Sondage IFOP 2010 Les femmes et l’IVG
En février 2010, après la publication du Rapport de l’IGAS sur l’évaluation de la prévention de l’IVG, Alliance VITA a interrogé 1006 femmes. Voici leurs réponses aux 10 questions IFOP/Alliance.
En février 2010, après la publication du Rapport de l’IGAS sur l’évaluation de la prévention de l’IVG, Alliance VITA a interrogé 1006 femmes. Voici leurs réponses aux 10 questions IFOP/Alliance.
A compter du 2 novembre 2011, l’Alliance pour les Droits de la Vie s’appellera Alliance VITA.
Ce changement est l’aboutissement d’une réflexion approfondie validée par le vote du conseil d’orientation de l’association, instance rassemblant ses quelque 65 Délégués départementaux et dirigeants nationaux. Il intervient 18 ans après la fondation, fin 1993.
Pour le docteur Xavier Mirabel, son président, « En adoptant cette appellation percutante, concise et facile à mémoriser, Alliance VITA reste fidèle à son héritage, avec des convictions inchangées. Sa consonance internationale souligne le développement de notre ancrage européen. Les questions qui nous concernent de près présentent toutes d’indéniables répercussions internationales en lien avec les droits fondamentaux de l’homme: débat sur la fin de vie, liberté de conscience des soignants, théorie du genre, annonce de l’homme ‘augmenté’ ou cyborg, pour ne citer que les sujets les plus actuels. »
Tugdual Derville, Délégué général précise : « Partagée d’abord en interne avec les 700 membres engagés dans nos équipes départementales, l’officialisation de ce changement s’accompagne d’une « ligne de base » : Solidaires des plus fragiles. Etre solidaire des plus fragiles, c’est ce qui motive notre engagement à chaque âge de la vie, de l’embryon à la personne proche de sa mort, en passant par le fœtus, les femmes enceintes et celles qui ont vécu un avortement, les couples ayant des problèmes d’infertilité, ou auxquels un handicap est annoncé, les personnes portant elles-mêmes un handicap et finalement chaque être humain, car la fragilité est humaine. »
« Ce nouveau nom souligne mieux la dimension humanitaire à l’origine de notre mouvement, complète Caroline Roux, Secrétaire générale et coordinatrice des services d’écoute de l’association. Les deux principaux services d’aide d’Alliance VITA, SOS Bébé et SOS fin de vie se sont beaucoup développés depuis 10 ans avec, notamment, la formation de plusieurs dizaines de nouveaux écoutants. » Par deux sites dédiés (www.sosbebe.org et www.sosfindevie.org), ces services agissent auprès des personnes touchées par les épreuves de la vie, au moyen d’un travail d’écoute et de soutien personnalisés.
Alliance VITA a décidé d’amplifier les relations de dialogue et de partenariat engagées avec les pouvoirs publics et les responsables politiques de tous les partis. Elle entend par ailleurs participer aux débats qui s’ouvrent en Europe sur les grands sujets de société, afin d’y faire valoir la protection des existences les plus menacées : soit dans le principe même de leur vie, soit dans le respect de leur dignité, soit dans leurs conditions de vie.
Dans le même temps, début novembre 2011, Alliance VITA lance son tout nouveau site Internet www.alliancevita.org axé sur l’information et la mobilisation, avec une forte dimension audiovisuelle et la contribution de personnalités et d’experts qui s’associent en cette occasion au mouvement.
C’est avec ce nouveau nom, ce nouveau site, et une charte graphique renouvelée qu’Alliance VITA va intensifier son implication au service des plus fragiles, particulièrement à l’approche des échéances électorales de 2012, cruciales pour la protection de la vie.
Alliance VITA tire quatre enseignements majeurs de ce sondage :
1/ L’avortement n’a rien d’anodin pour les femmes : la plupart des Françaises estiment qu’il y en a trop, qu’il a des conséquences difficiles à vivre et aimeraient que la société les aide à l’éviter.
Les Françaises se disent très majoritairement favorables à un « droit à l’avortement » (85%). Ce n’est pas l’avis d’Alliance VITA qui se retrouve clairement du côté des 7% des sondées qui n’y sont pas favorables. Mais ce constat ne clôt pas le débat, car Alliance VITA concorde sur d’autres questions avec une nette majorité des Françaises :
– pour 61% des Françaises (contre 33%) « il y a trop d’avortements dans notre pays » ;
– pour 83%, « l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes » ;
– pour 60% (contre 33%) « la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’IVG ».
Pour Alliance VITA, l’avortement est un drame personnel et un échec social, et les pouvoirs publics ont raison de s’en préoccuper. On ne peut pas se satisfaire que près de 4 Françaises sur 10 aient recours à l’IVG au moins une fois dans leur vie féconde (donnée de l’Institut national d’études démographiques – INED).
