La maturation des spermatozoïdes « in-Vitro » à partir de biopsies testiculaires

La maturation des spermatozoïdes « in-Vitro » à partir de biopsies testiculaires

spermatozoide

La jeune start-up lyonnaise Kallistem a annoncé ce jeudi 17 septembre 2015 avoir déposé un brevet avec ses partenaires : le CNRS, l’ENS de Lyon, l’Inra et l’Université Claude Barnard Lyon-1. Ce brevet porte sur le dispositif Aristem qui combine deux expertises : celle de la culture cellulaire et celle des biomatériaux.

D’après ses inventeurs, cette technique permettrait désormais de réaliser une « spermatogénèse in vitro » : autrement dit, la fabrication de spermatozoïdes fonctionnels et matures à partir de cellules immatures, les spermatogonies, nichées dans les tubes séminifères des testicules. La spermatogénèse humaine dure 72 jours et constitue un processus physiologique complexe. Elle débute avec des cellules immatures à 46 chromosomes, puis trois grandes étapes successives (mitose, méiose, spermiogénèse) aboutissent à des spermatozoïdes fonctionnels contenant 23 chromosomes, prêts à féconder un ovule contenant également 23 chromosomes pour donner naissance à une première cellule embryonnaire de 46 chromosomes, et donc à un nouvel être humain.

Ont donc été mis au point des biomatériaux qui permettent le confinement stable et efficace de cultures de tubes séminifères, mimant celui des tissus dans les testicules et créant ainsi un véritable « bioréacteur » dans lequel pourrait se dérouler une spermatogénèse intégrale.

La technique a été testée sur des tissus de rats et de singes et également sur l’homme. Les chercheurs ont travaillé avec des biopsies testiculaires de transsexuels. « Comme ces hommes désireux de devenir des femmes subissent un traitement hormonal qui stoppe leur spermatogenèse, ils se rapprochent du cas des jeunes garçons prépubères n’ayant que des spermatogonies ou des hommes infertiles à cause d’un blocage de la spermatogenèse. Dans ce cas aussi, au bout de 72 jours, nous avons obtenu des spermatozoïdes », indique la chercheuse, Marie-Hélène Perrard.

Pour Kallistem : une réponse à l’infertilité des hommes…

Kallistem présente son procédé comme une réponse à l’infertilité des hommes atteints d’azoospermie non obstructive, dont les testicules ne produisent pas de spermatozoïdes malgré la présence de cellules germinales. Il pourrait également bénéficier aux petits garçons traités pour un cancer et à qui on aurait prélevé avant leur chimiothérapie et/ou radiothérapie du tissu testiculaire, riche en cellules germinales immatures qui produisent les spermatozoïdes à partir de l’adolescence.

Selon les estimations de la start-up lyonnaise, le traitement de l’infertilité masculine pourrait représenter un marché supérieur à 2,3 milliards d’euros avec plus de 50 000 nouveaux patients par an.

Cette technique soulève des questions éthiques

Pour Jean Yves Nau [i], il s’agit d’une « opération aux accents publicitaires à laquelle est pleinement associé (pourquoi ?) le Cnrs. S’il devait un jour prochain être validé par la communauté spécialisée ce travail se heurterait encore à de considérables difficultés méthodologiques et éthiques à venir pour  valider un tel procédé chez l’animal puis chez l’homme. La loi française interdit la création d’embryons humains à des fins de recherche. Osera-t-on, à Lyon, passer directement au stade de la procréation humaine avec des spermatozoïdes artificiels ? » 

Egalement, au regard des profits annoncés, se pose la question du risque que ces techniques ralentissent une véritable recherche visant à prévenir l’infertilité masculine.

Il convient aussi de s’interroger sur les causes de l’explosion de l’infertilité masculine dans nos pays et sur la quasi absence de politique de prévention.

Sorti du coma 11 ans après un accident…

Le 27 août dernier, Jesús Aparicio, jeune Espagnol de 29 ans, se réveillait d’un coma de près de 11 ans, comme s’il s’était endormi la veille, se souvenant exactement des circonstances de son accident de voiture, et même du visage du conducteur qui l’avait percuté !

Le 12 décembre 2004, le jeune Jesús, originaire de Séville, eut un grave accident de voiture. La voiture dans laquelle il se trouvait avec 3 amis en percuta une autre et fit une sortie de route. Tandis que ses 3 co-équipiers s’en sortaient presque indemnes, le jeune homme eut un choc à la tête et tomba immédiatement dans le coma. Depuis cet instant, sa famille l’entoura et s’occupait de lui jour et nuit, sa mère continuant d’espérer qu’il se réveillerait un jour.

