[CP] François-Xavier Pérès, nouveau président d’Alliance VITA

[CP] François-Xavier Pérès, nouveau président d’Alliance VITA

Le Conseil d’Alliance VITA a élu dimanche 23 février 2014 un nouveau président, François-Xavier Pérès, jusqu’à présent délégué départemental de l’association en Loire-Atlantique. Il succède au docteur Xavier Mirabel, cancérologue, président de VITA depuis 2003. Le Conseil VITA compte quatre-vingt-dix membres ; il est composé des délégués départementaux, des responsables régionaux et des experts de VITA.

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François-Xavier Pérès, 33 ans, a rejoint l’équipe VITA de Montauban (82) en 2010. En 2012, il accepte la responsabilité de délégué de Loire-Atlantique, à l’occasion d’une mutation dans ce département. Marié, père de 3 enfants, il exerce son activité professionnelle de ressources humaines dans le domaine de la construction.

« C’est en tant que simple citoyen et aussi que père de famille que j’ai choisi de m’engager au sein de VITA. Confronté à un deuil familial, j’avais pris conscience des failles de notre société sur cette réalité, et de « l’urgence humanitaire » d’y apporter des réponses justes. En découvrant Alliance VITA, j’ai apprécié son approche et sa délicatesse pour évoquer les questions bioéthiques et les problèmes liés à la maternité, à la paternité, à la fin de vie. C’est alors que je me suis engagé dans VITA, en suivant ma femme, Tiphaine, qui avait lancé la première équipe du Tarn-et-Garonne en 2010. Notre monde souffre d’une approche trop technique de la naissance et de la mort, comme si l’on avait perdu de vue la personne et sa fragilité. Les services d’aide et d’écoute de VITA lui confèrent un ancrage « dans la vraie vie », lui donnant aussi l’occasion d’intervenir auprès des décideurs, des parlementaires. Je crois profondément à ce mode d’engagement, car je pense qu’il est toujours temps de proposer des voies plus respectueuses des personnes, plus proches de ce qu’elles vivent et de ce à quoi elles aspirent. Je me sens profondément concerné par la vie publique et l’impact qu’elle peut avoir sur le destin et le bonheur des personnes. Nous savons pouvoir compter sur Xavier Mirabel : il nous a donné pendant 11 ans un exemple d’engagement plénier ; il continuera d’apporter à notre mouvement ses magnifiques talents. Sous son impulsion, et en étroite harmonie avec Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, l’association s’est considérablement développée, aussi bien dans les départements, en Europe, sur Internet qu’auprès des étudiants. »

Alliance VITA est une association fondée en France fin 1993 au moment des premières lois de bioéthique, engagée pour le respect de la vie et de la dignité humaine. Elle agit selon deux axes : l’aide aux personnes confrontées aux épreuves du début et de la fin de vie ; la sensibilisation du public et des décideurs à la protection de la vie humaine. Elle est actuellement présente dans toute la France.

 

Crédit photo : ©frsalefran

Vincent Lambert, une expertise demandée par le Conseil d’Etat

Le Conseil d’Etat a ordonné le 14 février 2014 qu’un collège de trois médecins spécialistes des neurosciences réalise dans un délai de deux mois une expertise sur la situation de M. Vincent Lambert, afin d’avoir un bilan complet et à jour de son état de santé.

Le Conseil d’État a également invité l’Académie nationale de médecine, le Comité consultatif national d’éthique, le Conseil national de l’ordre des médecins ainsi que M. Jean Leonetti à présenter des observations écrites.

Cette décision est conforme à ce que le rapporteur public avait proposé la veille, lors de l’audience publique.

