CRISPR-Cas9 et myopathie de Duchenne : de nouvelles avancées prometteuses

CRISPR-Cas9 et myopathie de Duchenne : de nouvelles avancées prometteuses

La technique génétique révolutionnaire du CRISPR-Cas9 fait parler d’elle. De nouvelles études scientifiques viennent d’être publiées.  Elles relatent des travaux qui ont été menés dans le traitement d’une pathologie très grave et malheureusement incurable à ce jour : la myopathie de Duchenne.

Cette maladie neuro-musculaire se caractérise par une grande faiblesse musculaire, et une atrophie pathologique progressive de tous les muscles du corps. Cette maladie d’origine génétique est déclenchée par des mutations d’un gène, le gène DMD codant pour une protéine essentielle au fonctionnement musculaire : la dystrophine. Ce gène de très grande taille est porté par le chromosome X.

Trois équipes de recherche indépendantes travaillant sur cette thématique ont publié en même temps dans la Revue Science leurs travaux menés sur des souris avec le CRISPR-Cas9, technique ouvrant des perspectives inédites pour corriger ces mutations. Cette technique de génie génétique permet de cibler des zones d’ADN à couper pour inhiber ou remplacer un gène défectueux. Ainsi, les trois équipes se sont attachées à couper le gène défectueux dans le tronçon d’ADN concerné. En l’absence de ce morceau d’ADN défectueux, la cellule musculaire fabrique une protéine dystrophine raccourcie mais fonctionnelle, permettant visiblement aux souris de récupérer un peu de forces.

L’une des équipes a d’abord conduit cette expérience de modification du génome sur un embryon (un œuf fécondé) de souris, créant ainsi un sujet pouvant être sain. Mais ce changement devient alors transmissible aux générations suivantes, et ces expériences ne répondent aucunement aux besoins des patients atteints de dystrophie musculaire. Cette équipe a alors ensuite travaillé à modifier le génome des cellules musculaires de la jeune souris, en utilisant un virus inoffensif porteur du système de modification de génome capable d’infecter les cellules musculaires dans tout le corps de la souris pour y déposer dans chacune ces « ciseaux » destinés à couper l’ADN. Les cellules au génome ainsi « réparées » se sont alors mises à coder une dystrophine fonctionnelle.

Les deux autres équipes ont conduit des expériences similaires, ciblant d’autres zones du gène défectueux.  Mais l’une des équipes s’est attachée à aller encore plus loin,  en utilisant un virus capable de porter l’équipement CRISPR-cas9 au cœur des cellules souches qui produisent les nouvelles cellules musculaires, pour en modifier le génome. Traiter les cellules souches musculaires d’un patient pourrait produire un résultat thérapeutique plus permanent que la correction des cellules musculaires ordinaires et matures, qui se renouvellent à un rythme rapide chez les patients atteints de dystrophie musculaire, par rapport aux personnes non atteintes par cette pathologie.

Les trois équipes ont déposé des brevets. Si une thérapie génique pour la dystrophie musculaire peut être entrevue, il reste encore un travail considérable à mener avant que des essais cliniques sur l’homme puissent commencer. Il subsiste des inconnues : on ne sait pas comment le système immunitaire humain réagirait aux composants du système de l’édition de gènes ou aux protéines de la dystrophine modifiées à laquelle il n’a pas été habitué.

Le journal Les Echos souligne  que « Sur le front de la lutte contre les maladies génétiques, l’édition du génome constitue une arme redoutable dans la main des médecins ». Cette technique de modification du génome est révolutionnaire et laisse entrevoir d’innombrables potentialités thérapeutiques, comme dans ces études. Tout dépend comment elle est utilisée.

Rappelons encore une fois que le CRISPR-Cas9 n’est pas sans poser des questions éthiques majeures, s’il est utilisé sur des embryons humains ou des cellules germinales humaines. « C’est une ligne rouge à ne pas franchir », a récemment rappelé Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA : « Ces techniques d’édition de l’ADN si elles s’appliquaient aux cellules reproductrices humaines ou à l’embryon humain donnent légitimement le vertige : nous risquons l’avènement du bébé à la carte et la modification de manière transmissible du génome humain, un patrimoine mondial de l’humanité qui mérite toutes nos précautions ».

