Périnatalité : une étude se penche sur le facteur de l’âge du père

Périnatalité : une étude se penche sur le facteur de l’âge du père

Périnatalité : une étude se penche sur le facteur de l’âge du père

 

Une récente étude américaine s’est penchée sur l’impact de l’âge du père sur la santé des bébés à la naissance. De façon moins intuitive, elle pointe également l’influence de l’âge du père pour la santé de la mère pendant sa grossesse.

 

Fertilité masculine : le facteur âge à ne pas négliger

La question de l’âge de la paternité est moins abordée dans les médias que l’âge de la maternité. Sur les questions de fertilité, le terme “d’horloge biologique” est plus souvent associé aux femmes. Biologiquement, la notion de “réserve ovarienne” n’a pas d’équivalent direct pour la fertilité masculine. En effet, la spermatogénèse est un processus plus continu, et qui ne ralentit que lentement avec l’âge.  Des cas de paternité très tardive sont évoqués dans les médias, comme celle à 80 ans du célèbre acteur Robert de Niro, au début de cette année.

La loi bioéthique, qui autorise l’autoconservation des gamètes sans aucune raison médicale, a fixé par décret en septembre 2021 des “limites” qui prennent en compte cette différence et cette réalité biologiques. Elle est donc autorisée à partir de la vingt neuvième année pour les hommes comme pour les femmes, et reste possible jusqu’aux 37 ans de la femme, et aux 60 ans de l’homme.

Dans les récents débats sur la baisse de la natalité en France, le report de l’âge du premier bébé pour une femme a été régulièrement cité comme un facteur explicatif. Selon l’INSEE, cet âge moyen du premier bébé est passé de 26.5 ans à 31 ans sur les cinquante dernières années. On souligne moins que l’âge moyen du premier bébé a également reculé pour les hommes. Un des facteurs les plus importants est “mécanique”.

Il est lié à l’écart d’âge dans les couples. L’INSEE, dans une étude de 2016, avait mesuré qu’en moyenne dans un couple, l’homme avait 2.5 années de plus que la femme.

La question de l’impact de l’âge du père sur la fertilité de couple a fait l’objet de plusieurs étudesL’une d’entre elles était menée par des médecins de l’hôpital de Toulouse en 2012. Dans leur conclusion, ils écrivaient que : “une autre conclusion clé est que l’impact de l’âge de l’homme, comme l’âge de la femme, est un facteur important et majeur à prendre en considération. Cela devrait encourager les couples à essayer de commencer à planifier d’avoir des enfants plus tôt“.

 

Quel impact de l”âge du père pour l’enfant et pour la mère ?

La récente étude parue en août dernier aux Etats Unis s’est penchée sur “les tendances sociodémographiques et les résultats périnataux chez les pères de 50 ans et plus”. Les auteurs partent du fait que “l’âge des pères à l’accouchement augmente, avec un nombre croissant de naissances attribuées aux pères plus âgés“. Le pourcentage de paternité “à un âge avancé” reste bas : 1.3% des naissances, mais avec une tendance nette : 18% de hausse depuis 2011. 500,000 enfants aux Etats-Unis sont nés entre 2011 et 2022 de pères de plus de 50 ans.

L’étude conclut à des impacts statistiquement significatifs de l’âge avancé pour l’enfant et même pour la mère.

Par exemple, comparé au groupe de pères âgés de 30 à 39 ans, pour les pères entre 50 et 59 ans, le risque d’une naissance prématurée augmente de 16%. Le risque de poids insuffisant pour le bébé (“low birth weight”) augmente aussi de 14%. Enfin, le risque de diabète gestationnel pour la mère augmente également de 13%. Le risque de naissance prématurée passe même à 21% quand le père a plus de 70 ans.

Les auteurs constatent également que le recours à des techniques de procréation artificielle a été deux fois plus important dans les cas de paternités plus âgées comparé au groupe de pères âgés de 30 à 39 ans. Cet état de fait est probablement lié au fait que la fertilité masculine décline aussi avec l’âge.

A côté de ces facteurs négatifs mis en lumière dans cette étude, les auteurs rappellent que des facteurs positifs peuvent exister comme ” la stabilité financière, l’amélioration des possibilités nutritionnelles et éducatives”.

 

Le report de naissance à un âge plus avancé est une tendance lourde dans la société, que ce soit pour les mères ou pour les pères.