A ce titre, les Françaises ne suivent donc pas les associations qui affirment que le fort taux d’IVG ne pose pas de problème et qu’il ne faut pas en faire un drame. Et 54% désapprouvent leur action quand elles « organisent des solutions pour que les femmes puissent avorter à l’étranger au-delà du délai légal ». Alliance VITA conteste également ces filières d’avortement tardif ouvertement revendiquées, qui ont fait scandale en Espagne ces derniers temps.
2/ Les Françaises sont favorables à une autre politique de prévention de l’avortement, qui ne se réduise pas à « prévenir les grossesses non souhaitées » mais qui tende à aider les femmes enceintes à éviter l’IVG.
Lorsque les pouvoirs publics reconnaissent qu’il y a un nombre élevé d’IVG, les solutions qu’ils proposent se bornent à renforcer la contraception – alors que la France est l’un des pays au monde où elle est le plus répandue – ou à augmenter encore les prescripteurs de l’IVG. C’est le sens des annonces du ministère de la Santé en 2010 et 2011.
Or, selon le « paradoxe contraceptif français », 72% des femmes recourant à l’IVG utilisaient une méthode de contraception lorsqu’elles se sont retrouvées enceintes. Alliance VITA a donc voulu connaître l’avis des Françaises sur la grande absente des politiques de prévention : l’aide aux femmes enceintes leur permettant d’éviter l’IVG. La plupart des Françaises soutiennent cette perspective :
– 47% (et jusqu’à 58% des 18-24 ans) notent que sa « situation matérielle » est « l’influence principale qui pousse une femme à recourir à l’IVG ». Dans un pays développé, dont le système social est réputé performant, on peut pointer les efforts qui restent à faire pour qu’aucune femme ne se sente contrainte à avorter en raison de problèmes économiques. Seulement 13% des femmes affirment que celles qui décident de recourir à l’IVG ne subissent aucune influence. L’expérience d’écoute d’Alliance VITA confirme que des avis extérieurs (compagnon, proches, professionnels) poussent souvent une femme à avorter à contrecœur.
– Confirmation : pour 55% des Françaises, « un soutien psychologique pour se protéger des influences extérieures » pourrait aider une femme qui découvre qu’elle est enceinte sans l’avoir souhaité à éviter une interruption volontaire de grossesse.
– 54% évoquent « Une information sur les aides matérielles auxquelles elle a droit ».
– A noter que 27% d’entres elles ajoutent « l’assurance de ne pas être discriminée dans son emploi », un problème récemment soulevé par la Halde qui a lancé en janvier une campagne sur le droit des femmes enceintes.
– Par ailleurs, la moitié des sondées évoquent « une discussion avec des professionnels de santé sur les conséquences de ce choix ».
Ces réponses montrent qu’il y a une place pour éviter trop de décisions hâtives, sous diverses contraintes et qui font de l’IVG – dans bien des cas selon l’expérience d’Alliance VITA – une issue automatique que les femmes auraient voulu et pu éviter.
Ces réponses sont également cohérentes avec l’avis des Françaises sur le livret d’information remis à la consultation pré-IVG :
– 83% d’entre elles (contre seulement 13%) sont favorables à ce qu’y figure « le détail des aides aux femmes enceintes et aux jeunes mères ». Alliance VITA dénonce le glissement progressif qui a effacé du dispositif de l’IVG, sous la pression de certaines associations, l’ensemble de ces informations.
La pétition qu’elle a lancée en févier 2010 www.auxlarmescitoyennes.org se trouve cautionnée par ce sondage. C’est une question de justice sociale.
3/ Faire connaître la possibilité de confier un enfant à l’adoption : une perspective ouverte.
Alliance VITA a l’expérience de l’accompagnement de femmes enceintes qui se posent la question de confier leur bébé dès la naissance, car elles ne se sentent pas capables de l’élever, en raison de leur situation psychoaffective. Elle sait que c’est un sujet délicat sur lequel il faut éviter tout automatisme, et notamment ne pas cautionner l’idée que la précarité matérielle doive pousser une femme à renoncer à élever son enfant.
Toutefois, Alliance VITA voulait clarifier une contradiction : alors que l’IVG n’encourt que peu de «réprobation sociale » officielle (même si de nombreuses femmes s’en culpabilisent) l’idée de «l’abandon d’enfant » est largement l’objet d’une telle réprobation. On a tendance à considérer le traumatisme de l’IVG comme moins lourd que celui de confier un enfant à l’adoption, qui, certes, intervient plus tardivement. Telle n’est pas l’expérience d’Alliance VITA, qui, pour autant, ne néglige pas le caractère dramatique de certaines séparations néonatales, et la nécessité de les accompagner.