Nomination inquiétante à la tête du nouveau Centre national de la fin de vie

Nomination inquiétante à la tête du nouveau Centre national de la fin de vie

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A la suite de la création du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie par le décret du 5 janvier 2016, la presse annonce que la présidence de cet organisme est confiée au docteur Véronique Fournier, dont les prises de position ambiguës sur l’euthanasie sont inquiétantes.

Prévu comme première mesure dans le plan national de soins palliatifs 2015-2018, ce Centre fusionne deux organismes existants : le Centre national de ressources en soins palliatifs et l’Observatoire national de la fin de vie créé en 2008.  Objectif de ce nouveau Centre : « accompagner les usagers comme les professionnels dans l’approfondissement de leurs connaissances sur ces sujets complexes que sont la démarche palliative et l’accompagnement de la fin de vie. »

Alors que le communiqué de presse du ministère de la santé annonçait hier que la nomination du président de ce centre et l’appel à candidatures pour constituer son conseil d’orientation stratégique interviendront très prochainement, la presse dévoile le nom de Véronique Fournier, cardiologue et directrice du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin à Paris.

Ce médecin entretient depuis plusieurs années une confusion entre soins palliatifs et euthanasie, en déclarant par exemple « En France, les soins palliatifs s’opposent à l’euthanasie, or, il faudrait que l’euthanasie devienne le soin palliatif ultime », ou encore suggérait une “euthanasie palliative” ou un “palliatif euthanasique”.

Alliance VITA avait réagi à l’annonce très tardive de ce plan en décembre 2015, alors que le développement des soins palliatifs était gelé depuis 2012. Alliance VITA soutient l’engagement du Collectif Soulager mais pas tuer, dont elle est membre, d’exercer un double dispositif de vigilance : d’une part sur l’application de la loi fin de vie, face à ses risques de dérives euthanasiques, et d’autre part sur la mise en œuvre concrète et efficace du plan proposé par le gouvernement. Alliance VITA partage les vives inquiétudes du Collectif à l’annonce de cette nomination, qui confirme la nécessité d’une vigilance absolue.

Extrait communiqué de Soulager mais pas tuer du 7 janvier 2016 avec la réaction du délégué général d’Alliance VITA, Tugdual Derville.

Pour Tugdual Derville, l’un des porte-parole nationaux de Soulager mais pas tuer, « la confusion entre soins palliatifs et euthanasie est la pire chose qui puisse arriver dans ce débat. Et c’est la première raison de notre mise en garde contre la proposition de loi Claeys-Leonetti dont le concept de « sédation profonde et continue jusqu’au décès » s’apparente, dans certains cas, à des euthanasies masquées ou à des suicides assistés. Certains effectuent un véritable travail de sape pour détourner les soins palliatifs de leur mission ; tout en affirmant les soutenir, ils prétendent qu’ils ne sont pas une solution crédible. Or, nous devons malheureusement constater que Véronique Fournier a largement contribué à cette confusion, en prônant ce qu’elle nomme « l’euthanasie palliative ». Elle ouvre de plus de nouveaux débats à hauts risques, comme lorsqu’elle laisse entendre qu’il faut réinterroger le respect de la vie des personnes âgées démentes en institution. Or, le « mal-mourir » appelle toujours un surcroit de solidarité sans jamais légitimer le franchissement de l’interdit de tuer, fondement du pacte social particulièrement indispensable pour les plus fragiles et les sans voix. »

A l’approche des derniers débats au Parlement pour finaliser dans les semaines à venir la loi sur la fin de vie, Soulager mais pas tuer appelle tous les parlementaires à la plus grande vigilance, afin que cette nouvelle loi ne vienne pas instaurer en France une euthanasie qui ne dirait pas son nom.

Etude fin de vie : des pistes pour réduire la mort à l’hôpital

Etude fin de vie : des pistes pour réduire la mort à l’hôpital

 

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Mieux prendre en charge les personnes en fin de vie ?  Une étude inédite a été conduite pour comprendre si les politiques de santé pourraient être en mesure d’améliorer la prise en charge de la fin de vie : les résultats démontrent que certaines hospitalisations pourraient être évitées grâce au rôle du médecin généraliste et par une meilleure coordination des soins.

