Belgique : GPA en discussion au Sénat

Suite au dépôt de trois propositions de loi sur la gestation pour autrui (GPA), le Sénat belge a commencé à procéder ces dernières semaines à l’examen des possibilités d’encadrer juridiquement cette pratique.

Actuellement, aucune loi n’autorise ni n’interdit la pratique de la GPA en Belgique, sa pratique est tolérée. Dans les faits, quatre hôpitaux la proposent, avec des conditions plus ou moins restrictives : le Centre Hospitalier Régional de la Citadelle à Liège, les hôpitaux universitaires de Gand et d’Anvers et l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles. Cela concerne une dizaine de naissances par an. Sur ces dix naissances, on estime que 4 ou 5 des enfants sont destinés à des couples français.

Les trois propositions de loi, déposées par les deux députés socialistes Karin Jiroflée et Maya Detiège, posent les conditions d’encadrement de la pratique de la GPA, appelée « maternité de substitution ». Le premier texte, déposé en octobre 2014, porte sur l’organisation des « centres de maternité de substitution ». Il propose d’ouvrir la maternité de substitution à tous les couples, mariés ou non, « quel que soit le sexe des partenaires ». Le texte distingue deux types de maternités de substitution :

  • La maternité de substitution dite de « basse technologie » : la mère porteuse est inséminée avec le sperme du père demandeur. Elle fournit l’ovule ; elle est la mère biologique de l’enfant et le cède à la naissance aux parents demandeurs.
  • La maternité de substitution dite de « haute technologie » : on implante dans l’utérus de la mère porteuse un embryon obtenu par fécondation in vitro (FIV), dont les deux gamètes proviennent de la mère et du père demandeurs.

Le texte de Mesdames Jiroflée et Detiège propose en annexe un « projet de convention-type de maternité de substitution » entre la mère porteuse, son partenaire et les parents demandeurs. Cette convention impose à la mère porteuse et à ses proches un suivi médical et psychologique avant, pendant et après la grossesse, ainsi que l’utilisation de moyens de contraception dans ses rapports sexuels. Les informations obtenues par les examens médicaux doivent être transmises aux parents demandeurs. La convention interdit également à la mère porteuse de pratiquer certains sports à risque, de fumer, de consommer de l’alcool ou des drogues, et de quitter le territoire belge sans l’accord des parents demandeurs.

Les deux autres propositions de lois prévoient une pénalisation des maternités de substitution à « finalité commerciale ».

Plus de 75% des experts sélectionnés par les partis pour les auditions par la Commission des Affaires institutionnelles au Sénat se positionnent pour une loi qui encadrerait la GPA. Après l’audition et un temps de débats, les sénateurs rédigeront un rapport d’information proposant différentes pistes. Ce rapport servira de base pour que la Chambre des représentants se saisisse de la question.

L’opinion belge est peu informée sur le sujet. La presse semble choisir de publier des articles défendant l’encadrement de la GPA, avec quelques exceptions sous forme de pour ou contre. Des voix s’élèvent contre la marchandisation du corps de la femme et pour préserver les droits de l’enfant pour lequel la séparation brutale  avec la mère porteuse à la naissance n’est pas anodine.

Rappel : Alliance VITA est membre de l’Union Internationale pour l’Abolition de la Gestation pour Autrui, qui a lancé la pétition internationale No Maternity Traffic,  pour l’interdiction effective de toute forme de GPA.

Université de la Vie, soirée du 9 Mars 2015

La 10ème édition de l’Université de la Vie a débuté par une première soirée de formation, lundi dernier à Paris, retransmise en direct dans une centaine de villes en France et à l’étranger. Le thème de cette année « Le Corps, de la vie à la mort », présenté par Tugdual Derville, a été abordé durant cette première soirée sous l’angle du début de vie et du corps en gestation.
Ce thème a permis de réfléchir sur ce corps avec lequel nous devons nous réconcilier pour une « libération authentique », comme l’a expliqué François-Xavier Bellamy.
Le professeur Sapin et le docteur Bayle ont apporté leurs éclairages sur le rapport mère-enfant durant la grossesse, son impact sur la morphogenèse et aussi dans la psychologie maternelle et périnatale.
Le témoignage sur l’expérience d’écoute des femmes en difficulté, par Valérie Boulanger, a mis l’accent sur ce moment particulier qu’est la grossesse pour la femme.
Caroline Roux a ensuite prolongé le thème en présentant les problèmes éthiques soulevés par la gestation pour autrui dont la logique pourrait mener, dans une vision futuriste de la technique, à l’utérus artificiel.
La prochaine soirée de formation, lundi 16 mars prochain, portera sur le thème “Corps fragiles, corps maîtrisés”.

