Un patient en état végétatif depuis 15 ans retrouve un état de « conscience minimale »
Un homme de 35 ans, en « état végétatif » depuis 15 ans, a retrouvé un état de « conscience minimale » grâce à la stimulation d’un nerf. Cette première a fait l’objet d’une publication dans la revue Current Biology le 25 septembre.
A l’issue d’un accident de la route à l’âge de 20 ans, ce patient avait subi de graves lésions cérébrales et était considéré, depuis lors, comme étant dans un « état d’éveil non répondant » ou état végétatif.
Une équipe de onze chercheurs de l’Institut des sciences cognitives de Lyon a réalisé une étude, commencée il y a deux ans et qui doit se prolonger jusqu’en 2020. Les scientifiques ont envoyé des impulsions électriques dans le nerf vague du patient, un nerf qui relie le cerveau à d’autres organes majeurs du corps. Après plusieurs mois de stimulation, l’homme a pu rouvrir le yeux et tourner la tête. Des scans cérébraux ont montré des améliorations dans les zones du cerveau impliquées dans le mouvement, la sensation et la conscience de son environnement. « Nous avons vu une larme couler sur sa joue quand il écoutait une musique qu’il aimait », ajoute Angela Sirigu, la Directrice de cette étude, à propos des réactions sur le plan émotionnel.
Un bon nombre de chercheurs ont réagi avec enthousiasme à cette première scientifique. Ainsi, le Pr Steven Laureys, l’un des meilleurs experts mondiaux dans le domaine, estime qu’il s’agit d’un traitement chirurgical très prometteur. « Un vieux dogme voudrait qu’il n’existe aucune chance d’amélioration chez les patients sévèrement cérébrolésés depuis plus d’un an. Mais ce dogme est faux, comme le confirme cette étude. La plasticité cérébrale, cette capacité de remodelage et d’adaptation de notre cerveau, est parfois étonnante », dit-il. Toutefois, il appelle à la prudence : “cette étude est porteuse d’espoir mais il faut faire attention néanmoins à ne pas donner de faux espoirs car il est encore trop tôt pour généraliser les résultats.”
L’objectif d’Angela Sirigu, la directrice de cette étude, est de bénéficier de meilleures connaissances sur les mécanismes cérébraux. “C’est un premier résultat. Nous avançons lentement, pierre par pierre.“