Sondage : la GPA n’est pas une priorité politique en Belgique

Sondage : la GPA n’est pas une priorité politique en Belgique

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Alors que le Sénat belge s’est auto-saisi depuis quelques mois d’un rapport sur la question de la gestation pour autrui (GPA), un sondage de l’Institut Dedicated Research révèle que pour la majorité des belges cette question n’est pas une priorité politique.

 

57% défavorables à la GPA

 

Ce sondage, commandité par Action pour la Famille- Actie voor het Gezin, révèle également que 57% des personnes interrogées sont défavorables à cette pratique.

Sans être strictement interdite, la gestation pour autrui est pratiquée de manière restrictive dans trois centres de procréation. Entre 150 et 200 enfants sont nés en 20 ans.

Le groupe des femmes du parti centriste CDH (Centre démocrate humaniste) a clairement exprimé son opposition à toute légalisation, il y a quelques jours, dans une tribune parue dans la Libre Belgique.

Pourtant la légalisation de la GPA n’est pas à l’ordre du jour législatif en Belgique. Depuis la dernière réforme de l’Etat (2012), le Sénat n’a plus de pouvoir d’initiative législative : ce rapport parait être une forme de pression vers la Chambre des représentants.

Affaire Bonnemaison : Entre soulagement et effroi

Tugdual Derville réagit à la condamnation en appel du docteur Bonnemaison, par la cour d’assises d’Angers, à deux ans de prison avec sursis pour un seul empoisonnement.

Quelle est votre appréciation sur cette peine ?

Il faut lire cette peine dans le contexte d’un procès en appel : après un premier acquittement scandaleux en juin 2014, une condamnation était essentielle. En dédouanant totalement le docteur Bonnemaison, la cour d’assises de Pau avait lancé un signal dramatique : un médecin pouvait tuer ses patients sans encourir de sanction pénale…

Plusieurs manifestations indécentes de soutien au docteur Bonnemaison avaient mobilisé des dizaines de soignants de son hôpital de Bayonne, semblant montrer que la vie de malades âgés, fragiles et proches de la fin, ne faisait pas le poids devant l’atteinte à la réputation d’un collègue, enfant bien-aimé du pays.

Il y a dix-sept mois, nous nous étions mobilisés pour obtenir du ministère public qu’il fasse appel. Et nous venons d’assister au même retournement que dans l’affaire Debaine, en 2008 : il s’agissait du meurtre d’une personne handicapée par sa mère désespérée. Lydie Debaine avait initialement bénéficié d’un acquittement avant d’être, elle aussi, condamnée à une peine symbolique en appel.

Pour Nicolas Bonne-maison aux assises d’Angers, à plus grande distance de la confusion émotionnelle observée à Pau, l’enjeu n’était plus tant la nature de la peine que le principe d’une peine. C’est en ce sens que la condamnation de deux ans de prison avec sursis est partiellement rassurante. L’interdit de tuer un patient reste un principe intangible.

Pourtant, un seul empoisonnement sur sept a été sanctionné…

Nous n’étions évidemment pas dans la délibération du jury, mais ce résultat est effectivement étrange et, pour tout dire, absurde. La plupart des médias s’accordent pour dire qu’un tel verdict alimente la confusion…

L’impression générale est que le jury n’a pas consenti à blanchir le médecin, par ailleurs déjà radié de son ordre professionnel. Mais qu’il n’a pas voulu l’accabler. Chacun sait bien, cependant, que les six autres cas auraient pu valoir sanction.

Il faut se demander ce que le « cas » de madame Iramuno – le seul pour lequel Nicolas Bonnemaison est convaincu d’empoisonnement – a de spécifique : un délai très bref entre l’injection d’Hypnovel et la mort de la patiente ; un geste décidé et effectué par le médecin seul, de façon expéditive, puis l’abandon des conséquences à une jeune aide-soignante laissée seule pour accompagner la patiente ; le pari honteux sur la mort de cette victime dont le gain (un gâteau au chocolat) sera d’ailleurs réclamé une fois le décès survenu ; et, bien sûr, la constitution du fils de madame Iramuno comme partie civile. Au fond, les jurés n’ont pu qu’être impressionnés par la conjonction des accusations précises des soignantes et du désarroi de la famille de cette patiente.

Pourquoi est-ce pour de l’Hypnovel (un puissant sédatif) que l’accusé est condamné et non pour les deux cas d’administration d’un dérivé du curare, qui n’est pas un médicament autorisé en fin de vie ?

Justement, c’est à mon avis parce que les familles des deux « victimes » du Norcuron soutiennent le médecin. Une condamnation les aurait fait protester à grand bruit. Ici encore, c’est l’émotion qui anesthésie la raison. Si on y réfléchit un instant, c’est effrayant quant au principe d’égalité devant la justice.