Or, c’est ce qui se passa le 27 août dernier, lorsque le jeune homme appela sa mère. Il recouvra peu à peu l’usage de la parole ainsi que ses facultés psycho-motrices. Il eut beaucoup de mal à imaginer qu’il avait passé plus de dix ans de sa vie dans un lit… « Ce fut un coup très dur pour nous tous, mais nous n’avons jamais baissé les bras et avons toujours espéré que ce jour-là arriverait« , raconte Rosario, sa mère. Cet événement rappelle que régulièrement, des personnes « se réveillent » après des périodes de coma plus ou moins longues. C’est notamment l’histoire d’Angèle Lieby qui raconte son « réveil » dans son livre « Une larme m’a sauvée ». D’autres témoignages similaires sont parus récemment.

Loi Santé au Sénat, point d’étape sur des enjeux éthiques importants

Loi Santé au Sénat, point d’étape sur des enjeux éthiques importants

Le projet de loi Santé actuellement débattu au Sénat contient des mesures qui ont des impacts éthiques importants, en particulier celles qui banalisent davantage l’IVG, ou celles qui facilitent la recherche sur l’embryon et les prélèvements d’organes. La disposition la plus emblématique est la suppression du délai d’une semaine entre les deux rendez-vous médicaux avant une IVG.

La plupart de ces mesures ont été introduites par amendement au cours de la discussion à l’Assemblée nationale, courant mars-avril 2015, donc sans étude d’impact et sans véritable débat public.

La Commission des affaires sociales du Sénat a réalisé en juillet un travail approfondi pour rééquilibrer et alléger le texte, notamment par la suppression de ces initiatives controversées sur l’avortement, la recherche sur l’embryon ou le don d’organes, et en proposant que leur discussion relève d’une future « loi bioéthique » .

Du 13 au 18 septembre dernier, les sénateurs ont entamé en séance publique l’examen des articles du projet de loi, à partir du texte voté par la Commission. Ils ont réintroduit deux des mesures phares concernant l’IVG, à savoir la suppression du délai d’une semaine pour l’IVG (article 17 bis) et l’autorisation donnée aux centres de santé de pratiquer des IVG par voie chirurgicale (article 16 bis).

Accès plus facile à l’avortement 

Du 28 septembre au 1er octobre, les sénateurs poursuivront leurs travaux. Ils examineront notamment trois autres mesures visant toutes à faciliter davantage l’accès à l’avortement : l’habilitation des sages-femmes à pratiquer l’IVG médicamenteuse (article 31), le renforcement du droit à l’information sur les méthodes abortives (article 31), et la création de plans d’action régionaux en matière d’IVG (article 38). A suivre également, la question complexe de l’autorisation de recherche sur les gamètes et les embryons transférables (article 37), ainsi que la modification du dispositif de prélèvement d’organes (article 46 ter).

Le vote final est prévu le mardi 6 octobre prochain.

Grand flou sur la fin de vie

Grand flou sur la fin de vie

Le 3 octobre, les opposants à l’euthanasie sont conviés à manifester devant les nouvelles préfectures régionales. Le délégué général d’Alliance VITA nous dit pourquoi.

Où en est le parcours législatif de la loi fin de vie ?

Tugdual Derville : La loi dite Claeys-Leonetti revient en seconde lecture à l’Assemblée nationale à partir du 5 octobre 2015, sans avoir été finalement modifiée par le Sénat. Son passage en juin devant les sénateurs a donné cet étrange résultat : après un travail approfondi en commission, puis en séance, le texte avait été très remanié. Toutes ses ambiguïtés avaient été corrigées, notamment celles que nous avions dénoncées par l’expression « euthanasie masquée ».

Mais lors du vote solennel au Sénat, le gouvernement a obtenu le rejet de ce nouveau texte. Le projet garde donc les mêmes faiblesses que celui voté en mars 2015. Même l’adverbe choquant« inutilement », que Marisol Touraine avait promis de supprimer dans l’expression « prolonger inutilement sa vie », est resté…

Vous avez lancé un appel à manifester dans les régions le 3 octobre 2015. Pourquoi ?

Il faut impérativement nous faire entendre, alors que l’ADMD [Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité] fait feu de tout bois. Nous nous joignons donc aux treize rassemblements organisés sous la bannière du mouvement unitaire Soulager mais pas tuer, dans les villes-préfectures des nouvelles régions, le samedi 3 octobre à 11 heures.

Le danger de ce texte doit être connu de tous. Pour les soins palliatifs, nous devons aussi obtenir du gouvernement qu’il passe des paroles aux actes. Depuis trois ans, il a recyclé, mois après mois, la même promesse de mettre en œuvre un plan de développement des soins palliatifs. C’est devenu une arlésienne, l’alibi numéro un de la loi fin de vie, alors qu’elle ne comporte rien de concret dans ce domaine.

Que pensez-vous de ceux qui soutiennent cette loi, tout en se disant hostiles à l’euthanasie ?

