[CP] Affaire Mercier : Les dangers d’une relaxe "compassionnelle"

[CP] Affaire Mercier : Les dangers d’une relaxe "compassionnelle"

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La Cour d’appel de Lyon a rendu son arrêt ce jeudi 10 novembre. Jean Mercier, jugé en appel pour avoir aidé sa femme à mourir en 2011, a été relaxé.

Le 27 octobre 2015, l’octogénaire avait été condamné pour non-assistance à personne en danger à une « peine de principe »  d’un an de prison avec sursis, bien en-deçà des trois ans avec sursis requis en première instance, mais il avait fait appel de sa condamnation, ainsi que le parquet, et était donc rejugé à Lyon.

L’avocate générale, Fabienne Goget, avait rappelé que Josanne Mercier « n’était pas en fin de vie, elle n’était pas atteinte d’un mal incurable, elle souffrait d’arthrose, d’anxiété, et que la mort n’était pas la seule issue » pour cette femme de 83 ans. Précisant que Jean Mercier « a agi au nom de convictions philosophiques et il qu’il revendique son geste », évoquant l’adhésion du couple à l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), omniprésente dans ce dossier. En marge de l’audience du 8 septembre dernier, Jean Mercier avait déclaré : « La peine infligée je m’en moque, je préférerais l’acquittement mais ce qui compte, c’est le combat que je mène pour faire avancer les choses ».

Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA et auteur de La Bataille de l’Euthanasie * :

« Sans chercher à charger Monsieur Mercier, dont nous connaissons la fragilité, il est essentiel de récuser tout type de dépénalisation jurisprudentielle du suicide assisté : elle constituerait d’abord un non-sens politique, par grave abus de pouvoir judiciaire face au pouvoir politique ; ce serait ensuite une catastrophe humanitaire, dans la mesure où cela laisserait croire qu’il n’y a plus une prévention universelle du suicide mais qu’au contraire certaines formes de suicide assisté seraient encouragées. Ce que nous devons constater dans ce cas d’espèce, savamment utilisé par les promoteurs de l’euthanasie, c’est que le grand-âge et la maladie de Jean Mercier ont été retenus pour motiver sa relaxe. Son avocat a aussi rappelé que Jean Mercier et son épouse vivaient une relation de « dominant-dominé ».  Le plus dangereux avec cette issue serait de laisser croire que Jean Mercier n’avait pas d’autres solutions que de passer à l’acte. Rappelons l’affaire Lydie Debaine : elle avait été dédouanée en première instance, mais, devant la levée de boucliers des associations de personnes handicapées, elle avait reçu et accepté en seconde instance une peine symbolique, qui signifiait « qu’il aurait pu en être autrement ».  L’exploitation de ce type d’affaires pour faire « craquer les digues » a des conséquences dramatiques pour les personnes les plus fragiles et les plus vulnérables, celles qui doutent de leur utilité, mais aussi pour tous les aidants de proximité, qui sont en première ligne. Exonérer un passage à l’acte sur une personne qui, faut-il le préciser, n’était pas en fin de vie peut générer de la confusion chez les aidants en situation difficile. C’est dans ces circonstances que l’interdit de tuer est protecteur.

La question de l’accompagnement social et collectif des personnes fragiles est posée. C’est tout l’enjeu d’une prévention universelle du suicide que nous revendiquons, contre toute exploitation émotionnelle des drames familiaux ».

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*La Bataille de l’Euthanasie (Salvator 2012)

Suicide assisté en Suisse : devoir d’assistance ou droit à l’autodétermination ?

Suicide assisté en Suisse : devoir d’assistance ou droit à l’autodétermination ?

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Deux informations récentes sont venues illustrer les dérives du suicide assisté en Suisse, confirmant les pressions croissantes pour sortir du cadre légal au nom de l’autonomie individuelle, même en l’absence de maladie grave ou terminale.

