[CP] – IVG : Alliance VITA dénonce l’aberration éthique du dernier avis CCNE

[CP] – IVG : Alliance VITA dénonce l’aberration éthique du dernier avis CCNE

ivg

 

Dans son dernier avis, le CCNE dit ne pas voir d’objection, sur le plan médical, à allonger le délai légal de l’avortement de 12 à 14 semaines de grossesse. Il rappelle cependant que l’IVG est un « acte médical singulier » qui justifie le maintien de la clause de conscience spécifique pour les professionnels de santé.

Alliance VITA voit dans cet avis une aberration éthique : alors que jamais les Françaises n’ont autant eu recours à l’IVG, comment prétendre qu’il serait difficile d’y recourir ? N’est-il pas au contraire difficile pour elles – et singulièrement les plus pauvres – d’y échapper ?

Le CCNE reconnaît pourtant, d’une part, que plus l’avortement est tardif, plus ses conséquences psychologiques sont lourdes et, d’autre part, l’absence de données fiables sur la situation des femmes qui voudraient recourir à l’avortement hors délai. Il se fonde sur des estimations approximatives du nombre de femmes qui dépasseraient les délais légaux en France. L’étude qu’il évoque ne porte que sur 70 femmes ayant dépassé les délais légaux.

Cette situation est particulièrement alarmante, alors que le taux de recours à l’avortement n’a jamais été aussi élevé, et que les dernières statistiques révèlent que les femmes les plus pauvres avortent plus fréquemment, ce que souligne le CCNE sans émettre d’avis sur cette situation.

L’avortement se révèle pourtant un marqueur d’inégalité sociale qui doit alerter les pouvoirs publics.

Pour Caroline Roux, déléguée générale adjointe d’Alliance VITA :

« Alors que des mouvements idéologiques prétextent la situation d’urgence sanitaire pour faire voler en éclat l’encadrement de l’avortement, il est gravissime que la société se désintéresse des détresses réelles que peuvent ressentir les femmes enceintes. La véritable urgence est d’améliorer l’accès à une information fiable et complète sur les aides et soutiens pour celles qui désirent éviter l’avortement. Cette information fait gravement défaut en consultation d’IVG. Nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités et de conduire une étude épidémiologique impartiale sur les causes, les conditions et les conséquences de l’avortement avant toute modification législative, condition impérative pour ouvrir un débat public. »

Autogreffe de tissus ovariens : une nouvelle naissance dans les Pays de la Loire

Autogreffe de tissus ovariens : une nouvelle naissance dans les Pays de la Loire

greffe de tissus ovariens
 

Au CHU de Nantes, une jeune femme de 27 ans, Gwenola, est devenue mère suite à une greffe de ses propres tissus ovariens.

La patiente, qui souffre d’un lymphome depuis ses 18 ans, a obtenu une congélation de ses tissus ovariens après une récidive de son cancer à 20 ans et avant un traitement toxique pour ses ovaires.

Selon le CHU de Nantes « Nous lui avons alors proposé d’intégrer le protocole national DATOR, piloté par le CHU de Besançon qui coordonne les greffes de cortex ovarien en France et qui en recense les résultats. »

La chimiothérapie a entraîné, comme prévu, une ménopause précoce chez Gwenola.

Cette greffe a permis de restaurer la fertilité de la jeune femme : ses menstruations sont réapparues cinq mois après son opération. Elle a été enceinte un an après. L’enfant a 4 mois aujourd’hui et est en bonne santé.

La première greffe de ce type réussie en France date de 2009 au sein du CHRU de Besançon.

Covid : création de 10 000 missions de service civique en faveur du lien intergénérationnel

Covid : création de 10 000 missions de service civique en faveur du lien intergénérationnel

solidarité intergénérationnelle

10 000 missions de service civique ont été ouvertes auprès des personnes âgées. Cela concerne les EHPAD, les collectivités territoriales, les services associatifs ou publics d’aide à la personne et les résidences autonomies.

Cette mesure, datant du mardi 1er décembre, a été annoncée par Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’Autonomie, et Sarah El Haïry, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, chargée de la Jeunesse et de l’Engagement. Leur objectif est de favoriser le lien intergénérationnel pendant cette période de crise du Covid-19 : « Le volontariat de jeunes en Service civique auprès de personnes âgées contribue à renforcer les liens entre les générations et ainsi lutter contre l’âgisme, ces représentations sociales et culturelles bien souvent erronées de la vieillesse. Face à la crise sanitaire, c’est un atout précieux pour renforcer les actions de lutte contre l’isolement des personnes vulnérables engagées par les élus locaux et dans les établissements. C’est un très bel exemple de solidarité intergénérationnelle en actes !».

Les jeunes devront avoir entre 16 et 25 ans, et être âgés de moins de 30 ans pour les personnes porteuses de handicap. Différentes activités seront proposées comme l’accompagnement des personnes âgées dans la maîtrise des nouvelles technologies ou d’autres activités de loisirs (lecture, animations ludiques, etc.).

Alliance VITA, très engagée dans la solidarité intergénérationnelle, salue cette initiative.