L’étude publiée dans le JECH (Journal of Epidemiology and Community Health) a été conduite dans 4 pays européens (Pays-Bas, Belgique, Espagne, Italie) entre 2009 et 2011 via les « réseaux Sentinelle » (Sentinel Networks) de médecins généralistes. Seules les morts non soudaines ont été prises en compte, soit 4791 cas étudiés. Ces médecins ont consigné les circonstances de la mort de leurs patients et la fréquence d’hospitalisation durant les trois derniers mois de leur vie.

Dans tous les pays étudiés, un pourcentage similaire d’hospitalisation a eu lieu durant les 3 derniers mois (environ la moitié des morts non soudaines).

Cependant, le pourcentage de ré-hospitalisation (deux ou trois fois de suite) est moitié moins important aux Pays-Bas que dans les autres pays. L’action des médecins généralistes pour prévenir la ré-hospitalisation en est l’une des clés, même si elle ne semble pas déterminante. Il apparaît qu’aux Pays-Bas, ce rôle est combiné avec une meilleure coordination de la prise en charge dès la première hospitalisation.

De plus, l’étude souligne que le pourcentage d’hospitalisation dans les sept derniers jours de la vie est moins important aux Pays-Bas : il apparaît que la connaissance par le médecin généraliste des souhaits du patient quant à son lieu de décès, ainsi que le fait de résider dans une maison de retraite médicalisée, soient des facteurs déterminants pour éviter une hospitalisation en toute fin de vie.

L’étude conclut que des hospitalisations sont évitables si les soins sont mieux organisés et si les personnes en fin de vie les reçoivent  dans leur cadre de vie habituel. Ainsi, une mise en œuvre de politiques de santé publique plus adaptées limiterait des hospitalisations en fin de vie, parfois contre le souhait de certains patients et de leur famille, et pourrait contribuer à faire baisser significativement le montant des dépenses de soins.

Santé connectée, m-santé et e-patients : création de France eHealthTech

Santé connectée, m-santé et e-patients : création de France eHealthTech

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L’e-santé ou télésanté recouvre les différents instruments qui s’appuient sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour faciliter et améliorer la prévention, le diagnostic, le traitement et le suivi médicaux ainsi que la gestion de la santé et du mode de vie. 

La m-santé recouvre un ensemble de services allant du bien-être à la santé dont l’usage est rendu possible en permanence via un appareil mobile, smartphones et tablettes. Les e-patients sont les consommateurs et patients de e-santé ou m-santé.

Fondée officiellement le 28 septembre dernier, 59 startups françaises de la e-santé viennent d’annoncer s’être réunies dans l’association France eHealthTech. Ce regroupement vise à développer la filière, par un partage de réseaux et d’expériences pour influer au plus haut niveauet pour faire émerger des leaders français dans ce secteur qui évolue rapidement grâce aux progrès des technologies et du numérique. Le « corps connecté » et la digitalisation du rapport entre le patient et le soignant n’en sont qu’à leurs prémisses.

France eHealthTech a pour « objectif de fédérer les startups du secteur de la e-santé et du bien-être en France : plateformes web, réseaux sociaux en santé, applications mobiles et objets connectés de santé, data en santé, machine to machine, interface numérique conversationnelle. Puis de fédérer entreprises de taille intermédiaire, grands groupes, pôles de recherche et de compétitivité, clusters, acteurs du financement, représentants des professionnels de santé, des patients et des usagers qui interviennent en e-santé au sein d’un éco- système permettant la création d’une filière industrielle de niveau international ».

France eHealthTech assume son rôle de « lobby ». L’association a notamment été consultée dans le cadre de la loi santé ou de la future Loi Macron II, et milite pour l’ouverture des données de santé publique pour favoriser l’économie de la donnée et l’émergence de nouveaux services. Elle assume « une double ambition : favoriser et permettre l’éclosion de licornes françaises en e-santé et faire de la e-santé d’aujourd’hui, la santé de demain ».