Voir ci-dessous le compte rendu de cette audience et l’analyse réalisés hier :

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Le 13 février 2014

Il n’y a pas d’urgence, il faut une nouvelle expertise avant de décider de la vie ou de la mort de Vincent Lambert. Telle est en résumé la position, exprimée ce 13 février 2014, par le rapporteur public lors d’une audience solennelle du Conseil d’Etat. Ce magistrat est chargé d’éclairer les 17 juges du Conseil d’Etat qui vont prendre demain une décision très attendue : ils doivent statuer sur l’appel formé contre la décision du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne prise le 16 janvier dernier, ce dernier ayant suspendu la décision d’arrêt d’alimentation et d’hydratation que le CHU de Reims voulait mettre en œuvre pour mettre fin à la vie de Vincent Lambert.

La plus haute autorité administrative de notre pays est confrontée à une situation sans précédent, douloureuse  et extrêmement complexe. Vincent Lambert est en état pauci-relationnel depuis plusieurs années, il n’est donc pas en fin de vie. Il est gravement handicapé, il ne peut pas s’exprimer, on ne peut savoir ce qu’il souhaite vraiment, sa famille est divisée, et les médecins ne sont pas tous d’accord sur la décision à prendre.

Le rapporteur public s’est longuement interrogé sur la question centrale : en continuant d’alimenter et d’hydrater Vincent Lambert, s’agit-il d’une obstination déraisonnable ? Devant la difficulté de se forger une conviction ferme, notamment sur la capacité de ce patient d’établir un lien relationnel avec son entourage, il en a conclu qu’une nouvelle expertise était nécessaire pour permettre au Conseil d’Etat de prendre la meilleure décision.

Une première expertise avait été réalisé par le CHU de Liège en août 2011, concluant à un état de conscience « minimale plus », impliquant « la persistance d’une perception émotionnelle et l’existence de possibles réactions à son environnement ».

L’avocat représentant  l’Union nationale des associations de familles de traumatisés crâniens, qui fédère 53 associations locales, a souligné qu’environ 1700 personnes étaient en France dans un état comparable à celui de Vincent Lambert (en état végétatif chronique ou pauci-relationnel). Il a affirmé avec émotion que leurs familles sont angoissées dans l’attente du jugement du Conseil d’Etat, car elles considèrent que donner à manger est un soin élémentaire qui n’a rien d’artificiel. Dans les 91 établissements où ces patients sont pris en charge au quotidien, refuser d’alimenter et d’hydrater serait considéré comme une forme de maltraitance, un acte inhumain conduisant à une euthanasie interdite par la loi, comme l’explique un communiqué publié par cette association le 10 février dernier. Une autre association parallèle, qui regroupe des professionnels en charge de ces patients, France Traumatisme crânien, a pris des positions similaires.

Pour sa part, le docteur Xavier Mirabel, président d’Alliance VITA,  met en garde contre les dangereuses simplifications faites autour de la situation de Vincent Lambert.

Euthanasie, directives anticipées, sédation : synthèse et analyse de VITA sur ces questions

Euthanasie, directives anticipées, sédation : synthèse et analyse de VITA sur ces questions

Euthanasie, directives anticipées, sédation : synthèse et analyse de VITA sur ces questions

 

A l’occasion de l’examen le 13 février 2014 de la PPL n° 182 relative au choix libre et éclairé d’une assistance médicalisée pour une fin de vie digne, Alliance VITA souhaite apporter une analyse de ce texte.

Cette proposition de loi part du postulat que si la loi n° 2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie a répondu à beaucoup d’interrogations et a permis d’indéniables avancées, elle serait mal appliquée par les professionnels. De plus elle ne suffirait pas à répondre à de nombreuses situations et il conviendrait de légaliser l’euthanasie, y compris lorsque le pronostic de fin de vie des patients n’est pas prévu à brève échéance.

 

  • Le 5 février 2014, à l’occasion de la journée nationale de prévention du suicide, il a été rappelé que 27 personnes se donnent volontairement la mort chaque jour, faisant du suicide la 8ème cause de mortalité en France. La société tout entière est mobilisée contre le suicide et y consacre d’importants moyens financiers et humains. Légaliser le suicide assisté ou l’euthanasie sous une forme ou une autre, serait donc en complète contradiction avec les politiques que notre pays déploie depuis de longues années, au nom du respect de la dignité humaine et de la solidarité avec les personnes  très fragilisées.

