Avortement : les Etats-Unis arrêtent le financement du FNUAP

Avortement : les Etats-Unis arrêtent le financement du FNUAP

fonds des nations unies pour la population

Le département d’état américain a indiqué le 3 avril 2017 qu’il stoppait le financement du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) pour l’année 2017, en raison de son action en Chine en matière de planification familiale.

La décision d’arrêt de financement du FNUAP se base sur le fait «  que la politique de planning familial en Chine implique toujours le recours à l’avortement coercitif et à la stérilisation involontaire ». Selon l’AFP, Le FNUAP sera « privé de 32,5 millions de dollars de financements pour l’année fiscale 2017, que le gouvernement américain attribuera à d’autres programmes de santé internationaux, selon le département d’Etat. En 2015, le FNUAP a reçu un total de 979 millions de dollars de contributions, selon son site internet. »

Les Etats-Unis n’ont pas pour autant annoncé baisser leur contribution aux politiques de planification familiale, évaluée à 600 millions de dollars.

Cette décision fait suite au décret du 23 janvier 2017 réinstaurant la politique dite de « Mexico City » », en référence à la ville de Mexico où s’est tenue la Conférence Internationale des Nations Unies sur la Population de 1984, pendant laquelle le président Reagan avait annoncé la première mise en place de cette politique.

Historiquement, la Politique de Mexico fut instaurée en Août 1984 par le président Reagan en appui du « Foreign Assistance Act » de 1961, qui interdit aux organisations non-gouvernementales (ONGs) « financées par des fonds publics américains de financer le recours à l’avortement comme méthode de planning familial, ou de motiver ou d’obliger toute personne à pratiquer des avortements ». Le décret de Reagan, dit « Politique de Mexico City » étend le « Foreign Assistance Act » en interdisant le financement par l’USAID des ONGs qui, quand bien même elles ne financeraient pas la pratique d’avortements, « exercent des activités liées à l’avortement comme informer, conseiller ou faire de la publicité pour ou sur l’avortement » ou des « activités de lobbying auprès d’un gouvernement étranger pour légaliser ou rendre disponible l’avortement auprès de la population ». Ces interdictions de financement s’appliquent également aux ONGs qui utiliseraient des fonds autres que ceux de l’USAID pour financer leurs activités liées à l’avortement, ou qui recevraient leurs fonds via un accord avec une autre association bénéficiaire des fonds américains qui les lui transfèrerait.

Cette Politique de Mexico est appelée par ses détracteurs « Global Gag Rule » ou « Règle du Bâillon Mondial ». Elle fut ensuite abrogée par le président Clinton, réinstaurée sans modifications par le président Bush, puis à nouveau abrogée par le président Obama.

Le nouveau décret de Donald Trump renforce la politique de Mexico en l’élargissant à tous les financements provenant de fonds d’assistance pour la santé. Cela signifie que les ONGs qui ne seront pas en règle vis-à-vis de cette réglementation seront privées non seulement des fonds de l’USAID, mais également de tout fonds d’assistance mondiale américain, provenant de quelque département ou agence d’Etat que ce soit.

Cet élargissement permet d’appliquer le décret à une  ONG qui recevrait des financements du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), ce qui fut le cas sous la présidence Bush, alors que le FNUAP fut accusé d’avoir soutenu la politique chinoise de l’enfant unique en finançant des IVG.

La déclaration de la Conférence internationale sur la population et le développement en 1994, qui a rassemblé 179 états, affirme que “L’avortement ne devrait, en aucun cas, être promu en tant que méthode de planification familiale.”

Révélations inquiétantes sur le 1er bébé FIV 3 parents, un an après

Révélations inquiétantes sur le 1er bébé FIV 3 parents, un an après

nouveau-néUn an après la révélation de la naissance du premier enfant né par FIV 3 parents, le scientifique à l’origine de cette naissance, vient de publier plus de détails dans la revue Reproductive Biomedicine Online.

