Vieillissement : un enjeu démographique et politique
Vieillissement : un enjeu démographique et politique
L’analyse des évolutions démographiques met en lumière une décroissance continue du solde décès-naissance en France depuis 10 ans et un accroissement marqué du nombre de personnes âgées qui nécessiterait une approche globale.
Abaissement du solde naturel et augmentation du vieillissement
L’Institut national d’études démographiques décrypte dans son bulletin de mars 2023 les répercussions de la crise sanitaire sur les naissances et les décès. Si les naissances ont été affectées en 2021, elles ont connu un effet de rattrapage par la suite. Quant aux décès, l’épidémie de covid s’inscrit dans cinq années consécutives de « grippes saisonnières meurtrières ». Ce phénomène a affecté la progression de l’espérance de vie qui tend à stagner – 79,3 ans pour les hommes et 85,2 ans pour les femmes en 2022 – et s’inscrit dans un essoufflement observé depuis 1994.
La population française a crû de 217 000 habitants en 2022, soit pour un quart grâce au solde naturel et pour trois quart au solde migratoire. En 10 ans, le solde naturel est passé de 251 000 à 56 000. Un double phénomène se conjugue : une baisse sensible des naissances depuis 2014 avec une hausse progressive des décès qui va s’amplifier dans les deux prochaines décennies avec l’arrivée des générations nombreuses du baby boom. Les premiers de cette génération atteindront 80 ans à partir de 2030.
Un déficit d’anticipation de la prise en charge du vieillissement
La loi grand âge et autonomie a été remise à plus tard par les présidents successifs depuis 15 ans. Comme le disait un intervenant du colloque Séniors et société qui se tenait à Paris le 21 mars 2023, l’urgence n’est plus à la réflexion mais à l’action. Les enjeux sont multiples : adaptation des logements, mobilisation des bailleurs sociaux, attractivité et formation des métiers du grand âge, coordination des nombreux acteurs publics et privés, transports, offres diversifiées de services à domicile ou habitats intermédiaires, prévention sanitaire…En 2019, le rapport libault sur le grand âge et l’autonomie demandé par le Premier ministre synthétisait les enjeux.
Alliance VITA a listé les mesures prises depuis 2020. Ces efforts sont à saluer mais ils nécessiteraient de s’inscrire dans une politique globale et de long terme que tous les acteurs appellent de leurs vœux.
Cependant est-ce qu’une politique du grand âge et du vieillissent est tenable sans prendre en compte les défis démographiques globaux?
Pour une approche globale des enjeux démographiques
La démographie est au cœur des enjeux d’avenir de la société française comme le souligne le rapport sur les enjeux démographiques du Haut-Commissaire au Plan publié en 2021. Il plaide pour un « pacte national » afin de sauver le modèle social français, et affiche parmi ses objectifs celui d’« avoir plus d’enfants ». D’autant que cela rejoint le désir des Français comme le révèle la dernière enquête de l’UNAF (Union nationale des associations familiales).
Parmi les facteurs bloquant cette réalisation du désir d’enfant, il y aurait les difficultés matérielles et financières des familles ne leur permettant pas de s’agrandir (enjeu de trouver un emploi stable, un logement fixe et décent, etc.). Il y a également l’équilibre difficile entre la vie privée et professionnelle, avec un emploi du temps peu aménageable. Enfin, les politiques publiques de prestations et de prélèvements s’avèrent de moins en moins avantageuses pour les parents, avec des coupes budgétaires importantes et une augmentation du budget pour le logement.
Dans ses considérations, ce rapport souligne que « La question démographique est bien plus marquante pour l’avenir de notre nation qu’elle ne l’est pour toute autre [nation]. La France en effet a choisi un modèle de société à peu près unique dans le monde. Ce modèle donne à la collectivité, donc à la population prise dans son ensemble, la responsabilité essentielle de la charge de la solidarité nationale. »
En effet la France a fait le choix d’un modèle social fondé sur le principe de « tous pour chacun ». C’est ce qui a conduit notre pays au choix de la retraite par répartition et non par capitalisation en s’appuyant sur la solidarité entre les générations.
Alors que les Français s’inquiètent de leur avenir, c’est la mise en œuvre d’une politique globale qui est attendue de la part des décideurs politiques, loin des querelles politiciennes de court terme.
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