Le sondage exprime sur ce point un avis clair des sondées :
– pour 67% (et jusqu’à 76% des moins de 35 ans) « cela serait une bonne chose de mieux faire connaître à certaines femmes enceintes qui auront de lourdes difficultés personnelles pour élever leur enfant, la possibilité de le confier à l’adoption dès sa naissance ».
L’adoption est-elle pour autant une alternative évidente à l’IVG ? Pas immédiatement ni automatiquement, mais en perspective. Pour le moment, la décision de confier l’enfant intervient plutôt en fin de grossesse, longtemps après que celle de ne pas avorter a été prise. Cette décision de confier un enfant est en balance avec celle de l’élever soi-même. Mais il pourrait en être autrement si on considérait davantage qu’on peut confier un enfant « pour son bien », comme ce fut le cas dans d’autres phases de l’Histoire. Cette analyse est confirmée par les travaux de psychanalystes qui estiment « l’abandon néonatal » injustement dénigré.
4/ Oser dire que les relations sexuelles trop précoces sont la cause majeure de l’IVG chez les adolescentes.
La croissance forte de l’IVG chez les mineures (+30% entre 2001 et 2007) préoccupe à juste titre les pouvoirs publics. Mais les solutions préconisées, jusqu’au niveau gouvernemental restent dans la ligne d’une surenchère d’information à connotation hygiéniste (sexualité réduite à la technique et à la promotion des modes de prévention sanitaires), qui nous semble en décalage avec les besoins réels des plus jeunes. On tend à rendre cette information de plus en plus précoce (désormais « dès la maternelle ») au risque d’escamoter la période de latence de l’enfant et d’installer l’idée illusoire d’une dissociation totale entre sexualité, affectivité et procréation.
– 51% des Françaises estiment que « les relations sexuelles trop précoces » sont parmi les deux raisons principales qui expliquent le taux d’IVG chez les mineures.
Précisons que l’échantillon de plus de 1 000 femmes proposé par l’IFOP ne comprend que des majeures qui, pour un certain nombre, se réfèrent sans doute à leur propre expérience. A ce titre, les experts de l’IGAS ont justement noté qu’il y a un décalage entre les attentes des garçons et celles des filles, au moment de la toute première relation. La DREES a décrit en 2009 ce malentendu : les filles engagent volontiers tout leur être, et leur affectivité alors que, pour les garçons, c’est « une simple étape de jeunesse ». Alliance VITA constate même que les filles se trouvent souvent psychiquement violentées par des gestes qui les instrumentalisent.
Le sondage nous encourage à promouvoir une autre forme d’éducation sexuelle, impliquant les parents, et n’encourageant pas les plus jeunes à des relations sexuelles immatures, souvent traumatisante et par ailleurs risquées. Elles sont en effet pourvoyeuses de nombreuses IVG particulièrement dures à vivre pour les plus jeunes. Or, commencer sa vie sexuelle par un avortement est lourd de conséquence.
Notons à ce titre que la diffusion massive des préservatifs, lors de l’irruption de la pandémie du SIDA s’est accompagnée de la croissance de l’IVG chez les plus jeunes en raison d’utilisations maladroites et de nombreuses ruptures de préservatif. C’est pourquoi Alliance VITA n’est pas en accord avec l’idée qu’il faille augmenter encore ce type de diffusion dont l’effet boomerang est démontré.
Consciente que des parents sont défaillants, elle demeure attachée à ce qu’ils ne soient pas écartés systématiquement par les pouvoirs publics de l’éducation sexuelle et de tout ce qui touche à l’IVG comme c’est le cas actuellement. Comment, d’un côté, dénoncer le manque de repères et l’irresponsabilité parentale et, de l’autre, exclure les parents d’une compétence qui relève au premier chef de leur responsabilité éducative ?
Un taux particulièrement élevé d’IVG en France
• La France connaît désormais officiellement 220 000 IVG par an, soit 1 avortement pour 4 naissances –(800 000 annuelles). Ces chiffres ne baissent pas ; l’IVG a même explosé chez les mineures (+30% entre 2001 et 2007).
• L’Institut National d’Etudes Démographiques (INED) estime à propos de l’IVG que « près de 40% des Françaises y auront recours » au moins une fois dans leur vie féconde.
• Le taux annuel d’IVG pour la France est de 14,7 pour 1000 femmes en âge de procréer, soit deux fois plus qu’en Allemagne (7 pour 1000).
• Danse sondage IFOP sur Les femmes et l’IVG, 61% des Françaises affirment qu’« il y a trop d’avortements » en France.
• « La diminution du nombre des IVG demeure donc pour la France un défi important, mais des exemples étrangers montrent qu’une telle évolution est possible. » (Rapport IGAS 2010).