En avril 2016, la presse révélait la naissance du premier enfant conçu in vitro par la très controversée technique de FIV-3 parents au Mexique. Le scientifique à l’origine de cette transgression éthique sans précédent, John Zhang du Centre de fertilité New Hope à New York, s’était rendu dans ce pays où cette technique n’est pas réglementée. L’objectif était de créer un embryon qui serait exempt d’une pathologie liée à la présence de mitochondries défectueuses dans l’ovule de la mère. L’ovule d’une donneuse a été utilisé, son ADN nucléaire a été retiré, il a été remplacé par le noyau de la mère biologique, puis fécondé par le spermatozoïde du père, avant de procéder à  l’implantation de l’embryon dans l’utérus de la mère.

Lors de l’annonce de la naissance, John Zhang assumant cette prise de risque aboutissant à la naissance d’un enfant génétiquement modifié, assurait qu’il était en bonne santé. Pourtant, lors d’un meeting de “l’American Society for Reproductive Medicine” le 19 octobre 2016 à Salt Lake City, le Dr Zhang a révélé qu’une quantité non négligeable de mitochondries défectueuses avait été transmise dans la première cellule embryonnaire, et se retrouve donc présente dans chaque cellule du petit garçon.

La publication du Dr Zhang dans la revue Reproductive Biomedicine Online révèle en effet que le petit garçon possède une « charge de mutation d’ADNm néonatal de 2,36 à 9,23% dans ses tissus testés ». C’est la preuve qu’un taux non négligeable de mitochondries « malades » de la mère biologique est malgré tout « passé » dans le zygote, dans la première cellule fécondée, ce qui peut avoir des répercussions sur la santé de l’enfant. Le rapport précise que « Le garçon est actuellement en bonne santé à l’âge de 7 mois, bien que le suivi à long terme du développement longitudinal de l’enfant reste crucial ».

Dans ce rapport où toute la technique est détaillée, on découvre que des dizaines d’ovocytes de la donneuse et de la mère ont été ponctionnés, car une trentaine au moins est nécessaire pour les tentatives de transferts nucléaires. 4 embryons ont été mis en culture, puis des prélèvements de cellules ont été faits sur ces embryons, pour procéder à une sorte de diagnostic préimplantatoire, pour vérifier notamment que le nombre de chromosomes est normal.

Un seul embryon eut un nombre normal de chromosomes. Les autres étaient anormaux, montrant des monosomies (un seul chromosome au lieu de 2) 22 et 15.

L’embryon sélectionné fut délibérément choisi de sexe masculin, pour aboutir à la naissance d’un garçon et ainsi « éviter » la naissance d’une fille, dont les modifications ainsi introduites dans le génome seraient transmissibles à ses futurs propres enfants. Toutes ces procédures ont été réalisées sur le sol des Etats-Unis. Puis cet embryon a été congelé et transporté sur le sol mexicain pour procéder à l’implantation dans l’utérus de la mère biologique.

Pour les auteurs, il est inévitable de transférer une quantité non négligeable de cytoplasme avec le noyau dans l’ovule de la donneuse. Bref, impossible d’assurer que la maladie qu’ils prétendent « faire disparaître » le soit totalement….

L’étude conclut que le bébé devrait être suivi tous les 3 mois puis tous les 6 mois jusqu’à la troisième année, puis chaque année jusqu’à ses 18 ans si l’enfant est asymptomatique (ne présente pas de signes inquiétants). Après 18 ans, ils évalueront sa fonction de fécondité.

Le Docteur Zhang ne cache pas travailler depuis des années sur d’autres applications de cette technique pour favoriser des naissances chez des femmes âgées. Alors que la technique pose des questions sanitaires et éthiques,  la FIV-3 parents est déjà utilisée pour d’autres motifs que thérapeutiques, notamment pour « rajeunir » artificiellement des ovules. Des naissances ont ainsi été rapportées en Ukraine, y compris de petites filles dont les modifications génétiques seront transmissibles aux générations suivantes.

