L’Association médicale mondiale* (AMM) maintient son opposition ferme à l’euthanasie et au suicide assisté.
Les Pays-Bas et le Canada, rares pays à avoir légalisé l’euthanasie et le suicide assisté, ont fait un lobbying intense pour faire varier cette position. Pour faire face à cette pression, le comité exécutif du Conseil de l’AMM a procédé à plus d’un an de consultations sur les dilemmes éthiques relatifs à la fin de vie.
Les débats en réunions régionales (Asie, Europe, Amérique, Afrique) ont montré une large opposition à toute pratique euthanasique.
Alors que se tenait l’assemblée générale de l’AMM en Islande du 3 au 6 octobre 2018, ces pays ont finalement retiré leur proposition de motion très controversée.
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*L’AMM a été créée en 1947 : elle réunit 114 associations médicales nationales à travers le monde. Cette instance internationale a pour objectif de statuer sur les meilleures normes internationales relatives à l’enseignement médical, ainsi qu’à la science, aux pratiques et à l’éthique médicales. En France, l’Ordre des médecins en est membre.
Le 6 octobre 2018 a eu lieu, à Lille et à Lyon, la cinquième édition des Master Class d’Alliance VITA. Organisées par les équipes de jeunes d’Alliance VITA, les « VITA Jeunes », les Master Class sont des journées de formation sur les sujets bioéthiques destinées aux étudiants et jeunes professionnels.Les participants à ces deux Master Class avaient entre 18 et 28 ans et comptaient de nombreux étudiants dans le domaine de la santé.
Cette session 2018 portait sur les grands défis actuels autour de la procréation et de l’accompagnement en fin de vie. La journée a été rythmée par des interventions abordant les différents aspects techniques, juridiques et humanitaires de ces questions avec un panel d’intervenants experts.
Les participants ont notamment planché sur la question des droits de l’enfant et les conséquences de l’extension de l’assistance médicale à la procréation, pour des femmes seules ou des couples de femmes, qui impliquerait de priver les enfants de père.
Le Dr Xavier Mirabel à Lille, le Dr Olivier Trédan à Lyon, tous deux cancérologues, sont intervenus sur l’accompagnement en fin de vie, la réalité des soins palliatifs, et ont abordé les décisions médicales et leur complexité, éclairant les débats actuels autour de l’acharnement thérapeutique et de l’euthanasie.
Une réflexion a été également conduite sur le rôle de la médecine et son évolution actuelle, ainsi que sur les enjeux du transhumanisme et la réalité de nouvelles formes d’eugénisme.
Les participants ont enfin travaillé en ateliers sur la solidarité intergénérationnelle, en lien avec l’expérience récente du VITA Tour mené cet été par les VITA Jeunes, dans le but de sensibiliser les vacanciers à la solitude des personnes âgées.
La participation grandissante à ces Master Class traduit la soif des jeunes à s’approprier les enjeux bioéthiques qui concernent directement leur génération et leur avenir, et à se mobiliser de manière active pour la protection de la vie. Les prochaines Master Class Bioéthique auront lieu à Paris et Toulouse le 24 novembre 2018.
Ce vendredi 5 octobre, la Cour de cassation a rendu publique sa décision concernant la demande de transcription de la filiation américaine des époux Mennesson et de leurs enfants sur leur état civil français. (Arrêt n° 638 du 5 octobre 2018 (10-19.053) – Cour de cassation – Assemblée plénière)
Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA : « La tragi-comédie judiciaire autour de cette affaire a assez duré : depuis dix-huit ans, la France est prise en otage par les revendications victimaires de quelques adultes qui, ayant transgressé ses lois, veulent imposer la leur, une GPA qui instrumentalise la femme et impose à l’enfant une maternité éclatée et une filiation artificielle. Ce nouveau rebondissement a le mérite de nous mobiliser pour montrer au président de la République que, contrairement à ce qu’il avance, PMA et GPA relèvent d’une même culture qui fait de l’enfant un produit délibérément amputé de ses racines biologiques. »
En demandant un avis consultatif à la Cour Européenne des Droits de l’Homme, la Cour de Cassation refuse d’assumer son rôle en s’en remettant à une instance qui, par le passé, n’a pas fait preuve d’une grande détermination à préserver les droits de l’enfant.
Rappelons que le couple Mennesson a eu recours, en 2000 en Californie, non seulement à une mère porteuse, mais aussi à une femme donneuse d’ovocytes.
Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, était l’invité de Roselyne Bachelot dans son émission « L’Heure de Bachelot » le 1er octobre 2018, pour débattre de sujets bioéthiques, face à Caroline Mécary, avocate au Barreau de Paris, et Mathieu Alterman, journaliste-chroniqueur.
