L’adoption internationale pourrait-elle être interdite en France ?

L’adoption internationale pourrait-elle être interdite en France ?

L’adoption internationale pourrait-elle être interdite en France ?

 

Le 5 septembre, la Chine a annoncé la fermeture de ses portes à l’adoption internationale. Cette annonce intervient dans un contexte d’un effondrement des adoptions internationales depuis 2005, alors que depuis quelques années les pays occidentaux prennent conscience de dérives voire de scandales dans les procédures d’adoption dans les pays d’origine.

Publié en mars 2024, un rapport interministériel pointe le caractère systémique de ces dérives et formule plusieurs recommandations pour renforcer les contrôles et donner suite aux demandes d’accès aux origines des enfants adoptés. A terme, c’est la possibilité même d’adopter des enfants à l’étranger qui pourrait être remise en question.

 

Ces vingt dernières années, la France a vu le nombre d’adoptions d’enfants venus de l’étranger s’effondrer, passant de 4 136 en 2005 à seulement 176 en 2023. Si l’adoption internationale était vue dans les années 1970 comme un geste altruiste, voire une obligation morale envers des enfants issus du Tiers-Monde menacés par la guerre, la famine ou les maladies, et une possibilité de devenir parents pour des couples « en mal d’enfant », elle est devenue de plus en suspecte au tournant des années 2000, quand des personnes adoptées ont commencé à dénoncer certaines pratiques.

En effet, ces personnes, en recherchant leurs origines, ont pu découvrir de nombreuses irrégularités dans la façon dont elles avaient pu être adoptées : absence de consentement des parents ou falsification de papiers par exemple.

Début 2021, l’association Réseau des Adopté-es à l’International en France (RAIF) a ainsi lancé une pétition pour réclamer la mise en place d’une commission d’enquête sur les adoptions illégales à l’international depuis 1970 en France. Cette pétition est signée par près de 50 000 personnes.

De son côté, la France a depuis plusieurs années renforcé les contrôles et les restrictions pour l’adoption internationale, rendant la procédure de plus en plus complexe. En 1993, la Convention de la Haye, ratifiée par la France en 1998, marque une étape importante puisqu’elle consacre le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant privé de famille et le principe de subsidiarité. Elle fixe un cadre juridique et définit les responsabilités respectives des pays d’origine et d’accueil.

Cette convention prévoit la mise en place d’autorités centrales dans chaque pays concerné qui doivent accompagner les démarches d’adoption. Les Etats d’origine doivent vérifier le consentement libre et éclairé des parents ou des représentants légaux.

La loi du 4 juillet 2005 crée l’agence française de l’adoption (AFA) chargée de faciliter les démarches des parents qui souhaitent adopter à l’étranger. En février 2022, la loi visant à réformer l’adoption dite « loi Limon » interdit les démarches individuelles et instaure un contrôle plus rigoureux des organismes intermédiaires.

Ces dernières années, prenant en considération l’intérêt supérieur de l’enfant, la France a été conduite à suspendre les adoptions internationales en Haïti (mars 2020), en Russie et en Ukraine (mars 2022), au Burkina Faso et au Mali (septembre 2023), puis à Madagascar (octobre 2023). Le Quai d’Orsay a fait prévaloir l’absence de garanties nécessaires en termes de « sécurité et d’éthique des procédures » pour justifier ces suspensions (Réponse du Ministère des affaires étrangères du 22/02/2024).

Dans ce contexte, le gouvernement a mis en place fin 2022 une mission interministérielle chargée d’enquêter sur les pratiques illicites de l’adoption internationale et de formuler des recommandations. Au total, cette mission a auditionné 179 responsables, professionnels et témoins aussi bien en France qu’à l’étranger, entre décembre 2022 et juin 2023. Ses conclusions ont été publiées en mars 2024 dans un rapport de 118 pages.

