IVG en Allemagne en baisse continue

IVG en Allemagne en baisse continue

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Les statistiques allemandes relatives à l’avortement pour 2015 confirment la tendance à la baisse du nombre d’IVG depuis 15 ans.

L’Office Fédéral Allemand de Statistiques (Statistische Bundesamt) a publié comme chaque année depuis 1996 les chiffres relatifs au nombre d’avortements en Allemagne en 2015.

En 2015, le nombre de femmes ayant fait le choix d’interrompre leur grossesse a diminué par rapport à l’année précédente. Près de 99.200 interruptions de grossesse ont été rapportées, soit une baisse de 0,5% par rapport à 2014. Depuis l’introduction de cette statistique en 1996, le point haut du nombre d’avortements a été atteint en 2001, avec 135.000 cas rapportés.

Près des trois quarts des femmes (73%) ayant subi un avortement avaient entre 18 et 34 ans. 16% avaient entre 35 et 39 ans, 8% étaient âgées de 40 ans ou plus. 3% des femmes avaient moins de 18 ans.

Selon la loi allemande en vigueur, l’avortement reste interdit (paragraphe 218 du code pénal), et n’est autorisé qu’au titre d’une liste d’exceptions (paragraphe 218a). La  principale exception (96% des cas) concerne les femmes qui ont suivi la règle d’obligation de conseil : elles ont consulté et reçu toute l’information nécessaire concernant l’acte et ses alternatives, et se sont vu délivrer un reçu qu’elles doivent présenter pour que l’acte puisse avoir lieu. De plus, la grossesse ne doit pas dépasser 12 semaines. Pour 4% d’entre elles, l’IVG a été validée pour raison de santé ou pour raison criminelle (femmes victimes de viol).

Pour rappel, le taux d’avortement en France est deux fois plus élevé qu’en Allemagne (15,6 pour mille en France, versus 7 pour mille en Allemagne). Les dernières statistiques françaises sont en hausse : 229 000 avortements en 2013, pour 810 000 naissances.

Alliance VITA demande avec insistance la mise en place d’une véritable politique de prévention de l’avortement en France, alors que les mesures successives prises ces deux dernières années conduisent à une déresponsabilisation des pouvoirs publics et de la société. Informer les femmes dont la grossesse est imprévue ou difficile sur les aides auxquelles elles ont droit serait pourtant essentiel pour que l’avortement ne soit pas une fatalité. Pour combler la carence des pouvoirs publics, VITA édite, depuis 2010, un guide des aides à l’attention des femmes enceintes : www.jesuisenceinteleguide.org

[CP] Prix L’Oréal-Unesco : la France doit être à l’avant-garde éthique sur l’utilisation du CRISPR-Cas9

[CP] Prix L’Oréal-Unesco : la France doit être à l’avant-garde éthique sur l’utilisation du CRISPR-Cas9

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La 18ème édition du Prix L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science récompense aujourd’hui à Paris deux biologistes, Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, à l’origine d’une nouvelle technique de génie génétique, appelée CRISPR-Cas9, qui doit mobiliser un état de vigilance éthique maximale quant à certaines de ses applications potentielles.

Cette technique, capable de modifier l’ADN de toute cellule, laisse entrevoir des perspectives prometteuses, tant en terme d’améliorations des connaissances que de progrès thérapeutiques. Elle représente les prémices de découvertes qui plongent l’humanité au cœur d’une aventure scientifique, technologique, médicale et éthique sans précédent. Les enjeux éthiques liés à l’utilisation de CRISPR-Cas9 nécessitent une prise de conscience mondiale et des décisions fermes, car la tentation est si forte d’utiliser cette technique sur des embryons humains ou des cellules germinales que certains pays (la Chine et la Grande-Bretagne) ont déjà commencé à le faire. Outre que ce type de recherche conduit à la destruction d’embryons, les résultats obtenus pourraient conduire à modifier le génome humain pour créer dans l’avenir des « bébés sur mesure » en sélectionnant des gènes. Appliquées aux gamètes, aux cellules germinales ou encore à l’embryon constitué, les modifications génétiques seraient alors transmissibles aux générations suivantes de façon illimitée.