Cela constituerait aussi un contre-sens majeur pour tous ceux qui se dévouent à longueur d’année au service des personnes tentées par le suicide, depuis les jeunes adolescents jusqu’aux personnes âgées.

  • En votant la loi fin de vie en 2005, la France a choisi d’écarter à la fois l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie, et de s’orienter vers la poursuite du développement des soins palliatifs. Rares sont les pays qui ont aujourd’hui légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté.

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A titre d’exemple, la Belgique connaît de multiples dérives, constatées tant par le Comité Consultatif  National d’Ethique (dans son avis n°121 du 1er juillet 2013 sur la fin de vie) que par de nombreux organismes privés :

  • euthanasies médiatisées qui correspondent en fait à des suicides assistés ;
  • persistance d’euthanasies clandestines : jusqu’à 42% en Wallonie, selon une étude de 2012 réalisée auprès de médecins belges) ;
  • inefficacité et manque d’impartialité de la Commission fédérale de contrôle : depuis 2002, aucune euthanasie n’a fait l’objet de contestation auprès de la justice ;
  • extension de l’euthanasie aux mineurs, sans limite d’âge : la loi sera vraisemblablement votée le 13 février 2014 à la Chambre.

 

De quoi parle-t-on ?

 

– L’acharnement thérapeutique consiste à administrer à un patient des traitements devenus inutiles ou disproportionnés.

– L’euthanasie consiste à provoquer intentionnellement la mort quel que soit le moyen utilisé: injection létale ou abstention délibérée de traitements indispensables à la vie. Pour le suicide assisté, l’intention est la même – provoquer la mort- mais c’est la personne elle-même qui accomplit le geste.

– Les soins palliatifs sont des soins actifs délivrés dans une approche globale de la personne atteinte d’une maladie grave, évolutive ou terminale, visant à soulager les douleurs physiques et les autres symptômes, mais aussi à prendre en compte la souffrance psychologique et sociale du patient et de ses proches.

Trop de Français croient encore que l’unique façon d’échapper à l’acharnement thérapeutique serait de pratiquer l’euthanasie.

Beaucoup ignorent la réalité des soins palliatifs qui permet d’éviter ces deux excès. Acharnement thérapeutique et euthanasie sont en effet des réponses qui, l’une et l’autre, portent atteinte au respect dû aux personnes malades ou en fin de vie.

Certains imaginent qu’on pourrait légaliser une euthanasie d’exception, « solidement encadrée ». C’est une illusion comme le révèle, avec quelques années de recul, ce qui se passe dans les rares pays étrangers qui l’ont mise en œuvre.

 

I – Les exemples étrangers montrent que la légalisation de l’euthanasie constitue une triple menace.

 

1)      L’euthanasie brise la confiance entre soignants et soignés

Légaliser l’euthanasie instille un climat d’insécurité et de méfiance entre les personnels de santé, ceux qu’ils soignent et leurs proches. Supprimer l’interdit de tuer, c’est porter profondément atteinte à notre système de santé fondé sur la relation de confiance entre soignants et soignés. Cette confiance permet, sans suspicion, d’administrer les soins antidouleurs, de limiter ou d’arrêter des traitements disproportionnés ou inutiles.

Elle permet d’engager sereinement l’accompagnement médical, social et psychologique adapté à chaque personne dépendante ou malade, jusqu’au terme naturel de sa vie. C’est ce qu’offrent les soins palliatifs.

 

2)      L’euthanasie pousse à l’exclusion des personnes les plus vulnérables

La légalisation de l’euthanasie a un impact social majeur, dépréciant l’image que les personnes fragiles et dépendantes ont d’elles-mêmes. Proposer l’euthanasie, en réponse à une grande souffrance physique ou psychique, incite les personnes malades à ne voir que la mort comme issue possible à leur épreuve. C’est oublier que les personnes en fin de vie peuvent être sujettes à un sentiment d’abandon lié à la défaillance de leur entourage ou à un état dépressif et que leur besoin prioritaire est l’accompagnement et l’attention. C’est dans ces moments que la solidarité sociale doit s’incarner.

