Une 1ère greffe d’utérus en France en 2019 ?

Une 1ère greffe d’utérus en France en 2019 ?

chirurgie

Au cours d’un colloque portant sur la reproduction après 40 ans, le professeur Jean-Marc Ayoubi, chef de service d’obstétrique à l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine) a annoncé espérer présenter la première greffe d’utérus au congrès l’année prochaine.

En mars 2017, son équipe, qui travaille en étroite collaboration avec celle du professeur Mats Brännström (Suède), a obtenu l’autorisation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé (ANSM) afin de réaliser, à partir de donneuses vivantes, dix greffes utérines sur des femmes souffrant d’une absence congénitale de cet organe (syndrome de Rokitansky-Küster-Hauser ou MKRH*), ou celles ayant dû subir une ablation chirurgicale. L’opération de prélèvement est très délicate en raison des risques réels d’hémorragie, de thrombose, ou de complications graves. Elle prend entre 10 et 13h.

Puis, pour espérer obtenir une grossesse, la greffe d’utérus doit obligatoirement être précédée d’une Fécondation In Vitro (FIV) avec congélation des embryons avec les ovocytes de la femme greffée ou ceux d’une donneuse. Avant et pendant la grossesse, sous haute surveillance en raison de multiples complications, est prescrit un traitement immunosuppresseur pour éviter le rejet de la greffe chez la receveuse. Les accouchements se font toujours par césarienne. En plus des risques importants pour la santé, il est important de rappeler que la greffe d’utérus ne restaure pas la fertilité : elle suppose un processus de fécondation in vitro. Des questions éthiques majeures demeurent, relatives à l’obtention des embryons, à leur tri et leur surproduction.

En France, une autre équipe au CHU de Limoges s’est vu autoriser, en novembre 2015, un projet d’essai clinique, mais sur des donneuses en état de mort cérébrale. En octobre 2017, le professeur Tristan Gauthier, gynéco-obstétricien au CHU de Limoges et investigateur principal de l’essai, a déclaré qu’une demi-dizaine de patientes avait achevé la première étape du protocole, l’obtention d’un embryon par fécondation in vitro. Aucune greffe n’était réalisée à ce stade car le don après mort cérébrale comporte ses propres contraintes : l’attente d’un greffon compatible en provenance d’une défunte entre 18 et 50 ans.

La greffe de l’utérus est différente de toute autre greffe. En effet, « si l’organe n’est pas vital, c’est la vie qui est donnée », avaient rappelé les auteurs d’un rapport rendu par l’Académie de Médecine en juin 2015. A l’heure actuelle, une vingtaine d’équipes travaillent sur la greffe d’utérus dans le monde. Sur 38 greffes recensées dans le monde lors du 1e congrès de l’International Society of Uterus Transplantation (ISUT) en septembre 2017, 28 impliquaient un don vivant et 10 un prélèvement sur une patiente décédée. La greffe est considérée comme réussie lorsque des règles apparaissent dans les six mois suivant l’opération. L’objectif final reste la naissance d’un enfant. Jusqu’à présent, seules les greffes à partir de dons vivants ont permis aux couples de devenir parents. Une douzaine de naissances sont à recenser pour le moment.

Le professeur Ayoubi a aussi présenté des données nouvelles sur les grossesses après 40 ans, à partir de la patientèle du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction de l’hôpital Foch, sur 10 ans. Les femmes âgées de 40 ans et plus ont davantage eu recours à l’assistance médicale à la procréation (18,5% contre 5,6% pour les 25-35 ans). De plus, l’étude a pointé des complications obstétricales plus fréquentes chez les quarantenaires : trois fois plus d’hypertension artérielle, deux fois plus de diabète gestationnel, deux fois plus de césariennes et davantage de naissances avant 37 semaines, … Les données font écho aux études internationales où est montré un risque de mortalité maternelle multiplié par 8 pour les femmes de 40 à 44 ans, et par 30 à partir de 45 ans.

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* Le syndrome de Rokitansky-Küster-Hauser ou MKRH touche 1 femme sur 4 500.

