[CP] Le CESE déguise l’euthanasie !

[CP] Le CESE déguise l’euthanasie !

cese findevie

L’association Alliance VITA, membre du collectif Soulager mais pas tuer, dénonce l’irresponsabilité d’une conclusion de la commission temporaire sur la fin de vie du CESE qui ose assimiler l’euthanasie à un soin.

Réaction de Tugdual Derville, Délégué général d’Alliance VITA, fondateur du service SOS Fin de Vie et porte-parole du collectif Soulager mais pas tuer, parrainé par Philippe Pozzo di Borgo.

« Par cet avis, le CESE porte gravement atteinte à l’éthique et à la sécurité des pratiques soignantes.

Le CESE, pour faire avaler l’idée de l’euthanasie, invente une novlangue redoutable. Il présente l’administration de la mort comme :

  • un « dernier soin »,
  • ou un « soin ultime »,
  • ou encore « une sédation profonde explicitement létale ».

 

Il faut appeler les choses par leur nom : comment oser prôner un soin ou une «sédation profonde» qui empoisonne et tue ?

C’est dans les moments les plus vulnérables de l’existence, spécialement en fin de vie, que les pratiques soignantes doivent être protégées de toute tentation euthanasique. Il s’agit toujours de soulager sans jamais tuer.

Le juste plaidoyer du CESE en faveur des soins palliatifs est ruiné par cette préconisation délétère qui dénature le sens même des soins palliatifs.

A contrario, nous voulons saluer le courage et la pertinence de l’exceptionnel avis dissident de membres du CESE. J’ai senti dans l’hémicycle un malaise certain et une absence totale d’unanimité. Ils ont tenu à se démarquer de leurs collègues en soulignant le danger d’une médecine qui intègrerait l’administration de la mort dans sa pratique.

En tout état de cause, c’est au président de la République que nous en appelons pour qu’il protège les soins de toute infiltration par la mentalité et la pratique euthanasiques. »

Canada : glissement vers une GPA « commerciale » ?

Canada : glissement vers une GPA « commerciale » ?

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Un député libéral canadien, Anthony Housefather, du gouvernement de M.Trudeau, va déposer, en mai prochain, un projet de loi favorisant la pratique de la GPA en visant à décriminaliser la rémunération d’une mère porteuse, d’un donneur de sperme ou d’ovules. « Une femme peut décider de devenir mère porteuse pour différentes raisons, estime M. Housefather. Je n’y vois pas un grand problème si une femme décide que c’est une avenue économique. »

En 2004, le Canada a légiféré sur la Gestation par autrui qui est désormais autorisée dans ce pays, sauf au Québec. La rémunération de cette pratique reste interdite et passible d’une peine de prison maximale de 10 ans et d’une amende pouvant atteindre 500.000 $. Une mère porteuse peut toutefois se faire rembourser des frais liés à sa grossesse (ses vêtements de maternité, par exemple) jusqu’à 22 000 euros. Cependant le coût d’une GPA est estimé entre 60 000 et 100 000 euros qui comprend avec le dédommagement de la mère porteuse, le coût du traitement de PMA, entre 8 000 et 15 000 euros, les frais d’avocats, d’agence, de conseillers juridiques, d’assurance, etc.

Les ministres et le cabinet Trudeau sont divisés sur la question de la rémunération des mères porteuses. Si certains le soutiennent, plusieurs voix se sont élevées contre ce projet, dont celle de la ministre de l’Emploi, Patricia Hajdu, ancienne travailleuse sociale dans le nord de l’Ontario qui dit : « Ce que je retiens de mon expérience auprès de populations vulnérables c’est qu’il peut toujours y avoir un risque, lorsqu’on paye pour des services, que des personnes dans le besoin soient enclines à fournir ces services ». Françoise Baylis, titulaire de la Chaire du Canada en philosophie et en bioéthique, se demande pourquoi « on met tellement d’accent sur ce que veulent certains adultes, mais on porte très peu d’attention à la perspective des enfants qui savent qu’on a payé pour les avoir ». Dans le cadre de ses recherches, elle a entendu des témoignages de jeunes qui « se sentent comme des objets, une commodité parce qu’ils savent qu’ils ont été achetés ». La députée Hedy Fry n’est pas non plus d’accord. « En tant que médecin, je suis préoccupée. C’est une pente glissante », dit-elle, soulignant qu’une grossesse peut toujours présenter des complications. « Ce n’est pas une manière appropriée de faire de l’argent ». Le groupe pour le droit des femmes s’insurge aussi de la proposition de M. Housefather. Les mères porteuses rémunérées constituent « le summum de la marchandisation de la vie humaine », écrit Diane Guilbault dans un communiqué de presse. Elle prévient que ce sont les femmes pauvres qui se prêteront au jeu.

