4e soirée de l’Université de la vie 2019 : “La vie, à quel prix ?”

4e soirée de l’Université de la vie 2019 : “La vie, à quel prix ?”

© albane de marnhac

Cette quatrième, et dernière soirée de notre cycle de formation bioéthique a eu pour interrogation : « La vie, sous pression ? »

Le philosophe et mathématicien Olivier Rey auteur de « Leurre et malheur du Transhumanisme » (Desclée de Brouwer, 2018) a débuté la soirée en parlant des difficultés de l’homme à s’adapter à un environnement qu’il a lui-même créé et qui le dépasse. D’où ce mouvement scientifique vers un homme augmenté : « Le transhumanisme flatte des fantasmes infantiles de toute puissance, mais il prépare des états de dépendance totale. C’est bien pourquoi il bénéficie du soutien de puissantes firmes qui tireraient grand profit de cette totale dépendance.».

Tugdual Derville, Délégué général d’Alliance VITA et auteur de « Le temps de l’homme » (Plon, 2016), a décrit l’écartèlement de l’humanité entre « quatre idéologies pratiques » : le technologisme, l’antispécisme, le malthusianisme et l’eugénisme, qui entrent toutes en résonance, induisant une confusion sur l’identité, la dignité, la souveraineté et la responsabilité des êtres humains. Coincée entre les animaux et les robots, l’humanité est par ailleurs attaquée par ceux qui contestent sa quantité ou veulent lui imposer des normes de qualité. Trois antidotes sont proposées pour résister à ces idéologies : se réconcilier avec la nature, se rapprocher des plus faibles et s’ouvrir à la transcendance.

Le grand témoin de cette soirée était le Général Henri Marescaux, fondateur de l’association « Tamaris » qui aide les personnes françaises et étrangères à sortir de la prostitution et auteur de « Les prostituées nous précèdent » (Médiaspaul, 2018). Il a expliqué son quotidien consistant à aider des femmes à sortir de ce terrible engrenage. Il a insisté également sur le fait que les lois votées depuis plusieurs années sur ce sujet étaient malheureusement beaucoup trop éloignées de la réalité, que cela soit la pénalisation des clients ou l’attribution des papiers octroyant la nationalité française.

Le décodeur bioéthique était animé par Blanche Streb, la directrice de la formation d’Alliance VITA et auteur de « Bébés sur mesure-Le monde des meilleurs » (Artège, 2018) sur le thème « Éthique ou pathétique ». Elle y a abordé la question de l’affect utilisé à mauvais escient dans notre société actuelle. Le pathos est régulièrement sollicité pour justifier des transgressions scientifiques : « La vie est sous pression…Ce murmure qui monte de notre conscience témoigne que la vie compte pour nous. Et qu’ainsi, elle compte sur nous. Nous sommes vraiment dans un affrontement culturel entre la technique, considérée comme un absolu, et la responsabilité morale de l’homme ».

Caroline Roux, Déléguée générale adjointe et directrice de VITA International, est intervenue sur l’entraide internationale : « Concernant l’éthique, le problème majeur est le glissement de l’interprétation des droits de l’Homme vers une réponse aux revendications de droits individuels, au détriment des plus fragiles et de la protection de la vie humaine ». Elle a souligné qu’Alliance VITA venait d’être accréditée au Conseil économique et social de l’ONU et que cela ouvrait de nouvelles perspectives de coopération pour faire valoir la voix des plus fragiles aux Nations-Unies.

François-Xavier Pérès, Président d’Alliance VITA, a clôturé ce cycle de formation en invitant toutes les personnes sensibles à la protection de la vie et des plus fragiles à se mobiliser. Dans un climat politique incertain, avec une révision de la loi bioéthique en discussion, il nous a appelés à intervenir dans le débat national à venir : « S’engager, c’est donc répondre à un appel qui coûte. Notre cœur voit, vibre, et naît en nous le désir de nous mettre en mouvement. Si nous disons « oui », alors c’est parti, c’est l’aventure, avec ses risques ! »

Cette soirée a fait la clôture d’une édition exceptionnelle par son affluence et son rayonnement en France et à l’étranger.