La demande de mourir d’un malade, qui reste en réalité exceptionnelle, implique la société tout entière par la notion de dignité qu’elle renvoie : mourir dans la dignité signifie exactement le contraire de l’euthanasie et du suicide assisté. En provoquant la mort, la société cautionnerait l’idée qu’une personne a perdu sa dignité. Les autres patients dans le même état seraient-ils devenus indignes de vivre ?

 

3)      L’euthanasie n’est pas compatible avec le développement des soins palliatifs

 Notre société reconnaît le droit d’accéder aux soins palliatifs et de refuser l’acharnement thérapeutique (loi relative aux droits des malades de 2002 et loi relative à la fin de vie de 2005). Toute personne en fin de vie a donc le droit de bénéficier de soins « proportionnés ».

Les soins palliatifs permettent aujourd’hui de répondre à toutes les situations, y compris les plus douloureuses, et aux souffrances extrêmes des grands malades. Au contraire, l’euthanasie est une réponse brutale, en contradiction avec les immenses progrès accomplis pour améliorer la prise en charge de la fin de vie. La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) exprime clairement l’incompatibilité entre ces soins et la pratique de l’euthanasie.

Le Conseil de l’Europe appelle les pays européens à développer leurs structures de soins palliatifs et à réfléchir sur l’élargissement de ce concept aux maladies chroniques non mortelles, souhaitant faire des soins palliatifs « un pilier essentiel du droit des patients ».

Avec un budget de 230 millions €, le plan de développement des soins palliatifs 2008-2012 prévoyait un doublement du nombre de patients pris en charge (passer de 100 000 à 200 000 personnes), et le renforcement de la formation des soignants pour mieux diffuser la culture palliative dans notre pays.

 

II – Autres questions soulevées par cette proposition de loi

 

1)      Les directives anticipées

 

a. Définition des directives anticipées

 

Article L. 1111-11 du code de la santé publique. « Toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées pour le cas où elle serait un jour hors d’état d’exprimer sa volonté. Ces directives anticipées indiquent les souhaits de la personne relatifs à sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou l’arrêt de traitement. Elles sont révocables à tout moment. A condition qu’elles aient été établies moins de trois ans avant l’état d’inconscience de la personne, le médecin en tient compte pour toute décision d’investigation, d’intervention ou de traitement la concernant. »

 

b. Un très faible nombre de directives anticipées

 

Le rapport Sicard souligne que « les directives anticipées n’ont été rédigées que par un nombre infime de personnes en fin de vie » en se référant à l’étude de l’INED publiée en 2012 qui révèle que « seules 2,5% des personnes décédées en avaient rédigé ». Les raisons repérées par la mission Sicard sont diverses, allant du manque total de publicité à la volonté de certaines personnes de ne pas s’en saisir.

C’est ce que révèle une étude conduite à l’hôpital Cochin publiée en 2011 concernant des personnes âgées de plus de 75 ans : « 83% des personnes ne voulaient pas s’en saisir, 42% parce que c’était trop tôt, trop compliqué, ou déjà confié aux proches (en situation réelle leurs directives anticipées seraient différentes), 36% car ils percevaient les directives anticipées comme inutiles voire dangereuses, et 22% refusaient d’anticiper ou de parler de ce sujet. »

A noter que dans un certain nombre de cas, ces directives sont l’aboutissement d’une démarche militante qu’il convient d’interroger pour que ces dispositions ne s’inscrivent pas dans une rupture de confiance entre soignants et soignés mais, au contraire, soient un instrument pour renforcer cette confiance.

Le rapport relève : « En revanche, il semble évident que ces directives apparaissent comme essentielles quand, dans une famille, une personne est touchée par une maladie particulièrement grave et que l’entourage découvre alors la non prise en compte de ces directives. »

 

c. La complexité de l’établissement de directives anticipées

 

L’article L.1111-4 du code de la santé publique explicite le sens de la relation de soins : « Toute personne prend avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et des préconisations qu’il lui fournit, les décisions concernant sa santé ».