Les mentions « père » et « mère » appelées à disparaître des formulaires d’état civil à Paris

Les mentions « père » et « mère » appelées à disparaître des formulaires d’état civil à Paris

etatcivil
Le 26 mars, le Conseil de Paris a adopté à l’unanimité le vœu de Danielle Simonnet, élue de la France Insoumise, de supprimer les mentions de « père » et « mère » sur les formulaires de demandes d’actes d’état civil ; ces mentions devraient désormais être remplacées par « parent 1 » et « parent 2 ».
Souhaitant ainsi mettre fin à ce qu’elle considère être une discrimination envers les couples homosexuels,  Danielle Simonnet argumente ainsi : « Il est anormal que la plateforme de l’administration ne permette pas aux parents vivant en couples de même sexe de faire les démarches administratives comme les autres », ajoutant que « cela représente une rupture d’égalité devant l’administration ». La Ville de Paris souhaite effectuer ce changement « le plus rapidement possible », selon Bruno Julliard, le premier adjoint de la maire PS Anne Hidalgo.
En effet, les formulaires de demande d’actes d’état civil, accessibles sur la plateforme internet de la ville de Paris, n’ont pas été modifiés pour prendre en compte les couples de même sexe qui sont parents. Sur le formulaire de demande d’un acte de naissance, par exemple, où il est fait mention des parents, les cases à renseigner existantes indiquent uniquement « nom du père » et « nom de la mère ».
Quelques communes ont déjà fait apparaître ces mentions « parent 1 » et « parent 2 » dans certains documents scolaires. A la SNCF, les formulaires de demande de cartes de réduction pour familles nombreuses indiquent, depuis 2010, la mention « parent 1 » et « parent 2 ».

POUR ALLIANCE VITA :
Cette initiative de l’élue de Paris illustre combien la loi instaurant le mariage entre personnes de même sexe portait en germe des modifications multiples et durables dans l’organisation de la vie quotidienne de tous les couples en France. L’affirmation, constamment répétée à l’époque, selon laquelle « cette loi ne change rien pour les autres couples » (soit plus de 99 % de l’ensemble des couples), est démentie dans les faits. A titre d’exemple, depuis 2013 : le livret de famille a été modifié en supprimant les mentions « époux ou père » et « épouse ou mère » ; les règles sur l’attribution du nom de famille à la naissance d’un enfant ont été complexifiées ; les possibilités d’adoption d’un enfant à l’étranger se sont réduites suite à des politiques plus restrictives, des pays ont opté pour ne plus confier les enfants à l’adoption, faute d’assurance que les enfants soient confiés à des couples composés d’un père et d’une mère ; le principe de base de la filiation (tout enfant naît d’un homme et d’une femme) est remis en cause par la possibilité d’adopter l’enfant du conjoint de même sexe, etc…

La volonté de supprimer dans les documents administratifs toute référence à un père et à une mère se fait en réalité au détriment de la grande majorité des couples, représentant des dizaines de millions de personnes.

Urgence fin de vie : les évêques de France signent une Déclaration

Urgence fin de vie : les évêques de France signent une Déclaration

soinspalliatifs

Les 118 évêques de France, réunis à Lourdes en assemblée plénière, ont signé le 22 mars dernier une Déclaration : « Fin de vie : oui à l’urgence de la fraternité ! ». Dans ce texte, ils appellent à poursuivre de toute urgence le développement des soins palliatifs et s’opposent à l’éventuelle légalisation de l’euthanasie.

Saluant les efforts fournis par les professionnels de santé qui essaient de donner aux patients une meilleure qualité pour leur fin de vie, les évêques déplorent « les disparités d’accès aux soins palliatifs ainsi que l’insuffisance de formations proposées au personnel médical et soignants, ce qui engendre des souffrances parfois tragiques ».