Au terme de ses travaux, la mission reconnaît l’existence d’importantes dérives dans l’essor de l’adoption internationale : versement de sommes d’argent, défaut de consentement, falsification de pièces…Dans les cas les plus graves, la mission fait état de kidnapping, vol, achat ou vente d’enfants. Ces pratiques sont dites « illicites » puisqu’elles n’étaient pas toutes illégales au moment où elles ont lieu. La mission attribue un caractère systémique à ces pratiques au vu de « l’importance du nombre de pays concernés » et de « l’étalement dans le temps des pratiques recensées ».

Elle cite une enquête menée en mai 2020 par l’association la Voix des adoptés auprès de ses adhérents sur les pratiques illicites. Sur un échantillon de 203 répondants, 29 % déclarent avoir en leur possession des éléments sur des irrégularités dans le cadre de leur adoption.

La mission reconnaît aussi tout le travail accompli par la France pour encadrer l’adoption et minimiser les risques. Elle estime que « le dispositif français de l’adoption internationale est désormais solide et bien tenu ». Néanmoins, elle demande que la France reconnaisse « les carences collectives dans la protection des enfants ». Dès les années 1980, des ambassadeurs et des consuls ont alerté sur certains risques repérés et ont dénoncé des pratiques illicites dont ils avaient été témoins. Pourtant, les autorités publiques ont tardé à prendre les mesures qui s’imposaient.

Ainsi, le rapport formule une série de recommandations, notamment la reconnaissance officielle de l’existence des pratiques illicites qui ont pu accompagner les adoptions internationales et des manquements qui les ont permises. Plusieurs recommandations portent sur le renforcement du contrôle et sur la coordination entre les différents acteurs. Enfin, le rapport donne ses recommandations pour mieux accompagner les personnes adoptées et faciliter l’accès à leurs origines. Le rapport préconise ainsi de créer une commission indépendante ayant pour mission « d’accueillir et écouter les personnes dont l’adoption à l’étranger a été affectée par des pratiques illicites, et de leur proposer un accompagnement adapté ».

Au même moment, des travaux ont également été menés dans d’autres pays européens sur les dérives de l’adoption à l’étranger. Ainsi, en début d’année 2024, un rapport danois a révélé que les agences d’adoption exerçant sous le contrôle de l’Etat danois étaient informées de falsifications d’identités chez les enfants adoptés en Corée du Sud dans les années 1970 et 1980. Ces révélations ont conduit le Danemark à suspendre toutes les adoptions internationales.

En mai 2024, le gouvernement néerlandais, à son tour, a annoncé mettre un terme de manière définitive aux adoptions dans d’autres pays, en raison d’abus structurels systémiques. Un rapport publié en 2021 avait montré l’existence de nombreuses pratiques illicites et mis en cause le gouvernement néerlandais dans le traitement de ces pratiques.

Alors que le nombre d’enfants adoptés à l’étranger est passé sous la barre des 200 adoptions l’an dernier et que la liste des pays interdits ne cesse de s’allonger, la France va-t-elle continuer d’autoriser l’adoption internationale ? La question peut légitimement se poser. En tout cas, dans le bulletin de la Mission de l’adoption internationale (MAI) publié en août, son chef Etienne Rolland-Piègue ne l’exclut pas. La France devrait, selon lui, « prendre le temps de débattre d’une telle option, avec pour seule boussole l’intérêt supérieur des enfants ».

 

Sur le même sujet : Loi adoption : une réforme qui fragilise le cadre existant

l’adoption internationale pourrait-elle être interdite en france ?

Suivez-nous sur les réseaux sociaux :

Système de santé : l’enjeu du vieillissement pour les affections longue durée

Système de santé : l’enjeu du vieillissement pour les affections longue durée

Système de santé : l’enjeu du vieillissement pour les affections longue durée

 

Le système de santé traverse une crise que la perspective du vieillissement de la population rend plus aigüe.