L’impact sur la fertilité de l’âge de l’homme et de l’âge du couple (c’est-à-dire de l’homme et de la femme) sont moins connus que celui du seul âge de la femme.  D’après le Rapport sur les causes d’infertilité de 2022, « l’effet délétère de l’âge de l’homme sur sa fertilité commence lui aussi à être connu des spécialistes de la reproduction, mais reste peu appréhendé par le grand public ». Chez l’homme, avec l’âge, et selon le mode et les conditions de vie, la qualité (nombre, mobilité, anomalies morphologiques ou génomiques) des spermatozoïdes peut s’altérer. L’âge altère la concentration et la qualité spermatiques.

L’augmentation du risque d’infertilité masculine avec l’âge est modérée et très progressive à partir de 40 ans, mais franche au-delà de 50 ans.

Les résultats statistiques de cette nouvelle étude soulignent l’intérêt d’informer le grand public sur le facteur de l’âge et ses impacts quand on parle de fertilité et de natalité.

périnatalité : une étude se penche sur le facteur de l'âge du père

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Prévenir le suicide, pas l’enjoliver

Prévenir le suicide, pas l’enjoliver

Prévenir le suicide, pas l’enjoliver

 

Depuis 2003, le 10 septembre est la journée mondiale de la prévention du suicide, journée organisée par l’Association internationale pour la prévention du suicide (IASP) et coparrainée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
 
 
Il y a plus de vingt ans, le suicide était en effet reconnu comme problème de santé publique majeur nécessitant une vraie politique de prévention.
Hasard du calendrier, s’achevait il y a quelques jours la Mostra de Venise qui a sacré le réalisateur espagnol Almodóvar pour son film sur le suicide assisté, La Chambre d’à côté, qui a remporté le Lion d’Or.
 
 
Le long-métrage relate l’histoire d’une ancienne reporter de guerre habituée à défier la mort qui, lorsqu’elle est atteinte d’un cancer, décide de mettre fin à ses jours. En venant récupérer son prix, le réalisateur en a profité pour livrer un plaidoyer pour l’euthanasie, clamant que “dire adieu à ce monde dignement est un droit fondamental de tout être humain”.
 
 

Le suicide, un drame à un million de morts par an

 
Loin d’être une belle histoire, le suicide c’est en réalité de très nombreuses vies qui s’arrêtent chaque jour, davantage encore de tentatives de se donner la mort, des crises et des envies suicidaires qui se soignent en psychiatrie, et un enjeu majeur de santé publique tant ce drame nous touche tous.
 
 
A l’échelle mondiale, on compte 1 suicide toutes les 40 secondes environ, ainsi qu’une tentative toutes les 3 secondes, ce qui revient à 1 million de suicides chaque année dans le monde. C’est davantage que l’ensemble des personnes tuées par les guerres et les catastrophes naturelles !
 
 
Pour notre seul pays, les chiffres sont également alarmants (même si l’on constate une tendance à la baisse depuis vingt ans), puisque la France a un taux de suicide de 13,4 pour 100 000 habitants – l’un des plus hauts d’Europe, supérieur à la moyenne européenne de 11,3 (en 2017). On dénombre ainsi près de 9000 décès par suicide chaque année en France.
 
 
On compte également, toujours en France, 685 tentatives de suicide par jour : ces tentatives entraînent 100 000 hospitalisations par an, et environ 200 000 passages aux urgences. Les tentatives de suicide représentent donc vingt fois le nombre de suicides effectifs.

Impact sur l’entourage et contagion suicidaire

Acte intime par excellence, chaque suicide est pourtant bien plus qu’un drame « individuel » : endeuillant brutalement et de façon violente l’entourage d’une personne, il concerne toute la société. Selon Pierre Thomas, professeur de psychiatrie à l’Université de Lille :
 
« Chaque suicide est en effet une catastrophe, à l’origine de beaucoup de douleur et de traumatismes chez les proches, et il peut être l’un des évènements les plus pénibles auxquels sont confrontés les professionnels de santé.
On considère qu’un suicide endeuille en moyenne sept proches et impacte plus de 20 personnes. Or, il est démontré que le risque de suicide augmente significativement dans l’entourage d’une personne suicidée (famille, camarades de classe, collègues de travail, etc.), observation qui a conduit à développer l’idée de la contagion suicidaire et à mettre en œuvre des moyens pour lutter contre cette contagion. »
 
Lors de la Rencontre internationale sur la fin de vie organisée par Alliance VITA le 28 février 2024, Stève Bobillier, docteur en philosophie et sciences sociales et éthicien suisse l’a montré également : le suicide n’est pas un acte individuel, mais il a un impact conséquent sur les proches, les soignants et la société en général.
Et par effet de suicide mimétique ou effet Werther (phénomène mis en évidence en 1982 par le sociologue américain David Philipps, qui a étudié la hausse du nombre de suicides suivant la parution dans les médias d’un cas de suicide), la législation relative au suicide assisté mènerait à une banalisation dangereuse au détriment de sa prévention.
 