Le rapport Sicard décrit avec pertinence la complexité des directives anticipées, tout en cherchant à concilier le respect de la volonté des patients : « la question reste toujours plus complexe qu’elle ne le semble. Souvent, quelques malades souhaitent, à juste titre, au moment même de l’accident ou au cours d’une maladie grave, que leurs directives anticipées soient oubliées ou méconnues. En effet, des sursauts de volonté de vivre peuvent toujours se substituer à un renoncement anticipé.

De la même façon, les médecins souhaitent garder la liberté de leur jugement et il est vrai que dans certains cas rares, un traitement simple peut venir à bout rapidement d’une situation jugée particulièrement désespérée par le malade lui-même. »

Les auteurs du rapport aboutissent à cette conclusion : « Les directives anticipées ne résolvent donc pas la maitrise du choix, elles en sont un élément important et il semblerait nécessaire de leur conférer un pouvoir contraignant plus fort et facilement disponible. »

Dans cette perspective, ils préconisent la possibilité d’élaborer un document plus précis et plus contraignant dans certaines situations : « En cas de maladie grave diagnostiquée, ou en cas d’intervention chirurgicale pouvant comporter un risque majeur, un autre document de volontés concernant spécifiquement les traitements de fin de vie, devrait être proposé en sus du premier, notamment dans le cadre d’un dialogue avec l’équipe médicale et soignante. »

C’est cette capacité de dialogue qui pourrait être plus clairement instituée, alliant la mission des soignants (qui ne sont pas des simples prestataires de service mais dont la mission est orientée vers le soin et le soulagement des patients) et la capacité des personnes à maîtriser leur vie.

 

2)      La sédation

 

  1. a.      Définition de la sédation

 

La sédation consiste en « la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience, dans le but de diminuer ou de faire disparaître la perception d’une situation vécue comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et mis en oeuvre sans permettre d’obtenir le soulagement escompté par le patient ».

La sédation peut être appliquée de façon intermittente, transitoire ou continue.

Comme pour tout traitement, la loi actuelle précise que le consentement et/ou les directives anticipées du patient doivent être recherchés ou, s’il est hors d’état de s’exprimer, que la personne de confiance ou à défaut les proches doivent être consultés.

 

b. Des situations exceptionnelles

 

«Les situations dans lesquelles la question d’une sédation se pose sont exceptionnelles, singulières et complexes. Elles sont d’autant plus rares que l’évaluation et le traitement des symptômes ont été mis en place de façon rigoureuse et précoce. Dans la pratique, deux catégories de situation se distinguent:

– les situations à risque vital immédiat en phase terminale ;

– les symptômes réfractaires en phase terminale ou palliative.

 

Dans les situations à risque vital immédiat, la sédation a pour but de soulager la personne malade de la pénibilité et l’effroi générés par ces situations. En phase terminale, la sédation est alors un geste d’urgence pouvant influer sur le moment de la mort (précipiter ou retarder). Le médecin prescripteur assume la responsabilité de cette décision avec la part d’incertitude qu’elle comporte. Dans la mesure du possible, la prescription de la sédation doit être une prescription anticipée. » Recommandations de la Haute Autorité de Santé 2009.

 

c. Les questions éthiques spécifiques liées à la sédation en phase terminale

 

L’altération du processus cognitif

La question se pose de priver une personne de sa conscience et de toute communication, la rendant dépendante dans un état de grande vulnérabilité. C’est pourquoi ce soin de soulagement doit être réservé à des situations exceptionnelles, en suivant les recommandations émises en 2009 par la Haute Autorité de la Santé.

 

Le risque euthanasique

Dans l’article[1] «Questions éthiques associées à la pratique de la sédation en phase terminale», Jean-Claude Fondras et Suzanne Rameix analysent la frontière entre sédation et euthanasie.