Pour Blanche Streb, directrice des études d’Alliance VITA,

« Cette publication montre que la technique n’est pas sûre. Par un procédé scientifique, on a bricolé un embryon avec pour objectif affiché d’éviter une maladie, et finalement on a mis au monde un enfant dont la santé est exposée à d’importantes inconnues. Il est le propre cobaye et la première victime de la technique qui l’a créé. Comme on le constate, les motivations des scientifiques ne sont pas uniquement thérapeutiques. Il est inconcevable de laisser perdurer de tels risques, en procédant à des expériences d’apprentis-sorciers dont la conséquence est la naissance d’enfants génétiquement modifiés ! Alors que l’OPECST vient de rendre un rapport qui recommande l’examen de l’ouverture de cette pratique en France lors des prochains états généraux de la bioéthique, il est urgent d’enrayer ces dérives au plan mondial, si nous ne voulons pas que les êtres humains à venir soient conçus et manipulés comme des objets, en dépit de toute sécurité et éthique. »

Au printemps 2017, Alliance VITA a lancé une alerte nationale et internationale sur les risques de dérives liés à la modification génétique des embryons humains, Stop Bébé OGM.

Présidentielles 2017 : Alliance VITA en campagne dans plus de 200 villes

Présidentielles 2017 : Alliance VITA en campagne dans plus de 200 villes

 

tractage présidentielle 2017

Alors que se poursuit la grande campagne de tractage sur notre territoire, Alliance VITA a fait imprimer et mis en ligne en version « liseuse » le bilan occulté du quinquennat hollande. Alliance VITA dénonce la casse sociétale que plus de 30 mesures ont mis en œuvre en attaquant la famille et la vie humaine à tous ses stades. Alliance VITA invite chacun à réserver son vote aux candidats qui s’engageront à réparer ces dégâts et à défendre la vie et la dignité humaine de tous, spécialement des plus fragiles.

Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA :

« Nos volontaires et ceux qui les ont rejoints pour les épauler dans cette grande campagne ont été surpris par le dégoût affiché par de nombreux passants pour les joutes électorales.

Savoir que nous intervenons en marge des partis politiques a rassuré les passants, mais cela peut nous inquiéter sur l’état du débat démocratique. Notre campagne dénonce la globalité d’une casse sociétale dont la responsabilité appartient à l’actuel président de la République. Nous constatons aussi, à son propos, une réaction de rejet d’une ampleur inusitée. Une fois surmontées ces deux réticences, s’engagent dans les rues, comme à chaque fois que nous faisons de grandes opérations de rencontres des Français, des conversations profondes. Car les sujets « biopolitiques » concernent chacun, de façon intime.

Entraînées par la diffusion en quelques jours dans déjà plus de 200 villes de centaines de milliers de tracts, sur le million prévu, les visites sur notre site internet du bilan sociétal du quinquennat ont explosé. Beaucoup de Français, même s’ils ne sont pas toujours d’accord avec les convictions que nous portons,  se disent stupéfaits en découvrant que la déconstruction a été à ce point systématique. Comme si cela devait être la priorité dans le contexte socio-économique et stratégique difficile que nous connaissons. Je voudrais saluer le courage de nos volontaires qui contribuent à faire prendre conscience à notre société de l’importance de réparer tout ce qui fragilise la famille, l’accueil de la vie et la protection des plus vulnérables ».

Trisomie 21 : un couple attaque en justice le CHU de Limoges

Trisomie 21 : un couple attaque en justice le CHU de Limoges

trisomie 21

Le tribunal administratif de Limoges a étudié, le 30 mars 2017, le dossier d’un couple ayant eu, en 2010, un enfant porteur de trisomie 21, les parents reprochant au médecin de ne pas avoir dépisté le handicap de leur enfant.

Enceinte de son troisième enfant, une maman a effectué un test de dépistage de la trisomie 21 par prise de sang à quatorze semaines d’aménorrhée. Elle a également eu une échographie afin de mesurer la clarté nucale, comme le préconise la HAS (Haute autorité de la santé) depuis 2007. Les résultats de ces tests montrant un risque de trisomie assez élevé, son gynécologue lui a prescrit une amniocentèse au CHU de Limoges.

