Enjeux sanitaires et éthiques des affaires « Bonnemaison » et « Lambert »

Enjeux sanitaires et éthiques des affaires « Bonnemaison » et « Lambert »

NOTEEXPERT : Enjeux sanitaires et éthiques des affaires « Bonnemaison » et « Lambert »

 

Deux décisions de justice récentes mettent en lumière des enjeux éthiques majeurs pour notre pays.

Le 24 juin 2014, le Conseil d’Etat a considéré que le fait de nourrir et hydrater Vincent Lambert, lourdement handicapé et qui n’est pas en fin de vie, pouvait être considéré comme une obstination déraisonnable, et qu’il n’était donc pas illégal que son médecin mette fin à l’alimentation et l’hydratation considérées comme « artificielles ».

Le 25 juin 2014, le Dr Nicolas Bonnemaison a été acquitté par un jury d’assises, alors que l’avocat général avait demandé une peine de cinq ans de prison avec sursis. Ce médecin, accusé d’empoisonnement sur sept patients âgés en fin de vie, n’a pourtant pas respecté la loi Leonetti et a précipité vers la mort ces personnes, sans aucune concertation avec le personnel médical ou les familles.

Quels signes ces décisions donnent-elles à notre société, qui se trouve ainsi confrontée à des défis sans précédent sur la place des personnes les plus vulnérables ?

Progressivement, une partie de la société semble légitimer l’exclusion de personnes fragiles du fait de la maladie, du grand âge ou du handicap. Il parait essentiel de s’interroger sur cette forme de « confusion compassionnelle », qui provoque des attitudes ambiguës et des décisions dangereuses d’un point de vue éthique, sanitaire et sociétal :

  • Arrêter de nourrir et d’hydrater, dans le but de provoquer la mort d’une personne qui n’est pas en fin de vie et qui n’a pas besoin d’autres traitements, pourrait-il devenir légitime au motif que cette situation constituerait un « maintien artificiel de la vie » ?
  • Injecter un produit à dose mortelle à un patient pourrait-il ne plus être considéré comme une euthanasie, pour devenir une façon de soulager des souffrances exprimées ou supposées ?

Ces décisions remettent gravement en cause le premier des droits de l’homme, le droit à la vie, et l’interdit du meurtre qui constitue un principe fondateur de notre « vivre-ensemble ».

Pour que les personnes âgées arrivant en fin de vie et les personnes lourdement handicapées ne sortent pas de notre espace de solidarité nationale, les questions qui suivent deviennent donc urgentes à traiter. Elles nécessitent un vrai débat entre les acteurs de la santé, les familles, les associations concernées et les responsables politiques, en vue d’aboutir à des mesures significatives dans les mois à venir.

 

A – Les enjeux liés aux personnes âgées en fin de vie

1)  Comment la prise en charge médicale peut-elle être améliorée sur les lieux de vie et à l’hôpital ?

Le procès du Dr Bonnemaison a mis en évidence que des milliers de personnes âgées terminent leur vie dans les services d’urgence des hôpitaux[1], alors qu’ils ne sont pas les lieux adéquats pour une fin de vie paisible et entouré des siens. Face à une soudaine aggravation de l’état d’un pensionnaire, les EHPAD n’ont souvent d’autre solution que cet envoi aux urgences. Pourtant des solutions alternatives ont été identifiées et font largement consensus, comme la présence d’une infirmière de nuit dans les EHPAD (qui éviterait 18 000 hospitalisations par an), ou la formation aux soins palliatifs de base pour les multiples acteurs de santé concernés.

D’une façon générale, il faut revoir et optimiser toute la chaine de prise en charge médicale des personnes âgées jusqu’à leur fin de vie, depuis leur domicile, puis la maison de retraite ou les EHPAD, et jusqu‘aux urgences et aux services spécialisés des hôpitaux. Anticiper avec les personnes et leurs proches ce genre de décision est également une démarche à généraliser.