« Comment juger si une sédation profonde, continue jusqu’au décès, est sédative ou euthanasique ? Les critères le plus souvent retenus pour la validité éthique d’une décision de sédation sont l’intention du prescripteur, le respect de l’autonomie du patient et le principe de proportionnalité. L’intention d’une personne étant partiellement inaccessible aux autres et, parfois, à la personne elle-même, la valeur morale de la décision est plus facilement mise en évidence par l’examen de l’action et de son contexte que par les explications avancées.

De fait, un traitement sédatif, titré, réversible est matériellement et objectivement discernable d’une injection volontairement létale : dans ce cas, nul besoin d’analyser les intentions puisque les données factuelles suffisent à différencier les actes.

Il n’en reste pas moins que, devant des effets secondaires problématiques (« abréger la vie » du patient ou porter atteinte à son autonomie), la détermination de la véritable intention —au sens de l’objectif fixé par le prescripteur— et de sa légitimité reste un point crucial. »

Les auteurs précisent que la sédation profonde et continue constitue une décision particulièrement lourde qui appelle à la réserver aux malades qui présentent un pronostic vital de courte durée, de quelques heures à quelques jours.

 

Nos préconisations

 

• Refuser la légalisation de l’euthanasie

L’interdit de tuer doit rester l’élément fondateur de notre pacte social : les dérives constatées à l’étranger sont de puissantes alertes pour que nous restions fermes sur ce principe essentiel.

 

• Appliquer pleinement la loi « fin de vie » de 2005

Cette loi clarifie en particulier le refus de l’acharnement thérapeutique, en visant davantage la recherche de la qualité de vie que la survie.

 

• Développer vraiment les soins palliatifs

Tel était l’engagement pris lors du vote de la loi du 22 avril 2005 relative à la fin de vie. En juin 2008, un plan national en faveur des soins palliatifs a été lancé pour la période 2008 – 2012. Il est urgent d’accroître les moyens et de la mettre en œuvre sur l’ensemble du territoire national.

 

Combattre la solitude et l’euthanasie sociale des personnes âgées par la solidarité intergénérationnelle.

L’épisode de la canicule en 2003 a éveillé l’opinion sur la solitude des personnes âgées et a permis de mettre en évidence que la dynamique du lien social, l’intégration dans la ville et le quartier, dans les réseaux sociaux, qu’ils soient familiaux ou amicaux, sont des composantes essentielles du bien vieillir et de la prévention de la perte d’autonomie.

 


[1] Elsevier Masson www.em-consulte.com
euthanasie sédation directives anticipées

[CP] Belgique, euthanasie des mineurs votée

Communiqué de presse : Paris, le 13 février 2014

Belgique – euthanasie des mineurs : Alliance VITA appelle à un profond sursaut éthique 

Pour Xavier Mirabel, président d’Alliance VITA : « La légalisation de l’euthanasie des mineurs, votée ce jour par les députés belges est la suite logique des dérives successives que nous avons observées depuis 2002, date de la première loi autorisant l’euthanasie. Pourtant, plus de 200 pédiatres belges se sont opposés, sans être entendus, à une loi qu’ils considèrent comme inutile et violente pour les enfants et leurs familles. L’euthanasie des enfants, fondée sur une articulation confuse entre leur consentement et celui de leurs parents, demeure un acte extrêmement choquant, un acte de démission et d’abandon. Comment une démocratie peut-elle à ce point perdre le sens de la dignité de toute vie ? A partir d’une loi soi-disant très encadrée pour des cas exceptionnels, on assiste à une interprétation de plus en plus large des conditions fixées. Les derniers cas médiatiques d’euthanasie sont la preuve de ces graves dérives : deux frères jumeaux sourds de 45 ans qui risquaient de devenir aveugles, une personne de 44 ans en dépression après une opération ratée de changement de sexe, une femme qui souffrait d’anorexie, etc. Demain, d’autres lois sont en attente, notamment pour légaliser l’euthanasie des personnes dites « démentes » (type maladie d’Alzheimer) ou limiter l’objection de conscience. »

Alliance VITA appelle à un profond sursaut éthique de l’opinion publique, en France et dans toute l’Europe, pour faire barrage à l’euthanasie et au suicide assisté. D’autant que ce même jour, en France, une proposition de loi de sénateurs du groupe écologiste vient d’être renvoyée à la commission des affaires sociales du Sénat : ce texte prône l’euthanasie non seulement pour des cas de fin de vie, mais également pour des personnes dont le pronostic vital à brève échéance n’est pas menacé.