Qu’ils jouent avec le feu. Il n’est pas très difficile de prouver l’ambiguïté du texte. Du reste, parmi les personnalités qui croient devoir le soutenir, beaucoup confient volontiers qu’il est à la fois inutile et dangereux. Je pense que c’est même largement l’avis du député Jean Leonetti qui associe son nom à la loi. Médiatisée à outrance — alors qu’elle mobilise peu de monde — l’ADMD fait figure d’épouvantail, conduisant certains à soutenir du mauvais pour éviter le pire. Mais c’est un calcul dangereux. Avec la « sédation profonde et continue jusqu’au décès » assortie d’un arrêt d’hydratation, on bascule sur la pente glissante de l’euthanasie.

Pourquoi ?

Provoquer délibérément la mort, en quelques jours, c’est une euthanasie qui ne dit pas son nom. Est-ce juste de contourner le mot ? Cette dérive sera mélangée aux pratiques légitimes de sédation. Déjà, le public est troublé. Nous le constatons dans les témoignages reçus par notre site d’écoute SOS Fin de vie. Les promoteurs de l’injection létale ont beau jeu de dire que leur projet explicite et expéditif est moins hypocrite…

Ils s’emparent déjà de ce qu’ils appellent improprement « la mort de faim et de soif » (il est plus juste de dire dénutrition et déshydratation). On sait comme ils savent médiatiser les « agonies interminables ».

Comment vous situez-vous par rapport au mouvement des soins palliatifs ?

Nombre de soignants — médecins, infirmières, psychologues, bénévoles — sont engagés à nos côtés pour contester cette loi ; ils sont bien placés pour mesurer la menace de ses dispositions sur leur pratique… Sur le plan institutionnel, le mouvement des soins palliatifs me paraît à la croisée des chemins. Si la plupart de ses membres demeurent hostiles à l’euthanasie, certains sont ambigus… Notamment sur le suicide assisté. Une doctrine fragile de la sédation risque de conduire à des euthanasies masquées. Distiller l’euthanasie dans les soins palliatifs, c’est bien l’objectif des promoteurs de l’euthanasie. Et c’est ce qui s’est passé en Belgique où les deux pratiques sont désormais confondues, générant flou et inquiétude. Mais il ne faut pas résumer le débat aux soignants ou aux soins palliatifs. La mort nous concerne tous. Toutes les disciplines médicales sont concernées. En Grande-Bretagne, dont le Parlement vient de voter contre le suicide assisté, le témoignage des personnes handicapées a eu un fort impact. Avec Philippe Pozzo di Borgo, qui parraine Soulager mais pas tuer, nous disons : « Ne touchez pas aux Intouchables ! » Devant la loi fin de vie, comme dans nos rassemblements, les plus fragiles sont en première ligne.

Propos recueillis par Frédéric Aimard.

‘’Soulager mais pas tuer’’ : appel à mobilisation

‘’Soulager mais pas tuer’’ : appel à mobilisation

 

20151003 visuel2Alliance VITA s’associe à l’appel du mouvement ”Soulager mais pas tuer” qui invite à se mobiliser le samedi 3 octobre à 11h dans les 13 villes préfectures des nouvelles régions de France, pour dénoncer le report incessant du plan de développement des soins palliatifs depuis 2012.

Lundi 5 octobre 2015,  la proposition de loi sur la fin de vie sera examinée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale.

La proposition de loi, amendée puis non votée par le Sénat le 23 juin 2015, revient donc à l’Assemblée sous la version qu’elle avait précédemment votée le 17 mars 2015.

Cette loi est dangereuse et présente des zones de flou :

  • Elle entend mettre en œuvre une « sédation profonde et continue jusqu’au décès » qui risque d’ouvrir la porte à l’euthanasie, qu’elle soit explicite ou masquée.
  • Elle risque de ruiner ou de dénaturer les efforts nécessaires pour développer les soins palliatifs.
  • Elle risque de menacer ou d’exclure les personnes âgées, handicapées ou gravement malades.
Pour Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, auteur de <em>La Bataille de l’euthanasie</em> et l’un des porte-parole de Soulager mais pas tuer :
« Garantir aux personnes les plus malades, les plus dépendantes, les plus âgées, qu’elles gardent toute leur place au cœur de la société est une urgence sociale. La promesse gouvernementale de développement des soins palliatifs, sans décision ni moyens concrets, est devenue un alibi constant pour imposer cette loi fin de vie. Or, cette loi génère du flou, de l’inquiétude et des divisions, en flirtant avec la pente glissante de l’euthanasie ».

Fondateur et animateur du site www.sosfindevie.org, Alliance VITA a été régulièrement auditionnée au Parlement dans le cadre des missions, projets et propositions de loi successives sur la fin de vie. Alliance VITA fait partie des associations soutenant le mouvement ‘’Soulager mais pas tuer’’, parrainé par Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique dont le témoignage est à l’origine du film Intouchables.