Que penser alors de la « publicité » donnée au suicide assisté par un film comme celui évoqué plus haut, quand on sait tout l’impact que de tels modèles peuvent avoir sur les personnes qui les regardent ? A tel point d’ailleurs que dans des recommandations adressées aux professionnels des médias, l’OMS, en partenariat avec l’IASP, préconise notamment d’éviter le langage qui sensationnalise et normalise le suicide ou qui le présente comme une solution aux problèmes.
 
Chaque suicide est un échec pour la société : il pourrait en être autrement, le suicide n’est pas une fatalité, comme le rappellent les professionnels de la prévention et tous ceux qui, après une tentative, reprennent goût à la vie.

Nécessité de la prévention de tout type de suicide

 
Légaliser le suicide assisté et l’euthanasie comme le prévoyait le projet de loi fin de vie (dont le processus législatif a été arrêté par la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier) entraverait gravement les politiques de prévention. Il est irresponsable de présenter un suicide comme souhaitable et de prétendre que l’Etat doit l’organiser.
 
Alors que le secteur de la psychiatrie traverse une crise profonde, des spécialistes alertaient d’ailleurs dans une tribune publiée dans le journal Le Monde le 10 avril 2024 :
 
« Alors que nous considérons la mise en œuvre potentielle de l’aide à mourir, il est crucial de ne pas perdre de vue l’importance de la prévention du suicide, qui doit être une priorité de santé publique nécessitant des efforts continus : il faut identifier et soutenir ceux qui luttent contre des idées suicidaires.[…] La question n’est donc pas tant de savoir si la douleur psychologique est irréversible, mais plutôt de savoir si le système de santé est capable de dégager des moyens suffisants pour la traiter en proposant aux patients toutes les options possibles. »
 
Quel sens cela aurait-il de proposer d’un côté une écoute aux personnes tentées de mettre fin à leurs jours, avec le numéro gratuit 3114, et de proposer d’un autre côté un « service » de suicide assisté ?
 
Quelle logique y aurait-il à recontacter les personnes ayant fait une tentative de suicide via le dispositif VigilanS pour les accompagner et éviter leur passage à l’acte, mais à répondre positivement à la demande d’euthanasie d’autres personnes ?
 
 
Alliance VITA demande que personne ne soit exclu des politiques de prévention : quel que soit son âge, son état de santé, son handicap ou sa dépendance, nul ne peut être déclaré « éligible » au suicide. Aucune vie ne mérite d’être considérée comme vaine, inutile et sans valeur. Ce sont au contraire les personnes les plus fragiles qui ont le plus besoin d’être protégées contre le risque d’un passage à l’acte désespéré.
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Suicide – euthanasie : 2 poursuites judiciaires durant l’été

Suicide – euthanasie : 2 poursuites judiciaires durant l’été

Suicide – euthanasie : deux poursuites judiciaires durant l’été

 

Deux affaires de morts provoquées ont conduit à ouvrir des informations judiciaires au cours de l’été.

 

Réchappée d’un suicide provoqué

Le premier cas s’est déroulé à Grenoble le 14 août dernier. Une femme de 91 ans a obtenu des produits létaux par l’intermédiaire de deux octogénaires, militants pro euthanasie de l’association Ultime liberté. La femme, elle-même militante, n’a pas supporté le produit qu’elle a vomi après l’avoir ingéré le 14 août dernier. Elle est actuellement hospitalisée.

C’est son fils qui a signalé à la police que des personnes présentes au domicile de sa mère avaient «voulu la tuer». Ces dernières ont été mises en examen pour « exercice illégal de la profession de pharmacien » et « propagande en faveur de produits préconisés comme moyens d’aide au suicide ».

Selon les propos du juge d’instruction rapportés par l’AFP, elles sont également poursuivies pour avoir “provoqué la victime au suicide en lui fournissant différents produits” et pour avoir “fait de la publicité” en faveur des moyens de se donner la mort, deux infractions qui visent également l’association ultra militante. Cette dernière a publié un communiqué dès le 16 août en soutien à ses deux membres, arguant que c’était la volonté de la femme de se suicider.