La réponse à la souffrance d’une personne ne peut être de provoquer sa mort. Alliance VITA soutient la troisième voie choisie par la France : ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie, mais développement des soins palliatifs et soulagement de la douleur.

2 février 2014 : manifestations capitales !

Trois questions à Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA et porte-parole de la Manif pour tous
Comment se sont décidées les manifestations du 2 février 2014 ?
En étroite concertation au sein de la Manif pour tous, où VITA a toute sa place. Depuis le tout début de ce mouvement, nous sommes témoins et acteurs d’un élan populaire qui dépasse notre propre compréhension. En 2013, nous avons déjoué tous les pronostics en réussissant quatre énormes manifestations malgré l’apparente défaite législative. Je dis « apparente », parce que, en effet, la loi Taubira n’a pas satisfait ses promoteurs : nous sommes parvenus à en faire sortir la PMA avec « donneur de sperme » pour les femmes homosexuelles, qui prive l’enfant de toute référence paternelle.
L’annonce d’une nouvelle date de manifestation en 2014, sur ce point précis de la PMA, que des députés pensaient intégrer à la « Loi famille », était un pari risqué. En principe, les mouvements sociaux ne durent qu’une année scolaire. Et le pouvoir en place avait tout fait pour nous démobiliser, d’abord en nous ignorant, ensuite en nous provoquant par une répression disproportionnée. Monsieur Valls avait même annoncé par avance une « radicalisation » et des violences le 2 février…
 
Pourquoi un tel succès ?
D’abord parce que les manifestants ont répondu présents, dans une magnifique autodiscipline, c’est-à-dire sans céder à la tentation de la violence… Pour ma part, je pense que la ténacité paisible n’est pas seulement le seul mode d’action légitime, dans un contexte démocratique : c’est aussi le plus efficace, dans la durée. Même si le pouvoir semble parfois céder devant la violence.
Par ailleurs, nos manifestations sont arrivées dans le contexte d’une controverse très médiatisée sur l’idéologie du Genre à l’école : l’éducation nationale, prise la main dans le sac, en flagrant délit d’endoctrinement des élèves dont elle trouble les repères dans le dos des parents… De quoi les mobiliser !
 
Quelle est la portée des manifestations du dimanche 2 février 2014 ?
A court terme, le gouvernement a reculé. Peut-il perdre ses forces dans cette bataille idéologique quand l’emploi est le souci prioritaire pour l’immense majorité des Français ? Mais pour le moyen terme nous devons rester très vigilants car les idéologues qui influencent le pouvoir comme Caroline Fourest (et ses amies Femen) ne désarment pas. Je l’ai constaté en débattant avec elle sur la Chaîne parlementaire le 3 février ; de même face au porte-parole du PS David Assouline le même soir sur I-Télé. Les parlementaires les plus idéologues vont tout faire pour revenir par le biais d’amendements.
C’est à long terme que notre ténacité donnera ses fruits. Les journalistes sont stupéfaits : ils savent que personne d’autre que notre famille de pensée n’est capable de se mobiliser ainsi ; ils parlent d’une « troisième force » avec laquelle il faudra compter durablement. Comprendront-ils que l’altruisme est la source d’une extraordinaire énergie ? Elle anime les volontaires de nos équipes VITA et c’est dans cet esprit que des générations nouvelles se préparent aujourd’hui à s’engager. Pour bâtir une société respectant toute l’humanité, avec une priorité pour les plus fragiles. Autrement dit pour une écologie humaine.