Le médecin du CHU en charge de son dossier, après avoir refait les calculs, n’a pas estimé nécessaire de l’orienter vers une amniocentèse. Une amniocentèse est un examen invasif qui présente un risque important de fausse couche, conduisant en moyenne à 1% de perte fœtale.

Le rapporteur public a proposé au tribunal administratif, lors d’une audience le 30 mars dernier, de condamner le CHU à verser 50.000 euros à la mère et 30.000 euros au père de l’enfant prenant en compte « leur préjudice moral tiré de l’impréparation à la naissance d’un enfant handicapé auquel s’ajoute pour la requérante, une perte de chance de pouvoir recourir à une interruption médicale de grossesse. Ils se prévalent également de troubles dans leurs conditions d’existence en raison de l’incidence de cette situation sur leur vie familiale et sociale ».

L’avocat de l’établissement de santé, assure que « le CHU comprend la douleur des parents, il demande que le tribunal considère qu’il ne s’agit pas d’une faute caractérisée mais d’une faute simple, compte tenu du débat sur la méthodologie d’analyse et de la difficulté du calcul ».

Le tribunal doit rendre sa décision dans une quinzaine de jours.

Pour le Dr Xavier Mirabel, conseiller médical d’Alliance VITA

« Dans cette affaire, on constate que n’est pas évoqué ici « le préjudice d’être né » pour l’enfant, ce qui avait été particulièrement odieux dans l’affaire Perruche.

L’incidence de la naissance d’un enfant souffrant d’un handicap est évidemment lourde pour les familles. La solidarité nationale met en place de nombreuses aides.

On peut penser que si ces aides sont insuffisantes, le juste combat serait alors de militer pour augmenter les aides auxquelles tous ont droit. Mais n’est-il pas choquant que, au prétexte que le handicap aurait pu être décelé in-utero, ce qui aurait pu conduire à un avortement, des familles soient aidées plus que celles dont les enfants souffrent d’un handicap non décelable avant la naissance ? Quant à la « perte de chance de pouvoir recourir à une interruption médicale de grossesse », comment ne pas voir ici une affirmation d’une violence extrême? »

OPECST. Embryon et modifications génétiques, où est l’éthique ?

OPECST. Embryon et modifications génétiques, où est l’éthique ?

adn

L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a rendu le 29 mars 2017 son rapport provisoire sur « Les enjeux économiques, environnementaux, sanitaires et éthiques des  biotechnologies à la lumière des nouvelles pistes de recherche ».

Les rapporteurs présentent ce rapport à l’issue de quinze mois d’étude, de deux auditions publiques contradictoires et ouvertes à la presse, de plusieurs missions en France et à l’étranger et auprès d’organisations européennes et internationales.

Ce document de 300 pages se décline en 6 grandes parties : la recherche en biotechnologies, les applications des nouvelles biotechnologies à la médecine humaine, les applications à l’environnement, les applications agricoles dénommées « nouvelles techniques de sélection », les enjeux juridiques et sécuritaires et l’évaluation des risques et les conditions du débat public.

Alliance VITA a été auditionnée dans le cadre de ce rapport. Alliance VITA est très impliquée sur ces enjeux majeurs, consciente, à la fois du potentiel prometteur des avancées technologiques dans les domaines de la thérapie génique, mais aussi des enjeux éthiques et humains. Blanche Streb, directrice des études d’Alliance VITA, est intervenue lors des deux auditions publiques du 7 avril 2016 et du 27 octobre 2016 sur les enjeux éthiques de l’instrumentalisation des embryons humains.

Ce rapport comporte des analyses et se termine par des recommandations qui interrogent gravement. L’OPECST estime inapproprié et réfute tout moratoire. Les rapporteurs recommandent qu’il n’y ait pas d’interventions sur les cellules germinales pour l‘instant, mais souhaitent ouvrir la possibilité, dans l’avenir, de modifier la convention d’Oviedo, pour accepter, au cas par cas, des « essais thérapeutiques » : c’est-à-dire, l’intervention de ces techniques sur l’ADN des embryons ou des gamètes, pour aller jusqu’à la naissance d’enfants génétiquement modifiés.