Un rapport centré sur les Affections de Longue Durée (ALD) a été publié récemment à ce sujet. Commandé par Elisabeth Borne lorsqu’elle était à la tête du gouvernement, cette revue des dépenses liées aux ALD entend proposer des recommandations “pour un dispositif plus efficient et équitable“, selon le titre du rapport. Il est porté conjointement par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS). C’est donc un double regard, financier et sanitaire, qui est posé sur l’état actuel de la prise en charge des ALD. La lettre de mission d’E Borne précise d’ailleurs qu’il y a 3 objectifs essentiellement budgétaires :

 

  1. Examiner les modifications juridiques et opérationnelles permettant de ralentir la croissance du coût du dispositif ;
  2. Interroger le périmètre des dépenses prises en charge pour les assurés en ALD 
  3. Explorer des systèmes de prise en charge alternatifs à l’exonération de ticket modérateur par le dispositif ALD.

Affections Longue Durée : de quoi parle-t-on ?

Le dispositif des ALD date de la mise en place de la Sécurité Sociale, en 1947, juste après la fin de la guerre. Il vise les “« affection de longue durée nécessitant un traitement régulier, et notamment l’hospitalisation, ou lorsque son état nécessite le recours à des traitements ou thérapeutiques particulièrement onéreux“. L’objectif est d’offrir à ces assurés une protection contre les restes à charge élevés et le renoncement aux soins.

Les bénéficiaires sont exonérés du ticket modérateur pour les soins en lien avec l’affection considérée et “dans la limite des tarifs conventionnels remboursables“. Les auteurs résument l’impact du dispositif par quelques chiffres :

  1. La dépense moyenne totale d’un assuré en ALD, pour les soins en lien et sans lien avec son affection, est de 9 300 € par an tandis que son reste à charge s’élève à 840 € par an.
  2. Mais les assurés en ALD supportent, jusqu’à 80 ans, des restes à charge avant les remboursements éventuels des mutuelles plus élevés que la population générale.
  3. Le coût spécifique du dispositif ALD pour les finances publiques a été estimé par la mission à 12,3 Md€ en 2021, dont 92% viennent de l’exonération du ticket modérateur.

 

De 4 affections définies au départ, la liste est passée à 30 ALD, chacune définie par une pathologie (exemple : AVC invalidant, Alzheimer, paraplégie, mucoviscidose…). S’y ajoutent deux ALD dites “hors liste”, pour des maladies ou des affections non listées dans les 30 premières et nécessitant une prise en charge de durée prévisible supérieure à 6 mois ou pour des polypathologies.

En 2021, ce sont 13.7 millions de personnes qui bénéficient de ce dispositif, soit un français sur 5. Quatre affections concentrent l’essentiel des patients : les maladies cardio-vasculaires avec 4 millions de personnes, le diabète (type 2) avec 3.6 millions, les tumeurs malignes avec 2.6 millions et les affections psychiatriques de longue durée, avec 1.7 million d’assurés. Dans les affections hors liste (ALD 31), le rapport souligne la grande hétérogénéité des affections : affection rétinienne (64000 assurés), endométriose (12000 assurées), troubles du sommeil (14000), troubles de l’identité sexuelle (19000).

L’âge moyen d’une personne bénéficiaire de l’ALD est de 66 ans, contre 41.5 pour la population française dans son ensemble.

Quel avenir pour le dispositif des ALD ?

Le rapport se montre critique sur la façon dont le dispositif est géré. Il estime par exemple que “la reconnaissance d’une ALD n’est pas toujours conditionnée à la sévérité de la pathologie et au coût du traitement. En outre, si le périmètre de certaines ALD est extrêmement précis, basé sur des critères médicaux clairs et objectifs, d’autres laissent plus de place à l’appréciation du médecin“. Par ailleurs, les auteurs écrivent que “le dispositif est peu contrôlé par l’assurance maladie, dans un contexte de ressources médicales raréfiées“.