>> Note Expert VITA : CrispR-Cas9 : la modification du génome en question

Pour Alliance VITA, les avancées biotechnologiques qui permettent d’améliorer nos connaissances et le traitement de certaines pathologies vont dans le bon sens, mais certains garde-fous sont nécessaires. Ils concernent la non instrumentalisation des embryons humains. En effet utiliser les embryons humains comme matériau de recherche conduit à créer une catégorie d’êtres humains vivants sacrifiés pour être utiles à d’autres êtres humains.

De plus des lignes rouges ne doivent pas être franchies en ce qui concerne le patrimoine génétique, la manipulation des gamètes et des embryons humains. Le Comité Consultatif National d’Ethique, l’OPECST, l’Académie de médecine et celle des sciences entament des réflexions dans ce domaine.

Nous demandons à ce que le débat ne reste pas au niveau des experts, mais que la société civile soit également consultée. Il y a un impérieux besoin d’orienter le « progrès » sans s’enfermer dans des approches individualistes ou financières. Le progrès doit être raisonné et viser à améliorer la qualité de vie de l’homme, sans altérer son environnement et sa nature même. La France, pays des Droits de l’homme qui a ratifié la Convention d’Oviedo, sera-elle à la hauteur des enjeux ? Notre pays doit être à l’avant-garde éthique sur l’utilisation du CRISPR-Cas9 de la même façon qu’elle l’a été sur d’autres sujets éthiques majeurs, comme le clonage humain.

EN SAVOIR PLUS :

>> VIDEO : CrispR-Cas9 expliqué en 7 minutes

PMA : controverses autour d’une tribune militante et insidieuse

PMA : controverses autour d’une tribune militante et insidieuse

in vitro fertilisation, ivf macro concept

Dans une tribune publiée le 17 mars 2016 dans Le Monde, 130 médecins et biologistes de la reproduction expliquent avoir transgressé la loi française et demandent notamment l’élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et aux couples homosexuels.

Se voulant dans la continuité du manifeste « Oui, nous avortons » de médecins en 1973 par la co-signature de cette tribune au titre provoquant (« Nous, médecins, avons aidé des couples homosexuels à avoir un enfant même si la loi l’interdit »), ces médecins sont emmenés par le gynécologue René Frydman, qui a participé à la naissance du premier « bébé-éprouvette » en 1982. On trouve également parmi les signataires le gynécologue Israël Nisand.

La tribune formule plusieurs revendications précises sur la réglementation en vigueur concernant l’aide médicale à la procréation :

1) développer le don d’ovocytes en France, car l’offre actuelle ne permet pas de répondre à la demande des couples ;

2) analyser génétiquement les embryons avant transfert dans l’utérus en élargissant la possibilité de diagnostic préimplantatoire (DPI) pour toute fécondation in vitro ;

3) permettre aux femmes de conserver leurs ovocytes sans restriction ;

4) autoriser le don de sperme pour les femmes célibataires (« sans préjugé de son mode relationnel actuel ou futur, homo ou hétérosexuel »). 

A côté de ces quatre revendications, les signataires proposent la création d’un plan contre l’infertilité, comparable aux plans nationaux contre le cancer ou la maladie d’Alzheimer. Ce plan de prévention viserait à informer sur l’effet inexorable de l’âge et les conséquences de certains comportements alimentaires, des addictions (tabac, alcool, drogue) ou de la pollution. Et pour conclure, les signataires invoquent le respect de « deux principes éthiques fondamentaux » : « la non-commercialisation du corps humain et le refus du risque d’utiliser ou d’aliéner une autre personne à son profit ».

Plusieurs réactions, dont celle du biologiste Jacques Testart ou du professeur de droit Jean-René Binet, sont venues dès le lendemain en contrepoint de ces prises de position, pour rappeler certaines réalités concrètes et les principes éthiques qui fondent les règles applicables en France. Jean-Francois Mattei, ancien ministre de la santé, analyse pour sa part avec sévérité la tribune : « Je ne vois pas dans leur démarche de courage particulier. Les signataires se sont mis hors la loi pour réclamer une évolution législative. Ils s’exposent, certes, à des sanctions de l’ordre des médecins, à des sanctions juridiques. Mais cela relève de leur responsabilité. Pour ma part, si je respecte leur opinion, je constate qu’eux ne respectent pas la démocratie. Les lois de bioéthiques ont été, en 1994, adoptées à une large majorité autour du principe consistant à réserver l’aide médicale à la procréation à des indications médicales. Un principe qui n’a jamais été modifié depuis, alors même que ces lois ont été révisées à deux reprises, en 2004 et 2011 ».

