Report de la PPL bien vieillir : le grand âge abandonné

Report de la PPL bien vieillir : le grand âge abandonné

Report de la PPL bien vieillir : le grand âge abandonné

 

Le nouveau report de la proposition de loi bien vieillir et l’absence de feuille de route sur le grand âge interrogent sur les priorités du gouvernement alors que le secteur manque aujourd’hui cruellement de moyens et de personnel.

 

Mardi 18 juillet, sur les rangs de l’Assemblée nationale, Isabelle Valentin, député de Haute-Loire, s’exclamait : « Mais Monsieur le ministre, quelle place voulez-vous donc donner à nos aînés dans notre société ? »

EHPAD en grande difficulté financière, manque criant de personnel aussi bien dans les établissements que dans les services d’aide à domicile, soignants au bord de l’épuisement…Le tableau ne cesse de se noircir pour le secteur du grand âge. Et pourtant, ce 18 juillet, le gouvernement annonçait un nouveau report, sine die, de la proposition de loi bien vieillir, dont l’examen suspendu en avril dernier devait reprendre cette semaine.

Si l’on jette un regard sur le traitement du grand âge ces dernières années, on peut y voir la triste histoire d’un abandon, de promesses non tenues en renoncements.

Dans le précédent quinquennat, le projet de Grand Âge et Autonomie, annoncé dès le mois de mars 2019 à la suite de la remise du rapport « Grand âge et autonomie », dit rapport Libault, a été une arlésienne jusqu’à la fin du premier quinquennat : maintes fois reporté, il a finalement été abandonné.

Lors de sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron a annoncé son souhait de créer 50 000 postes dans les EHPAD en cinq ans. Pourtant le projet de loi de finance de 2023 ne prévoyait la création que de 3 000 postes. Il aurait fallu en créer cinq fois plus pour tenir l’objectif sur cinq ans.

A défaut de projet de loi, les députés du groupe Renaissance ont déposé en décembre 2022 une proposition de loi « pour bâtir la société du bien vieillir en France. » Cette proposition de loi qui vise à lutter contre l’isolement et la maltraitance des personnes âgées et leur garantir un hébergement de qualité, prévoit notamment la création d’une carte professionnelle pour les aides à domicile ou l’instauration d’un droit de visite dans les EHPAD.

Lors de son examen en séance publique en avril, le gouvernement l’avait étoffée en ajoutant la création d’un « guichet unique » de l’autonomie dans les départements pour simplifier les démarches des personnes en perte d’autonomie. Hélas, l’examen de la proposition de loi avait dû être interrompu par manque de temps.

Le texte devait être à nouveau examiné lors de cette session extraordinaire de juillet, mais il était placé à la toute fin de l’ordre du jour…Ce qui en dit long sur l’importance qu’il revêtait pour le gouvernement. A l’approche des vacances parlementaires, son examen est finalement remplacé par celui du projet de loi visant à accélérer la reconstruction des bâtiments dégradés lors des violences urbaines. Aucune date n’est encore fixée pour examiner le texte.

seniors ehpad​En parallèle de cette proposition de loi, le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, avait annoncé début avril une vaste « réforme » du grand âge dont les détails devaient être révélés au début du mois de juin. Mais au gré du temps, l’échéance fut repoussée à fin juin, puis « avant le 14 juillet ». Cette grande réforme s’était entre temps transformée en simple « feuille de route ». Mardi 18 juillet, lors de la séance de questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale, le ministre assurait encore qu’il présenterait sa feuille de route…avant de quitter le gouvernement deux jours plus tard.

Quels signaux donnent ces atermoiements et renoncements successifs ? L’une des fédérations de directeurs d’EHPAD, la FNADEDA, se dit « exaspérée » dans un communiqué du 19 juillet. L’AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Âgées) regrette que l’Etat laisse « au milieu du gué les personnes âgées, professionnels et familles ayant subi de plein fouet les effets des retards français, mis en exergue par la crise COVID. » (communiqué du 18/07).

Pourtant, depuis 2019, les propositions pour alimenter une réforme du grand âge ne manquent pas. Comme le rappelle le rapport final du Conseil National de Refondation (CNR) pour le « Bien Vieillir », les pouvoirs publics ont bénéficié depuis 4 ans des très nombreuses propositions issues du Rapport Libault (2019), du rapport El Khomri (2019), du Rapport Broussy (2021), du Rapport Vachey (2020) auxquelles s’ajoutent les propositions émanant de rapports parlementaires ainsi que celles émanant de la restitution des travaux du CNR.