En Europe, le Royaume-Uni autorise aussi une forme de GPA dite non commerciale depuis 1985. Aucune transaction financière n’est autorisée, mais un dédommagement de la mère porteuse peut aller jusqu’à 19 000 euros pour couvrir les frais encourus par la grossesse. Une enquête, conduite en 2011 et publiée par le Sunday Telegraph en 2012, révélait que 100 GPA avaient été réalisées en Grande-Bretagne en 2011, 1 000 GPA avaient été commanditées par des clients britanniques la même année en Inde sur les 2 000 enfants nés par GPA dans ce pays la même année.

Pour Caroline Roux, déléguée générale adjointe et directrice de VITA International :
« Ce débat au Canada montre bien l’engrenage dans lequel la légalisation de la Gestation par autrui fait entrer, quelques années après une première loi qui la prétendait « encadrée » . D’une part l’aspect non commercial est un leurre quand on constate le coût de la GPA et les dédommagements de la mère porteuse qui constituent une forme de rétribution, d’autre part l’offre crée inéluctablement un marché comme on le voit en GrandeBretagne ou avec ce projet de loi canadien. Il n’existe tout simplement pas de GPA qui puisse être « éthique ». Et les dérives s’accumulent : ce constat doit être un signal fort dans les débats bioéthiques qui occupent la France actuellement. Que la GPA soit lucrative ou pas, la maltraitance originelle des enfants ainsi nés ne pourra jamais être réparée, ni l’exploitation des corps des femmes qui constitue une aliénation. La France a un rôle majeur à jouer pour promouvoir l’interdiction de la GPA, au niveau européen et mondial, au nom de la non-marchandisation du corps de la femme et du respect de la dignité de l’enfant, qui ne peut être considéré comme une marchandise que l’on pourrait donner ou vendre. »

Signez la pétition : non au marché de la procréation https://etatsgenerauxbioethique.alliancevita.org/petition/

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Pour aller plus loinGPA, éthique ou pas ?

 

Fiche GPA  : https://etatsgenerauxbioethique.alliancevita.org/procreation-droit-de-lenfant/gpa-et-procreation/

Etats généraux de la bioéthique : 1er bilan du CCNE

Etats généraux de la bioéthique : 1er bilan du CCNE

ccne
Les organisateurs des Etats généraux de la bioéthique, lancés le 18 janvier dernier, ont fait, le 4 avril, un premier bilan sur la participation citoyenne à cette consultation. Le 30 avril, se clôturera la partie de la consultation citoyenne en ligne sur le site etatsgenerauxdelabioéthique.fr.
Selon le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE), 9 700 internautes ont déposé 24 000 arguments. Les organisateurs en espèrent le double d’ici la fin du mois d’avril tout en craignant une trop grande présence militante, notamment sur le sujet de la PMA, le plus polémique. Au total, le CCNE estime que 20 000 personnes auront participé aux quelques 300 rencontres organisées dans les régions.
Plusieurs évènements sont encore à venir en mai et juin :

  • La publication de l’avis d’un comité citoyen rassemblant 22 personnes de la société civile sur la génomique et les tests génétiques d’une part et sur la fin de vie d’autre part.
  • 3 réunions scientifiques sur la génomique, la recherche sur l’embryon et les neurosciences.
  • La remise du rapport de synthèse du CCNE sur les contributions des citoyens à l’OPCEST le 4 juin prochain ainsi que la publication d’un avis du CCNE en juin ou juillet sur les points à prendre en compte dans la loi bioéthique et sur le travail du groupe centré sur l’intelligence artificielle et la santé.

 

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, association auditionnée officiellement par le CCNE le 8 mars, réagit à son bilan d’étape :
« Ce qui transparaît surtout, à ce stade, c’est la réticence de la plus grande partie des citoyens qui ont tenu à s’exprimer aux ruptures législatives que certains avaient cru devoir présenter comme inéluctables. Que ce soit sur le site des Etats généraux ou dans les réunions publiques organisées par les espaces régionaux d’éthique, la majorité des participants ont défendu le respect des repères protecteurs des plus fragiles : les soins palliatifs contre l’interdit de tuer, la protection de l’enfant face à l’idée d’un droit à l’enfant, des réticences face aux expérimentations sur l’embryon humain, un usage raisonné de l’intelligence artificielle etc.