D’après les auteurs, le contexte de vieillissement de la population, entraînant une hausse des pathologies chroniques, met en risque la “soutenabilité financière” du dispositif. Le coût actuel est estimé à 12 milliards d’euros dans le rapport. Ce chiffre est à comparer avec le total des dépenses de santé des assurés en France, estimée autour de 210 Mds dans le rapport. Sur ces 210 Mds, les personnes bénéficiant d’une prise en charge pour ALD dépensent environ 120 Mds.

 

Les auteurs présentent plusieurs pistes pour réformer le dispositif en vue de faire des économies. Parmi les recommandations se trouvent des mesures de contrôle, une revue des critères d’accès aux ALD avec deux niveaux de prise en charge au lieu d’un seul, et des refontes plus importantes du système. Il s’agirait par exemple d’instituer un plafond sur le “reste à charge” d’un assuré plutôt que le système actuel d’exonération du ticket modérateur.

A titre d’exemple, le rapport signale “qu’en Allemagne, depuis 2004, il existe un système de plafonnement des restes à charge, fixé à 2 % du revenu annuel pour les assurés de droit commun et 1 % pour les personnes souffrant de maladies chroniques portant sur les dépenses remboursées par l’Assurance Maladie Obligatoire“.

Logiquement, plus le plafond de ce “bouclier sanitaire” serait élevé, plus les économies seraient importantes, au détriment des assurés.

 

Au total, ce rapport met en lumière les tensions budgétaires du système de santé et la recherche par les pouvoirs publics de mesures d’économies. Dans ce contexte, la vigilance s’impose sur les promesses annoncées pour les soins palliatifs cette année.

système de santé : l'enjeu du vieillissement pour les affections longue durée

Suivez-nous sur les réseaux sociaux :

Journée mondiale Alzheimer : un enjeu de santé publique

Journée mondiale Alzheimer : un enjeu de santé publique

Journée mondiale Alzheimer : un enjeu de santé publique

 

Samedi 21 septembre se tient la journée mondiale Alzheimer pour informer et sensibiliser le grand public à la maladie, pour lever les préjugés qui l’entourent et donner des réponses aux famille et aux proches.

 

La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui affecte principalement la mémoire, mais également d’autres fonctions cognitives, liées par exemple au langage, au raisonnement, à l’apprentissage…. Cette maladie évolue généralement vers une perte d’autonomie. C’est une des causes principales de handicap et de dépendance chez les personnes âgées dans le monde. Actuellement, il n’existe aucun traitement pour la guérir.

1,2 million de personnes en sont atteintes en France et ce nombre pourrait aller jusqu’à 1,8 million en 2050.

Si la maladie d’Alzheimer est souvent associée à la perte de mémoire, elle touche d’autres zones du cerveau au fil de son évolution, compliquant la capacité à communiquer, à réaliser plusieurs choses en même temps ou les actes de la vie quotidienne. C’est pourquoi la présence d’un aidant familial ou professionnel aux côtés de la personne malade est généralement nécessaire. Plus de 2 millions d’aidants apportent leur soutien quotidien aux personnes souffrant de cette maladie. 

Où en est la « stratégie nationale maladies neurodégénératives 2024-2028 » ?

Après une mission flash sur les maladies neurodégénératives présentée le 12 juillet 2023 et dressant une série de recommandations pour mieux soutenir les nombreuses personnes atteintes de ces maladies, un rapport de l’IGAS évaluant les dispositifs spécialisés de prise en charge des personnes atteintes de maladies neurodégénératives a été remis le 18 juillet 2023. Il préconisait d’améliorer les efforts de prévention et de prioriser les investissements en faveur d’une prise en charge accrue et améliorée en ville comme en établissements pour coller aux besoins des personnes accompagnées et accueillies.

Il y a un an, le 5 septembre 2023, des concertations ont été lancées autour d’une “stratégie Maladies neurodégénératives 2024-2028”. Outre les recommandations relatives au dépistage précoce, les associations consultées plaidaient pour développer la prévention, et en particulier celle liée à l’activité physique adaptée. Ce sont d’ailleurs les activités physiques adaptées et leurs bienfaits qui sont mises en avant par l’association France Alzheimer et maladies apparentées le 21 septembre.