Avis CCNE : Covid-19 et priorisation de l’accès aux soins

Avis CCNE : Covid-19 et priorisation de l’accès aux soins

priorisation de l'accès aux soins

 

La réponse du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) à la lettre de saisine du ministre des solidarités et de la santé a été publiée le 17 novembre 2020, soit deux semaines après la question posée par le ministère sur les questions éthiques liées à « la prise en charge des patients Covid et non Covid dans le contexte épidémique amenant un nombre important de patients dans les établissements de santé. »

Le groupe de travail rapidement constitué par le CCNE s’est appuyé sur des éléments de réflexion antérieurs : l’avis 106 publié en février 2009 relatif aux questions éthiques soulevées par une possible pandémie grippale, l’avis rendu le 13 mars 2020 intitulé « Enjeux éthiques face à une pandémie », ainsi que sur des auditions et contributions récentes de sociétés savantes, nationales et internationales, tenant compte de l’évolution des connaissances scientifiques, des pratiques médicales, et de l’analyse des autres pays européens confrontés aux mêmes difficultés.

Au mois d’octobre, le rebond de l’épidémie a de nouveau soumis le système de soins français à de très fortes tensions pour la prise en charge des patients Covid et non Covid. Le nouvel avis demandé au CCNE tient compte de l’expérience de la première vague épidémique.

Il fait d’abord état de l’insuffisance des moyens au regard des besoins de santé et souligne l’impossibilité de recrutement et de formation rapide des professionnels médicaux et paramédicaux pour s’adapter aux besoins récents.

Des décisions prises dans l’urgence pour réorganiser les soins (actes chirurgicaux et médicaux déprogrammés au profit de lits « dédiés covid ») et prioriser les personnes nécessitant des soins et traitements soulèvent de nombreuses questions éthiques. Si la situation est exceptionnelle car inédite, les limites de notre système de santé ne doivent pas conduire à une éthique d’exception.

 

Prioriser en situation de pandémie : un défi pour l’éthique soignante ?

Le « tri des malades » oblige les soignants à assumer des dilemmes douloureux pour « sauver le plus de vies possible tout en tenant compte des contraintes ». Cette méthode d’organisation des soins est bien connue en médecine d’urgence et de catastrophe. Elle est fondée sur la prise en compte d’une balance gravité/efficacité. Dans un contexte d’insuffisance des moyens disponibles, la logique égalitariste – ne pas trier – reviendrait à donner priorité aux « premiers arrivés ». Une logique plus utilitariste visant à rendre maximum le nombre de vies sauvées dans l’intérêt collectif est privilégiée.

Les valeurs soignantes sont mises à l’épreuve : est-il possible de donner à chacun les meilleurs soins adaptés à ses besoins ? L’intérêt individuel est-il toujours compatible avec l’intérêt collectif ?

Les critères d’admission en réanimation sont principalement des critères médicaux supposés objectifs (gravité de l’état d’un patient, pronostic et qualité de vie future) fondés sur « l’espoir raisonnable de récupération substantielle ». Ils reposent sur les principes éthiques de qualité, de bienfaisance, de non-malfaisance et d’autonomie (respect du choix du patient).

Points de vigilance soulignés par le CCNE :

Le Comité Consultatif National d’Ethique souligne quatre points de vigilance :

  • Aucune situation de pénurie ne justifierait de renoncer aux principes de l’éthique médicale qui exigent solidarité, attention aux plus vulnérables et équité. Une approche au cas par cas, des procédures collégiales et la création de cellules de soutien éthique faciliteraient la prise de décisions médicales éthiques.
  • La priorisation pourrait être guidée par le choix de donner les soins aux patients qui auraient le plus à perdre d’une absence ou d’un retard des soins. Quelle que soit la situation, tout patient doit bénéficier de soins médicaux de base, de soins de confort et d’un accompagnement palliatif si nécessaire.
  • Un pilotage territorial décentralisé du système de santé, abolissant les cloisons public/privé, hôpital/ville, sanitaire/social permettrait une meilleure gestion des ressources et tiendrait compte de la réalité grâce aux retours d’expérience des acteurs et des usagers du système de santé.
  • La confiance et l’adhésion des citoyens devrait être renforcée par leur participation plus effective, en restaurant une délibération démocratique.

Huit recommandation proposées par le CCNE :