Pour Alliance VITA, une telle tribune militante de professionnels, à la fois juges et parties, interroge sur les raisons profondes d’une telle pression. La nécessité de prévenir l’infertilité et d’engager des études sur les causes de l’infertilité constitue une priorité médicale majeure demandée par VITA depuis 1994. Il est cependant choquant d’en faire une mesure annexe pour justifier en parallèle une fuite en avant qui ne concerne pas la réalité de l’infertilité médicale. D’autant que la moitié des couples qui ont recours à l’assistance médicale à la procréation, qui n’est en soi qu’un palliatif, n’auront pas d’enfant à l’issue.

De plus, les auteurs de la tribune mettent en avant certains principes éthiques, tout en mettant soigneusement certains autres de côté. Un récent rapport d’information du Sénat a en effet souligné qu’ouvrir la PMA aux couples de même sexe conduit à supprimer l’exigence de l’infertilité médicale et de l’altérité sexuelle, ce qui bouleverserait « la conception française de la PMA, en ouvrant la voie à un « droit à l’enfant» et à une procréation de convenance ». Un avis du Conseil d’Etat en 2009 soulignait déjà qu’il ne s’agissait pas de s’aligner sur le moins-disant éthique, afin de ne pas priver délibérément un enfant de père. Il est surprenant que de tels spécialistes ne veuillent pas reconnaître le statut particulier des gamètes – qu’ils soient masculins ou féminins – , en tant que pourvoyeurs du patrimoine génétique des enfants.

Concernant la demande de développer le don d’ovocytes, avec notamment la fin de la gratuité et la légalisation d’un « dédommagement », les exemples étrangers prouvent qu’un tel basculement de pratique conduit forcément à des formes de commercialisation du corps de la femme. Les auteurs passent également sous silence que ce type de traitement n’est pas sans danger pour la santé des femmes donneuses, et que les actes liés à la procréation artificielle constituent une réalité difficile à vivre pour les couples. Cette technique pose en outre de sérieuses questions éthiques, comme en témoignent ceux qui sont confrontés à une réelle infertilité médicale : procréer naturellement, en étant guéris de leur infertilité, demeure leur souhait le plus profond. Enfin, la possibilité pour toute femme de conserver ses propres ovocytes est loin de faire l’unanimité, comme le confirme un récent sondage.

Quant à l’analyse génétique de l’embryon avant transfert utérin, elle représenterait une pression supplémentaire vers les dérives eugénistes déjà présentes en France, en particulier en ce qui concerne le diagnostic de la trisomie 21.

Vente d’enfant après GPA : les insuffisances de la loi française

Vente d’enfant après GPA : les insuffisances de la loi française

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Une première en France : le tribunal correctionnel de Blois a condamné, ce mardi 22 mars, à un an de prison avec sursis une mère de famille qui a vendu deux de ses enfants à des couples homosexuels à la suite d’une GPA. Le procès s’était tenu fin janvier 2016 ; le procureur avait alors requis un an de prison (dont neuf mois avec sursis) contre la mère porteuse.

Aurore, cette femme de 37 ans, était poursuivie pour avoir vendu deux de ses enfants en 2010 et 2012, mais surtout pour avoir « escroqué » deux couples. En effet, à deux reprises, elle a fait croire à un couple qui lui avait déjà versé la somme de 15.000 euros, que son enfant était mort-né, ce qui lui a permis de le vendre à un autre couple demandeur pour le même prix.

Le grief retenu par le tribunal n’est pas la vente d’enfant à des tiers, qui est pourtant une pratique illégale en France, mais le fait qu’Aurore ait escroqué ses acheteurs. Il a pourtant été souligné que cette femme était dans une situation de grande détresse, ayant révélé avoir été violée par son père à l’adolescence, d’une part, et ayant de grandes difficultés financières, d’autre part.

L’association Juristes pour l’Enfance, qui s’est constituée partie civile de cette affaire afin de défendre les intérêts des enfants, déplore cette décision, dans un communiqué : « En retenant l’escroquerie comme chef de poursuite contre la mère, la justice se soucie seulement de protéger d’imaginaires droits des acheteurs d’enfant à obtenir l’objet payé, un enfant, petite victime innocente et grande absente de ce procès ».