Sur la technique controversée de « FIV-3 parents », technique qui n’a aucunement fait ses preuves d’innocuité, non seulement l’Office ne la condamne pas, mais au contraire appelle de ses vœux à l’examen de son ouverture en France lors de la prochaine révision des lois de bioéthique en 2018.

Enfin, le rapport propose d’élargir encore la sélection des embryons, par de nouvelles indications au diagnostic préimplantatoire (DPI), une pression supplémentaire vers une dérive eugénique.

  • Sur la recherche sur la modification du génome de l’embryon humain, les rapporteurs estiment qu’il « faut continuer les recherches, qu’un moratoire n’est ni souhaitable, ni possible ».

La recommandation N°1 (page 54) : « estime inapproprié tout moratoire sur ces recherches car, il faut faire progresser les connaissances pour fixer précisément les règles d’utilisation et les limites de ces technologies. Un tel moratoire serait inapplicable à l’échelle planétaire, car certains pays ne l’appliqueraient pas, il ferait prendre du retard à la recherche en France et en Europe et ferait fuir nos chercheurs ».

Les rapporteurs estiment qu’il est encore trop tôt pour envisager la naissance d’enfants génétiquement modifiés, et qu’il « n’est pas acceptable de modifier la lignée germinale humaine pour l’améliorer ou ‘l’augmenter’, selon les thèses transhumanistes ».

Cependant, sans condamner ni interdire cette perspective, ils estiment au contraire que « Beaucoup de chercheurs pensent que, lorsque ces technologies seront sûres, il sera difficile d’interdire des modifications héréditaires du génome humain, au cas par cas, afin de soigner une maladie grave ou incurable ».

Les rapporteurs estiment qu’ « En France, les règles de sécurité et d’éthique sont suffisantes, il n’est pas nécessaire de créer des règles spécifiques pour évaluer ces techniques de modification ciblée du génome humain ».

Les rapporteurs ont visité le génopole d’Evry, l’AFM-Téléthon ainsi que la société I-Stem qui travaille sur des cellules souches embryonnaires. Ils mettent en avant le travail de ce laboratoire pour justifier le refus d’un moratoire.  Le rapport mentionne (page 50) que « L’I-Stem est l’un des laboratoires sur lequel s’appuie l’AFM-Téléthon. Créé en 2005, il a réussi à faire revenir des États-Unis de jeunes chercheurs français prometteurs en leur offrant très tôt des postes de direction, grâce au passage du régime d’interdiction de la recherche sur les cellules avec dérogation à une autorisation encadrée ». Pourquoi le rapport ne précise-t-il pas ici : recherche sur les cellules « souches embryonnaires », alors qu’il s’agit bien de cela ?

Le rapport précise que « L’objectif de ce laboratoire est thérapeutique avec un axe sur les thérapies cellulaires et un autre sur les maladies monogéniques. C’est en partie le financement du Génopole et plus particulièrement du Téléthon avec 4 millions d’euros par an, qui a permis le succès de l’I-Stem, comme le rapporte M. Marc Pechanski, le directeur scientifique du laboratoire ».

Le rapport cite également Mme Isabelle Richard (page 51), responsable de l’équipe de recherche de Généthon sur les dystrophies musculaires : « Le potentiel est énorme, mais les précautions normales sont à appliquer ». Elle complète ce constat en rejetant tout frein à la recherche et  « en avertissant contre les conséquences destructrices que pourrait avoir un moratoire sur la recherche, surtout au regard du caractère prometteur de ces travaux ».