Pourtant un an après que reste-t-il de ces concertations ?

Dans une réponse à une question d’une députée Renaissance, le gouvernement indiquait : « des arbitrages seront rendus en vue du lancement, tout début 2024, de la nouvelle stratégie maladies neurodégénératives 2024-2028 ». Las, le remaniement ministériel intervenu en janvier 2024 aura eu raison du lancement programmé. Le 29 mai dernier,  le 7ème rapport « From Plan to Impact » d’Alzheimer’s Disease International (ADI) mettait en garde contre ces aléas du monde politique et insistait sur la nécessité de fixer des plans pour asseoir, dans la durée, les différentes stratégies et extraire des contingences politiques les besoins et les souhaits des personnes malades et de leurs proches aidants

Dans un courrier adressé aux candidats aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet,  France Alzheimer et maladies apparentées s’exprimait ainsi : «  le contexte incertain actuel (renoncement à la loi grand âge et autonomie, retard pris par la stratégie nationale maladies neurodégénératives 2024-2028, entre autres), nous exhorte à mettre encore davantage en lumière nos revendications et les conséquences de leur manque de prise en compte à la fois pour les familles, et pour les secteurs sanitaire et médico-social déjà en tension. » L’association leur rappelait, comme en 2022 : « Alzheimer a disparu de vos ambitions politiques, mais pas de nos vies ». 

Une expérimentation inspirante : le Village Landais Alzheimer

Inauguré en 2020, le Village Landais Alzheimer accueille 120 résidents, dont 10 de moins de 60 ans, accompagnés par 120 personnels et 120 bénévoles.

Ce lieu se veut une alternative épanouissante et inclusive à l’EHPAD. Il a pour ambition d’améliorer la qualité de vie et le bien-être des malades et de leurs aidants. Sur place, pas de blouses blanches qui rappellent le milieu hospitalier ou l’Ehpad, mais une vie de village avec un cadre bienveillant et « des approches non-médicamenteuses ». 

Les habitants bénéficient d’une grande liberté de mouvement dans ce village au cœur duquel se trouve La Bastide : lieu de vie et de services parmi lesquels une épicerie, médiathèque, centre médical, coiffeur, mais également des studios pour que les aidants puissent séjourner dans ce lieu. 

Trois ans après l’ouverture de ce lieu de vie et de recherche, les premiers résultats d’une étude menée par une équipe de l’Inserm/Université de Bordeaux ont montré une stabilité des capacités cognitives des résidents et un meilleur vécu des aidants. Parallèlement aux entretiens d’évaluation qui ont lieu tous les 6 mois avec les 120 villageois, mais aussi avec les familles et le personnel, l’équipe de recherche médicale a mené une enquête téléphonique pour évaluer l’impact du Village et la perception de la maladie d’Alzheimer sur le grand public dans le département des Landes. Les résultats ont démontré une évolution positive de la perception de la maladie d’Alzheimer dans ce département par rapport aux régions voisines.

 

En attendant la finalisation des études médico-économiques sur le ratio coût-efficacité de ce nouveau type de structure, le président du Conseil départemental, Xavier Fortinon, a salué ces premiers résultats « très encourageants pour alimenter la réflexion des pouvoirs publics et voir si ce modèle est duplicable ».

Après les Landes, un autre village doit voir le jour en Bretagne à Yffiniac.

Avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes souffrant de cette maladie va augmenter. C’est dire s’il est urgent de mettre en œuvre la nouvelle stratégie maladies neurodégénératives pour mieux accompagner les personnes atteintes de ces maladies et leurs proches.

journée mondiale alzheimer : un enjeu de santé publique

Suivez-nous sur les réseaux sociaux :

Débat Trump-Harris : comment s’y retrouver sur les échanges sur l’avortement ?

Débat Trump-Harris : comment s’y retrouver sur les échanges sur l’avortement ?