Tout d’abord, l’Office Fédéral des Statistiques a annoncé que 742 cas de suicides assistés avaient eu lieu en 2014. Le nombre de décès pour cette cause a été multiplié par 2,5 par rapport à 2009, et représente désormais 1,2% de l’ensemble des décès dans ce pays.

D’autre part, début octobre, deux frères ont saisi le tribunal civil de Genève en urgence contre l’association Exit, l’une des deux principales associations organisant ces suicides (l’autre étant Dignitas). Cette démarche visait à stopper le suicide assisté demandé par un troisième frère de 83 ans : d’après les deux frères, ce dernier ne souffre d’aucune pathologie grave, et son souhait serait le fait d’une dépression passagère. L’homme qui souhaite mourir évoquait par contre « les handicaps » dus à son âge et la tristesse d’avoir perdu « une femme merveilleuse ».

Le suicide assisté, qui était programmé le 18 octobre, a donc été suspendu par le tribunal. Une audience a eu lieu le 24 octobre, et la famille est en attente de la décision des juges.

Ce conflit familial grave met en lumière ce que les deux frères appellent « l’idéologie Exit » : « La population doit savoir qu’il existe des cas comme celui-ci ». Ils ajoutent qu’ils préfèrent « être en conflit avec un frère vivant plutôt qu’en harmonie avec un frère mort ».

C’est la première affaire qui est portée devant la justice depuis que l’association Exit a décidé, en avril 2014, d’élargir ses conditions et de prendre en charge les personnes souffrant de multiples maladies handicapantes souvent liées à l’âge. Pour l’avocat des deux frères, les normes d’éthique de l’Académie suisse des sciences médicales ne sont plus respectées : « Les critères sont très stricts. Il faut que la fin de vie soit proche et que tous les traitements aient échoué. »

Exit estime au contraire que ces normes « n’ont pas force de droit ». D’après son avocat, « le droit à mourir de cette personne est bien plus fort que le droit à l’affection de ses deux frères. La mort est une affaire personnelle, autant que ce soit fait dignement ».

Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue médicale suisse, analyse l’affaire ainsi : « Lorsqu’un désir de suicide est exprimé, il devrait se créer une tension entre, d’une part, l’obligation d’assistance et, d’autre part, le respect de l’autodétermination. (…) Ces affaires sont toujours complexes. Annoncer son désir de suicide peut être un message ambivalent. L’entourage est en droit de se demander si elle ne signifie pas un appel à l’aide. (…) L’entourage vit le suicide assisté comme un traumatisme, il en est aussi victime. »

[CP] Entrave IVG : Alliance VITA dénonce l’irresponsabilité du gouvernement

[CP] Entrave IVG : Alliance VITA dénonce l’irresponsabilité du gouvernement

Alliance VITA dénonce la précipitation avec laquelle le gouvernement, relayé par le PS, s’acharne sur la question de l’avortement par l’instauration d’un nouveau délit d’entrave numérique, en accusant des « faux sites Internet » de tromper les femmes.

Ce texte, qui sera examiné le 1er décembre en procédure accélérée, indique qu’il s’agit de sites Internet qui « détournent les internautes d’une information fiable et objective ». Alliance VITA, dont le service d’écoute SOS Bébé (www.sosbebe.org) a été cité par le gouvernement, dénonce la manière dont il tente de censurer les opposants à la banalisation de l’avortement en ciblant les sites qui informent les femmes sur les alternatives à l’IVG.

Pour Alliance VITA, la question de l’objectivité de l’information est réellement en jeu.

Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute, souligne que :

« En réalité, l’information des pouvoirs publics en matière d’IVG s’est dégradée depuis 15 ans. Ils ont renoncé à indiquer aux femmes, qui consultent en vue d’une IVG, les aides aux femmes enceintes auxquelles elles auraient droit. Le gouvernement sur son propre « site officiel » n’en fait aucune mention. De plus sur ce site, un prétendu expert affirme qu’il n’y a pas de séquelles psychologiques à long terme après un avortement. Cela va à l’encontre de notre expérience et de ce que vivent un certain nombre de femmes. Le sondage IFOP « les Français et l’IVG », publié fin septembre, révèle la sensibilité des Français sur ce sujet.  La Haute Autorité de Santé regrette le manque d’évaluation sur ce point.  L’immense majorité des femmes souhaite une véritable politique de prévention de l’IVG. Il est donc irresponsable de cacher la réalité d’un acte qui n’a rien d’anodin dans la mesure où c’est, à chaque fois, le destin de vies humaines qui est en jeu. Et nous accompagnons des femmes qui en endurent souvent des conséquences difficiles, dans la solitude. »

Tugdual Derville, délégué général :

« Au-delà du scandale que constitue, dans le contexte que nous connaissons, le fait de décider un état d’urgence législatif sur un sujet nécessitant discernement, recul et vrai débat, il est irresponsable de mettre sur la sellette notre service d’écoute. Depuis plus de 20 ans, il fait un travail de service public déserté par les pouvoirs publics. Notre site SOS Bébé a été cité à maintes reprises par les médias depuis qu’a éclaté la polémique lancée par Madame Rossignol, sans que nous ayons été appelés par ses services pour connaître les informations qui seraient en cause, ou s’intéresser à notre expérience de terrain. Nous avons demandé un rendez-vous à la ministre qui n’a toujours pas répondu. L’urgence est d’instaurer un débat dépassionné sur les conditions d’une véritable politique de prévention de l’avortement, spécialement pour les femmes confrontées à des grossesses inattendues. »

Alliance VITA a lancé une pétition d’une part contre la censure gouvernementale et d’autre part, pour une meilleure information sur les aides financières et sociales aux femmes enceintes. Celle-ci a déjà recueilli plus de 30 000 signatures. L’association dévoilera prochainement sa nouvelle campagne nationale de sensibilisation destinée à pallier le défaut d’information gouvernemental sur ce sujet sensible.

Débat sur l’IVG : Caroline Roux invitée de Sud Radio

Débat sur l’IVG : Caroline Roux invitée de Sud Radio

Caroline Roux, directrice générale adjointe d’Alliance VITA, était l’invitée de Philippe David sur Sud Radio dans l’émission « Seul contre tous » du 2 novembre pour débattre de l’IVG.

Verbatim extraits de l’émission :

” Beaucoup de femmes sont culpabilisées de se sentir mal par rapport à l’avortement, tant il y a une obstination en France de faire croire que cet acte n’aurait pas de portée intime, sociale ou éthique. Or, les femmes le savent bien, ce sont des vies humaines qui sont en jeu. D’où des questionnements qui peuvent être douloureux…”

“Il faut revenir à la réalité : l’avortement est d’abord un problème social et humanitaire. Aujourd’hui, il faut comprendre pourquoi les femmes avortent. Il y a un chiffre qui est très important à connaître : 72% des femmes qui avortent disent avoir suivi une méthode de contraception quand elles ont découvert leur grossesse. A-t-on le droit à l’erreur ? C’est à la source d’ un grand malentendu entre les hommes et les femmes. »

« Des femmes sont culpabilisées d’être dans l’ambivalence, d’être tiraillées entre la joie et la panique par rapport à la situation. Les femmes sont sous la pression de faire un choix, à un moment où il y a besoin de temps pour ouvrir tous les possibles »

“Il y a la pression du temps dont on ne parle pas. C’est paradoxal puisqu’on a rallongé les délais de 10 à 12 semaines de grossesse. Aujourd’hui, la majorité des avortements sont médicamenteux et doivent survenir avant 5 ou 7 semaines de grossesse.”

« Cela invite les politiques mais aussi toute la société à avoir un autre regard sur les grossesses inattendues pour queLes femmes ne se sentent pas stigmatisées, comme certaines le sont : beaucoup se sentent rejetées, jugées quand elles sont confrontées à une grossesse inattendue ; c’est extrêmement violent pour elles.”