Concernant la problématique des « effets hors-cibles » de CRISPR-Cas9, les rapporteurs les mentionnent mais, évoquant la position du Royaume-Uni, pays qui n’a pas signé la Convention d’Oviedo*, en soulignant, page 66, que « Ce ratio permet de poursuivre les recherches sans s’en préoccuper et que ce faible ratio montre que CRISPR pourrait être aussi utilisé sans incidence sur les cellules embryonnaires ». Ils concluent qu’ « Au cours des quinze mois de leur étude, les rapporteurs ont acquis la conviction que la question des effets hors cible de CRISPR-Cas9 avait beaucoup progressé et que cette technologie semblait poser peu de difficulté. Il s’agit d’un processus normal propre à toute technologie naissante. Si la technologie CRISPR-Cas9 est maîtrisée, les effets hors cibles deviennent moins nombreux que les mutations naturelles qui affectent tout organisme vivant et ne seraient de ce fait plus détectables ».

Le rapport fait état, page 85, de « travaux qui continuent au Conseil de l’Europe. Son comité de bioéthique a adopté, le 2 décembre 2015, une déclaration sur les technologies de modification du génome, par laquelle il réaffirme son attachement à l’article 13 de la convention. L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté, le 30 novembre 2015, une proposition de recommandation intitulée « Des êtres humains génétiquement modifiés », par laquelle elle charge sa commission des affaires sociales, de la santé et du développement durable, dont la rapporteur est Mme Petra de Sutter (Belgique), de présenter un rapport à l’assemblée plénière, lors de la session de juin 2017 ».

  •  Sur Le diagnostic préimplantatoire (DPI)

Le rapport définit ainsi le DPI : « il permet de détecter la présence d’éventuelles anomalies génétiques ou chromosomiques dans les embryons conçus par fécondation in vitro (FIV) et donc d’effectuer un tri d’embryons. Il permet de différencier les embryons atteints d’une maladie génétique de ceux qui portent un gène sain » (page 59).

Pour les rapporteurs, il n’y a pas de « dérive constatée » avec cette technique, même si « le risque de dérive demeure toutefois, il faut rester vigilant, dans la mesure où certains pays comme les États-Unis permettent de choisir le sexe de l’enfant. Le rapport mentionne le Pr Hank Greely, de la faculté de droit de l’Université de Stanford en Californie, qui « estime qu’avec ces techniques, la société est irrésistiblement entraînée dans un cycle infernal de procréation médicalement assistée (PMA). C’est une question que se posent également les rapporteurs ».

Les rapporteurs ne cachent pas leur intention d’aller plus loin dans la sélection des embryons.  « Ils pensent également qu’il faudra étudier la possibilité d’autoriser le dépistage préimplantatoire des facteurs génétiques ou métaboliques lors du développement embryonnaire chez des populations à risque. Cela permettra de réduire le délai nécessaire pour obtenir une naissance viable, abaissera l’incidence des fausses couches, réduira le nombre des grossesses multiples, diminuera le nombre de transfert d’embryons non viables, évitera la congélation d’embryons anormaux et enfin limitera les embryons surnuméraires. Les nouvelles biotechnologies d’hybridation génomiques évitent d’avoir recours à une médecine hasardeuse avec des conséquences néfastes, car on a montré que 60 % des embryons transférés ont des anomalies génétiques graves et sont non viables sur le plan métabolique ».

Dans leur recommandation n° 7, les rapporteurs appellent au réexamen de la loi de bioéthique en 2018, et qu’alors « soit examinée l’autorisation de pouvoir diagnostiquer, lors d’un diagnostic préimplantatoire (DPI), les maladies dues à des facteurs génétiques ou métaboliques pour des populations à risque, ou les possibilités de conservation d’ovocytes ».

Sur ce même sujet, on précisera que le président de l’OPECST est déjà l’auteur d’une proposition de loi visant à élargir les indications du diagnostic préimplantatoire (DPI) déposée à l’Assemblée nationale le 16 novembre 2016.

  • Sur la FIV-3 Parents

Les rapporteurs décrivent la technique de la FIV 3 parents en ces termes : « La technique dite de « don », « remplacement » ou « transfert mitochondrial» est de remplacer les gènes défectueux d’un embryon par ceux d’une donneuse saine pour que l’enfant naisse sans maladie grave. Ce don pourrait aider les couples dont la femme est porteuse d’une des anomalies génétiques. En combinant l’ADN non pas de deux, mais de trois donneurs, par l’assistance d’une fécondation in vitro, celle-ci éviterait la transmission de maladies rares transmises uniquement par les cellules de la mère. 