2)   Pourquoi le soulagement des douleurs est-il encore insuffisamment pris en compte ?

Nous entendons encore beaucoup trop de témoignages, dans les médias ou dans notre service d’écoute SOS Fin de vie, de personnes victimes d’une mauvaise prise en charge de leurs souffrances. Pourtant des progrès considérables ont été réalisés pour soulager les douleurs physiques. Pour que ces techniques médicales soient vraiment diffusées et utilisées partout, il faut identifier les obstacles actuels et y apporter les réponses adéquates : en particulier une meilleure formation du personnel médical et le déploiement plus précoce des soins palliatifs, sans attendre la fin de vie. Il s’agit d’un enjeu crucial, car la peur de souffrir est au cœur des tentations euthanasiques exprimées par l’opinion publique.

3)  Pourquoi n’y a-t-il plus de grand plan national de développement des soins palliatifs ?

Durant la période 2008-2012, un vaste plan national a été réalisé dans ce domaine, avec un budget de 230 millions d’euros. Quelques mois après son élection, le président de la République a exprimé son désir de poursuivre dans cette voie, au cours d’une visite symbolique à la Maison médicale Notre-Dame du Lac, le 17 juillet 2012 : « Je souhaite donc, et j’en prends l’engagement, que nous développions la diversité de l’offre de soins palliatifs. (…) Ce sera une réforme qui sera engagée dans les prochains mois. C’est un devoir, un devoir de solidarité entre générations [et] à l’égard des malades ». Pourtant, depuis cette date, aucun nouveau plan d’envergure n’a été déployé pour répondre aux attentes des patients, de leurs familles et des personnels soignants. Il existe pourtant une obligation légale de présenter tous les deux ans la politique suivie en matière de soins palliatifs (article 15 de la loi du 22 avril 2005). 

Comment amener les pouvoirs publics à définir et mettre en œuvre un plan ambitieux, qui devrait mobiliser un budget de l’ordre de 500 millions d’euros[2] pour les cinq prochaines années ?

4)   Comment assurer les bonnes pratiques de la sédation ?

La sédation consiste en « la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience, dans le but de diminuer ou de faire disparaître la perception d’une situation vécue comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être proposés et mis en œuvre sans permettre d’obtenir le soulagement escompté par le patient »[3].

Dans son principe, elle est réalisée de façon temporaire et réversible, même dans le cadre d’une « sédation en phase terminale » pour une personne en fin de vie : le but reste de soulager une souffrance, pas d’administrer la mort. Le procès du Dr Bonnemaison a mis en lumière un usage abusif de ce procédé, avec des protocoles mis en œuvre sans concertation de « sédation terminale » : dans ce cas, les doses administrées ne peuvent qu’entrainer la mort à brève échéance, et l’intention première n’est plus d’abord de soulager la douleur, mais de mettre fin à la vie. Ces distinctions sont essentielles à faire connaître et faire respecter, pour ne pas détruire la confiance entre soignants et soignés. Les patients doivent pouvoir aller aux urgences sans crainte d’une sédation terminale qui relève en réalité d’une pratique euthanasique.

5)  Un enjeu plus global : comment mieux lutter contre l’isolement et le suicide des personnes âgées ?

1 200 000 personnes âgées de plus de 75 ans sont en situation d’isolement relationnel, et ce phénomène ne fait que s’aggraver ces dernières années[4]. L’Observatoire national de la fin de vie souligne que « les situations d’isolement relationnel, mêlées ou non au sentiment de solitude, peuvent amplifier les facteurs déclenchants d’un état dépressif. Les raisons de la survenue d’une dépression chez les personnes âgées sont nombreuses, mais l’isolement relationnel joue un rôle important dans l’apparition et la progression de cette maladie. » La dépression concerne 15 à 20% des personnes âgées de plus de 65 ans et 40% des personnes âgées en institution. La dépression constitue le principal facteur de risque de suicide chez la personne âgée. Environ 3000 personnes âgées se suicident chaque année, ce qui représente près d’un tiers des suicides en France[5], et le taux de suicide le plus élevé se constate chez les plus de 85 ans.