Débat Trump-Harris : comment s’y retrouver sur les échanges sur l’avortement ?

 

Lors du débat télévisé du 10 septembre qui a vu s’affronter les deux candidats à l’élection présidentielle américaine, la question de l’avortement a donné lieu à plusieurs allégations accusatoires. «Fake news », approximations, exagérations, tous les coups semblaient permis.

Focus sur le contexte américain

Aux Etats-Unis, l’avortement est un enjeu politique majeur. Depuis la décision du 24 juin 2022, la Cour suprême des Etats Unis a abrogé l’arrêt Roe vs Wade établissant une protection fédérale constitutionnelle au « droit à l’avortement ». L’impact juridique de ce renversement implique qu’il revient à chacun des 50 Etats américains de définir sa législation sur l’IVG.

La situation américaine est différente de celle de la France puisque jusqu’en 2022, certains Etats autorisaient l’avortement sans précision de délai tandis que la plupart le permettaient jusqu’au seuil de viabilité du fœtus autour de 21 semaines de grossesse et sous conditions jusqu’au terme de la grossesse (contre 14 semaines en France et sans délai sous condition de handicap  ou de danger pour la mère). Dès 2022, des Etats ont restreint les conditions d’accès à l’IVG, d’autres les ont étendues.

Interdire ou pas l’avortement

Les positions opposées à l’avortement sont largement soutenues par les Républicains. Cependant, ce parti a amendé sa position : il estime qu’une position trop radicale pouvait entraver son accession au pouvoir. Cette inflexion se retrouve sur sa nouvelle plateforme programmatique mise en ligne en juillet 2024. Elle reflète la position de Donald Trump face aux accusations de sa rivale Kamela Harris ; il dit ne pas vouloir interdire l’IVG mais revendique d’avoir contribué à remettre la décision des modalités de sa légalisation aux Etats.

Lors du débat il s’est dit lui-même favorable à l’IVG dans certains cas (inceste, viol, danger vital pour la mère).

 

Avortements tardifs et infanticides

Donald Trump accuse les démocrates de vouloir promouvoir les avortements tardifs jusqu’au 9ème mois et certains d’être favorables à l’infanticide après la naissance.

Pour preuve, il a repris les propos d’un ancien gouverneur de Virginie, Ralph Northam, interviewé en 2019 sur les avortements du dernier trimestre de grossesse. Ce dernier était interrogé sur une proposition de loi de l’Assemblée de Virginie visant à modifier la loi sur l’avortement et faciliter les avortements du 3ème trimestre de grossesse. Il indiquait qu’à ce terme les demandes d’avortement concernaient des malformations du fœtus.

Il avait pris l’exemple suivant : «Si une mère accouche, je peux vous dire exactement ce qui se passerait. Le nourrisson naîtrait, le nourrisson serait pris en charge, il serait réanimé si c’est ce que la mère et la famille désiraient. Et puis une discussion s’ensuivrait entre les médecins et la mère ». Ses adversaires ont interprété ces propos comme une approbation de l’infanticide, interprétation reprise par M. Trump.

Le candidat républicain met en avant également les positions du vice-président choisi par Kamela Harris, Tim Walz, gouverneur du Minnesota, qui dès 2023 a renforcé la loi sur l’IVG dans son Etat, notamment sur les possibilités d’avorter jusqu’au terme de la grossesse.

11 Etats permettent l’avortement sans restriction jusqu’au terme de la grossesse — Oregon, Colorado, Maryland, Michigan, Minnesota, New Mexico, New Jersey, Vermont , Maine, Washington DC et Alaska. Et 17 Etats ont voté des lois pour renforcer le « droit à l’avortement » depuis la décision de la Cour suprême.