Décodeur n° 42 – La proposition de loi Fin de vie discutée à l’Assemblée nationale

Décodeur n° 42 – La proposition de loi Fin de vie discutée à l’Assemblée nationale

Le décryptage d’Alliance VITA sur l’actualité législative – La proposition de loi Fin de vie discutée à l’Assemblée nationale

 

L’EVENEMENT : La proposition de loi Fin de vie discutée à l’Assemblée nationale

 

Mardi 10 et mercredi 11 mars 2015, l’Assemblée nationale a examiné et voté les 11 articles de la proposition de loi « créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie ». Le vote solennel sur l’ensemble du texte aura lieu mardi 17 mars.

Rappel : les deux députés rapporteurs, Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (UMP), avaient élaboré ce texte à la demande du président de la République. Après près de deux années de consultations diverses, l’objectif était de donner un contenu concret à l’engagement n°21 de sa campagne présidentielle, exprimé en janvier 2012 : « Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ».

Les deux nouveautés principales, la création d’un « droit à une sédation profonde et continue jusqu’au décès » et le caractère désormais contraignant des directives anticipées, laissent augurer des dérives vers des pratiques euthanasiques.

 

 

LE CHIFFRE

 

1068 amendements ont été déposés sur ce texte, preuve que des clivages importants se sont manifestés sur les mesures proposées. Elles ont pourtant été présentées par le gouvernement comme le fruit d’un travail exprimant un consensus national. En réalité, ce consensus n’existe pas, parce que les mesures contestées vont trop loin pour certains, pas assez loin pour d’autres.

 

LE RESUME DES DEBATS SUR LA PROPOSITION DE LOI FIN DE VIE

a) La discussion générale et les annonces du gouvernement

 

Pendant les quatre premières heures du débat parlementairede nombreux députés se sont succédés à la tribune pour exprimer leurs convictions sur la fin de vie. Parmi les thèmes principaux abordés, on peut citer :

  • l’accompagnement des patients et le soulagement de la souffrance ;
  • les critiques sur les prises en charge insuffisantes en soins palliatifs ;
  • le conflit de valeurs entre ceux qui donnent priorité à l’éthique de l’autonomie (sacralisation de la liberté de choix) et ceux qui privilégient l’éthique de la vulnérabilité (priorité au respect de la dignité des plus faibles) ;
  • l’ambiguïté de la proposition 21 du candidat Hollande qui est à l’origine des interprétations divergentes sur les mesures à prendre ;
  • les risques réels de dérives vers des euthanasies ou des suicides assistés déguisés ;
  • l’inutilité d’une nouvelle loi, tant que les soins palliatifs ne sont pas réellement mis en œuvre partout.

 

Dans son exposé introductif, la ministre Marisol Touraine a fait plusieurs annonces :

– Un plan triennal de développement de soins palliatifs (attendu depuis 2012) sera lancé dans les prochaines semaines. Il sera centré sur l’accès aux soins palliatifs dans les maisons de retraite pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et à domicile, sur la formation du personnel soignant à ces pratiques, et sur l’élaboration par la Haute Autorité de Santé de référentiels pour les professionnels de santé.

– Sur les directives anticipées, elle a contesté l’inscription sur la Carte Vitale et a proposé en remplacement la création d’un registre national automatisé, consultable rapidement par les médecins.

– En conclusion, tout en considérant que ce texte constitue « un point d’équilibre », la ministre a ouvert la porte à d’autres évolutions, en déclarant : « À l’évidence, le débat reste ouvert (.). Il s’agira par la suite de voir comment cette loi est appliquée et, au cas où une étape supplémentaire paraîtrait nécessaire, de réfléchir à la meilleure manière de l’engager. »


b) Les amendements visant à légaliser l’euthanasie et/ou le suicide assisté

 

Pour éviter que ces amendements soient votés en fin de soirée du mercredi 11 mars par une petite minorité de députés présents, le gouvernement a changé l’ordre du jour pour s’assurer d’un nombre plus important de députés en milieu d’après-midi (après les questions au gouvernement). Le risque était grand d’aboutir à une loi introduisant l’euthanasie explicite en France, par le biais d’un amendement au détour d’un article sur la sédation.

Le gouvernement a pris le risque d’ouvrir la « boîte de Pandore » euthanasique, à partir du moment où le Parlement était saisi de mesures qui, en réalité, pouvaient être prises sans recourir à une loi.