De leur côté, les 4 couples ont été condamnés à une amende de 2.000 euros avec sursis pour « incitation à l’abandon d’enfant » et non pas pour « trafic d’êtres humains », ce que déplore cette association « Le droit pénal français n’incrimine pas spécifiquement l’achat d’enfant ». « Les acheteurs d’enfants ont été traités comme des victimes, commente Adeline Le Gouvello, avocate de cette association. « Arnaquer les acheteurs d’enfants tomberait sous le coup de la justice, mais vendre des enfants ne serait pas un problème ? Ces enfants sont les grands absents de la procédure alors qu’ils sont les seules véritables victimes », commente la juriste Aude Mirkovic, porte-parole de l’association.

La question est maintenant de savoir ce que vont devenir ces enfants… Faut-il rendre l’un à ses parents biologiques, à savoir Aurore et son mari, et l’autre au couple toulousain qui le réclame, cette deuxième affaire étant au coeur d’une autre bataille judiciaire ? C’est le plus grand regret confessé par Aurore à l’audience de janvier dernier : « je m’en veux surtout pour cet enfant », avait-elle déclaré.

L’association Juristes pour l’enfance va saisir le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies qui a recommandé plusieurs fois à la France de condamner la vente d’enfants. Le gouvernement avait répondu en 2012 que si la vente d’enfants n’était pas spécifiquement visée par le Code pénal, elle était tout de même sanctionnée. Cet exemple prouve le contraire. L’association saisira également le Rapporteur spécial sur la vente d’enfants.

Virus ZIKA et microcéphalie : le risque quantifié pour la première fois

Virus ZIKA et microcéphalie : le risque quantifié pour la première fois

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Dans une étude publiée le 16 mars dans la revue « The Lancet », l’Institut  Pasteur confirme le risque accru de microcéphalie pour le fœtus/nouveau-né d’une mère infectée par le virus Zika durant le premier trimestre de la grossesse.

Une mère infectée par le virus du Zika durant son premier trimestre de grossesse aurait 50 fois plus de risque d’avoir un bébé atteint de microcéphalie, une malformation grave de la tête. C’est ce que démontre pour la première fois une étude conduite par l’Institut Pasteur et des chercheurs Polynésiens à partir des données de femmes touchées par le virus Zika en Polynésie française entre septembre 2013 et juillet 2015.

S’appuyant sur une modélisation mathématique, l’étude démontre que le risque de microcéphalie est de l’ordre de 1% pour un fœtus/nouveau-né dont la mère a été infectée par le virus Zika durant le premier trimestre de la grossesse, contre un risque de 0,02% en temps normal.

L’analyse établit que sur les 8 cas de microcéphalie avérés, 7 sont apparus dans les 4 mois qui ont suivi l’épidémie de Zika, indiquant une conjonction temporelle forte (88%) entre l’épidémie et la survenue de la microcéphalie.

La recherche sur la corrélation entre microcéphalie du fœtus  et infection pour le virus Zika s’est accentuée ces derniers mois.

Courant février, une équipe de chercheurs brésiliens a  annoncé avoir identifié la présence du virus Zika dans le liquide amniotique de deux femmes enceintes (dans The Lancet Infectious Diseases).

Début mars, dans une étude publiée dans la revue américaine Cell Stem Cell,  une autre équipe de chercheurs démontrait par une expérience en laboratoire que le virus Zika pouvait attaquer et détruire des cellules cérébrales humaines.

C’est dans ce contexte que l’étude de l’Institut Pasteur apporte pour la première fois des données chiffrées sur la corrélation entre infection par le virus Zika et survenue de microcéphalie.

Selon l’Institut Pasteur, ce risque de 1% est bien plus faible que celui observé lors d’autres infections virales associées à des complications durant la grossesse, comme la rubéole qui génère un risque de 38 à 100%. La préoccupation des autorités sanitaires tient à la forte proportion de personnes infectées lors d’une épidémie de Zika. Cette crainte récurrente d’une explosion du nombre de cas de microcéphalies a entraîné depuis le début de l’année des pressions fortes de la part des organisations internationales sur le Brésil pour qu’il modifie sa politique d’accès à l’avortement.

Les conclusions de cette première étude, réalisée à partir d’une modélisation mathématique, devront être confirmées par d’autres travaux de recherches dans les prochains mois.

Par ailleurs, l’analyse publiée par l’équipe de chercheurs de Pasteur ne portant que sur des mères dont la contamination a été avérée, il reste à établir si les formes d’infection Zika sans symptômes posent également un risque pour le fœtus.