On peut donc s’interroger sur ce manque de volonté politique face au défi immense d’adapter notre société au vieillissement, alors que le nombre de personnes de plus de 85 ans sera multiplié par trois d’ici 2050 (rapport Libault). En revanche, le calendrier pour un projet de loi sur la fin de vie semble, lui, bien tenu, puisque la ministre Agnès Firmin Le Bodo a confirmé il y a quelques jours sur Public Sénat que le projet de loi annoncé sur la fin de vie serait bien présenté avant le 21 septembre….une déclaration qui laisse songeur sur les priorités du gouvernement.

En quittant le gouvernement,  le 20 juillet, le ministre Jean-Christophe Combe a réitéré ses réserves sur ce projet de loi dans son discours de passation : « Donner à penser que la souffrance et la vulnérabilité pourraient ne plus faire partie de la vie, c’est changer notre rapport à la fragilité. C’est prendre le risque d’envoyer un message implicite, qui pourrait conduire les personnes vulnérables à l’auto-effacement. » A l’occasion de ce discours, il exprimé son regret de ne pas avoir réussi « à convaincre de la nécessité d’aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort dans l’adaptation de la société au vieillissement ».

 
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Suicide assisté : controverse sur l’avis de l’Académie de médecine

Suicide assisté : controverse sur l’avis de l’Académie de médecine

Suicide assisté : controverse sur l’avis de l’Académie de médecine

 

L’Académie de médecine a publié un avis controversé le 13 juillet 2023 sur la fin de vie concluant à une ouverture sous condition au suicide assisté. Un membre de son comité d’éthique dénonce un passage en force et la non validité d’un tel vote.

La controverse est double sur le fond et sur la forme.

Rupture avec le code de déontologie

Sous le titre « Favoriser une fin de vie digne et apaisée : répondre à la souffrance inhumaine et protéger les personnes les plus vulnérables », le comité d’éthique de l’Académie de médecine a souhaité donner un avis pour contribuer au débat dans le cas où « le législateur retiendrait une aide active à mourir ».

Après avoir rappelé que «le devoir de respect de la vie humaine et de non-abandon des plus fragiles est le pilier essentiel de la vie en société », les auteurs reconnaissent que la loi actuelle suffit pour l’ensemble des personnes dont le pronostic de mort est prévu à court terme. L’avis s’emploie ensuite à déployer des arguments pour exclure l’euthanasie qui transgresse le Serment d’Hippocrate « je ne provoquerai jamais la mort », transcrit dans le code déontologie.

La réflexion porte donc essentiellement sur l’assistance au suicide, et sa potentielle légalisation pour « abréger les souffrances d’une existence sans espoir » dans des cas de pronostic de décès à moyen terme. Ces situations ne sont pas clairement explicitées. Paradoxalement, il est souligné que « les personnes impliquées (gravement malades, handicapes, proches …) sont plus nuancées et aspirent d’abord à un meilleur accompagnement » plus qu’à une « aide active à mourir » exprimée dans les sondages.

Plusieurs risques sont soulevés :

  • Pour les patients, celui de la nature de la demande, appel au secours ou réelle volonté de mourir et  de la persistance de l’inégalité territoriale d’accès aux soins palliatifs
  • Pour la société, de devoir assumer de donner la mort et en particulier de transférer aux soignants un acte que la plupart ne veulent pas pratiquer.
  • Pour les personnes souffrant de handicap : « Franchir le pas de l’assistance au suicide est une rupture et une transgression qui met à mal notre conception ordinaire de la solidarité et du respect de la vie ». Les académiciens insistent sur le caractère violent que peuvent ressentir ces personnes  de ne « plus être autorisées à exister ». Reprenant l’appel du collectif Soulager mais pas tuer, et les propos de la présidente du groupe Poyhandicap, l’avis souligne l’exigence de protéger ces personnes comme celles qui présentent une altération du discernement.

Pour contrer ces risques, les auteurs proposent un encadrement d’une assistance au suicide qui se rapprocherait de celui de l’Oregon où le médecin prescrit le produit sans l’administrer après une évaluation collégiale « suite à la demande de la personne en capacité de discernement et bénéficiant de soins palliatifs ». En seraient exclus les maladies psychiatriques, les états dépressifs, les pertes de discernement, les mineurs.