Que les débats aient été sereins ou agités, le « rapport de conviction » penche largement du côté de la protection des plus fragiles. C’est heureux. Le président de la République ne peut pas l’ignorer. Pas plus qu’il ne peut ignorer la faible implication des personnes revendiquant les transgressions que nous contestons.
Ce que ces Etats généraux attestent donc d’ores et déjà, c’est que la demande sociale de ces transgressions est faible et, en réalité, ultra minoritaire. Et que l’hostilité à ces transgressions est forte et argumentée. Nous avons entendu certaines critiques sur la présence de citoyens convaincus ; c’est au contraire, à nos yeux, un signe de vitalité du processus, malgré ses faiblesses, et le manque de moyens des instances organisatrices, que de faire émerger de quel côté penchent les citoyens. Cela aussi, le président de la République, qui a promis un débat apaisé, ne peut le négliger.
Nous prendrons, quant à nous, une initiative ces prochains jours pour donner notre éclairage sur ce débat essentiel, avant sa phases législative ».

Etats généraux de la bioéthique : intervention de Blanche Streb le 28 mars

Etats généraux de la bioéthique : intervention de Blanche Streb le 28 mars

embryon
Dans le cadre des Etats Généraux de la bioéthique, des rencontres “contre-expertise” étaient organisées, le 28 mars, à l’hôpital Saint-Louis par l’Espace éthique Île-de-France. Neuf propositions avaient été retenues, dont celle de Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche d’Alliance VITA, qui s’est exprimée sur les enjeux liés à la procréation artificielle.
Retrouvez l’intégralité de cette invervention :
“Merci à monsieur Emmanuel Hirsch et à ses collaborateurs pour l’organisation de cette soirée de débat.
J’aimerais aborder avec vous quelques réflexions sur la procréation artificielle et jusqu’où elle peut aller. Les enjeux éthiques ne se limitent pas à l’injustice, certes très grave, de vouloir légaliser la fabrication d’enfants délibérément privés de père.
J’aimerais que nous réfléchissions ensemble ce soir en ayant « un coup d’avance ».
En effet, cela va plus loin et entraîne un basculement. Vers où allons-nous si le cadre de la procréation n’est plus celui du couple homme-femme, infertile ou stérile, et en âge de procréer ? N’est-ce pas un changement de paradigme, un changement profond dans le regard que l’homme pose sur la manière de fabriquer des enfants ?
N’y a-t ’il pas des limites à poser sur lesquelles nous pouvons tous nous accorder ?
Pour éclairer mon propos : je voudrais vous citer rapidement quelques sujets qui sont évoqués par le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) sur le site des Etats Généraux de la Bioéthique. Ils font aussi l’objet de recommandations par l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST).
Il est donc possible qu’ils soient intégrés dans le projet de loi à venir. Car ce sont des recherches qui sont déjà en cours, y compris en France.

  1. La FIV-3 Parents (CCNE et OPECST) : C’est une technique autorisée en Angleterre. Des enfants sont déjà nés au Mexique et en Ukraine. Elle utilise les gamètes de 3 personnes : un homme et deux femmes, pour aboutir à un embryon génétiquement modifié. L’objectif de cette technique est d’éviter la transmission d’une maladie mitochondriale héréditaire par la mère.

L’objectif de cette technique semble être le marché de la procréation, en particulier le « rajeunissement » des ovocytes. Des enfants sont déjà nés de cette technique, notamment en Ukraine où la pathologie mitochondriale n’était d’ailleurs pas la cause.

  1. L’instrumentalisation de l’embryon humain et la modification de son ADN

Evoqué dans les sujets à débattre du CCNE : « Faut-il autoriser les recherches scientifiques concourant à l’apparition d’embryons transgéniques ou chimériques ? Quid de l’utilisation des ciseaux moléculaires (Crispr-Cas 9) dans les recherches sur l’embryon ?  »
L’OPECST a émis des recommandations favorables et suggère de modifier le cadre réglementaire (la convention d’Oviedo notamment) pour lever l’interdiction de créer des embryons génétiquement modifiés et d’examiner la possibilité de faire naître des enfants dans ces circonstances.
Cette technique appliquée aux embryons humains enclencherait la voie la plus directe et la plus rapide vers la création des bébés sur mesure.