Le rapport minimise l’importance de cette modification apportée au génome, concluant que « Le futur enfant aura toutes les caractéristiques génétiques de son père et de sa mère, puisque l’ADN mitochondrial représente moins de 1 % de la quantité totale d’ADN ».

Sur ce point, les rapporteurs font état des préoccupations éthiques soulevées par Alliance VITA.

« En France, cette technique est condamnée par l’association Alliance VITA, qui regrette que la communauté internationale se retrouve devant le fait accompli d’un enfant à « triple filiation ». La critique de cette naissance est émotionnellement très forte, comme le reflètent les termes « FIV 3 parents », « prise d’otage » et « stop bébé OGM ». Pour le Dr Blanche Streb, directrice des études d’Alliance VITA, de nombreuses inconnues pèsent déjà sur l’enfant à naître (1). Quelles seront les potentielles conséquences sur son développement, sur sa santé ? Quelle sera l’empreinte psychologique de cette « triple filiation » et de ces conditions de naissance ? Pour elle, les scientifiques bafouent les règles éthiques ! Alliance VITA souligne également le problème que représente le manque d’information disponible sur le développement à venir de ces enfants. Elle a rappelé l’article 13 de la convention d’Oviedo, qui interdit les modifications sur le génome humain héréditaires et non thérapeutiques. Selon le raisonnement de l’association, cet article pourrait s’appliquer à la naissance de la petite fille, les modifications éventuelles de son génome étant héréditaires. Il pourrait également s’appliquer à celles du petit garçon né en Ukraine, car elles ne sont pas effectuées dans un but « thérapeutiques » au sens de l’article 13 de la convention ».

Malgré les controverses sur cette technique, sa sécurité et son innocuité, les rapporteurs annoncent que « le réexamen de la loi de bioéthique prévu en 2018 doit être l’occasion de poser la question du transfert mitochondrial ».

Pour les rapporteurs « ce débat sur le transfert mitochondrial doit rester ouvert. Il est bien sûr nécessaire qu’une instance de régulation autorise au préalable, dans le cadre de la loi, l’utilisation de nouvelles technologies ».

  • Le Human Genome Project – Write

Le rapport fait état d’une rencontre avec M. Georges Church à Boston. Il a entrepris un projet de biologie de synthèse dénommé « Human Genome Project – Write », visant à recréer synthétiquement le génome d’un être humain immunisé du cancer et des virus. Son projet permettrait potentiellement aux scientifiques de voir quelles séquences génétiques aboutissent à quels traits, processus pathologique ou fonction physiologique.

Voir le Décryptage du projet par Alliance VITA en mars 2016  « Human Genome Project–Write »

  • Production d’organes humains par des animaux

Mr Church travaille aussi avec CRISPR-Cas9 à modifier le génome de cochons qui permettrait d’utiliser cet animal comme donneur d’organes humains.

Voir le Décryptage d’Alliance VITA en juin 2016 :  Dons d’organes : vers des chimères homme-porc ?

Enfin les rapporteurs estiment que les enjeux financiers sont très importants

« La propriété intellectuelle de ces biotechnologies constitue un enjeu économique important. Les brevets détenus par les grandes multinationales en agriculture constituent d’énormes enjeux financiers. S’agissant de CRISPR-Cas9, dont les applications sont multiples dans les domaines de la santé, du végétal ou de l’environnemental, l’enjeu est particulièrement important ».

La course à la recherche et  les questions économiques ne doivent pas cacher les défis humains qui concernent les générations futures et toute l’humanité.

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*la Convention d’Oviedo : Convention pour la protection des Droits de l’Homme et de la dignité de l’être humain à l’égard des applications de la biologie et de la médecine.  Art. 13 – Interventions sur le génome humain : « Une intervention ayant pour objet de modifier le génome humain ne peut être entreprise que pour des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques et seulement si elle n’a pas pour but d’introduire une modification dans le génome de la descendance. »