C’est ce qui constituerait pour eux un moindre mal, « le terme « assistance » signifiant accompagner étroitement et soulager la personne endurant une existence sans espoir, par une démarche respecteuse de ses hésitations à aller ou non au terme de sa demande » .

 

Que des membres éminents de l’Académie de médecine proposent d’abdiquer tout soulagement de certains patients en provoquant la mort et de les exclure de la prévention du suicide est plus que troublant. Et en complète contradiction avec l’appel des professionnels de la psychiatrie, psychanalyse et psychologie publié le 7 juillet dernier qui rappellent que « l’interdit de participer de près ou de loin à la mort garantit la sécurité de la relation et permet d’être inventifs et imaginatifs ».

On peut également regretter que l’Académie de médecine se sente obligée d’imaginer une légalisation d’une « aide active à mourir » par le gouvernement comme une fatalité à laquelle il faudrait se plier. Imagine-t-on la même académie débattre des conditions de la levée de la peine de mort si le gouvernement le décidait ?

Soupçon d’invalidité du vote

Un des membres du comité d’éthique vient cependant bousculer ce qui a été présenté comme un avis majoritaire voté le 27 juin dernier par 60 voix pour, 24 voix contre et 10 abstentions. Le professeur Patrice Queneau dénonce les conditions du débat de cet avis qui n’a pas fait l’objet d’une séance entière et a été présenté en même temps que deux autres rapports et d’autres communications, tout cela avant la suspension des travaux de l’Académie pendant l’été.

Le professeur Queneau explique la confusion qui a eu lieu au moment du vote : il a été proposé que le texte soit modifié. Selon lui, c’est l’accord pour apporter des modifications au texte qui a été voté et non pas l’avis en lui-même.

Ce qui pousserait à reconsidérer la réelle validité de cet avis.

Faire du lien social une grande cause nationale

Faire du lien social une grande cause nationale

Un collectif d’acteurs de la santé mentale et de la prévention du suicide lance, dans une tribune parue dans Le Monde ce 8 juillet 2023, un appel pressent au gouvernement et à la France : « Nous, acteurs de la santé mentale, appelons à faire du lien social une grande cause nationale ».

La santé mentale en France se dégrade, de manière significative. Fin 2022, 17 % des Français montraient les signes d’un état dépressif selon l’agence Santé publique France, et 10 % déclaraient avoir eu des pensées suicidaires au cours de l’année. Ce phénomène inquiétant touche particulièrement les jeunes filles et femmes de 10 à 24 ans, d’après les chiffres de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.

En cause : la dégradation du lien social

Si les causes d’une détérioration de la santé mentale sont multiples, le collectif en pointe une majeure : la dégradation du lien social, qui est l’essence même de la prévention en santé mentale. En matière de prévention du suicide, par exemple, il est prouvé que le repérage de proximité par des sentinelles, la prise en compte rapide de la souffrance identifiée par des professionnels de santé et le recours aux liens sociaux pour accompagner les personnes en souffrance permettent de réduire fortement les risques de tentatives de suicide et de réitération.

La santé mentale nécessite de se soutenir, de s’écouter, de s’allier.

 

Parmi les souffrances observées, on déplore que dans notre société hyperconnectée, « il est plus que jamais difficile de trouver sa place, ses repères. Aussi puissantes et prodigieuses puissent-elles être, les nouvelles technologies ne peuvent pas dénouer toutes les difficultés, couvrir tous les besoins humains. Nous sommes convaincus que la santé mentale nécessite de se soutenir, de s’écouter, de s’allier ». La nécessité de relations authentiques et sincères est un réel besoin humain, mis en grande souffrance par le délitement des liens sociaux.

 

 

Réparer le lien social peut réparer la santé mentale

Le collectif composé d’acteurs du terrain, agissant au plus près des réalités que traversent les Français, demande que « l’Etat et les collectivités territoriales prennent la mesure du problème et se mobilisent pour y faire face en agissant sur les déterminants de la santé mentale, dans lesquels le lien social occupe une place centrale ». Ils en appellent donc à faire du lien social une grande cause nationale.