Les limites du tout contraceptif
• La France est l’un des pays au monde où la contraception est la plus répandue, toutes techniques confondues.
• Les campagnes de prévention de l’avortement par la contraception ont montré leurs limites :
« 72% des femmes qui recourent à l’IVG utilisaient une méthode de contraception » quand elles se sont retrouvées enceintes ». (Rapport IGAS 2010).
• Ce « paradoxe contraceptif français » s’explique par la différence entre l’efficacité théorique des méthodes et leur efficacité pratique : oubli (« ambivalent ») de pilule, rupture de préservatif, grossesse sous stérilet etc.
• « Plus que jamais l’idée que la diffusion de la contraception dite ‘moderne’ devrait permettre une maîtrise parfaite de la fécondité apparaît comme une illusion (…) dangereuse » (Rapport IGAS 2010).
Les femmes aimeraient éviter l’IVG
• Recourir à l’IVG n’a rien d’anodin : 83% des Françaises estiment que l’IVG « laisse des traces psychologiques difficiles à vivre pour les femmes » (Sondage IFOP 2010). L’impact personnel et social de l’IVG est lourd.
• L’expérience d’écoute d’Alliance VITA confirme que beaucoup de femmes avortent à contrecœur, sous la pression des proches ou en raison, notamment, de difficultés sociales ou économiques qu’on aurait dû prendre en compte.
• « Au-delà des seuls aspects physiologiques, l’IVG demeure un événement souvent difficile à vivre sur le plan psychologique. Cette dimension, si elle est volontiers mise en avant, manque d’éclairage objectif et scientifique.» (Rapport IGAS 2010)
• 60% des Françaises estiment que « la société devrait davantage aider les femmes à éviter le recours à l’IVG » (sondage IFOP).
Nous avons accompagné dans nos services d’écoute des femmes confrontées à ce choix douloureux. Elles ont opté pour l’accouchement sous X pour des raisons de violence (ex : viol familial), de précarité ou encore pour des motifs culturels. Selon l’expression de certaines d’entre elles, elles ont fait « le cadeau de la vie » à leur enfant. Nous avons également eu l’occasion d’échanger avec des femmes qui n’avaient pas été suffisamment accompagnées et qui auraient eu besoin d’être rassurées sur le sort de leur enfant. Leur ouvrir la perspective de connaître des données même non-identifiantes sur l’existence de leur enfant pourrait sans doute les aider à dépasser cette souffrance.
Sans nier le lien biologique, ni la responsabilité des parents biologiques, l’accouchement dans l’anonymat apparait comme une solution pour faire face à des situations de vie extrêmes et éviter le recours à l’avortement ou à des abandons dans des situations dramatiques pour la mère et pour l’enfant. Il s’agit de protéger les droits de l’enfant :
L’accouchement dans l’anonymat doit être maintenu dans la mesure où il peut permettre de protéger la vie de l’enfant tout en garantissant la protection de la mère en difficulté..
Les dispositions actuelles et les propositions du rapport qui visent à faciliter la transmission du maximum d’informations pour l’enfant et ses parents adoptifs vont dans le bon sens. La question de la transmission des données médicales pourrait faire l’objet d’un traitement particulier tant ces données sont nécessaires pour la pratique médicale actuelle.
En tout état de cause, cette quête d’identité ne devrait pas se transformer en un droit mais plutôt en un impératif à accompagner et à faciliter, si l’enfant le souhaite, comme priorité le respect de leur équilibre dans la famille qui l’a accueilli.
La question se pose en effet différemment dans les deux cas.
– L’accouchement sous X, tente de répondre le mieux possible à des situations de détresse, à des accidents de la vie.,. Promouvoir la réversibilité du secret, le recueil des informations et l’accompagnement des femmes et des enfants est primordial.
– Le don de gamète crée délibérément avant la conception une séparation du parent biologique, sans accès aux origines (loi de bioéthique de1994, confirmée en juillet 2011). Les partisans du maintien de l’anonymat du don de gamète avancent qu’ à la différence de l’accouchement sous X, aucune histoire n’existe avec le donneur,. Pourtant l’injustice apparait plus grande dans la mesure où cette situation est programmée avant la conception de l’enfant, et qu’elle nie la souffrance identitaire des enfants ainsi conçus.
Le nombre d’enfants concernés par l’accouchement sous X a considérablement diminué ces dernières années. Les nouvelles dispositions encouragent le recueil d’informations et la réversibilité du secret. Alliance VITA rejoint la position de l’Académie de médecine consultée sur le sujet fin 2006 qui considère que faire évoluer la loi de 2002 est prématuré tant nous manquons de recul sur son application.