Kamela Harris affirme de son côté que dans plus de 20 Etats, il y a des interdictions. A y regarder de plus près, ces restrictions varient suivant les Etats notamment sur les délais ou sur les raisons d’avoir recours à l’avortement. Le New York Times vient de dresser un état des lieux à septembre 2024. Il en ressort que 14 Etats ont adopté des lois pour restreindre l’avortement à de rares cas (santé de la femme, viol, inceste ..), 4 Etats l’interdisent au-delà de 6 semaines et 4 Etats ont introduit une date limite à 6 semaines, 4 autres à 12, 16 ou 18 semaines.

 

Restrictions sur l’accès à la  PMA ?

Harris a accusé Trump de vouloir restreindre l’accès à la procréation artificielle. Les démocrates disent craindre des restrictions d’accès à la PMA après le procès d’Alabama sur le statut des embryons congelés considérés comme des enfants par les juges.

Dans la foulée, des républicains  ont en effet introduit  un projet de loi visant à protéger les médecins et les cliniques qui pratiquent des FIV de poursuites juridiques si des embryons étaient détruits, projet soutenu par Donald Trump. Il s’est déclaré leader de l’accès à la PMA, fustigeant les attaques de Kamela Harris.

La question économique et sociale

Passée sous silence lors du débat, cette question mériterait d’être posée. Les liens entre les problèmes économiques et le recours à l’avortement ont été soulignés en novembre 2021 dans un rapport[1] de l’économiste Caitlin Knowles Myers : “en l’absence de politiques de congés maternité au niveau fédéral et d’accès à des structures de crèches abordables, les Etats Unis manquent d’infrastructures pour soutenir de manière adéquate les mères qui travaillent rendant la perspective d’être mère financièrement impossible pour certaines”. Ainsi, d’après les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), les femmes noires sont cinq fois plus susceptibles d’avorter que les femmes blanches, et les femmes hispaniques deux fois plus.

 

La récente décision d’un juge du Dakota du Nord qui affirme  un droit à l’IVG après l’adoption d’une loi en 2023 qui restreignait les conditions d’accès confirme que le débat se situe au niveau des Etats et plus au niveau fédéral. Des référendum sur le droit à l’avortement seront conduits dans plusieurs Etats en novembre prochain.

 

débat trump-harris comment s’y retrouver sur les échanges sur l’avortement

Suivez-nous sur les réseaux sociaux :

Jeux paralympiques… et après ?

Jeux paralympiques… et après ?

Jeux paralympiques… et après ?

 

Après la parenthèse paralympique

L’indéniable engouement pour ce deuxième volet de l’été sportif qui, après les valides, a mobilisé les sportifs porteurs de handicaps, conduit la presse à s’interroger sur la place des personnes handicapées dans « la vie d’après ». Au lendemain de la cérémonie de clôture, le 9 septembre 2024, Libération titre en Une : « Jeux paralympiques : Et maintenant ? » Avec en chapô : « un élan qui doit se traduire par une véritable inclusion des personnes handicapées dans la société française ».

Editorialiste du quotidien, Paul Quinio ne note pas la contradiction peu visible entre cette belle intention consensuelle de l’inclusion et l’exclusion quasi systématique des enfants à naître porteurs d’anomalies par sélection anténatale ; mais il souligne au moins le contraste entre le parcours du combattant imposé par la vie avec un handicap et la joyeuse exaltation des exploits paralympiques.

Il s’interroge : « Après cette quinzaine d’inclusion en mondovision, que va-t-il se passer pour accélérer enfin les investissements nécessaires pour faciliter l’accessibilité de tant d’écoles, de tant de locaux de services publics, de tant d’infrastructures de transports, de tant d’entreprises… »

Mais il n’y a pas seulement l’accessibilité ; la vie quotidienne est difficile, dans tous ses aspects, souligne à son tour, le même jour, l’éditorialiste de La Croix, sous le titre « C’est maintenant que tout commence ». Séverin Husson transforme alors ce constat en appel : « Pour que les espoirs soulevés lors de ces Jeux ne retombent pas comme un soufflé, pour que ce changement de regard se prolonge et demeure fécond, il revient à chacun de nous de prendre le relais. »

Beaucoup de personnes porteuses de handicaps ne trouvent pas de structure d’hébergement ou d’emplois adaptés à leurs déficiences, se sentent exclues des loisirs ou de la vie sociale et dévalorisées. Et il faudrait ajouter les personnes ayant une maladie psychique, les personnes âgées dépendantes, désorientées ou démentes… qui sont à mille lieues des compétitions sportives. Tant souffrent « simplement » d’isolement, voire de « mort sociale ».