Les moyens proposés sont de valoriser le maillage des actions menées en faveur de la prévention et de la promotion de la santé mentale, en s’appuyant sur l’ancrage territorial des acteurs locaux de la prévention, du soin et de la prise en charge et de l’accompagnement des personnes.

Les objectifs avancés sont de fédérer les acteurs de la santé mentale, de soutenir et valoriser la prévention précoce et la promotion de la santé mentale, d’informer largement sur les troubles de la santé mentale et de rappeler que le lien social est l’affaire de chacun. Sur ce point, le collectif rappelle qu’il est possible de s’engager en tant que bénévole, de devenir sentinelle en prévention du suicide, mais aussi pour chacun l’importance d’être attentif et à l’écoute de son entourage.

 

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Une opposition multiforme à l’euthanasie et au suicide assisté

Une opposition multiforme à l’euthanasie et au suicide assisté

Une opposition multiforme à l’euthanasie et au suicide assisté

 

Des voix diverses s’élèvent contre une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté :  politiques, professionnels de la santé, et aussi citoyens parmi lesquels des personnes confrontées au handicap. Sans être exhaustives, ces prises de position montrent de profondes fractures face à un projet présenté comme devant être consensuel et un débat loin d’être apaisé.

 

Des politiques de tous bords expriment leurs réserves sur l’euthanasie et le suicide assisté

 

Parmi les personnalités politiques, deux ministres directement concernés se sont récemment exprimés.

Le ministre de la Santé, François Braun, dès le mois d’avril s’était exprimé dans un entretien au Monde pour rappeler que : « accompagner la mort, ce n’est pas donner la mort ». 

Très récemment, le 23 juin 2023 Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées mettait en garde contre toute évolution législative dans un entretien au Figaro  : «Une loi sur l’aide active à mourir risquerait de nous faire basculer dans un autre rapport à la ­vulnérabilité» et « l’auto-effacement » des personnes les plus fragiles.

L’ancien directeur de la Croix Rouge parle d’expérience. Il propose ce que devrait être le modèle français demandé par le président de la République : « Un modèle fait du refus de l’obstination thérapeutique déraisonnable, de soins palliatifs mieux connus et plus précoces, de soutien aux aidants, de liens sociaux pour lutter contre le fléau de la solitude et de regards aimants sur la personne souffrante. »

Ce mercredi 28 juin la commission des affaires sociales du Sénat remettait un rapport jugeant « inappropriée et dangereuse » toute forme de mort programmée. Quant au président du Sénat, Gérard Larcher, interrogé par BFM le 13 avril dernier, il s’était dit « extrêmement réservé » rappelant que ” 2/3 des Français n’ont pas accès aux soins palliatifs en France, c’est cela ma priorité ! ”

Début mai, c’est François Bayrou, président du Modem, parti affilié à la majorité présidentielle qui faisait part de ses réserves intimes sur la fin de vie « Ne faisons pas un service public pour donner la mort ».

Enfin de manière inédite, 6 députés de partis différents (PCF, PS, LR, Modem, Renaissance et Horizon) ont signé une tribune transpartisane le 22 juin 2023 dans le Monde rappelant que « la fin de vie est encore la vie » et que « le soignant ne doit jamais disposer du droit de vie et de mort sur celui qui se confie à lui. » Ils soulignent que le patient doit pouvoir « partager ses peines et ses craintes les plus intimes sans que jamais le lieu où l’on soigne ne puisse être celui où l’on donne la mort. »

 

Les professionnels du soin font entendre leur opposition

En avril 2023, le Conseil national de l’ordre des médecins s’est dit « défavorable à la participation d’un médecin au processus qui mènerait à une euthanasie » et à sa participation active au suicide assisté. Dès le mois de février 2023, 13 organisations représentant 800 000 soignants ont publié un avis éthique   sur   les   conséquences d’une potentielle légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté et qui réaffirme que « donner la mort ne peut être considéré comme un soin ». Ces organisations qui représentent divers métiers (infirmiers, gériatres, soins palliatifs, cancérologie, hospitalisation à domicile, EHPAD et secteur médico social…) alertent le législateur sur les menaces que ferait peser une telle évolution sur les personnes vulnérables.

