Leonetti – Claeys : Alliance VITA auditionnée par la mission fin de vie

Alliance VITA est auditionnée ce mercredi 24 septembre par les députés Jean Leonetti et Alain Claeys, en charge d’une mission sur la loi fin de vie.

Le 20 juin dernier, le Gouvernement a confié à deux parlementaires, Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (PS), une mission sur la fin de vie en France, dans le but de trouver des pistes consensuelles sur une éventuelle évolution de la loi fin de vie de 2005.
Selon le Gouvernement, cette réflexion doit proposer des aménagements en vue d’un texte de loi relatif à l’accompagnement des personnes en fin de vie qui réponde à un triple objectif :
–          “assurer le développement de la médecine palliative,
–          mieux organiser le recueil et la prise en compte des directives anticipées,
–          définir les conditions et les circonstances précises dans lesquelles l’apaisement des souffrances peut conduire à abréger la vie dans le respect de l’autonomie de la personne”.
(Source Communiqué de presse du Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des droits des femmes)
Dans le prolongement de son audition dans le cadre de la mission Sicard à l’automne 2012, Alliance VITA interviendra  auprès des deux parlementaires.  Régulièrement consultée sur les questions liées à la fin de vie et la grande dépendance,  Alliance VITA a développé une expertise particulière avec son service d’accompagnement et d’écoute SOS Fin de vie et son réseau d’experts médicaux.

L’UNICEF alerte sur la tentation du suicide chez les adolescents

L’UNICEF alerte sur la tentation du suicide chez les adolescents

L’Unicef publie ce mardi 23 septembre une étude nationale sur la souffrance psychologique des enfants et adolescents français entre 6 et 18 ans.

S’appuyant sur des critères sociodémographiques, comme le type de famille, le niveau de vie et la sécurité du quartier, l’étude révèle que plus d’un jeune sur trois est en état de « souffrance psychologique », soit 36,6%.

Les difficultés à se conformer à des standards de consommation, la difficulté à être protégé et reconnu dans les relations familiales, et l’épreuve de la discrimination et du harcèlement, tendent à dessiner une convergence dans les effets, faisant ressortir que :

– Les filles sont globalement plus touchées que les garçons par la souffrance psychologique : 42,2% contre 28,8%.

– Les 15-18 ans sont plus fragiles face à ces difficultés.

– Les enfants et adolescents vivant en famille monoparentale (42,1%) ou en famille recomposée (40%) souffrent plus que ceux qui vivent avec leurs deux parents.

Si la souffrance psychologique s’explique par un effet cumulatif des difficultés, les tensions familiales semblent avoir un effet explicatif significatif.

Ce constat est assez frappant sur le sujet de la tentation du suicide. 31,5% des jeunes consultés affirment avoir déjà pensé au suicide et 11% qui avoir déjà tenté de se suicider.

Parmi les facteurs de passage à l’acte dans une tentative de suicide, l’UNICEF relève que si le fait d’être en tension avec son père renforce 1,7 fois plus le risque d’idées suicidaires, c’est le sentiment de ne pas pouvoir compter sur sa mère (sentiment de protection) et pour sa mère (sentiment de reconnaissance) qui tend à augmenter de 1,91 fois plus le passage à l’acte, avec le harcèlement sur les réseaux sociaux (3,17 fois plus) et l’insécurité à l’école 1,86 fois plus). Là encore, les filles sont plus nombreuses que les garçons à déclarer penser au suicide (34,1% contre 19,5%) et avoir fait une tentative de suicide (12,7% contre 8%).

Ces données mettent en exergue l’impact du contexte social et familial dans les moments clés du développement de l’enfant et de l’adolescent. Elles soulignent également les inégalités existantes entre les enfants, avec des fragilités et des souffrances psychologiques qui peuvent être accentuées par un contexte de tension familiale.

Enfin cette étude permet de tirer une sonnette d’alarme : il est urgent pour la France de travailler à favoriser un équilibre social et familial qui soutienne et accompagne le bon développement de l’enfant et des adolescents, dans un contexte économique difficile (chômage, faibles revenus, …) où les parents sont eux aussi éprouvés et parfois en perte de repères.

