[CP] IVG : suppression du délai de réflexion

Alliance VITA dénonce la suppression du délai de réflexion d’une semaine prévu pour les femmes enceintes qui envisagent de recourir à l’IVG.

Cette mesure a été votée par amendement en Commission des affaires sociales durant la nuit par quelques député(e)s. Elle s’ajoute aux réformes engagées depuis des années qui visent à banaliser toujours plus un acte qui n’est pas anodin, notamment la suppression de la notion de détresse (loi du 4 août 2014 sur l’égalité entre les femmes et les hommes). Pour Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute de l’association : « Obliger les femmes à s’enfermer dans une décision précipitée, c’est méconnaître ce qu’elles vivent lors de grossesses imprévues.

Beaucoup d’entre-elles nous confient envisager l’IVG à contrecœur, sous la pression d’un compagnon, ou par peur de leur employeur. Banaliser davantage un acte qui n’a rien d’anodin, ce n’est pas aider les femmes. En prétendant simplifier toujours davantage l’accès à l’IVG, on occulte la complexité des dilemmes qui les font hésiter. On leur interdit la possibilité de trouver une solution et d’éviter un acte définitif. Une vie est en jeu, ce qui n’est tout de même pas le cas pour d’autres décisions pour lesquelles un délai de réflexion est requis par la loi. N’oublions-pas que pour une immense majorité de femmes, l’avortement laisse des traces psychologiques difficiles à vivre.

Notre société a besoin d’une véritable politique de prévention et d’accompagnement à destination de ces femmes dont la grossesse est imprévue. » Tugdual Derville, délégué général, souligne d’autre part la provocation que constitue l’amendement visant à supprimer la clause de conscience spécifique à l’IVG :

« Cet amendement a été retiré à la demande du gouvernement, non pas pour défendre les professionnels de santé, mais uniquement pour des motifs de circonstance afin de, selon la ministre Marisol Touraine, ne pas ranimer ‘’un débat éminemment symbolique’’.

En réalité, supprimer cette clause serait d’une portée considérable, car elle protège depuis 1975 non seulement les médecins, mais aussi les sages-femmes, les infirmiers et infirmières, et tous les auxiliaires médicaux. Ces professionnels n’ont pas de clause générale de conscience dans leur code de déontologie, seuls les médecins en ont une. Il faut arrêter d’avoir une approche uniquement idéologique de l’IVG et prendre en compte toutes les dimensions de cette question de société si douloureuse. »

Alliance VITA demande aux parlementaires, quand le projet de loi sera examiné en séance publique dans quelques jours, de maintenir ce délai de réflexion et de voter des mesures pour développer cette politique de prévention et d’accompagnement dont les femmes ont besoin.

GPA – En Grande-Bretagne, une mère porte l’enfant de son fils

En Grande-Bretagne, une femme de 46 ans a accepté de porter l’enfant de son propre fils célibataire de 27 ans, et un tribunal a jugé début mars 2015 que ce dernier pouvait l’adopter. Largement couverte par les médias britanniques ces dernières semaines, cette affaire relance le débat sur les dérives possibles de la gestation pour autrui (GPA), autorisée depuis 1985 en Grande-Bretagne.

L’enfant, Miles, est né en juillet dernier. Son père biologique, Kyle, employé de supermarché, célibataire et homosexuel, souhaitait depuis longtemps devenir père. Refoulé par plusieurs cliniques de mères porteuses, il avait trouvé une parente prête à porter l’enfant, mais qui a finalement dû renoncer suite à des difficultés de santé. Sa propre mère, Anne-Marie Casson, s’est alors proposée. Un embryon, créé par fécondation in vitro avec l’ovule d’une donneuse anonyme et le sperme de son propre fils, lui a été implanté.

L’affaire a été médiatisée suite à la décision de la Haute Cour de Justice d’autoriser Kyle à adopter l’enfant comme son fils, alors qu’il était légalement considéré comme son frère. Kyle devient ainsi le seul parent légal de l’enfant, enregistré à l’état-civil de mère inconnue. La juge chargée de cette affaire a proposé la procédure d’adoption car les enfants nés par GPA ne peuvent être confiés qu’à des couples mariés, et non à des célibataires.

Pour Maître Nathalie Gamble, avocate spécialisée dans les questions de filiation, et dont la société a défendu l’affaire, c’est le seul problème légal que pose cette affaire : l’impossibilité légale pour des célibataires d’être reconnus parents d’enfants nés par GPA les contraint à passer par une procédure d’adoption. Kyle est le premier célibataire reconnu père d’un enfant né par GPA.

Pourtant, cette affaire a suscité une forte controverse, en Grande-Bretagne et ailleurs, sur le fait qu’une mère puisse accepter de donner naissance à l’enfant de son propre fils. C’est l’interdit de l’inceste qui semble être remis en cause. Mais pour Nathalie Gamble, le fait de recourir à un membre de la famille pour une gestation pour autrui est monnaie courante : sœurs, belles-sœurs, cousines…Le recours aux membres de la famille s’explique par l’interdiction légale de faire de la publicité pour la GPA.

En Grande-Bretagne, la gestation pour autrui est autorisée depuis 1985. Néanmoins, on constate une forte augmentation de cette pratique ces dernières années, avec 167 enfants nés par GPA en 2012, contre 47 en 2007. Le recours à la GPA par des personnalités médiatiques comme Elton John, Nicole Kidman ou la présentatrice Mary Portas a contribué à rendre cette pratique acceptable dans l’opinion.