La réussite des Jeux paralympiques serait-elle donc à double tranchant ? A l’ère où l’on idolâtre la médiatisation des « people », la vie rêvée d’un para-athlète est attrayante ; les commentateurs de télévision se sont enflammés en attribuant le statut de « star » à de nombreux vainqueurs. A l’inverse, quand le public prend conscience des obstacles à l’épanouissement rencontrés, dans la « vraie vie », par les personnes handicapées, cela risque de provoquer l’apitoiement voire le rejet : le réflexe IMG, en cas de détection anténatale, se défend souvent au nom du malheur programmé.

Et puis, à force d’exalter la résilience de ceux qui se battent pour dépasser leur handicap, ne risque-t-on pas de tenir pour nulle et inutile la vie de ceux qui n’ont même plus la force de se débattre, parce que le handicap les écrase ? Les Jeux paralympiques sont condamnés à ce paradoxe : la force et la faiblesse y jouent à cache-cache. Comment les concilier voire les réconcilier ?

C’est dans l’apparente faiblesse physique que se révèle avec le plus d’éclat la force d’âme. Il reste que la plupart des personnes porteuses de handicap expriment cette force d’âme dans l’anonymat, sans que personne ne les encense. Ils n’en sont que plus méritoires. Et que dire de ceux qui ne croient plus en eux-mêmes ? Ils ont d’autant plus besoin que d’autres croient en eux. « Changer de regard » ne doit pas conduire à se réjouir seulement que vivent ceux qui « réussissent ».

Les athlètes paralympiques eux-mêmes risquent le retour de bâton en retournant à l’anonymat après leur belle médiatisation : « Ça va être dur de retourner au boulot » reconnaît le nageur paralympique Hector Denayer cité par Ouest-France, toujours le 9 septembre. Le journal régional évoque « une parenthèse enchantée ». Comment échapper au coup de blues, quand, expliquent ses envoyés spéciaux, on a vécu dans une « bulle d’inclusion et d’accessibilité où les regards sont bienveillants » ?

Quant au « live » du Parisien qui accompagne la cérémonie de clôture, il se termine par ces mots : « L’été s’éteint, le rêve s’achève. » Pour exorciser ce blues, mais aussi pointer les enjeux et nous aiguillonner, quoi de plus efficace que l’humour ?

Le chroniqueur décalé Philippe Caverivière lance sur RTL : « J’ai adoré ces jeux, mais ça va changer mon regard sur le handicap. Ils font des choses tellement folles ces personnes en situation de handicap… Je vais être plus exigeant à l’avenir ». Et de prétendre qu’au prochain Téléthon, voir un jeune dans son fauteuil roulant « ne suffira plus pour [qu’il] donne… ». Il demandera :  « Oui, mais qu’est-ce qu’il donne en escrime, celui-ci ? »

L’humoriste évoque alors le débat sur le maintien de la vasque olympique et imagine la réaction des « 12 millions de personnes en situation de handicap » auxquelles on demanderait : « Tu préfères l’accessibilité partout ou une grosse montgolfière qui clignote au-dessus du jardin des Tuileries ? » Façon de noter que nous sommes devant une montagne, et qu’il est question de regard mais aussi de moyens. Le regard a changé, au moins pour un temps. Il reste à le convertir en comportements et en actions. A chacun de se mobiliser.

 

Retrouvez tous nos articles sur le handicap.

jeux paralympiques... et après ?

Suivez-nous sur les réseaux sociaux :