Forum européen de bioéthique 2019 : intervention de Tugdual Derville

Forum européen de bioéthique 2019 : intervention de Tugdual Derville

Mon corps est-il à moi ? », Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA était l’un des intervenants de la table ronde sur l’interruption volontaire de grossesse. 

Verbatim extraits de l’intervention de Tugdual Derville :

Au sein d’Alliance VITA, nous accompagnons chaque année 2.500 femmes et couples confrontés aux problèmes de grossesse au sens large (deuils ante et post nataux, IVG, IMG, infertilité…) ; nous avons reçu plus de 10.000 témoignages de femmes sur la question de l’avortement.

Nous avons tous séjourné longtemps dans le corps d’une femme, émergé du corps d’une autre. Cet “emboîtement”, fait d’autonomie et d’interdépendance, dessine la problématique douloureuse de l’IVG. Quand suis-je devenu moi-même ? Nous devons tous la vie à un “oui” maternel, à un moment donné. Pas sur un “amas de cellules”, mais sur le début de notre corps, qui s’est développé jusqu’à maintenant sans que la science ne puisse dire qu’à aucun moment, il n’y ait eu une discontinuité.

Avec cette question de savoir si “mon corps m’appartient”, on a inventé une sorte de fiction (peut-être libératrice, déculpabilisante dans l’intention) considérant que l’embryon in utero, ce n’était pas un être humain pleinement digne de respect. Plutôt que de poursuivre cette fiction, on peut s’interroger : Pourquoi en est-on arrivé là ? À cause de la souffrance que sa venue peut provoquer.

Dans la lutte contre les violences faites aux femmes, il faut regarder avec réalisme la place de l’IVG. La première question souvent posée aux femmes par le gynécologue est “Est-ce une grossesse désirée ?” Cela pousse les femmes à une réponse binaire, c’est violent, alors qu’on sait que c’est une période d’ambivalence naturelle des sentiments : on vit en même temps l’effroi et la joie, la peur et l’impatience, l’angoisse et le désir.”

Énormément de femmes que nous accompagnons subissent de puissantes pressions du compagnon, avec du chantage affectif et des menaces de séparation, alors que l’IVG est censée reposer sur le choix de la femme. Les hommes ne ressentent pas la grossesse dans leurs corps, ils ne se sentent pas devenir pères ; ils ont besoin de temps pour réaliser.”

Les femmes subissent également une pression liée aux conditions matérielles. Un rapport de la Halde avait montré que la pression de l’employeur rentre en ligne de compte dans leur choix de l’IVG. Elles n’osent pas annoncer leur grossesse dans le monde du travail, où on voit que la grossesse peut induire un jugement extérieur (grossesses trop rapprochées…) Les normes sociales comme l’âge pèsent aussi sur les femmes confrontées à une grosses imprévue.”

Notre société a projeté un idéal d’enfant programmé, comme dans cette publicité qui parle de “réussir son bébé” ; il doit être bien désiré, bien programmé, bien en bonne santé. Quand l’un ou l’autre de ces éléments n’est pas là, il est difficile de résister aux normes. Il pèse une forme d’injonction sociale, qui interdit le consentement à l’imprévu.

72 % des femmes qui vivent une IVG étaient sous contraception réputée fiable lorsqu’elles se sont retrouvées enceintes. C’est le fameux paradoxe contraceptif français : un fort taux de contraception et un fort taux d’IVG.

Selon un sondage IFOP, 91% des femmes françaises estiment qu’une IVG laisse des traces psychologiques difficiles à vivre ; et 72 % aimeraient que la société fasse davantage pour aider les femmes à éviter l’IVG.

Alliance VITA édite un guide recensant toutes les aides publiques destinées aux femmes enceintes, distribué par les travailleurs sociaux : il y a une place pour plus d’information, pour éviter aux femmes de recourir à l’IVG sous pression.”

Il manque 80 millions de femmes en Inde et en Chine, à cause du féminicide de l’avortement sexo-sélectif, qui provoque un grave déséquilibre démographique. Il faut regarder en face que quantitativement, ce sont les femmes qui sont les premières victimes d’une technique censée les émanciper.