Un organe public de contrôle, le HFEA (Human Fertilisation and Embryology Authority) a été créé en 1991 pour surveiller l’usage des gamètes et les embryons utilisés dans les traitements de la fertilité. Mais la capacité de cet organe à contrôler les pratiques des 77 cliniques habilitées est régulièrement mise en doute.

Rappel : Alliance VITA est membre de l’Union Internationale pour l’Abolition de la Gestation pour Autrui, qui a lancé la pétition internationale No Maternity Traffic,  pour l’interdiction effective de toute forme de GPA.

Fin de vie : les députés votent pour la sédation terminale

L’analyse nominative du scrutin public, qui est disponible sur le site de l’Assemblée nationale, fait apparaître les éléments suivants :

  • Les socialistes ont très majoritairement soutenu le texte : 253 pour, 0 contre, 21 abstentions.
  • L’UMP s’est révélée plus partagée : 144 voix pour, 25 voix contre (dont la plupart des députés qui avaient tenté d’amender le texte pour en retirer les risques de dérive euthanasique), 25 abstentions.
  • L’UDI a adopté des positions similaires : 20 voix pour, 6 voix contre, 4 abstentions.
  • Les écologistes se sont globalement abstenus : 1 voix pour, 17 abstentions.
  • Les radicaux de gauche également : 2 voix pour, 15 abstentions.
  • Le groupe qui regroupant le Front de gauche et des députés d’outre-mer a voté majoritairement en faveur du texte : 13 voix pour, 1 voix contre.

À l’issue de ce scrutin, plusieurs porte-parole nationaux du mouvement Soulager mais pas tuer, dont fait partie Alliance VITA, ont exprimé leur réaction commune devant la presse. Dans un communiqué de presse, le collectif a annoncé les étapes suivantes de sa mobilisation qui vise à sécuriser la loi Fin de vie contre toute ambiguïté.

Université de la Vie, soirée du 16 mars 2015

La 10ème édition de l’Université de la Vie s’est poursuivie par une deuxième soirée de formation, lundi 16 mars à Paris, sur le thème « Corps fragiles, corps maîtrisés ».
 
Le docteur Blanche Streb, directrice des études d’Alliance VITA, a d’abord présenté les techniques de congélation et de recherche sur les embryons et les questions éthiques que leur utilisation pose. Caroline Roux, coordinatrice des services d’aide et d’écoute d’Alliance VITA, a ensuite exposé la confrontation entre le projet parental et la possibilité de maîtrise en début de vie lors du diagnostic prénatal.
 
Ce contrôle, aujourd’hui possible à tous les moments de la vie grâce à la recherche dans le domaine de la médecine prédictive, permet de diagnostiquer les risques de maladies. Pour le docteur Xavier Mirabel, conseiller médical d’Alliance VITA, ce contrôle génétique doit permettre « de soigner, et non pas de discriminer ».
 
Nous avons eu la chance d’entendre le témoignage de Sophie Lutz sur sa relation avec Philippine, sa fille polyhandicapée âgée aujourd’hui de quinze ans. Sa découverte a été la richesse d’une relation  qui passe beaucoup par l’attention au corps fragile dans tous les soins quotidiens.
 
Tugdual Derville a clos cette soirée par un questionnement  éthique sur le transhumanisme, en insistant sur l’étroite frontière entre « réparation » du corps et « augmentation » du corps, et en dénonçant la vision réductionniste de l’homme sous-jacente à la pensée transhumaniste.
 
La prochaine soirée de formation, lundi 23 mars, portera sur le thème « Corps sexué et procréation ».

Des scientifiques contre la création in vitro d’embryons humains génétiquement modifiés

Des scientifiques, s’exprimant dans une tribune du journal scientifique Nature du 12 mars 2015, demandent l’interdiction de la création in vitro d’embryons humains génétiquement modifiés : ils plaident pour que soit décrété un moratoire international sur la fécondation de cellules germinales (ovules ou spermatozoïdes) ayant fait l’objet d’expérimentations et de modifications de leur ADN (génome).

Les chercheurs, issus de deux entreprises spécialisées dans la bioscience, appellent à interdire les manipulations sur les cellules reproductrices, des techniques ayant été mises au point pour en modifier le génome, à faible coût et facilement.

Ces dirigeants de Sangamo BIOsciences et des représentant de l’ARM (Alliance for Regenerative Medicine) souhaitent alerter la communauté internationale, en insistant sur les risques éthiques majeurs que présentent ces découvertes et sur leur faible intérêt thérapeutique. Selon eux, modifier le génome d’un embryon, donc d’un futur enfant, serait une grave transgression éthique, un bouleversement inédit dans les manipulations génétiques avec l’avènement de dérives eugéniques et scientistes sans précédent. De telles modifications étant héréditaires, donc transmissibles de génération en génération, leurs conséquences sont imprévisibles.

« Ne touchez pas à l’embryon » c’est en substance la ligne à ne pas franchir, car cela reviendrait, in fine, à modifier l’espèce humaine.

Pour Jean-Louis Serre, professeur de génétique à l’Université de Versailles, « Si les gamètes étaient utilisés après manipulation à des fins de fécondation, cela pourrait mener soit à pas grand-chose, car une fois touchées, les cellules reproductrices peuvent ne pas se développer, soit à une sorte de monstre ».

Les dangers existent aussi pour Laurent Alexandre, le fondateur de Doctissimo. Spécialiste des biotechnologies du futur, il estime cependant que « la législation sera contournée au niveau international » notamment par une Chine « ultra-eugéniste ».

Quoi qu’il en soit, cette prise de conscience des dangers des manipulations génétiques, par des scientifiques qui en appellent aux politiques, confirme que les avancées vertigineuses de la science nécessitent une régulation législative urgente. Pour préserver l’intégrité de l’humanité.