Plusieurs mesures ont été mises en œuvre ces dernières années pour lutter contre cette situation inquiétante, dans le cadre d’un programme national d’actions[6] qui soulignait combien les personnes âgées ont besoin de toute la considération de la société. Mais il reste beaucoup à faire, et la prévention du suicide des personnes âgées devrait être renforcée dans le cadre d’un futur plan national à élaborer pour la période 2015-2020.

 

B – Les enjeux liés aux personnes lourdement handicapées

1)      Comment clarifier la notion de « maintien artificiel de la vie », critère essentiel dans la définition d’une obstination déraisonnable ?

Un aspect majeur de la loi Leonetti (codifié à l’article L.1110-5 du code de la santé publique) a été de définir l’acharnement thérapeutique, désormais appelé « obstination déraisonnable », sur la base de trois critères possibles : « Lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, [ces actes médicaux] peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris ». L’affaire Lambert a mis en lumière que le troisième critère, le maintien artificiel de la vie, se révèle trop ambigu et source de vrais dilemmes éthiques.

Le CCNE, dans son avis remis au Conseil d’Etat, souligne d’une part que « beaucoup de traitements, et notamment ceux qui sont les plus efficaces, n’ont pas d’autre objet (ou effet) que le maintien artificiel en vie. (…) Il en est ainsi, par exemple de l’insulinothérapie (…), d’une assistance ventilatoire (…) ou de la dyalise rénale ». D’autre part, il y a lieu à faire une différence entre arrêter une thérapeutique pour une personne en phase terminale d’une maladie incurable (« reconnaître l’impuissance de la médecine et laisser la personne mourir naturellement ») et la situation d’une personne qui n’est pas en fin de vie (pour qui « il ne s’agit pas de laisser la vie se finir mais bien de l’interrompre »). Ainsi, la création d’unité de soins dédiés aux personnes en état végétatif ou en état pauci-relationnel implique que la conduite de base à tenir, en l’absence de directives antérieures est « la poursuite des soins, de la nutrition et de l’hydratation artificielles, et de contacts humains au long cours, indépendamment de la probabilité extrêmement faible d’une amélioration de l’état de la personne ». Le CCNE en conclut : « le seul fait de devoir irréversiblement et sans espoir d’amélioration dépendre d’une assistance nutritionnelle pour vivre, ne caractérise pas à soi seul – soulignons, à soi seul – un maintien artificiel en vie et une obstination déraisonnable ».

Alimenter et hydrater par voie entérale ne saurait donc être apprécié de la même manière selon que le patient est ou non en fin de vie. Cette question du « maintien artificiel de la vie » doit donc être clarifiée en fonction de ce critère, ou d’autres à déterminer.

2)      Pourquoi des patients handicapés se trouvent-ils en unité de soins palliatifs au lieu d’être accueillis dans les unités spécialement conçues pour eux ?

La situation de Vincent Lambert a également révélé que des personnes gravement handicapées pouvaient rester durablement dans des services qui ne sont pas réellement adaptés à leur situation. L’Académie de Médecine, dans son avis du 22 avril 2014 pour le Conseil d’Etat, demande clairement s’il y a encore des patients de ce type dans des structures inadaptées, et « formule le souhait que soit effectivement achevé, sans retard, un authentique maillage du territoire » en établissements prévus par la circulaire du 3 mai 2002. L’UNAFTC (Union Nationale des Associations de Familles de Traumatisés crâniens et de Cérébro-lésés) le rappelle également dans ses derniers communiqués : «  les  personnes en état végétatif chronique ou pauci-relationnel ne sont pas en fin de vie. Ce sont des personnes handicapées en situation de dépendance extrême, privées des moyens conventionnels de communication. Elles requièrent une prise en charge au long cours par des unités spécialisées telles que décrites par la circulaire ministérielle du 3 mai 2002.»[7] Un travail de grande qualité vient d’être conduit par l’espace éthique de l’AP-HP, en lien avec le centre francilien des traumatisés crâniens, pour clarifier le parcours de soins de ces personnes jusqu’au terme de leur existence[8].