A l’heure où les promoteurs de l’euthanasie demandent à légiférer de nouveau sur le sujet dans ce contexte de la prochaine révision de la loi de bioéthique, les évêques appellent à « ne pas se tromper d’urgence » ainsi qu’à « un sursaut de conscience ». Ils réaffirment leur opposition à l’euthanasie pour six raison éthiques :

  • L’application de la dernière loi sur la fin de vie (2 février 2016) est « encore largement en chantier et demande une formation appropriée ». Par respect pour le travail législatif fourni, les soignants et les patients, il est trop tôt pour se prononcer sur cette loi.
  • Promouvoir, même de façon encadrée, l’aide au suicide ou l’euthanasie « serait inscrire au cœur de nos sociétés la transgression de l’impératif civilisateur : « tu ne tueras pas ».
  • Confier la charge d’exécuter ces demandes de suicide ou d’euthanasie aux personnels soignants mettrait en question la vocation de la médecine dont le Code de déontologie est très clair : « Le médecin, au service de l’individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité ».
  • Les personnes vulnérables ont besoin « de confiance et d’écoute pour confier leurs désirs, souvent ambivalents ». « La détresse de ceux qui demandent parfois que l’on mette fin à leur vie doit être entendue. Elle oblige à un accompagnement plus attentif, non à un abandon prématuré au silence de la mort. »
  • La notion de liberté interroge. Alors que les tenants de l’aide au suicide et de l’euthanasie invoquent « le choix souverain du malade, son désir de maîtriser son destin » et prétendent que « l’exercice de ce droit n’enlève rien à la personne », les évêques rappellent que « la liberté est toujours une liberté en relation » et que les « choix personnels, qu’on le veuille ou non, ont toujours une dimension collective ».
  • Fournir une « aide médicale à mourir » reviendrait à créer « des institutions spécialisées dans la mort ». La question porterait alors sur leur nature et financement. Ou alors « c’est conduire notre système de santé à imposer à nos soignants et à nos concitoyens une culpabilité angoissante, chacun pouvant être amené à s’interroger : « Ne devrais-je pas envisager un jour de mettre fin à ma vie ? »

Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, fondateur de SOS fin de vie, et auteur de La Bataille de l’euthanasie (Salvator) :
« Que les évêques soient unanimement opposés à l’euthanasie n’est bien sûr pas une surprise, mais qu’ils aient pris soin de signer aujourd’hui, de façon collégiale, ce long texte exceptionnel de circonstance sur la fin de vie est significatif : rappeler, comme ils le font avec humanité, le lien entre l’interdit de tuer et la fraternité véritable est essentiel pour notre pays.

Nous pensons comme eux que l’enjeu de la fin de vie en France appelle d’autres urgences que celle d’une nouvelle loi, tout en restant vigilants sur la mise-en-œuvre des lois précédentes qu’une interprétation extensive risque toujours de faire dévier vers des formes d’euthanasies masquées.

Il faut par ailleurs saluer l’implication concrète de nombreux chrétiens sur le terrain des soins palliatifs : comme soignants ou volontaires, ils contribuent à la créativité sociale au service des plus fragiles. »

 

Euthanasie aux Pays-Bas : une nouvelle dérive

Euthanasie aux Pays-Bas : une nouvelle dérive

euthanasie

Seize ans après l’entrée en vigueur de la loi sur l’euthanasie aux Pays-Bas, premier pays du monde à légiférer sur le sujet, les demandes d’euthanasie ne cessent d’augmenter. Le président des Commissions régionales d’évaluation, le Dr Jacob Kohnstamm, parle même « d’accoutumance ».

Le comité de surveillance de l’euthanasie a publié, début mars, son rapport annuel. Il en ressort que 6.585 euthanasies ont été pratiquées en 2017, soit 4,4% du total des décès et 8% de plus que l’année précédente. 90% des patients souffraient de cancer, de maladies cardiaques ou de maladies du système nerveux. Mais 83 personnes souffraient de graves troubles psychiques, ce qui suscite de nombreux débats. Cette hausse continuelle du nombre d’euthanasies depuis 2002 risque fort de se poursuivre, les pressions se faisant de plus en plus fortes pour élargir les conditions à ceux qui estiment que leur « vie est terminée » dès l’âge de 70 ou 75 ans.

Par ailleurs, une nouvelle dérive s’est développée récemment avec l’association « Laatste Will » (« Dernière volonté ») : celle-ci se vantait, depuis septembre dernier, de pouvoir proposer une poudre mortelle à ses membres désirant une « autonomie absolue » sur « quand et comment ils allaient mourir ». Cette association a dû cesser de proposer ce produit suite à la demande du Parquet le 23 mars.