« La question qui se pose aujourd’hui, c’est d’avoir une véritable politique de prévention de l’IVG, que celles qui souhaitent l’éviter, puissent l’éviter.  Le sondage IFOP Les Français et l’IVG, publié en septembre 2016 révèle que 72% des Français pensent que la société devrait faire plus pour éviter aux femmes l’IVG et 89% pensent que l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre. Cela doit nous inviter à ne pas nous résigner. »

” Il y a un grand silence, un grand déni sur ce qui s’est passé après l’avortement. Même sur le site du gouvernement dédié à l’IVG, on trouve une vidéo d’un gynécologue qui affirme, de manière très péremptoire, qu’il n’y aurait pas de séquelles psychologiques à long terme après un avortement. Je ne prétends pas que toutes les femmes souffrent , ni avec la même intensité. Mais je constate que certaines femmes souffrent, ont besoin d’en parler, parfois longtemps après. »

“On donne plein d’informations techniques aux jeunes : ayez des relations sexuelles mais surtout pas d’enfants ! C’est très violent pour les jeunes qui se retrouvent enceintes.”

“Il faut pouvoir écouter les dilemmes des femmes pour qu’elles ne soient pas conduites à l’avortement par fatalité. »

“J’ai accompagné des femmes qui avaient choisi l’option de l’accouchement sous X. C’est toujours un moment difficile et douloureux ; je me rappelle une femme qui disait : en fait, la société nous juge, mais pour moi c’est un enfant à qui je fais le cadeau de la vie.”

Fausse-couche : la fin d’un tabou ?

Fausse-couche : la fin d’un tabou ?

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Une récente étude anglaise parue dans la revue BMJOpen a montré que 38% des femmes souffraient de stress post-traumatique suite à une fausse-couche.  20 % d’entre elles ont souffert d’anxiété et 5 % de dépression.

La fausse-couche est un phénomène assez fréquent puisqu’elle est le lot de 15 à 20% des grossesses au cours du premier trimestre, la majorité survenant avant 10 semaines de grossesse. Mais aucune aide psychologique n’est prévue pour aider les femmes qui ont connu cette « interruption subite de leur grossesse » et qui reconnaissent en être impactées. « Nous possédons des outils pour repérer les dépressions post-partum, mais nous ne disposons de rien pour le traumatisme et la dépression qui ont suivi la perte d’un enfant », souligne le Dr Jessica Farren, principal auteur de cette étude.

Les symptômes psychologiques d’une fausse-couche se manifestent soit par une angoisse latente, par des pensées intrusives, des cauchemars, et également des comportements d’évitement des situations qui rappellent la grossesse.

La fausse-couche, sujet jusque-là resté souvent tabou, commence à apparaître au grand jour. Récemment au Canada, un tribunal ontarien a classé la fausse-couche comme une invalidité, décrétant qu’ « elle était un état inhabituel qui avait un impact sur la capacité d’une femme à fonctionner au sein de la société ».

La vice-présidente du Tribunal avait conclu qu’ « Une fausse couche n’est pas une maladie commune et n’est certainement pas passagère. Il paraît clair à l’écoute du témoignage de la plaignante que cette dernière continue, même aujourd’hui, à ressentir de la détresse émotionnelle en lien avec sa fausse couche. »

Il y a donc urgence à procurer une aide psychologique aux femmes qui en auraient besoin : un tiers des femmes ayant subi une fausse-couche affirment que les symptômes affectent leur vie professionnelle et 40% leurs relations personnelles. Pour soigner le syndrome du stress post-traumatique, la thérapie cognitivo-comportementale apparaît efficace. Mais, selon des experts, il faut maintenant étudier si « ce traitement peut être adapté aux femmes qui ont perdu leur enfant ».faussecouche 1