Pourtant depuis des années, Vincent Lambert se trouve non pas dans une unité spécialisée prévue par cette circulaire ministérielle, mais dans un service mixte qui relève également des soins palliatifs. Un service principalement dédié aux soins palliatifs n’a pas la même culture, les mêmes perspectives et les mêmes pratiques médicales qu’un centre chargé d’accueillir les patients en état pauci-relationnel (EPR – appelé également état de conscience minimale, ECM) ou en état végétatif chronique (EVC). Dans ces centres, comme le rappelle le CCNE, « les soins corporels et la kinésithérapie, tout comme la vigilance à l’égard de possibles voire fréquentes infections intercurrentes, sont particulièrement importants pour éviter le développement de différentes formes d’invalidité et une dégradation progressive du corps de la personne ». Or la dégradation de l’état de santé de Vincent Lambert, constatée par le collège d’experts et à la base de l’analyse du Conseil d’Etat, n’est-elle pas due en partie au fait que ces soins ne semblent plus lui être correctement prodigués depuis de nombreux mois ?

Les associations spécialisées dans ce domaine, en particulier l’UNAFTC et l’association des professionnels de santé (France Traumatisme crânien)[9], ont d’ailleurs exprimé leur vive inquiétude à l’annonce du jugement du Conseil d’Etat du 24 juin 2014. Environ 1 700 personnes sont prises en charge dans ces centres spécialisés : si les nourrir et les hydrater au quotidien devient une « obstination déraisonnable », cela pourrait-il aboutir à nier le sens de leur vie et leur appliquer la même décision qu’à Vincent Lambert ?

3)      Les directives anticipées et la personne de confiance doivent-ils faire l’objet d’une grande campagne d’information auprès des Français ?

Pour connaître ce que chaque personne souhaite pour sa fin de vie, au cas où il ne pourrait plus s’exprimer, la législation prévoit la possibilité de laisser des directives anticipées et de nommer une personne de confiance. Ces dispositions sont cependant mal connues et très peu utilisées. Un consensus semble aujourd’hui se créer pour généraliser ces outils, mais le dispositif doit sans doute être affiné avant d’être largement déployé.

Le rapport Sicard[10] décrit avec pertinence la complexité des directives anticipées : « la question reste toujours plus complexe qu’elle ne le semble. Souvent, quelques malades souhaitent, à juste titre, au moment même de l’accident ou au cours d’une maladie grave, que leurs directives anticipées soient oubliées ou méconnues. En effet, des sursauts de volonté de vivre peuvent toujours se substituer à un renoncement anticipé. De la même façon, les médecins souhaitent garder la liberté de leur jugement et il est vrai que dans certains cas rares, un traitement simple peut venir à bout rapidement d’une situation jugée particulièrement désespérée par le malade lui-même. »

Si le médecin doit impérieusement prendre en compte ces directives dans sa décision thérapeutique, cela ne le dispense pas de vérifier que la situation du patient correspond bien à ce qui était prévu[11]. Certes, une meilleure prise en compte des directives  peut contribuer à améliorer la confiance des patients avec les soignants, mais les décisions qui en découlent ne peuvent aller à l’encontre de la déontologie, des bonnes pratiques médicales et du respect de la conscience professionnelle du soignant. Il faut donc chercher à concilier un meilleur respect de la volonté des patients avec la nécessaire autonomie et responsabilité du médecin.