[CP] PMA adoption : VITA dénonce l’injustice faite aux enfants

Tugdual Derville, Délégué général d’Alliance VITA, réagit à l’arrêt de la Cour de cassation qui légitime l’adoption plénière d’enfants par l’épouse d’une femme l’ayant obtenu à l’étranger par procréation artificielle avec donneur anonyme (PMA).

« Cette décision est dans la logique de ce que nous avions expliqué à propos de la loi Taubira : les premiers enfants adoptés en vertu de cette loi ont été conçus artificiellement à l’étranger et ainsi délibérément privés de père.

Le gouvernement français a renoncé à protéger les enfants de ce mode de procréation qui les ampute de la moitié de leur patrimoine généalogique, qui les déracine d’une partie de leur culture d’origine et qui les force à entrer dans un dispositif familial privé de l’altérité homme-femme à la source de tout engendrement.

Une démocratie qui s’avoue incapable de protéger ses membres les plus faibles, les enfants, de ceux qui transgressent ouvertement ses propres lois perd à la fois sa crédibilité et son âme. Comment la Cour de cassation ose-t-elle invoquer l’intérêt supérieur de l’enfant pour justifier l’adoption, alors que cet intérêt a été piétiné ouvertement par la PMA hors frontières ?

Derrière cette décision se profilent des conséquences en cascade très douloureuses pour de nombreux enfants :

  • Désormais, être un enfant adopté sera synonyme, en des proportions croissantes, d’une privation de père ; c’est une grave discrimination.
  • La décision de la Cour de cassation incitera d’autres femmes françaises à déjouer les principes éthiques de non marchandisation du corps et d’altérité sexuelle qui encadrent la PMA en France.
  • Inévitablement, cet arrêt va conduire à de nouvelles revendications vers la GPA pour deux hommes, au nom de la non-discrimination entre les hommes et les femmes.
  • Plus largement, c’est une dérégulation du marché de la production artificielle d’enfants qui se profile, selon des exigences d’adultes impossibles à canaliser.

En pliant devant le marché émergeant de la procréation, la France renonce à ses valeurs éthiques et se trompe sur ce que signifie véritablement l’intérêt de l’enfant. C’est pourquoi nous appelons tous ceux qui désirent protéger les enfants contre ces injustices à se mobiliser le 5 octobre prochain à Paris et Bordeaux.

Il faut enfin souligner qu’il ne s’agit pas d’un débat où devraient s’affronter les personnes concernées par l’homosexualité et celles qui ne le sont pas : il s’agit de protéger ensemble l’intérêt de l’enfant comme osent le faire les personnes homosexuelles qui contestent publiquement la pratique de la PMA ou de la GPA par deux personnes de même sexe. »

Titouan : Une ligne de crête délicate entre l’euthanasie et l’acharnement thérapeutique

Titouan : Une ligne de crête délicate entre l’euthanasie et l’acharnement thérapeutique

Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, invité de Wendy Bouchard sur Europe 1 midi, vendredi 19 septembre, réagit sur le traitement de la situation de Titouan, grand prématuré de Poitiers et pose la question de l’accueil du handicap.

Extraits des propos de Tugdual Derville :

“Comme chacun de nous, je suis rempli d’émotion devant la détresse de ces parents face à cet enfant né trop tôt et victime de graves séquelles, d’une hémorragie cérébrale. J’ai entendu ce matin qu’il était décédé, avec un état qui s’est dégradé, selon les médecins. Je voudrais rendre hommage à l’amour de ses parents, à ce petit bout ’chou qui est un petit frère humain qui est passé quelques semaines parmi nous, et aussi aux soignants qui font un travail très difficile en néonatologie.

Nous sommes devant une ligne de crête très difficile : on n’a pas le droit de tuer, mais on ne doit pas s’acharner non plus, ce n’est pas « la vie à tout prix ».

Il est très difficile de savoir à partir de quand s’arrêter (…). Mais ce qui me préoccupe, c’est si on commence à dire d’une personne par exemple hémiplégique ou lourdement handicapée, « il vaut mieux qu’elle ne vive pas ». Le handicap est une catastrophe, mais les personnes handicapées méritent notre accueil dans tous les cas.