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Pour aller plus loin : “L’euthanasie aux Pays-Bas”

21 mars : journée mondiale de la Trisomie 21

21 mars : journée mondiale de la Trisomie 21

trisomie21

Le 21 mars a lieu, comme chaque année depuis 2006, la journée mondiale de la trisomie 21. Cette date est symbolique : 3/21, en anglais, soit la présence de 3 chromosomes 21, au lieu de 2. L’ONU a officialisé cette journée depuis 2012 pour promouvoir les droits, l’inclusion et le bien-être des personnes porteuses de trisomie.

Alors que les parents d’enfants porteurs de trisomie 21 avaient tendance, il y a encore quelques années, à cacher leur enfant, les citoyens semblent faire actuellement preuve de plus de bienveillance, rapporte le Figaro. Les photos ou les vidéos d’enfants ou de jeunes adultes porteurs d’un handicap, tel que la trisomie 21, suscitent même, depuis quelques années, un réel engouement sur les réseaux sociaux. On se souvient de Mélanie qui, il y a tout juste un an, a présenté la météo sur France 3, émission regardée par 8,3 millions de téléspectateurs, ou bien du petit Lucas, 18 mois, choisi par le géant Gerber, parmi 140.000 photos, comme le bébé représentant le mieux la marque. « Mettre en scène le handicap, c’est montrer la part de fragilité de chacun d’entre nous, quelle que soit cette fragilité, analyse Laurent de Cherisey, l’entrepreneur social qui dirige l’association Simon de Cyrène. C’est rappeler que l’entreprise reste avant tout une aventure humaine. Cela peut être un pari gagnant pour la marque qui la représente. »

A l’automne dernier, le téléfilm “Mention particulière racontant le combat d’une jeune fille trisomique qui voulait passer le bac, a créé la surprise en attirant près de 6 millions de téléspectateurs.

Afin de casser les stéréotypes liés à cette maladie, Caroline Boudet, journaliste et maman de la petite Louise, s’était fait connaître sur les réseaux sociaux en 2015. « Elle, c’est ma fille. Louise. Qui a quatre mois, deux bras deux jambes, des bonnes grosses joues et un chromosome en plus », avait-elle alors écrit sur sa page Facebook qui avait reçu 100.000 “like”. Elle vient de lancer aujourd’hui une vidéo intitulée « Nos enfants atteints de trisomie 21 sont différents, oui, comme vous! ». En octobre dernier, Franck Stephens, jeune acteur et athlète américain plaidait, devant le Congrès américain, pour le financement de la recherche sur la trisomie 21.

Cependant la trisomie est en France le handicap le plus dépisté et stigmatisé : la recherche sur la trisomie 21 ne bénéficie d’aucun financement public. La Fondation Jérôme Lejeune s’est engagée dans une recherche à visée thérapeutique, et une consultation pour traiter les patients. On observe dans notre pays une vraie contradiction entre, d’une part, le dépistage prénatal, qui est l’un des plus élevés au monde (96% des fœtus diagnostiqués trisomiques sont avortés), et, d’autre part, une politique d’accompagnement et d’intégration des personnes handicapées dans la société.

La loi de bioéthique de 2011 avait systématisé l’obligation d’informer toutes les femmes enceintes, quel que soit leur âge, sur la possibilité de recourir au dépistage combiné de la trisomie 21 dès le premier trimestre de la grossesse. La pression risque encore de s’accentuer avec la diffusion du nouveau test de “dépistage prénatal non invasif” depuis mai 2017, à partir des cellules fœtales circulant dans le sang de la mère.

Pour Alliance VITA, la question du handicap et du dépistage prénatal est un enjeu majeur des Etats généraux de la bioéthique. C’est le sens des propositions faites par l’association dans le cadre des Etats généraux de la bioéthique :

  • Résister à l’eugénisme en rééquilibrant les politiques de dépistage du handicap, avec notamment un meilleur soutien des parents au moment de l’annonce ;
  • Lancer un plan quinquennal d’accompagnement et de prise en charge du handicap, doté de moyens financiers exceptionnels ;
  • Conduire des campagnes valorisant la place des personnes porteuses de handicaps, notamment mentaux, et leur entier droit de vivre, comme citoyens à part entière.

 

==> https://etatsgenerauxbioethique.alliancevita.org/analyses-et-propositions/