 


[1] Selon le rapport 2013 de l’Observatoire National de la Fin de Vie, plus de 13 000 personnes âgées sont décédées aux urgences.
[2] Ce budget estimé correspond au doublement en 5 ans des capacités d’accueil des différents dispositifs de soins palliatifs, complété par les « 10 propositions concrètes » qui concluent le rapport 2013 de l’Observatoire National de la Fin de Vie (comprenant notamment la mise en place d’une infirmière de nuit dans les EHPAD et de nombreuses actions de formation).
[3] Voir les  Recommandations de la Haute Autorité de Santé 2009, qui s’appuient sur les Recommandations de bonne pratique établies par la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs).
[4] Fondation de France 2013, cité par l’Observatoire National de la Fin de Vie, Rapport La société face au vieillissement, février 2014.
[7] Voir les communiqués de l’UNAFTC du 10 février et du 4 juin 2014.
[8] Etat végétatif chronique ou pauci relationnel : parcours de soin jusqu’au terme de l’existence. Sous la responsabilité d’Emmanuel Hirsch. Février 2014.
[9] Voir la note très pédagogique de France Traumatisme Crânien du 10 février 2014.
[11] « On ne peut pas mettre exactement sur le même plan un consentement contemporain de l’acte médical et un consentement anticipé, ne serait-ce que parce que la situation objective peut ne pas correspondre à ce qui était initialement envisagé et que la dynamique de l’échange est rompu. » Jacques Ricot, Ethique du soin ultime, 2010.
enjeux sanitaires et éthiques des affaires « bonnemaison » et « lambert »

En savoir plus sur l’Affaire Vincent Lambert et l’Affaire Bonnemaison.

Appel sur le jugement Bonnemaison

Prenant en compte l’ensemble des éléments de cette affaire, la procureure générale près la cour d’appel a estimé nécessaire de relever appel de la décision » de la cour d’assises, a indiqué dans un communiqué le parquet général.

Le Dr Bonnemaison était accusé d’empoisonnement sur sept patients en fin de vie, et risquait en théorie une peine pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité. A l’issue d’un procès très médiatisé, l’avocat général avait requis cinq ans de prison avec sursis, en mettant en avant la « sincérité » de l’urgentiste et sa volonté de « soulager les souffrances ».

En août 2011, au moment de l’arrestation du docteur, il avait pourtant affirmé : « Il s’agit d’actes d’une extrême gravité et totalement prohibés par la loi ». A la surprise générale, le jury avait finalement acquitté totalement le Dr Bonnemaison, avec une interprétation surprenante des faits et en niant l’intention homicide du praticien.

Le jugement énonce notamment : « S’il apparaît que Monsieur Bonnemaison a procédé lui-même à ces injections, qu’il n’en a pas informé l’équipe soignante, qu’il n’a pas renseigné le dossier médical des patients, et qu’il n’en a pas informé les familles à chaque fois, pour autant, il n’est pas démontré qu’en procédant à ces injections, il avait l’intention de donner la mort aux patients au sens de l’article 221-5 du code pénal. »

Ce jugement a été fortement critiqué par un grand nombre de médecins et de juristes ces derniers jours, car il ouvre une brèche très préoccupante sur la possibilité d’euthanasier des personnes en fin de vie. Il laisse entendre que les médecins pourraient désormais mettre fin à la vie de patients qui leur sont confiés, en dehors de tout cadre légal, et sur leur seule appréciation du degré de souffrance de ces personnes.  Avec beaucoup d’autres organismes et personnalités,

Alliance VITA  avait demandé qu’il soit fait appel de cette décision, incohérente avec notre droit et dangereuse pour la confiance qui doit exister entre soignants et soignés dans notre système de santé. La décision du parquet général de Pau est donc pour Alliance VITA un soulagement, avec l’espoir d’un examen plus objectif et plus serein des faits, loin des passions locales.

[CP] Appel de l’acquittement du Dr Bonnemaison

Alliance VITA avait réagi à l’acquittement du docteur Bonnemaison par la cour d’assises de Pau, le 25 juin 2014, en dénonçant un verdict lourd de conséquences pour la confiance entre soignants et soignés à l’hôpital.