On comprend les parents, ils ont été dans la sidération, dans la souffrance, dans la colère devant ce drame. Ils disent ne pas avoir été entendus, mais je ne suis pas dans le dossier médical. Sur un cas aussi douloureux, on ne peut pas avoir de position personnelle, sans savoir ce qui s’est réellement passé.

Nous méconnaissons la qualité de la prise en charge par les équipes soignantes des tout-petits handicapés ou porteurs d’anomalies, ou très prématurés. Les parents n’ont pas droit de vie et mort sur leur enfant, c’est trop lourd. Par ailleurs, ils n’ont pas l’expertise nécessaire pour évaluer les séquelles possibles. Il faut un dialogue avec l’équipe médicale et un soutien de toute la société.

Personne ne souhaite un enfant handicapé, mais attention à ne pas créer une désespérance par rapport aux personnes handicapées, elles ont leur place parmi nous.

Comme fondateur de l’association « A bras ouverts », j’ai beaucoup appris et reçu de jeunes handicapés… Autour des personnes handicapées, la solidarité de la société est nécessaire, c’est un enjeu de civilisation majeur.

Un détenu belge va être euthanasié

Un homme de 50 ans, détenu en prison depuis près de 30 ans, a demandé et obtenu d’être euthanasié prochainement dans un hôpital belge, faute d’accéder à des soins psychiatriques.

Frank Van Den Bleeken est détenu pour le viol et le meurtre d’une jeune fille. Depuis trois ans, il demandait soit d’être transféré  vers un établissement néerlandais spécialisé pour détenus psychiatriques, soit d’être euthanasié en invoquant des « souffrances psychiques insupportables », un critère reconnu par la loi belge. La cour d’appel de Bruxelles a jugé que la ministre de la Justice n’était pas compétente pour décider d’un éventuel transfert aux Pays-Bas et a refusé cette option. Le détenu a alors attaqué en justice la ministre pour obtenir d’être euthanasié. Le 15 septembre, un accord a été trouvé entre le ministère de la Justice et l’avocat du détenu, pour que ce dernier soit transféré dans un hôpital pendant 48h afin d’y être euthanasié.

Les réactions d’indignation et de gêne se sont multipliées après cette annonce, dans les milieux judiciaires et politiques comme dans la société civile. Pour Carine Brochier, directrice de l’Institut Européen de Bioéthique (IEB), « l’euthanasie pour des cas psychiques est de plus en plus acceptée en Belgique. La dépression, le manque de sens à la vie, la solitude poussent des gens à demander à mourir(…). C’est avant tout un immense échec de la psychiatrie belge. C’est une peine de mort inversée ».

Un premier cas d’euthanasie en prison a eu lieu en 2012, concernant un homme condamné à une lourde peine et très malade. Dans le prolongement de cette affaire, une quinzaine de détenus auraient déjà fait une demande similaire. L’euthanasie dans le but de mettre fin à une détention en prison représente ainsi une nouvelle extension du champ d’application de la législation belge, après le vote d’une loi début 2014 autorisant l’euthanasie des mineurs sans limite d’âge.

Le dernier rapport de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie en Belgique, publié à la fin du mois d’août dernier, fait état d’une augmentation continue du nombre  d’euthanasies réalisées dans ce pays. 1807 déclarations ont été comptabilisées en Belgique en 2013, en hausse de 26% par rapport à l’année précédente. Ce nombre officiel augmente fortement chaque année depuis le vote de la loi en 2002 (500 en 2007, 953 en 2010), et il ne tient pas compte des euthanasies clandestines qui restent nombreuses (estimées à 42% en Wallonie et 27% en Flandre, d’après une étude universitaire).

Un livre au titre provocateur, écrit par un médecin belge, est par ailleurs sorti la semaine dernière : Médecin catholique, pourquoi je pratique l’euthanasie. Sa médiatisation importante montre à quel point les notions d’ « autonomie individuelle » et de « compassion » semblent dominer désormais en Belgique, aboutissant à des dérives de plus en plus fortes au détriment de personnes fragiles.

Pour une analyse plus complète de la situation, lire notre Décodeur « L’euthanasie en Belgique ».