enfants mineurs de 8 à 13 ans et deux enfants majeurs de 18 et 20 ans, nés par PMA ou GPA, ont été interrogés pour qu’ils partagent leur expérience et leur ressenti face à leur mode de conception.
Ces enfants ont été conçus par PMA avec tiers donneur, dans le cadre de couples de même sexe ou de femmes seules, ou encore par GPA, autant de pratiques aujourd’hui interdites en France. Dominique Boren, président de l’APGL (Association de parents gays et lesbiens) est partie prenante dans cette émission.
Qu’est-ce que la normalité ? Quel est le regard des autres ? Une relation avec sa mère-porteuse est-elle possible ? Que signifie, pour eux, l’éventuelle absence d’un père ? Quelle vision ont-ils de leur donneur ? Qu’est-ce qu’une famille pour eux ? Et, comment ces enfants et ados ont-ils envie de construire leur vie plus tard ? Voici les quelques questions qui ont été posées aux enfants dans cette émission.
L’objectif de ce documentaire était de montrer que ces enfants sont heureux, même si certains reconnaissent un manque, comme, par exemple Lucie qui vit seule avec sa mère tout en ayant une image paternelle très particulière: « Ma mère sait que pour moi ça n’est pas facile de vivre sans père, elle sait que ça peut me rendre quand même un peu triste ; elle fait de son mieux pour pas me hurler dessus comme un papa. »
En réalité, l’émission a visiblement pour but d’orienter les esprits pour valider des revendications de lois qui vont clairement à l’encontre des droits de l’enfant. Des voix se sont élevées pour dénoncer la supercherie qui consiste à utiliser des enfants pour justifier des pratiques contraires à leur intérêt.
Le pédopsychiatre, Christian Flavigny, livre une analyse très pertinente dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles sur la manière dont ce type de documentaire instrumentalise la parole des enfants. « Les enfants perçoivent bien l’anomalie de ne pas avoir de père ou de mère, non pas anormalité sociale mais écart par rapport à la relation anthropologique de la venue de l’enfant.
Ce genre de débat les piège car il fait ignorer qu’une privation leur est faite qui atteint leur raison d’être au monde. Ils sont certes des enfants comme les autres, accueillis comme tels dans la vie sociale ; mais le débat télévisé occulte qu’ils ont été privés du socle de leur vie psychique. » explique-t-il.
Les enfants sont pris dans un piège « car pour ne pas sembler trahir leurs parents, ils ne peuvent que répondre loyalement ce qui conforte ceux-ci : qu’ils sont heureux ».
La polémique autour de l’avortement a démarré dès le début du confinement, avec notamment des tentatives d’allongement des délais de 12 à 14 semaines de grossesse de la part de la Sénatrice (PS), Laurence Rossignol.
Le rapporteur du projet de loi, la sénatrice Muriel Jourda, a expliqué que : « Ce texte reviendra au Sénat le 10 juin, il s’appliquera donc un mois après la sortie du confinement. À supposer que l’état d’urgence sanitaire dure jusqu’au 10 juillet, il concernerait donc des enfants qui ne sont pas encore conçus ! » Un peu plus tôt lors des discussions, elle avait souligné la constance de Madame Rossignol qui a déjà déposé cet amendement il y a un an, à l’occasion d’un autre examen de loi. Autant dire que le Covid a servi de prétexte pour des revendications idéologiques.
Le 22 mai, dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire lié au Covid, le Conseil d’état a rejeté la suspension de l’arrêté du 14 avril 2020 élargissant les conditions d’accès de l’avortement à domicile.
Alliance VITA avait déposé un référé suspensif pour dénoncer un excès de pouvoir du ministre de la Santé et une mise en danger de la santé des femmes. La requête en excès de pouvoir se poursuit cependant au fond.
En effet, prétextant l’état d’urgence sanitaire, le ministre de la santé a étendu l’accès de l’avortement à domicile avec des mesures qui comportent des risques graves pour les femmes :
rendez-vous d’IVG en téléconsultation, abandonnant les femmes à la solitude, situation particulièrement rude en période de confinement ;
allongement des délais de 5 à 7 semaines de grossesse pour l’avortement médicamenteux à domicile : alors que cette pratique est reconnue comme plus douloureuse et risquée (risques hémorragiques aggravés) plus la grossesse est avancée.
protocoles médicamenteux modifiés au-delà de 5 semaines de grossesse, en doublant notamment les doses de misoprostol hors AMM, alors que ce dosage est explicitement contre-indiqué dans la fiche BUM 2018 (Bon usage du médicament);
délivrance des produits à la femme directement par les pharmaciens, qui se retrouvent en première ligne sans préparation, spécialement vis-à-vis des jeunes mineures.
Pour Caroline Roux, Déléguée générale adjointe et coordinatrice des services d’écoute d’Alliance VITA
« Comment peut-on demander aux femmes d’obtenir en pharmacie la délivrance de produits abortifs ? Ces dispositions laissent entendre que le recours à l’avortement est anodin et méconnaissent la gravité d’un acte qui met des vies en jeu. De plus, elles font courir des risques disproportionnés aux femmes. Le Covid ne peut servir de prétexte pour porter atteinte à la santé et à la sécurité des femmes. Promouvoir l’avortement à domicile en période de confinement, constitue une forme de violence, en abandonnant les femmes à une plus grande solitude. Le ministre de la santé a pris ces mesures arguant de la baisse du nombre d’avortements, sans analyse chiffrée, ni considération sur ce que les femmes peuvent vivre. En effet, la pandémie et ses menaces peuvent changer le regard sur des grossesses inattendues. C’est pourquoi la véritable urgence pour cette crise sanitaire, c’est que les femmes enceintes puissent être accompagnées et sécurisées, qu’elles puissent avoir accès aux aides et être soutenues si elles sont en difficulté, et surtout qu’elles soient protégées de toute violence, sans omettre les pressions masculines ou de l’entourage pour les pousser à avorter, comme nous le constatons si souvent. »