Quelques verbatim extraits de l’émission :
« Je suis venu en tant qu’acteur de terrain. Quand on accompagne des femmes enceintes en difficulté, on se trouve désormais stigmatisés comme n’ayant plus le droit à la parole. »
« Nous avons fait unsondage IFOP. Il faut poser les questions honnêtement : 93% des Français disent que le rôle du père est essentiel. »
« C’est en conscience que je dis que la parité originelle homme-femme dont nous sommes tous issus est essentielle. C’est un principe d’écologie humaine. »
« Dire que deux femmes peuvent concevoir un enfant est très idéologique. »
« 35% des familles monoparentales vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Notre société souffre énormément de l’absence de père. »
« Au lieu de s’intéresser à un sujet majeur, l’infertilité dans notre pays, qui augmente de manière croissante avec les perturbateurs endocriniens, des facteurs de comportement, l’âge des premières grossesses, on va répondre à quelques-unes en créant de toutes pièces des familles monoparentales dont on sait bien que c’est difficile. Créer de toutes pièces, pour un enfant, une famille sans père, cela n’est pas évident et pas forcément ce que souhaitent les Français. »
« Vous avez vuce Français qui a cherché son pèrependant 50 ans ? La question des origines est une question fondamentale. Est-ce légitime de couper complètement la personne de celui dont il a été engendré ? »
« La France est le pays de la personne. La non-marchandisation du corps est un principe de base. Les critères de contrôle des donneurs sont eugénistes. Il y a la question de « qui va contrôler ? » L’abandon du critère d’infertilité est majeur.«
« Jusqu’à présent, la loi a protégé les enfants. La loi est là pour canaliser les désirs et protéger les plus fragiles. »
Balance ton post“, face à Jacqueline Jencquel, sur le sujet du suicide assisté et de l’euthanasie.
Quelques verbatim issus de l’émission :
“J’aimerais convaincre Jacqueline que le 3e et le 4e âge peuvent être des âges de grande sagesse, de grande fécondité. J’ai accompagné mon père jusqu’à sa mort, à 85 ans, il était couché. Et dans les moments les plus difficiles de sa vie, c’est là que j’ai eu des relations avec lui absolument nouvelles, de tendresse, de présence.”
“Mon ami Philippe Pozzo di Borgo, qui est tétraplégique, dit que si on lui avait dit “Le suicide est possible”, il l’aurait demandé dans un temps de désespérance. Maintenant, il est très dépendant, et dans cette dépendance là il rend une utilité magnifique.“
“J’ai eu beaucoup d’appels de mes amis porteurs de handicap, parce que je me suis engagé depuis tout jeune auprès d’eux ; qui ont été très traumatisés par ce que vouas avez dit. Je sais que vous ne l’avez pas souhaité, mais ils ont été traumatisés parce que l’image que ça donnait c’est que leur vie ne valait pas la peine d’être vécue.”
“Même chose pour les personnes très dépendantes et âgées.il y a un enjeu, dans nos EHPAD, c’est d’accompagner les personnes, de les soulager de leurs souffrances, mais ne pas passer à l’acte. Car dans les pays où l’on passe à l’acte (Belgique, Hollande, Suisse également), il y a des personnes en bonne santé qui sont euthanasiées. Il y a eu récemment en Hollande un scandale avec des malades psychiques euthanasiés.”
“Le suicide est un drame très douloureux dans notre pays. On fait une prévention du suicide, et heureusement ; il touche toutes les personnes, et il y a un taux de suicide chez les personnes âgées important. C’est ça le risque : si on commence à dire qu’il y a des suicides qui sont “bons”, toutes les personnes qui traversent des crises suicidaires, qui sont en grande souffrance ou en difficulté, vont se dire “La société me dit “réussissez votre sortie”.”
“J’ai envie de dire à toute personne, qu’elle soit dépendante, désespérée : “Vous avez toute votre place parmi nous, dans la société”. C’est absolument majeur pour qu’on ne subisse pas la violence du suicide ; c’est très violent un suicide pour les proches.“
“Si vous dites, comme vous l’avez écrit, que quand vous perdez votre autonomie c’est la fin de la vie, c’est violent pour toutes les personnes dépendantes, pour les personnes âgées qui nous entendent.”
“Vous vous souvenez que Robert Badinter disait que [la loi] ça donne l’image d’une culture ; i y a un choix de société. Est-ce que les personnes les plus fatiguées, les plus malades, les plus dépendantes, on leur dit “vous avez le choix de faire cette sortie”, ou alors on leur dit ” Vous avez votre place parmi nous dans cette société” ? Elles sont influencées !”
“Vous savez, quand vous vous sentez inutile, ça veut dire que vous n’avez pas le regard de quelqu’un qui vous dit “Vous êtes utile” ! Ma vie a basculé à la rencontre d’enfants polyhandicapés. Beaucoup de gens pensent qu’ils ont des vies inutiles. Je dis non ! Leur fragilité, la nôtre, comptent énormément dans nos vies. Quand on commence à éradiquer la fragilité, on est tous menacés.”