Cette association a déjà été condamnée en 2021 pour trafic de pentobarbital, produit létal interdit en France pour les humains. Sa fondatrice  a déploré l’attitude du fils car il avait pourtant été mis au courant selon ses propos rapportés par le journal La Croix.

Etre au courant n’est pas pour autant consentir spécialement quand il s’agit de suicider sa propre mère avec l’appui d’une association qui, selon les propos du procureur de la République de Grenoble, « pratique un militantisme offensif promouvant les moyens de se donner la mort. ».

C’est justement la mission de la justice de protéger les personnes contre ces infractions passibles de trois ans de prison et 30 000 à 40 000 euros d’amende.

 

Information judiciaire pour « meurtre sur ascendant »

La seconde poursuite judiciaire concerne une femme de 71 ans, hospitalisée en soins palliatifs à Lyon et qui a été victime le 24 août d’une surdose de morphine, selon le signalement fait par le personnel hospitalier.

Cette femme était en train de recevoir des doses progressives de morphine, administrée sur 48 heures, pour être soulagée de douleurs dans le cadre d’une maladie non divulguée. Une de ses filles, en accord avec sa sœur et son frère, tous les trois quarantenaires, aurait vidé toute la seringue d’un seul coup à l’insu du personnel soignant pour « mettre fin aux souffrances de sa mère », selon ses dires.

L’enquête est confiée à un juge d’instruction. On peut s’interroger sur les mobiles qui ont conduit à un tel agissement alors que cette femme était prise en charge en soins palliatifs. Face à des proches éprouvés qui ont cru devoir passer à l’acte, la justice a la délicate mission de protéger les personnes vulnérables…

suicide – euthanasie : 2 poursuites judiciaires durant l’été

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Jeux paralympiques 2024 : hymne à l’humanité

Jeux paralympiques 2024 : hymne à l’humanité

Jeux paralympiques : hymne à l’humanité

 

Les jeux paralympiques de Paris qui s’achèvent dimanche 8 septembre 2024 ont montré des personnes porteuses de handicap une image foisonnante, créative et extrêmement positive. L’évènement ne vient annuler ni la souffrance, ni l’isolement, ni le rejet dont souffrent de nombreuses personnes dépendantes, partout dans le monde. Mais il pourrait contribuer à faire évoluer – grâce au sport – le regard posé sur elles.

Comme de coutume, les jeux paralympiques se sont tenus pendant 12 jours dans l’élan de la compétition planétaire réservée aux « valides ». Ils ont bénéficié en France de son engouement populaire, de ses sites somptueux et de la même organisation soignée. Il faut y ajouter le supplément d’âme inhérent à de tels jeux : une compétition marquée par la résilience de quelque 4 400 compétiteurs. Lier sport et handicap a quelque chose de paradoxal : chaque athlète doit à la fois assumer sa « faiblesse » et la dominer pour exprimer sa force.

Comment ne pas céder à l’admiration ? Il y eut à ce propos un embryon de polémique quand un para-athlète a contesté l’expression « super-héros » lâchée par le champion de judo Teddy Riner pour louer des compétiteurs paralympiques. Membre de l’équipe de France de basket fauteuil, Sofyane Mehiaoui a protesté :

« Le fait qu’on parle de nous comme des super-héros ne nous aide pas. On est des personnes en situation de handicap et nous souhaitons être considérés comme des personnes normales. Quand on nous surexpose, ce n’est pas bien. On n’est pas des super-héros, on est des athlètes. »

Teddy Riner ne s’est pas démonté : « C’est déjà compliqué quand on a tous ses membres, alors quand on en a en moins… », avant d’enfoncer le clou : « Ce sont des superhéros, ça plaît ou ça ne plaît pas ! » L’admiration est certes à double tranchant. Mais peut-on interdire de déceler dans les jeux paralympiques « quelque chose de plus » ?

Ainsi, par exemple, à la fin d’une finale très disputée de parabadminton, gagnée par le Français Charles Noakes, son adversaire britannique, de petite taille comme lui, n’a cessé de rire à chaque coup qu’il perdait, tout en se montrant déçu par sa défaite.

Quoi qu’il en soit, les Français ont pu voir que sport et handicap font bon ménage, en offrant d’haletants spectacles. Beaucoup ont pu découvrir l’ingéniosité avec laquelle les êtres humains ont su adapter les règles de vingt sports et imaginer les équipements correspondants : ballon sonore pour les non-voyants, lames de course pour les amputés, vélos à main pour les paraplégiques etc. Ils ont aussi découvert les deux disciplines spécifiques conçues pour ne laisser personne sur le bord du chemin : le goalball pour personnes non ou mal-voyantes et la boccia.