  1. Optimiser l’accès aux soins des patients par une meilleure coordination entre les acteurs de ville, les établissements hospitaliers publics, privés et médico-sociaux et la réserve sanitaire.
  2. Réfléchir à une échelle pertinente des « seuils d’alerte » pour le « triage », dans le but d’une meilleure prise en compte des besoins de soins des « patients Covid et non Covid » et de limiter les pertes de chance liées aux déprogrammations des activités médicales.
  3. Mettre en place un processus décisionnel éthique, collégial et interdisciplinaire, (avec une traçabilité écrite et une communication claire) pour les choix de réorganisation d’activités médicales et la priorisation des patients, au cas par cas, tenant compte de leurs souhaits.
  4. Préserver l’accès aux soins pour les situations les plus urgentes et les patients qui auraient le plus à perdre d’une absence ou d’un retard de soins. La hiérarchisation de la valeur de la vie (en fonction de l’âge, d’un handicap, ou d’une situation de précarité) doit rester un « interdit éthique ». Aucun protocole ne doit être utilisé sans réflexion éthique au cas par cas.
  5. Renforcer la démocratie en santé : Les patients et les proches doivent être concertés pour toute décision relative à une situation particulière ; les représentants d’usagers devraient être consultés pour toute décision relative aux parcours de soins des patients.
  6. Communiquer sur la déprogrammation et la continuité des activités médicales en cours pour améliorer l’accès aux soins pour tous.
  7. Apporter un soutien éthique aux équipes amenées à faire des choix de priorisation et confrontées à des dilemmes éthiques, grâce à la création de dispositifs de proximité (équipes mobiles ou astreintes éthiques).
  8. Consulter les acteurs de proximité sur leur retour d’expérience pour évaluer les conséquences des choix décisionnels de priorisation.

La distribution des ressources dans un contexte d’insuffisance des moyens est un enjeu éthique de santé publique qui invite à une réflexion collective au-delà du corps médical.

Le Comité Consultatif National d’Ethique incite le politique à réinterroger les priorités, suite aux leçons qui peuvent être tirées de la première vague de l’épidémie et souligne que le non-respect de certains droits fondamentaux dans le but de minimiser les risques sanitaires a été très fortement contesté. La santé des individus doit-elle être privilégiée au prix de restrictions des libertés et de modalités de priorisation des patients pour l’accès aux soins ?

Le manque actuel de moyens au regard des besoins de santé et le temps nécessaire à la formation des professionnels médicaux et paramédicaux devraient orienter les priorités de la politique de santé publique à venir. Les accords du Ségur de la Santé signés en juillet 2020 seront-ils suffisants ?

Pour aller plus loin, la Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs a organisé, le vendredi 20 novembre, un colloque en ligne intitulé « Le triage peut-il être éthique ? » qui éclaire bien cette question délicate.

Campagne pour le don de gamètes : où est l’intérêt de l’enfant ?

Campagne pour le don de gamètes : où est l’intérêt de l’enfant ?

Campagne pour le don de gamètes : où est l’intérêt de l’enfant ?

 

L’Agence de la biomédecine (ABM) a lancé une nouvelle campagne nationale pour inciter les Français à donner leurs gamètes, s’appuyant sur un argument « marketing » qui porte préjudice à l’intérêt de l’enfant.

Selon l’ABM, malgré les 38% de hausse du nombre de donneurs entre 2015 et 2016, cela n’est pas suffisant pour répondre aux 5 000 demandes de couples infertiles à l’heure actuelle.

Cette tendance est vouée à perdurer car le projet de loi bioéthique actuellement en discussion prévoit une levée de l’anonymat du donneur « toute personne conçue grâce à un don de gamètes pourra accéder, dès sa majorité, à des informations dites « non identifiantes », telles que l’âge, la situation professionnelle ou le pays de naissance de son donneur, ainsi qu’à l’identité. En cas de refus des donneurs de communiquer de telles informations, ils ne pourront procéder au don. ».

Les donneurs seront dorénavant confrontés à leurs responsabilités vis-à-vis de l’enfant conçu à l’aide de leurs gamètes et cela pourrait avoir une incidence sur les dons.

Le slogan de la campagne, qui se déroule entre le 16 novembre et le 6 décembre 2020, fait du donneur potentiel, un héros généreux : « faire un don, c’est donner à des milliers de personnes l’espoir de devenir parents »… Toutefois, le dossier de presse de cette campagne explique, parmi les raisons de donner, le fait que « jusqu’à la promulgation de la nouvelle loi de bioéthique, actuellement en discussion au Parlement, c’est le cadre actuel de la loi qui continue de s’appliquer pour le don de gamètes. »

Cela est en réalité une injonction à donner le plus rapidement possible ses gamètes avant que la loi ne soit votée. L’intérêt supérieur de l’enfant passe clairement derrière celui des adultes.

Le prochain basculement qui apparaît en filigrane est celui de la marchandisation des gamètes pointés par des observateurs des évolutions bioéthiques. Une nette hausse des PMA avec donneurs se profilera si cette pratique s’étend à des femmes seules ou à deux. En Belgique, où cette pratique est autorisée et où le don est, comme en France, gratuit, les banques de sperme sont en manque de dons : elles doivent se fournir auprès de banques de sperme payantes danoises pour 80 % des demandes.

Ce marché se nourrit de l’industrialisation des modes de procréation. Il considère les femmes et les hommes comme des fournisseurs de matières premières – ovocytes, sperme,– pour fabriquer des enfants sur commande.

Un pas de plus a été franchi cet été avec l’adoption d’un amendement au projet de loi bioéthique ouvrant la collecte et la conservation des gamètes humains à des établissements lucratifs. Les Sénateurs sont maintenant en première ligne pour rejeter cette nouvelle forme de marchandisation humaine.

 

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