Notre société individualiste est aussi celle de la toute-puissance des forts. Elle en arrive à entretenir une conception fusionnelle de la famille qui porte atteinte à la protection des plus fragiles. Tout se passe comme s’il appartenait aux valides de décider du sort des dépendants… En l’absence de « projet parental », la vie n’est pas considérée comme digne de respect à ses débuts. De même, les personnes âgées privées de « soutien filial » sont moins protégées quand elles approchent de leur fin. En réalité, demander au membre d’une famille de décerner des brevets de vie ou des arrêts de mort sur une personne fragile, c’est faire peser sur lui un pouvoir exorbitant, inhumain dans tous les sens du terme.

Quel est l’impact du procès sur le débat fin de vie au Parlement ?

Nous avons évité la dépénalisation jurisprudentielle de l’euthanasie qu’un acquittement aurait induite. Le défilé de militants de l’euthanasie venus soutenir l’accusé d’Angers, certains venant de Belgique, a fait du prétoire une tribune assez confuse de leurs revendications. Nous avons au moins la preuve qu’il existe des sédations euthanasiques, puisque c’est bel et bien avec un sédatif très classique que Nicolas Bonnemaison a empoisonné madame Iramuno. Notre alerte sur la sédation profonde et continue jusqu’au décès contenue dans la proposition de loi fin de vie est totalement validée, d’autant que ses auteurs ont refusé de préciser dans leur texte que la question de l’intention — ou non — de donner la mort n’avait pas à entrer en ligne de compte.

La ligne d’argumentation adoptée par certains des témoins qui ont défilé à la barre est inquiétante sur leur conception de la fin de vie : plus que le principe même de provoquer la mort, c’est le déficit de collégialité dans la décision de prescrire et l’absence d’information des proches qu’ils ont contestés chez l’accusé.

Il reste que le docteur Bonnemaison a martelé avoir toujours eu l’intention de « soulager mais pas tuer », et que Jean Leonetti a également utilisé cette formule pour défendre sa nouvelle loi. Il faut que les parlementaires qui finissent d’examiner ce texte ces semaines-ci aient la sagesse de l’amender clairement dans ce sens, s’ils veulent être cohérents avec cette intention.

Propos recueillis par Frédéric Aimard

Procès Bonnemaison : “un verdict partiellement rassurant”

Procès Bonnemaison : “un verdict partiellement rassurant”

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A l’annonce du verdict concernant le Docteur Bonnemaison, jugé en appel par la Cour d’assises d’Angers pour sept cas présumés d’euthanasie à l’hôpital de Bayonne en 2010-2011, Alliance VITA s’associe au communiqué ci-dessous, diffusé par le mouvement Soulager mais pas tuer dont elle est partenaire.


Soulager mais pas tuer estime la condamnation du docteur Bonnemaison par la Cour d’assises d’Angers partiellement rassurante, malgré la confusion entretenue dans le prétoire autour des pratiques d’euthanasie masquée.

Pour Tugdual Derville, l’un des porte-parole du mouvement Soulager mais pas tuer, par ailleurs auteur de La Bataille de l’euthanasie (Salvator) et délégué général d’Alliance VITA : « Nous sommes partiellement rassurés, malgré la confusion entretenue à ce procès par les militants de l’euthanasie. Cette peine de prison avec sursis, décidée par le jury populaire en appel, a le mérite de rééquilibrer en partie le traitement judiciaire de cette affaire douloureuse. Car l’acquittement à Pau avait jeté un grand trouble, semblant dédouaner un soignant du passage à l’acte solitaire pour mettre fin à la vie de personnes très vulnérables. C’est pourquoi nous avions demandé au ministère public de faire appel de ce verdict. A plus grande distance de Bayonne, on pouvait espérer un second procès serein, moins noyé dans l’émotionnel. Certes, il aurait été excessif de punir trop lourdement un médecin déjà éprouvé par le scandale et la procédure judiciaire, et déjà sanctionné par son Ordre professionnel. Cette peine, qui reste un peu symbolique, fait justice à l’une des parties civiles éprouvées.