L’association avait aussitôt demandé qu’il soit fait appel de ce jugement pour qu’une autre cour d’assises puisse décider d’une peine, au moins symbolique, et montrer ainsi que la vie des personnes âgées fragiles doit être respectée par ceux qui les soignent.

C’est pourquoi Alliance VITA salue la décision du parquet général de Pau de faire appel de l’acquittement du Dr Bonnemaison et exprime son soulagement. Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, auteur de La Bataille de l’euthanasie : « C’est un vrai soulagement pour les nombreuses personnes que l’acquittement du docteur Bonnemaison a pu faire douter de notre système de santé.

On peut reconnaître la fragilité psychologique d’un médecin sans pour autant fermer les yeux sur ses passages à l’acte solitaires précipitant la mort de 7 patients. Déjà en 2008, Lydie Debaine, qui avait mis fin aux jours de sa fille polyhandicapée dans un acte de désespoir, avait été acquittée par une première cour d’assises sous les applaudissements. Puis elle a été condamnée à une peine symbolique dans une seconde, après que des associations et personnalités du monde du handicap avaient exprimé leur stupeur et obtenu l’appel du parquet.

Une peine de prison avec sursis serait un minimum vital pour aider Nicolas Bonnemaison à comprendre qu’il a gravement dérapé et surtout rassurer tous ceux qui ont l’impression que la digue de l’interdit de tuer s’est effondrée. Je pense aux personnes âgées fragiles : elles ont reçu cet acquittement comme le signe que leur vie n’a plus de prix aux yeux de la société ; je pense également aux soignants, médecins ou infirmiers, qui peuvent être tentés par des passages à l’acte, dans des moments d’épuisement ou des accès de toute-puissance liés à la difficulté de leur métier.

Nous espérons que la tenue du nouveau procès, à plus grande distance géographique de la ville de Bayonne, permettra un examen plus serein de ce qui s’est réellement passé. Au lieu de devenir une tribune orchestrée par les promoteurs de l’euthanasie, ce procès doit prendre en compte la vulnérabilité des personnes âgées malades. Il faut enfin espérer que le nouvel avocat général ne se laissera pas piéger, comme celui de Pau, par la confusion compassionnelle qui pousse à dédouaner le prévenu en négligeant les véritables victimes ».

Alliance VITA anime depuis 2004 le site d’écoute et d’aide SOS Fin de vie. L’association a réalisé une scénographie spectaculaire sur le Parvis des Droits de l’Homme du Trocadéro le mardi 24 juin 2014, veille du verdict, réunissant autour de témoins des centaines de Pierrots portant des slogans : « Non à l’euthanasie des ‘vieux’ ; l’urgence est à la solidarité ».

Euthanasie : Mobilisation des 600 Pierrots au Trocadéro

Euthanasie : Mobilisation des 600 Pierrots au Trocadéro

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Par une scénographie spectaculaire, Alliance VITA a lancé un appel d’urgence à la solidarité contre la tentation de l’euthanasie au Trocadéro le mardi 24 juin 2014.

Dès le matin, dans les rues de Paris, les Pierrots ont pris place parmi les passants portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des messages tels que : 3000 personnes âgées se suicident chaque année en France ou 20% des personnes de + de 75% souffrent de solitude, accompagnés du slogan : Urgence Solidarité !

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C’est enfin vers midi que des centaines de Pierrot ont pris la pause au pied de la “Vieille Dame”, sur l’esplanade du Trocadéro pour exprimer dans une scénographie musicale leur “Non à l’euthanasie des “vieux”” et lancer un appel à la solidarité vis à vis des personnes âgées fragiles et dépendantes #Urgencesolidarité

Dans les médias :

Au cours de cette manifestation, les médias étaient invités à une conférence de presse au milieu de ces centaines de Pierrot, avec une dizaine de personnes, experts, témoins ou proches de personnes âgées, malades ou dépendantes qui on pris la parole successivement pour livrer leur témoignage.

