[CP] Loi Santé – IVG : Alliance VITA inquiète pour les femmes de la suppression du délai de réflexion

Alliance VITA regrette que les sénateurs n’aient pas suivi la position de leur Commission des affaires sociales qui avait rétabli le délai de réflexion de sept jours, et s’alarme de ce type de décision politique, prise sans véritable débat sur la question, et qui pourrait avoir des conséquences graves sur les femmes.

 

Alliance VITA s’est déjà exprimée à plusieurs reprises à ce sujet, rappelant l’urgence d’une véritable politique de prévention de l’avortement. Intégrer l’aide aux femmes dont la grossesse est imprévue ou difficile est essentiel pour que l’avortement ne soit pas une fatalité.

Pour Tugdual Derville, délégué général de l’association : « Comment peut-on légitimer la suppression du délai de réflexion alors que ce geste scelle le destin d’une existence humaine ! Ce délai est important car il a le mérite de donner du temps de réflexion aux femmes. Et donner du temps aux femmes les protège de la panique ainsi que des pressions extérieures qui s’exercent sur elles et qui peuvent les pousser à avorter. »

Pour Caroline Roux, coordinatrice des services d’écoute d’Alliance VITA : « Confrontées à la question de l’avortement, les femmes sont souvent en proie à de vrais dilemmes. Accompagnant depuis 15 ans des femmes sur cette question, je suis témoin des débats intérieurs profonds que soulève l’IVG. Enfermer les femmes dans une décision précipitée, c’est méconnaître ce qu’elles vivent lors des grossesses imprévues où les questions se bousculent dans leur tête dans la panique et la solitude. »

Toucher au génome de l’embryon humain : une ligne rouge à ne pas franchir !

Toucher au génome de l’embryon humain : une ligne rouge à ne pas franchir !

Ce vendredi 18 septembre 2015, le journal The Guardian rapporte que Kathy Niakan, scientifique travaillant sur les cellules souches à l’Institut Crick Francis de Londres, a demandé à la « Human Fertilisation and Embryology Authority » (HFEA), l’organisme gouvernemental britannique éditant la réglementation sur les techniques de procréation, une autorisation pour travailler sur la modification du génome des embryons humains.

Grace à la méthode du CrispR/Cas9, il est aujourd’hui possible de remplacer, enlever, ajouter un gène dans l’ADN d’une cellule. Il s’agit d’une manipulation génétique simple et peu coûteuse, réalisable sur tous types de cellules végétales, animales ou humaines.

La scientifique anglaise demande l’autorisation d’utiliser des embryons humains issus de Fécondations In Vitro (FIV) en vue de modifier leur ADN, pour explorer les gènes impliqués dans les premiers stades du développement embryonnaire, en particulier ceux liés à la différenciation en cellules placentaires. Ces embryons n’auraient pas vocation à être implantés après avoir été manipulés pour mener une grossesse et seraient détruits. Si sa demande est acceptée, les premiers embryons génétiquement modifiés pourraient rapidement être fabriqués dans son laboratoire, même si la chercheuse « ignore combien de temps prendra ce projet et si elle pourra avoir suffisamment d’embryons humains à disposition ».

En avril dernier, des scientifiques américains avaient appelé à un moratoire international. Peu de temps après une équipe chinoise utilisant cette technique du CrispR/Cas9 avait publié une étude très controversée.

Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, «On joue avec le feu.  Cette nouvelle étape doit nous alerter. Bien que ces techniques ne soient pas encore parfaitement opérationnelles, elles progressent de manière vertigineuse et laissent entrevoir la possibilité de créer dans l’avenir des enfants génétiquement modifiés, avec de réels risques de dérives eugéniques et scientistes. Modifier le génome d’un embryon impliquerait aussi sa descendance, et à terme une grande partie de l’Humanité. Toucher au génome de l’embryon humain est une ligne rouge à ne pas franchir ! »

ST Malo : Prison avec sursis pour le meurtre de sa fille handicapée

ST Malo : Prison avec sursis pour le meurtre de sa fille handicapée

La Cour d’assises de Rennes a condamné, le 15 septembre 2015, Mme Laurence Nait Kaoudjt à cinq ans de prison avec sursis, pour avoir tué en 2010 sa fille de 8 ans, Méline, gravement handicapée depuis la naissance.