  1. Les gamètes artificiels

Les gamètes artificiels peuvent être obtenus par plusieurs voies : en faisant ‘franchir le mur du temps’ à une cellule embryonnaire qu’on programme pour devenir un gamète ou en faisant ‘remonter le temps’ à une cellule adulte (comme une cellule de peau).

  1. Chercher toujours plus à avoir un « bébé parfait » ?

En augmentant le dépistage génétique pré-conceptionel ou en multipliant le recours au criblage des embryons (faire plus de diagnostic pré-implantatoire (DPI) / trier selon toujours plus de critères : de pathologies, prédisposition, esthétiques).

Quels enjeux scientifiques, éthiques, de sécurité ?

Cela doit nous interroger. Les mutations des biotechnologies nous entraînent dans deux directions contradictoires et périlleuses : celle du bébé parfait, qu’il faut trier, et celle du bébé à tout prix, que l’on fabrique quitte à faire porter des risques sur sa santé.
Ces points en débat que j’évoque dessinent une nouvelle façon de concevoir la procréation humaine : sur commande et sur mesure.
Bien souvent, ces techniques ne guérissent personne mais fabriquent quelqu’un. Elles utilisent la PMA pour concevoir des embryons potentiellement non viables ou malades puis convoquent la technique pour les « réparer ». Aucune certitude n’existe sur leur efficacité et encore moins sur leur sécurité. Pourtant, certains pratiquent ou envisagent déjà des essais sur l’homme ou plutôt : des essais d’hommes. La perspective de naissances d’enfants fabriqués dans ces circonstances est particulièrement inquiétante : faisant fi de tout principe de précaution, ces techniques font de l’enfant un cobaye. Ces modifications peuvent devenir héréditaires et induire un impact sur les générations futures.

Qu’entraînerait ce basculement ?

  • La consécration d’un droit à l’enfant
  • L’asservissement de la médecine au service des désirs individuels
  • Un glissement de la France vers le business procréatif,
  • Une marche supplémentaire vers le tri des êtres humains et la fabrication de bébés sur mesure. Un palier de plus vers un eugénisme démocratique qui s’instaure insidieusement de plus en plus dans notre société. Car on demande à la technologie de juger quelle vie vaut, ou ne vaut pas, la peine d’être vécue.

Au fond, ce basculement : n’est-ce pas une forme de soumission de la vie à la biotechnologie. Est-ce que c’est ce que nous voulons pour notre pays et les générations futures?

Quelles sont mes recommandations ?

  • Que la France ne se laisse pas entraîner vers le marché mondialisé de la procréation, vers une surenchère de tri des embryons, vers la pente glissante de l’eugénisme.
  • Que la France continue de faire figure de modèle et d’îlot de résistance grâce à ses lois bioéthiques, à sa vision de l’homme, à sa tradition des droits de l’homme, à son droit qui nous protège grâce aux principes d’inviolabilité, d’indisponibilité, de non patrimonialité. L’inviolabilité, qui protège la personne contre autrui ; l’indisponibilité, qui la protège contre elle-même ; la non-patrimonialité, qui la protège contre la pression de l’argent pour lui permettre de donner librement. C’est ce dernier principe qui énonce que le corps ou ses éléments ou produits ne peuvent être vendus, pour protéger les personnes contre elles-mêmes d’un consentement soumis à l’appât du gain ou à la pression du besoin d’argent.
  • Que la France rappelle que la loi n’est pas au service de la science mais au service de la protection des personnes, et que ce n’est pas à la capacité technique d’ordonner à la bioéthique.

 

Conclusion :

On nous demande dans ces EGB : “Quel monde voulons-nous demain ?”
Pour y répondre, deux autres questions peuvent servir à éclairer les débats.

  • un progrès technologique est-il toujours un progrès humain ?
  • au nom de quoi un désir deviendrait un droit ?

En effet, quelle société préparons-nous si nous ne protégeons plus le plus faible, le plus vulnérable?
Celui qui sera dans ce monde que nous voulons ne mérite-t-il pas mieux que de se savoir sur terre juste parce qu’il aura gagné le droit de vivre grâce à certains de ses critères ?”
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D’autres soirées de ce type sont prévues ; la prochaine est planifiée le 11 avril.