L’amendement principal, présenté par le député PS Jean-Louis Touraine et soutenu par 121 députés, visait à créer une « assistance médicalisée active à mourir » (euphémisme pour ne pas utiliser le mot euthanasie qui, comme plusieurs élus l’ont souligné, ferait peur aux Français).

Avec deux autres amendements identiques, l’un présenté par le radical Roger-Gérard Schwartzenberg et l’autre par la députée écologiste Véronique Massonneau, un vote commun par scrutin public a été demandé : sur 161 votants, 70 députés se sont prononcés Pour, dont 50 socialistes, et 89 ont voté Contre, dont 40 socialistes et 43 UMP.

Deux autres amendements légèrement différents mais poursuivant le même but, l’un de Roger-Gérard Schwartzenberg, et l’autre de Véronique Massonneau, ont ensuite été repoussés par un vote « assis-debout », c’est-à-dire sans décompte nominatif comme lors d’un scrutin public.

 

c) Les autres amendements significatifs

 

– D’une façon générale, les deux rapporteurs et la ministre ont fait en sorte que la quasi-totalité des amendements soit refusée, qu’ils viennent de droite ou de gauche. Ils ont seulement accepté quelques ajustements mineurs et donné quelques accords verbaux pour mieux formuler des expressions litigieuses lors de la navette avec le Sénat. Mais toutes les propositions de l’opposition pour clarifier les ambiguïtés ou éviter les dérives euthanasiques du texte ont été repoussées.

– L’article 1 introduit le principe de base que « toute personne a droit à une fin de vie digne et apaisée ». Dans ce cadre, le vote d’un amendement de François de Mazières (UMP) a permis d’affirmer le principe d’un droit à une formation aux soins palliatifs pour le personnel médical, sachant que la mise en œuvre concrète reste du ressort du gouvernement. C’était une manière symbolique, comme l’a résumé le député, de « dire oui aux soins palliatifs après avoir dit non à l’euthanasie ».

– L’article 2 concerne l’arrêt des traitements et les conditions de l’obstination déraisonnable (ou acharnement thérapeutique). Aucun amendement n’a été accepté, parmi ceux visant à mieux faire la différence entre soins et traitements, ou à définir plus clairement l’expression « maintien artificiel de la vie ». La définition qu’en a donnée Jean Leonetti – « lésions cérébrales majeures et irréversibles, entrainant une absence de conscience de soi et une absence de relation à l’autre » – méritera certainement d’être approfondie, car il s’agit d’un enjeu majeur pour les patients en fin de vie, mais aussi pour les personnes gravement handicapées (l’exemple de Vincent Lambert a été plusieurs fois cité).

De même, l’affirmation selon laquelle « la nutrition et l’hydratation artificielles constituent des traitements » continue de poser de graves problèmes, puisque les rapporteurs ont refusé toute idée d’atténuer ce principe contestable : comme toute personne peut exiger l’arrêt de ses traitements, même s’il n’est pas en fin de vie, la porte reste ouverte vers des demandes  de suicide assisté, que les médecins seront tenus de mettre en œuvre.

– L’article 3 constitue le cœur de la proposition de loi, avec la création d’un droit à une sédation profonde et continue jusqu’au décès. Dans deux des trois cas où ce droit s’imposerait au médecin (voir leurs définitions dans le Décodeur n°40 du 19 décembre 2014), les risques d’euthanasies déguisées restent importants.  Durant plus de deux heures, les députés de l’opposition ont tenté de faire clarifier aux rapporteurs le sens qu’ils donnaient à certaines expressions essentielles, notamment :

* sur l’expression « ne pas prolonger inutilement sa vie » (peut-on affirmer qu’une vie est inutile ?), ils ont obtenu qu’une meilleure formulation sera recherchée dans le cadre de la navette avec le Sénat.

* sur l’expression « pronostic vital engagé à court terme », Jean Leonetti a affirmé que ce terme serait plus précis pour les professionnels, et qu’il se mesurait en jours ou en semaines, alors que l’expression « en phase terminale » serait plus vague et se mesurait en semaines ou en mois. Cette affirmation méritera également d’être approfondie avec les professionnels concernés par la fin de vie.

* sur la pénalisation des soins palliatifs dans le dispositif de tarification des actes médicaux(T2A), la ministre s’est engagée à revoir les cotations de ces actes, actuellement moins bien valorisés que ceux relevant de la culture curative, comme par exemple des opérations chirurgicales ou des traitements lourds.