Le procès a mis une fois de plus en lumière la situation des personnes qui accompagnent au quotidien une personne gravement malade ou handicapée, souvent avec un grand dévouement, mais qui peuvent progressivement basculer dans un enfermement et un épuisement dramatique.

Cette mère de 49 ans, qui élevait seule son enfant depuis sa naissance, a exprimé au cours du procès combien la relation avec sa fille occupait toute sa vie : « Le handicap ; c’est sept jours sur sept. On dormait toutes les deux ensemble parce que j’avais peur qu’elle tombe. (…) Ca été ça notre vie, toujours l’une avec l’autre, fusionnelles ». Ainsi, elle a toujours affirmé avoir tenté de se suicider à diverses reprises dans la nuit du drame, sans y parvenir. Et son avocat, en plaidant pour son acquittement, a insisté sur ce commentaire d’un expert : « Elles ne faisaient qu’une, elles étaient fusionnelles, c’était une peau pour deux… ».

Elle a expliqué également sa méfiance des institutions et sa conviction que personne d’autre ne pouvait bien s’occuper de son enfant : « Pour moi, c’était très compliqué de laisser ma fille à des tierces personnes, j’avais l’impression de l’abandonner, simplement parce que c’était un être sans défense ». Alors que sa fille allait pouvoir être accueillie dans un institut médico-éducatif prochainement, cette perspective de la voir partir n’a-t-elle pas été vécue comme un arrachement qui est devenu mortifère ?

Plusieurs témoins ont souligné sa méfiance et son angoisse, sa « grande souffrance » devant une situation de handicap perçue sans issue positive. Des experts ont décrit son « épuisement psychique et physique » : cet état l’aurait fait basculer dans une volonté de « suicide altruiste » motivé par un « désespoir au point de se donner la mort et tuer l’enfant qu’elle aimait ». Son avocat a résumé le drame ainsi : « C’est un crime et c’est un acte d’amour en même temps, c’est à la fois terrifiant et sublime ».

L’avocat général (procureur représentant la société au cours d’un procès d’assises) a demandé aux jurés de faire preuve « d’empathie » devant la douleur de cette mère qui avait tenté de se suicider, mais aussi de « raison » car il s’agit bien d’un meurtre. Il explique pourquoi il est si important de déclarer cette culpabilité sur le plan du symbole : « Personne n’est propriétaire de son enfant. Même si cet enfant est handicapé, il est autonome, il a sa vie, il a son humanité : si vous dites aujourd’hui qu’elle n’est pas coupable, vous niez cette humanité. Dans le référentiel commun de la société, on a toujours le choix de ne pas étrangler une petite fille ».

Pour Alliance VITA, ce procès met, une fois de plus, en lumière la situation douloureuse des personnes qui accompagnent au quotidien une personne gravement malade ou handicapée, souvent avec un grand dévouement, mais qui peuvent progressivement basculer dans un enfermement et un épuisement dramatique. Une peine symbolique de prison était nécessaire pour rappeler que nul ne peut tuer « par amour », que toute vie est précieuse et doit être respectée, même si elle est très fragile. En même temps, le sursis peut être compris comme la volonté de tenir compte de la grande confusion et d’une forme de désespoir de cette mère épuisée et isolée.

N.B : Le jour-même où se tenait ce procès, les députés examinaient en seconde lecture le projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement. Ce texte contient une mesure symbolique qui concerne les « aidants » qui s’occupent d’un proche âgé, dépendant ou handicapé : la reconnaissance d’un « droit au répit », en affectant une enveloppe de 80 millions d’euros pour financer une semaine de prise en charge d’une personne dépendante afin que leur proche puisse souffler. Cette possibilité de souffler, permettant de prendre du recul et de se faire aider, n’aurait-elle pas été bien nécessaire pour la maman de Méline ?