Ce sport permet à des personnes lourdement dépendantes, souffrant notamment d’une infirmité motrice d’origine cérébrale qui entrave leurs mouvements, de se confronter dans un exercice d’observation, de stratégie et… d’adresse.

Pour qu’une compétition sportive soit attrayante et juste, il faut favoriser le maximum d’équité entre les compétiteurs. C’est le sens initial du mot handicap qui désigne le poids ajouté à un cheval de course réputé meilleur pour l’alourdir afin qu’il puisse courir aux côtés d’autres réputés moins performants. Ce n’est pas ce type de « handicap » qui est mis en œuvre ici. L’équité est assurée par la répartition des athlètes en de multiples catégories.

Notons que la catégorisation n’est aucunement l’apanage des sportifs porteurs de handicaps. Plusieurs disciplines de combat pour « valides » répartissent leurs adeptes en fonction de leur poids (judo, boxe etc.), sans oublier la distinction homme-femme qui n’est levée que dans les disciplines comme l’équitation où ces dernières ne sont pas défavorisées. Cette classification des déficiences multiplie les épreuves (et les médailles) : le para-athlétisme nous a ainsi offert 29 finales pour le seul 100 mètres au Stade de France !

Evidemment, certaines catégorisations sont contestables. On l’a vu pour l’haltérophilie : l’athlète français Axel Bourlon a contesté la participation à son concours d’un concurrent cubain de très petite taille. Lui-même atteint de nanisme, il suspecte son concurrent de n’avoir à faire qu’un minuscule mouvement des bras pour que son développé couché soit validé par les juges et réclame pour l’avenir un changement de règlement.

 

Après « l’héroïsation » des athlètes paralympiques, certains observateurs critiquent leur « esthétisation », en notant qu’une certaine médiatisation fait la part bonne aux images attrayantes en évitant celles qui peuvent être jugées « dérangeantes ». Selon eux, les athlètes porteurs de déficit intellectuel ou d’infirmité motrice cérébrale ayant des difficultés à contrôler leurs mouvements sont « invisibilisés ».

Mais les épreuves largement diffusées en direct sur France Télévision contredisent cette critique, ainsi que les interviews des médaillés à l’image de celle, rafraîchissante, de la lanceuse de poids, Gloria Agblemagnon, 26 ans, seconde dans la catégorie sport adapté (ayant un déficit intellectuel). Interrogée avec délicatesse, elle exprime tout ce que la pratique sportive couronnée par sa médaille d’argent et son record lui ont apporté comme joie, mais témoigne aussi du harcèlement longtemps subi à l’école à cause de ses problèmes de mémoire.

On pourrait aussi ajouter que les disciplines paralympiques, tout aussi concurrentielles et prisées que celles des « valides » ne sont pas plus immunisées contre le dopage et autres tricheries que leurs sœurs olympiques. Rappelons l’étonnant scandale provoqué par l’équipe espagnole de basket adapté victorieuse en 2000 à Sidney, puis déclassée quand on découvrit que 10 de ses 12 membres ne souffraient d’aucun déficit mental !

Une dernière trouvaille qui fait froid dans le dos a mobilisé le contrôle anti-dopage : le « boosting » (littéralement « stimulation ») : pour passer sous les radars des analyses, certains athlètes souffrant de paralysie, notamment des paraplégiques, s’automutilent sans douleur dans une partie insensible de leur corps, pour provoquer une réaction physiologique immédiate qui dope leur capacité sportive, tout en mettant leur santé en danger. Preuve, s’il en fallait, que l’intégration de certains athlètes dans la société fonctionne jusque dans ses pires travers.

Il reste que ces jeux paralympiques 2024 sont à bien des égards un hymne à l’humanité. En écartant à la fois le misérabilisme et le déni, ils ont le grand mérite de montrer la réalité. Réalité des corps marqués par un handicap, soit de naissance, soit lié à un accident ultérieur de la vie. Réalité de la résilience de sportifs, parfois professionnels, donnant le meilleur d’eux-mêmes. Réalité aussi de la solidarité sans laquelle de tels jeux n’existeraient pas.