Par contre, tous les autres amendements pour clarifier les situations ou restreindre les risques euthanasiques des cas n°2 ou n°3 ont été repoussés, ainsi que ceux visant à introduire une clause de conscience. Il en a été de même pour des amendements inverses cherchant à réintroduire subrepticement des formes d’exceptions d’euthanasie.

– L’article 4 concerne le droit au soulagement de la souffrance. Dans la proposition de loi, l’expression « effet secondaire » a été supprimée, laissant entendre que des traitements pour soulager des douleurs réfractaires pourraient désormais avoir pour objectif premier de mettre fin à la vie.  Devant la demande de députés de réintroduire cette notion, Jean Leonetti  a expliqué que ces traitements (avec l’analyse sémantique de l’expression « même s’ils peuvent avoir comme effet d’abréger la vie ») restent toujours encadrés par le principe dit du double effet.

– L’article 4 bis a été ajouté par la Commission des Affaires sociales le 17 février pour  que des rapports régionaux annuels fassent le point du développement des soins palliatifs sur l’ensemble du territoire. En complément,  un amendement de Mme Le Dain (PS) a été voté, contre l’avis des rapporteurs et du gouvernement, pour que chaque cas de sédation profonde et continue soit recensé dans un registre spécial tenu par chaque établissement concerné.

– Les articles 5 à 7 ont été adoptés sans aucune modification significative.

– L’article 8 concerne les directives anticipées devenues contraignantes pour le médecin, sauf cas d’urgence vitale ou si elles « apparaissent manifestement inappropriées ». Là encore, tous les amendements pour éviter de transformer les médecins en prestataires de service n’ayant qu’à appliquer les « ordres » du patient ont été refusés. Alain Claeys a rappelé que le respect de l’autonomie de la personne était au centre du texte, et Jean Leonetti a précisé que ces directives étaient contraignantes, mais pas opposables en toutes circonstances puisqu’on pouvait s’en délier.

Par contre un point important mérite d’être rappelé. Dans le cas de directives manifestement inappropriées, il était prévu dans le texte initial que le médecin pouvait s’en délier en consultant un confrère et en motivant sa décision inscrite dans le dossier médical.

La Commission des Affaires sociales a voté un amendement de Véronique Massonneau (Verts) qui modifie la procédure : désormais le médecin devra solliciter un avis collégial, et c’est la décision collégiale qui s’imposera(sans que l’on sache d’ailleurs qui participe à la décision). Cette nouvelle formulation, passée largement inaperçue, réduit fortement le pouvoir d’appréciation du médecin.

Le gouvernement a fait voter un amendement visant à faciliter la conservation et la consultation de ces directives : l’inscription sur la Carte Vitale est supprimée, elle estremplacée par la création d’un registre national automatisé consultable par les médecins. Ce registre, mis en œuvre après avis de la CNIL, sera facultatif.

– L’article 9, qui concerne le statut de la personne de confiance, a été complété par un amendement de Véronique Massonneau (Verts) qui autorise cette personne à consulter le dossier médical du patient concerné.

– Les derniers articles 10 et 11 ont donné lieu au vote de quelques amendements sur diverses conséquences du texte, dont le principal, introduit par Sandrine Hurel (PS), charge le Gouvernement de remettre chaque année au Parlement un rapport  sur l’application de la loi et sur le développement des soins palliatifs.

 

NOTRE COUP DE COEUR

 

Un groupe de députés s’est fortement engagé durant les débats sur la proposition de loi. Membres de l’Entente parlementaire pour la famille, ils ont essayé d’en infléchir les aspects les plus dangereux. Parmi les plus actifs durant les deux jours : Xavier Breton, Nicolas Dhuicq, Philippe Gosselin, Marc Le Fur, Hervé Mariton, François de Mazières, Jean-Frédéric Poisson, Frédéric Reiss.

Quatre d’entre eux  – MM. Breton, Gosselin, Mariton, Poisson – sont venus soutenir le mouvement Soulager mais pas tuer lors de son rassemblement sur l’Esplanade des Invalides le 10 mars, quelques heures avant le début du débat parlementaire.

 

NOTRE COUP DE GUEULE

 

Gare au piège du « pied dans la porte » face à l’ambivalence de nombreux leaders de la majorité, qui affirment vouloir rechercher le consensus et le rassemblement, mais qui ne rêvent que de la prochaine étape vers une légalisation pure et simple de l’euthanasie dans notre pays ?

Les déclarations de ces derniers jours sont éloquentes :

– Le premier Ministre Manuel Valls demande que le Parlement « puisse dépasser ses clivages et se retrouver sur l’essentiel », mais laisse entendre que « c’est sans aucun doute une étape », rappelant avoir porté lui-même un texte de légalisation de l’euthanasie en 2009.