Mobilisation également de l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) qui interpelle le gouvernement et la société « Veut-on tuer les personnes âgées pour faire des économies ? ». Cette association rappelle que « bon nombre de citoyens âgés souffrent de syndromes dépressifs notamment liés à la solitude » et refuse qu’il soit « question d’inviter des personnes âgées à mourir parce qu’on ne leur aurait pas donné les moyens de vivre leurs dernières années correctement. ».

 

Les personnes vulnérables et handicapées se retrouvent en première ligne

Philippe Pozzo di Borgo, l’homme qui a inspiré le film Intouchables, «chef de file des anti-euthanasie » titrait Le Parisien dès octobre 2022. Parrain du Collectif Soulager mais pas tuer, celui qui vient de nous quitter début juin signait une tribune dans Ouest France en décembre 2022 invitant à signer son appel « aidons-nous à vivre, pas à mourir », déjà soutenu par des dizaines de milliers de personnes. Son engagement a fait des émules.

Edwige Mouttou, 44 ans et atteinte de la maladie de Parkinson depuis 9 ans, publiait pendant la convention citoyenne une lettre ouverte au philosophe pro-euthanasie André Comte-Sponville : «  Donner la liberté de recourir au suicide assisté c’est autoriser la société à faire pression pour que certains aient l’élégance de demander la mort et ne pas peser ». De son côté, Caroline Brandicourt, atteinte d’une maladie dégénérative et porte-parole du collectif vient de parcourir 1200 km à vélo à travers 12 départements dépourvus de soins palliatifs pour demander leur généralisation partout et pour tous.

Elle témoigne que  “Le plus triste, le plus déprimant, ce n’est ni la dépendance, ni la maladie mais bien la solitude et le sentiment de rejet et d’exclusion. L’idée même de l’euthanasie, ça me coupe les jambes et me décourage. »

Le 28 juin, ce sont 111 personnes concernées par le handicap ou le grand âge qui signaient une tribune en écho au manifeste des 109. Pour la plupart en bonne santé, les signataires du manifeste militaient pour réclamer « un droit de mourir », publié en mars 2023 dans l’Obs.

Les personnes les plus concernées  répondent : « Nous, personnes handicapées, entravées dans notre corps, dépendantes, porteuses d’un handicap moteur ou mental, malades atteints de maladie grave comme des cancers ou la maladie de Charcot, pour certains de nous, âgés ou proches de la mort, anonymes, nous demandons à être considérés, accompagnés et encouragés. »

 

Depuis l’étranger, Theo Boer, professeur d’éthique de la santé et ancien membre d’un comité de contrôle de l’euthanasie des Pays-Bas met en garde la France  contre la volonté de légiférer. Il explique qu’aucun encadrement ne tient. Il constate une augmentation progressive des cas d’euthanasie aux Pays-Bas, une extension progressive des critères (mineurs, handicaps, maladies mentales ..), et une croissance du nombre de suicides.

Il explique que dans son pays les gens demandent l’euthanasie par peur d’être un fardeau. C’est l’une des raisons, sinon la raison essentielle, de demander une mort administrée.

 

Autant d’alertes essentielles qui doivent faire réfléchir nos gouvernants.

Analyse critique de la campagne “santé sexuelle ” 2023 lancée par Santé Publique France.

Analyse critique de la campagne “santé sexuelle ” 2023 lancée par Santé Publique France.

Analyse critique de la campagne “santé sexuelle ” 2023 lancée par Santé Publique France.

 

Sous l’égide de Santé Publique France, établissement sous tutelle du ministère de la santé, une campagne sur la “santé sexuelle” s’est déroulée du 22 mai au 25 juin 2023. Cette campagne se déploie à partir du constat que : “Tout le monde se pose des questions sur la sexualité et tout le monde peut trouver des réponses sur QuestionSexualite.fr“. Le communiqué de presse cite “la prévention… des grossesses non prévues” comme un des “enjeux de santé publique”.

Dans le paragraphe “s’informer et dialoguer pour limiter les situations pouvant dégrader la santé sexuelle” on lit qu’en : “En France, malgré une couverture contraceptive élevée1, une grossesse sur trois est non prévue et 64 % d’entre elles donnent lieu à une interruption volontaire de grossesse (IVG)“.