La Californie : 6ème Etat américain légalisant le suicide assisté

La Californie : 6ème Etat américain légalisant le suicide assisté

Malgré une forte opposition, un projet de loi visant à légaliser le suicide assisté a été voté le 9 septembre dernier à l’Assemblée de Californie (à 43 voix pour et 34 contre) et au Sénat le 12 septembre (23 voix pour et 14 contre). Il attend maintenant d’être ratifié par le gouverneur démocrate de l’état, Jerry Brown, qui a jusqu’au 11 octobre pour accepter ou au contraire mettre un veto sur cette loi.

Ce projet de loi autorise le médecin « à délivrer à des patients sans espoir de guérison des traitements qui mettront fin à leur vie ». Deux médecins devront certifier que le malade n’a plus que six mois à vivre avant que les traitements puissent être prescrits.

Ce sujet est venu sur le devant de la scène en 2014, quand Brittany Maynard, âgée de 29 ans et atteinte d’un cancer sans espoir de guérison, avait quitté la Californie pour s’installer dans l’Oregon afin d’y avoir recours au suicide assisté. Peu de temps avant sa mort, elle avait tourné une vidéo qui avait provoqué une grande émotion et qui a fait, depuis, le tour du monde.

La Californie pourrait ainsi devenir le sixième Etat américain à légaliser une forme ou une autre de suicide médicalement assisté, après l’Oregon, l’Etat de Washington, le Montana, le Nouveau-Mexique et le Vermont.

Les opposants à ce projet croient que de telles mesures pourraient mener à des suicides prématurés. « Je ne vais pas encourager les personnes âgées et vulnérables à mourir et je crois que cela pourrait être une conséquence inattendue de cette loi », a déploré le sénateur républicain Ted Gaines.

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Addendum du 5 octobre 2015

Le gouverneur de Californie Jerry Brown a finalement ratifié, ce lundi 5 octobre, cette loi controversée autorisant le suicide assisté pour les malades en fin de vie.

La technique sur fond de vulnérabilité …

La technique sur fond de vulnérabilité …

 Devant les bienfaits de la techno-science et ses développements parfois démesurés,  la reconnaissance de notre finitude doit-elle s’effacer ? Un monde utilitariste de dopage de performances  aux dépens de l’équilibre de nos êtres voudrait nous inciter à renoncer à la valeur positive de nos limites.  Surfant sur le monde virtuel, le transhumanisme et, en perspective, le post-humanisme refusent le corps vulnérable pour diviniser un  homme augmenté incorruptible.

Pourtant la fécondité du présent d’un accompagnement solidaire n’est-elle pas plus dense qu’un allongement de vie non habité de sens ? Combien l’accueil consenti d’un chemin de fragilité est porteur de fruits comme nous le partage si bien A.D. Julliand dans son témoignage ‘Une journée particulière ‘ où l’amour de leur enfant malade atteste de la beauté d’une épreuve traversée ensemble. Face à cette fragilité extrême, le cœur de la relation familiale  consiste en un renouvellement permanent ‘nourri d’amour reçu et enrichi  d’amour donné’ : un véritable appel à ne jamais sous-estimer la puissance de la parole et du geste, caractéristiques de notre nature humaine et éveillés par la vulnérabilité  d’autrui. A partir du regard qui laisse filtrer la bonté dans une quête de réciprocité,  peut se déployer une capacité d’amour consentie intégrant  la vulnérabilité du corps de l’autre.

Dans cette épreuve, le corps et l’esprit de la personne demeurent conjugués, loin de se résumer à une imperfection qu’il conviendrait de traquer pour prétendre à un monde idéal et irréel. La réceptivité et l’accueil du don contribuent foncièrement à un élan intérieur qui signifie le refus d’une toute-puissance de volonté et le choix résolu d’une joyeuse altérité : sont alors rejoints le  fondement de notre service réciproque et le signe de notre finitude. N’est-ce pas une manifestation de la ‘singularité partageable de l’expérience intérieure’ (J. Kristeva) d’un humanisme indigent ?

 

andre-poyaud2Gilles ANDRE-POYAUD, marié et père d’un garçon.

Physicien de formation et de métier.

Parcours universitaire de bioéthique.