– Marisol Touraine, ministre de la Santé, appelle les députés à « ne pas brusquer la société française », mais affirme dans le même temps « qu’il s’agira, par la suite, de voir comment cette loi est appliquée et, si une étape supplémentaire est nécessaire, de réfléchir à la meilleure manière de l’engager », en assurant que « le gouvernement apportera son appui à cette réflexion ».

– Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, qui souhaite « que nous ayons un débat serein, apaisé, et qu’au bout du compte nous nous retrouvions sur un pas supplémentaire, une position de compromis qui ne fermera aucune évolution ».

 

 

POUR ALLER PLUS LOIN

 

– Communiqué de presse de Soulager mais pas tuer du 11 mars 2015.
 
– Décodeur n°40 du 19 décembre 2014, décryptant le rapport Claeys-Leonetti et la proposition de loi qui y était annexée.
 
– Tribunes récentes dans la presse :
Tugdual Derville « Proposition de loi sur la fin de vie : vers la sédation pour tous ? »,  Figaro Vox du 9 mars 2015
17 professeurs de médecine « La médecine est sous la menace d’un danger d’euthanasie », Le Monde du 9 mars 2015
175 médecins « La proposition de loi sur la fin de vie risque de renforcer l’isolement des patients »: Le Figaro du 9 mars 2015
5 représentants des grandes religions « L’interdit de tuer doit être préservé », le Monde du 9 mars 2015
Cyrille et Magali Jeanteur : « Avec cette nouvelle loi, Cyrille ne serait pas là », Le Figaro du 10 mars 2015
Dr Sylvain Pourchet « Le droit à la sédation en fin de vie est un écran de fumée », Le Figaro du 10 mars 205
proposition de loi fin de vie

La loi “Fin de vie” clive les partis

Le débat sur la fin de vie qui a commencé à l’Assemblée nationale le 10 mars 2015, les députés PS ont publiquement exprimé des positions opposées : les uns ont signé un amendement pour introduire l’euthanasie et le suicide assisté en France, les autres ont signé une tribune pour soutenir la proposition de loi Claeys-Leonetti.

Les 121 députés du premier groupe ont co-signé, début mars, un amendement de Jean-Louis Touraine qui légaliserait une « assistance médicalisée active à mourir ». Le texte, beaucoup plus court que les autres propositions de loi déposées sur ce sujet ces dernières années, prévoit une procédure ultra simple et rapide : demande du patient confirmée au bout de 2 jours, avis de 3 médecins, réalisation de l’acte dans un délai maximal de 4 jours, aucune procédure sérieuse de contrôle sinon une mention dans le dossier médical.

Les 125 autres députés du second groupe ont signé une tribune parue dans Le Monde du 9 mars, pour défendre la proposition de loi actuellement débattue, qui a reçu en décembre dernier le soutien du président de la République. Ces élus considèrent que « le cheminement intellectuel pratiqué par deux députés venus d’horizons politiques différents, a produit un texte qui dépasse les clivages habituels et constitue le socle majoritaire de notre pays. » Mais ils affirment aussi que « ce texte n’a pas vocation à épuiser le débat sur la fin de vie » et qu’il «  se poursuivra au gré des évolutions de notre société ».

Le vote sur l’amendement créant une « assistance médicalisée active à mourir » sera un moment de vérité pour le groupe socialiste à l’Assemblée, mais aussi dans les autres groupes politiques de la majorité qui devraient connaître des divisions similaires.

Au sein de l’opposition, c’est la notion même de « sédation profonde et continue jusqu’au décès » qui va sans doute se révéler la principale source de clivage, puisque tout dépend du sens donné à cette expression : soit simple renforcement des pratiques actuelles, donc technique acceptable pour certains ; soit dérive réelle vers des euthanasies déguisées, donc risque inacceptable pour d’autres.

Au cours de la séance des questions au gouvernement qui a précédé le début du débat sur la proposition de loi, le premier Ministre a fait preuve de prudence et de recherche du consensus, en affirmant « Parce qu’il doit nous rassembler, c’est un sujet sur lequel nous devons sans cesse rechercher la convergence la plus large possible. »

Mais il a également ajouté : « C’est sans aucun doute une étape », laissant entendre qu’il était favorable à aller plus loin dans un avenir proche. Il faut rappeler que la détermination de Manuel Valls sur cette question était manifeste dès 2009, lorsqu’il était rapporteur d’une proposition de loi du Parti Socialiste visant à légaliser l’euthanasie.