Notre pays détient le triste record du monde de l’IMG de 96 % des fœtus atteints de trisomie 21 : comment peut-on dire à la fois aux personnes porteuses de handicap de prendre toute leur place dans la société, et tout faire pour les supprimer avant la naissance ?

L’IVG n’a rien d’anodin, la plupart des femmes souhaiteraient l’éviter. Faisons tout pour qu’aucune femme n’avorte à contre-cœur, poussée par une ambivalence de désir qui n’a pas été écoutée, par un compagnon qui a fait pression, par des raisons économiques ou des normes culturelles. L’enjeu est de réconcilier les femmes et les hommes avec la vie, que nous avons tous reçue, et qui est pleinement respectable.

 

 

Euthanasie aux Pays-Bas : une interprétation extensive de la loi

Euthanasie aux Pays-Bas : une interprétation extensive de la loi

euthanasie paysbas

L’Institut européen de bioéthique a analysé le nouveau Code en matière d’euthanasie qui vient d’être publié par les commissions régionales de contrôle de l’euthanasie.

Ce texte détaille la manière dont doivent être interprétés les critères de loi relatifs à l’euthanasie, et dévoile les ambiguïtés et les contradictions d’une pratique qui ne cesse de dériver.

6.585 euthanasies ont été pratiquées en 2017 selon le dernier rapport, soit 4,4% du total des décès et 8% de plus que l’année précédente et 32.000 personnes sont décédées suite à une sédation palliative. Des psychiatres avaient lancé une pétition pour alerter sur les euthanasies pratiquées sur des personnes ayant des troubles psychiatriques.

 

Pour lire l’analyse Pour aller plus loin : Dossier sur l’euthanasie aux Pays-Bas
Forum européen de bioéthique : participation de Tugdual Derville

Forum européen de bioéthique : participation de Tugdual Derville

feb 2019
Tugdual Derville, Délégué général d’Alliance VITA, interviendra lors de la 9ème édition du Forum européen de bioéthique le 1er février de 16h à 18h. Le thème de cette année est : « Mon corps est-il à moi ? »
Tugdual Derville participera à la table ronde sur l’Interruption volontaire de grossesse.
Les participants à cette table ronde débattront autour de la question « Mon corps m’appartient-il ? ». Qui de l’enfant dans l’utérus ou de la mère doit décider de la destinée d’une grossesse ? L’IVG est, depuis sa légalisation, considérée comme un acteur émancipateur de la femme dans la société. Le droit français a préservé également la clause de conscience des professionnels de santé pour cette pratique.
Ce sujet sensible fera donc l’objet d’un échange de 16h à 18h dans la Salle de l’Aubette Place Kléber et sera diffusé en direct sur internet.
Odile Buisson, gynécologue, Nadine Knezovic-Daniel, Sage-femme cadre supérieure du Pôle de gynécologie-obstétrique des hôpitaux universitaires de Strasbourg, Brigitte Letombe, gynécologue médicale et sexologue seront également autour de cette table.
 

Affaire Vincent Lambert : nouvel épisode

Affaire Vincent Lambert : nouvel épisode

Le 31 janvier 2019, le Tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a validé la procédure d’arrêt des soins pour cause « d’obstination déraisonnable ». 

Cette juridiction avait été saisie par les parents de Vincent Lambert pour s’opposer à la décision du CHU de Reims.

L’arrêt affirme que “Il résulte (…) que le maintien des soins et traitements constitue une obstination déraisonnable” et “que la volonté de Vincent Lambert de ne pas être maintenu en vie, dans l’hypothèse où il se trouverait dans l’état qui est le sien depuis dix ans, est établie“.

Le CHU de Reims, au sein duquel Vincent Lambert est hospitalisé, avait souhaité entamer une quatrième procédure d’arrêt des soins en avril 2018. Ses parents avaient saisi le tribunal en urgence contre cette décision par un référé-liberté.

Les parents de Vincent Lambert comptent saisir le Conseil d’état.