Extrait : C’est un message d’avertissement teinté d’une nuance de menace : « Si le gouvernement laisse entendre que l’équilibre de la loi Leonetti, qui refuse l’acharnement thérapeutique mais aussi l’euthanasie, pourrait être perturbé, nous organiserons de vastes mobilisations »,  dit Tugdual Derville.

Extrait : La sédation terminale constitue néanmoins un premier pas coupable pour les partisans anti-euthanasie, comme l’association Alliance Vita, qui organisait aujourd’hui un happening à Paris contre tout changement de législation. Le premier d’une longue série?

Extrait : « Quel message allons nous adresser si on décide qu’il faut que la vie de Vincent Lambert soit arrêtée délibérément par une équipe médicale ? », s’est demandé Tugdual Derville, délégué général de l’association.

(Alliance VITA en bas de page)

Extrait : «Nous ne pouvons pas laisser croire qu’il y aurait des vies indignes d’être vécues ou respectées, des patients dont il faudrait cesser de prendre soin. La décision d’entamer un protocole de mort constitue bien l’euthanasie d’une personne qui n’est pas en fin de vie, une entorse à l’interdit de tuer, fondateur du vivre ensemble et de la confiance entre soignants et soignés

Extrait : Marie Suzanne a 94 ans, elle a écrit quelques lignes à l’intention des personnes présentes sur cet esplanade des Droits de l’Homme. Fébrilement, elle offre son témoignage au micro : “J’aime la vie et je m’intéresse à tout ce qui se passe autour de moi.” “Je m’inquiète, poursuit Marie Suzanne, où va-t-on aller maintenant ? Je ne suis pas pour l’acharnement thérapeutique, il faut laisser la mort venir. Mon grand âge est une nouvelle vie.(…)”

Dépêche AFP du jour, racontant la scénographie

Extrait : France TV Info revient sur les motivations de cette mobilisation scénographiée, Non à l’euthanasie, l’Urgence est à la solidarité, faisant mémoire des deux affaires en cours : Vincent Lambert et le Docteur Bonnemaison

Reprise de la vidéo AFP

Extrait : “C’est une imposture médicale. Vincent Lambert ne reçoit pas les soins qui lui sont dus”, s’est indigné le professeur Xavier Ducrocq, conseiller médical des parents Lambert, qui souhaitent que le traitement de leur fils continue alors que la femme de Vincent Lambert et la majorité de ses frères et sœurs y sont opposés.

Extrait : « Ces pierrots sont en mal d’amour. C’est tout le symbole de l’urgence d’une politique de solidarité vis-à-vis des personnes les plus fragiles », a déclaré Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA (…).

« Nous demandons un plan de développement des soins palliatifs. Il faudrait 500 millions d’euros », a déclaré Tugdual Derville. « Il est légitime d’anesthésier une personne qui souffre trop », a-t-il concédé. « Mais il faut vérifier que les soins anti-douleur ont été bien administrés ».

Dépêche AFP du jour, racontant la scénographie

Reprise de la vidéo AFP

Reprise de la vidéo AFP

Urgence solidarité envers les personnes âgées

Tugdual Derville, Délégué général d’Alliance VITA, était l’invité de Jean-Marc Morandini sur Europe 1, le 24 juin 2014 de 10h à 10h30, pour débattre sur les sujets de l’euthanasie, du suicide assisté et la prise en charge des personnes âgées. Il répondait aux questions des auditeurs.

ECOUTER L’EMISSION

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EXTRAITS DE L’EMISSION

Tugdual Derville : « Autoriser l’euthanasie c’est autoriser le droit de tuer(…). Je suis frappé par des situations inadéquates de patients en fin de vie qui n’ont pas accès aux soins anti-douleur. Les professionnels de santé ne sont pas assez formés dans la lutte contre la douleur (…)

Daniel, un auditeur, directeur d’EHPAD :  « Il ne faut pas légiférer sinon on va casser la relation entre la famille, la personne et le monde médical ».