Elle est particulièrement marquante dans les épreuves de course où sont « binômés » un voyant et un non-voyant : cyclisme ou course à pied. Dans ce dernier type d’épreuve, les partenaires sont reliés l’un à l’autre, et la rupture du lien avant l’arrivée signe l’élimination du duo, dont le participant « handicapé » doit, par ailleurs, obligatoirement franchir la ligne avant son guide. Belle image qu’on aimerait étendre à la vie quotidienne de toutes les personnes que le handicap marginalise. Nous sommes tous faits pour nous relier et les plus vulnérables en sont la preuve vivante.

Hélas, cette exceptionnelle valorisation de la vitalité de personnes porteuses de handicap tranche aussi avec le rejet que beaucoup subissent avant la naissance, quand une anomalie du fœtus est détectée, au prétexte que sa vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue.

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Système de santé : l’état d’urgence demeure

Système de santé : l’état d’urgence demeure

Système de santé : l’état d’urgence demeure

 

Le système de santé demeure en état d’urgence pour cette rentrée 2024.

Ce constat est confirmé par de nombreuses publications, ainsi qu’un sondage récent qui met le système de santé en haut des préoccupations des Français.

 

Le système de santé, préoccupation majeure des Français

L’IFOP vient de publier un sondage réalisé pour Sud Radio. S’il note un rebond d’optimisme après un été sans canicule et porté par l’enthousiasme des Jeux Olympiques, le sondage classe la préoccupation pour la santé en tête des priorités des Français. 87% des sondés ont cité la santé comme “tout à fait prioritaire” devant l’éducation (75%) et l’inflation (74%). Par comparaison, la santé recueillait 60% de réponses en 2017 et 82% en 2020, au moment de la crise sanitaire liée à la Covid 19.

Dans les détails donnés par l’Institut de sondage, on observe des inflexions en fonction des opinions politiques, de l’âge, du lieu d’habitation, des revenus et du niveau d’éducation, mais pas de différence majeure. 84% des hommes et 89% des femmes, 83% des actifs et 91% des inactifs, 85% des habitants de l’Ile-de-France et 87% des habitants en province ont cité la santé comme « tout à fait prioritaire’. L’inflexion la plus notable se rapporte à l’âge : 78% des moins de 35 ans et 90% des 35 ans et plus classent la santé dans les thèmes prioritaires pour les mois à venir.

Il s’agit bien d’un accord massif parmi les Français, dans une situation politique souvent décrite comme fragmentée voire polarisée.

 

L’accès aux soins, une préoccupation au quotidien

La Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente les établissements de santé publique, a publié le 4 septembre un communiqué de presse comprenant les résultats d’une enquête flash. Selon celle-ci, la situation cet été était stable pour 46% des établissements ou en dégradation pour 39% d’entre eux par rapport à l’été 2023. La FHF rappelle que “en vingt ans, l’activité des urgences a doublé pour atteindre près de 22 millions de passages chaque année, dont 80 % sont assurés par les seuls hôpitaux publics”.

Le communiqué de presse cite deux grandes difficultés que les hôpitaux publics affrontent. La première est celle de la capacité des établissements, un facteur cité par 66% des établissements en médecine. Ainsi, 6700 lits ont été supprimés en 2022. Deuxième difficulté : la tension sur les effectifs de soignants selon 62% des répondants à cette enquête.

Pour faire face à ces difficultés sur le terrain, 64% des établissements ont fait appel aux heures supplémentaires des équipes, 31% à une réorientation à l’admission et 34% à la mise en place d’une régulation préalable par le SAMU.

Ces chiffres globaux se croisent avec des articles dans la presse qui relatent les temps d’attente ou les difficultés des patients à accéder aux soins. Dans un hôpital de Brest, “127 patients de plus de 75 ans auraient attendu en moyenne vingt-trois heures sur un brancard” (source Ouest France). La presse a fait état de la baisse du nombre de postes d’interne (1500 en moins cette année, soit environ 15% de baisse) à la suite d’une réforme de leur concours.

Selon Ouest France “les internes représentent 40 % de l’effectif médical hospitalier. Cette diminution, même ponctuelle, va alourdir la charge de travail et les gardes des praticiens“. Le journal Le Monde a publié un petit reportage “A l’hôpital de Carpentras, dans les coulisses du « tri » à l’entrée des urgences“. Ce système, s’il permet une certaine régulation pour soulager la tension qui pèse sur les épaules des soignants, produit aussi beaucoup d’incompréhension de la part des patients.

 

La santé est une demande forte et commune des Français. L’amélioration de la situation du système de santé doit rester une priorité pour le prochain gouvernement. Cela devrait exclure un retour de dérivatif comme le projet de loi fin de vie examiné avant la dissolution de l’Assemblée nationale.

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