 

Selon cette assertion, la « couverture contraceptive » a donc pour objectif d’éviter toute « grossesse imprévue », en particulier parce que ces grossesses conduisent majoritairement à un avortement. La logique du raisonnement est qu’une plus grande diffusion et utilisation de la contraception permettrait d’éviter des IVG. Déjà, cette logique était présente dans les débats lors de la loi de dépénalisation de l’avortement en 1975. Cette loi, selon ses promoteurs, visait à ce que l’avortement reste une “exception“, “un ultime recours pour des situations sans issue“.

Or, les chiffres démentent ce raisonnement. L’expression « paradoxe contraceptif » a d’ailleurs été utilisé pour rendre compte de ces faits. Une publication de 2011, “Circonstances des échecs et prescription contraceptive post-IVG, analyse des trajectoires contraceptives autour de l’IVG“, par Caroline Moreau, Julie Desfrères et Nathalie Bajos, expose ce “paradoxe” dans son introduction : « Le législateur pensait que, avec la diffusion des méthodes contraceptives médicales, ces situations de grossesses non prévues devraient décliner notablement et ne plus concerner qu’une frange marginale de la population. Force est de constater que le recours à l’IVG, qui a baissé du lendemain de la légalisation jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, reste stable depuis ». 

Le communiqué de presse de la campagne fait d’ailleurs explicitement référence à cette publication.

 

Par ailleurs, l’affirmation de Santé publique France que 64% de ces grossesses « donnent lieu à une interruption volontaire de grossesse (IVG) » est inexacte. L’étude de 2011 citée plus haut, indique que « L’estimation de la part des IVG survenant alors que la femme utilisait une méthode de contraception en métropole est de 64 % ». Autrement dit : parmi les IVG (et non parmi les grossesses non prévues) 64% des IVG ont eu lieu alors que la femme était sous contraception.

Cette information vient des enquêtes des personnes réalisant des IVG et non d’enquêtes sur les femmes ayant des grossesses “non désirées”. Selon la même source, cette estimation « est légèrement inférieure à celle établie à partir des données de l’enquête COCON (78 %). » Une autre source, un rapport de l’IGAS en 2010, donne une estimation de l’ordre de 72 % de femmes réalisant un IVG alors qu’elles prenaient une contraception dite efficace. Sachant que l’estimation dans le rapport de l’UNFPA est un taux d’avortement des grossesses non intentionnelles de 33% au niveau mondial, des études chiffrées sont nécessaires pour mieux déterminer le niveau en France.

 

Par ailleurs, la campagne met en avant le site “questions sexualité” comme “référence” informative. Sur les “grossesses non prévues”, ce site mentionne bien toutes les options possibles :

“Si vous ne l’avez pas planifié, le fait d’apprendre que vous êtes enceinte peut être vécu comme une magnifique surprise… ou comme un drame. Dans tous les cas, cette annonce peut être déstabilisante. Quelles que soient les situations particulières, il y a plusieurs options possibles.:

  • poursuivre la grossesse et accueillir un enfant ;
  • poursuivre la grossesse et confier l’enfant à l’adoption ;
  • Interrompre la grossesse.

Si la décision est évidente pour certains, elle est beaucoup plus complexe pour d’autres. N’hésitez pas à vous faire accompagner dans vos interrogations et démarches en demandant conseil à des proches ou à des professionnels de santé.”

Cependant, seule la décision d’interrompre fait l’objet d’un renvoi vers la page “Tout savoir sur l’IVG”. Les soutiens possibles pour poursuivre la grossesse ne font l’objet d’aucune information. Pourtant, elles existent. La campagne aborde également le sujet de l’efficacité des différentes méthodes de contraceptions, ainsi que la question des IST (Infections sexuellement transmissibles).

Le parti pris d’aborder la sexualité sous un angle très largement individuel et sanitaire, dans la lignée des campagnes précédentes, est une forte limite de ce type de communication. En effet l’horizon d’une relation amoureuse durable pour construire une famille reste une aspiration chez les jeunes. Dans “La fracture” livre enquête sur la génération des 18-30 ans en 2021, Frédéric Dabi, Directeur général de l’Ifop, et Stewart Chau, sociologue, rapportaient le “primat absolu de la famille dans les éléments perçus par les jeunes comme les plus importants pour avoir une vie réussie (62%).”

 

Pour aller plus loin : Sexe « neutre » en France ? La Cour européenne des droits de l’homme dit non

analyse critique de la campagne "santé sexuelle " 2023 lancée par santé publique france.