Le défilé de multiples témoins n’ayant aucun lien avec les faits reprochés, dont certains venus de Belgique, a transformé le prétoire en tribune des militants de l’euthanasie. Ce verdict confirme surtout l’ambiguïté des protocoles de « sédation profonde et continue jusqu’au décès » que prône la proposition de loi fin de vie dont la discussion s’achève bientôt au Parlement. Ce second procès Bonnemaison a confirmé l’urgence d’une clarification de la sédation : sa pratique serait discréditée si elle transgressait la déontologie médicale qui  appelle le soignant à toujours soulager, sans jamais tuer. Plus spécifiquement, ce sont des millions de personnes très âgées dans notre pays qui peuvent légitimement s’interroger sur le niveau de protection lorsqu’elles arrivent dans des services d’urgence surchargés. Prendra-t-on vraiment soin d’elles ? Qui les protégera du passage à l’acte solitaire d’un praticien tout-puissant, tenté par un surdosage de sédatif pour pratiquer une euthanasie masquée ? Avec les parties civiles et nombre de soignants choqués par l’affaire Bonnemaison, nous constatons qu’une partie de la société préfère protéger un médecin en le dédouanant de protocoles injustifiables. Comme si l’interdit de tuer devait connaitre des exceptions en cas de grande vulnérabilité, qu’elle soit liée à l’âge, à la dépendance ou à la grave maladie. C’est au contraire quand la vie est la plus fragile que l’interdit de tuer est le plus indispensable à la confiance entre soignants et soignés. C’est sur sa base que le dialogue entre le patient et ses proches et l’équipe médicale – qui a tant fait défaut dans la pratique du Dr Bonnemaison – doit s’établir et se renouveler sans cesse. Aujourd’hui, nous prenons acte avec ce verdict, qui corrige celui de la Cour d’assises de Pau, qu’il ne saurait y avoir dépénalisation jurisprudentielle de l’euthanasie. Le mouvement Soulager mais pas tuer reste donc mobilisé pour que la future loi fin de vie n’accentue pas la confusion qui se confirme autour des pratiques douteuses de sédation. »

Loi fin de vie mieux encadrée par la commission des affaires sociales du Sénat

Loi fin de vie mieux encadrée par la commission des affaires sociales du Sénat

Le 21 octobre 2015, la commission des affaires sociales du Sénat a examiné pour la seconde fois la proposition de loi sur la fin de vie. Elle a voté à nouveau la plupart des amendements qu’elle avait adoptés au printemps dernier, dans le but de lever les ambiguïtés et les risques de dérives liées à la sédation et aux directives anticipées. Ce texte ainsi amendé sera examiné par l’ensemble des sénateurs en séance publique jeudi prochain 29 octobre.

La proposition de loi initiale, présentée par les députés Alain Claeys et Jean Leonetti en décembre 2014, a déjà fait l’objet d’une première lecture par les députés (vote du 17/3/2015) puis par les sénateurs (vote de rejet le 23/6/2015), et à nouveau d’une deuxième lecture par les députés (vote du 6/10/2015).

Pour cette deuxième lecture au Sénat, la commission des affaires sociales affirme avoir cherché « à atteindre le plus large consensus possible » et à « préserver le meilleur équilibre possible entre les droits des patients et les devoirs de soignants », notamment en limitant le caractère automatique des décisions médicales relatives à la fin de vie.

Concernant l’article 3 qui est au cœur du nouveau dispositif, la « sédation profonde et continue jusqu’au décès » est réservée aux personnes malades en fin de vie, dont le pronostic vital est engagé à court terme et qui présentent une souffrance réfractaire à tout autre traitement. Ces conditions sont censées atténuer les risques de dérive d’euthanasie ou de suicide assisté. De plus, l’expression controversée « ne pas prolonger inutilement sa vie » est supprimée.

L’affirmation selon laquelle « la nutrition et l’hydratation artificielles constituent un traitement » est également supprimée, au profit d’une expression plus souple : « l’hydratation artificielle constitue un soin qui peut être maintenu jusqu’au décès ».

Enfin, concernant les directives anticipées, le médecin garde sa liberté d’appréciation en cas d’urgence vitale ou si la « situation médicale ne correspond pas aux circonstances visées par ces directives ». Dernière nouveauté : si celles-ci sont conservées sur un registre national à créer, un rappel régulier de leur existence serait adressé à leur auteur.

Pour le docteur Xavier Mirabel, médecin cancérologue et conseiller médical d’Alliance VITA, la vigilance reste indispensable : « Le Sénat vient d’améliorer le texte ambigu voté par l’Assemblée nationale. Espérons que l’obstination des députés Claeys et Leonetti laissera place à la raison. Nous redisons notre inquiétude face à cette nouvelle norme du « bien mourir », qui nous verrait tous anesthésiés et privés d’alimentation et d’hydratation, ce qui constituerait une dérive inquiétante et dénaturerait en profondeur notre culture des soins palliatifs. D’autre part, on ne pourra jamais imposer aux médecins de pratiquer des gestes injustes envers leurs patients, ni d’entrer dans de mauvaises pratiques médicales ».

Pour aller plus loin, voir le Décodeur n°44 d’Alliance VITA du 4 juin 2015 : Décryptage sur la proposition de loi Fin de vie examinée au Sénat