Ce 24 mai 2016, à l’occasion du lancement national d’une campagne de mobilisation et d’information, Alliance VITA a rendu public un sondage Ifop intitulé « Les Français et la technique du CRISPR-Cas9 » .
Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA et porteur de cet appel,
« Ce sondage, dont nous avons découvert les résultats définitifs la veille du lancement de notre appel, illustre parfaitement la pertinence de notre demande : oui au progrès thérapeutique, non à l’embryon transgénique. Les Français sont inquiets face aux multiples effets d’annonce que leur rapportent les médias en matière de biotechnologie. Et même si la plupart ignorent encore ce qu’est le CRISPR-Cas9, ils sentent, lorsque l’institut de sondage leur explique son fonctionnement, qu’il peut aboutir au meilleur comme au pire. D’où leur adhésion à l’idée d’une régulation éthique des expérimentations scientifiques. Ils soutiennent très majoritairement notre proposition de demander aux pouvoirs publics de s’engager pour obtenir ce moratoire international, afin que l’embryon humain ne soit pas l’objet de manipulations génétiques. Ce sondage est pour nous un grand encouragement dans le travail d’alerte, d’information et de mobilisation des Français, que nous engageons aujourd’hui. »
Sondage Ifop en ligne avec les analyses de Jérôme Fourquet, département Opinion et Stratégies d’Entreprise de l’Ifop.
Ce sondage révèle que cette technique de génie génétique CRISPR-Cas9 est aujourd’hui très faiblement connue dans l’opinion, ce qui peut expliquer qu’il n’y ait eu à ce jour quasiment pas de débat public autour du recours à cette technique. Seuls 9% des Français déclarent ainsi en avoir déjà entendu parler.
Une fois expliquée et présentée aux interviewés, cette technique génétique suscite des jugements très polarisés :
76% des Français seraient ainsi favorables à l’utilisation du CRISPR-Cas9 sur des adultes ou des enfants souffrant d’une maladie d’origine génétique dans le cadre d’une thérapie génique pour soigner ou améliorer leur qualité de vie.
Mais à l’inverse, exactement la même proportion (76%) seraient opposés (dont 40% très opposés) au recours à cette technique pour modifier génétiquement in vitro des embryons humains.
Ces chiffres illustrent que si cette technologie peut susciter des espoirs et être perçue positivement dans le cadre d’une thérapie auprès des personnes souffrant de maladies graves, un interdit très clair demeure pour autant ancré dans la société concernant les manipulations génétiques sur les embryons, pratiques pouvant ouvrir la porte à l’eugénisme.
Signe de la prégnance de ce rejet, 78% (soit quasiment la même proportion que le résultat observé sur la question précédente) des personnes interrogées se disent opposées à l’utilisation de cette technique in vitro sur un de leurs embryons. L’opposition est plus massive chez les femmes (82%) que chez les hommes (74%).
Dans ce contexte marqué par l’avancée de la recherche scientifique, les Français se montrent à la fois inquiets face au risque de voir se développer les comportements d’apprentis-sorciers et demandeurs d’un encadrement juridique et éthique de ces progrès médicaux. 67% des interviewés se déclarent inquiets face à l’accélération de l’intervention des scientifiques sur le génome humain, et la même proportion (68%) est favorable à ce que la France demande un encadrement international du recours au CRISPR-Cas9.
Pour aller plus loin, résultats détaillés du sondage :
1) La notoriété de CRISPR-Cas9
Question : Avez-vous déjà entendu parler de la technique du CRISPR-Cas9 ?
La technique de génie génétique CRISPR-Cas9 est aujourd’hui très faiblement connue dans l’opinion ce qui peut expliquer qu’il n’y ait eu à ce jour quasiment pas de débat public autour du recours à cette technique. Seuls 9% des Français déclarent ainsi en avoir déjà entendu parler dont 3% affirmant voir de quoi il s’agit. Même parmi les diplômés du supérieur (12%) et les professions libérales et cadres supérieurs, catégories traditionnellement les mieux informées, le niveau de connaissance est très faible.
La technique de génie génétique CRISPR-Cas9 permet de modifier facilement et de manière peu coûteuse l’ADN de toute cellule vivante : animale, végétale et humaine. Elle concerne actuellement tous les domaines d’activité (agriculture, médecine, recherche, industrie).
Utilisée sur l’être humain, cette technique pourrait permettre d’améliorer les connaissances sur le fonctionnement des gènes et de développer des traitements pour des pathologies ayant des origines génétiques.
Elle pourrait également conduire à modifier l’ADN des gamètes ou des embryons humains, créant ainsi des êtres humains génétiquement modifiés. Bien avant la naissance, il serait ainsi possible de retirer ou modifier un gène prédisposant à une pathologie ou rajouter un gène pour modifier ou choisir certains critères et caractéristiques de l’embryon humain. Ces modifications seraient transmissibles aux générations suivantes.
Les applications humaines de cette technique, au stade embryonnaire ou aux cellules sexuelles ou sur des cellules adultes, sont toujours en cours de développement et montrent que cela peut déclarer des réactions non maîtrisées.
2) L’adhésion à l’utilisation du CRISPR-Cas9 sur des personnes souffrant d’une maladie d’origine génétique
Question : Seriez-vous favorable ou opposé à l’utilisation de cette technique sur des adultes ou des enfants souffrant d’une maladie d’origine génétique dans le cadre de la thérapie génique pour soigner ou améliorer leur qualité de vie ?
3) L’adhésion à l’utilisation du CRISPR-Cas9 pour modifier des embryons humains in vitro
Question : Et seriez-vous favorable ou opposé à l’utilisation de cette technique pour modifier génétiquement in vitro des embryons humains ?
4) – L’adhésion à l’utilisation de CRISPR-Cas9 pour modifier son propre embryon in vitro
Question : Et seriez-vous favorable ou opposé à l’utilisation de cette technique pour modifier génétiquement votre propre embryon in vitro ?
5) L’inquiétude face à l’accélération de l’intervention des scientifiques sur le génome humain
Question : Diriez-vous que vous êtes inquiet ou pas inquiet face à l’accélération de l’intervention des scientifiques sur le génome (l’ADN) humain ?
6) L’attitude attendue de la part de la France dans l’encadrement des modifications de l’ADN
Question : Pensez-vous que la France doive s’engager pour demander un encadrement international de cette pratique de modification du génome (l’ADN) humain ?