Baromètre du mal-être en France : la solitude touche toutes les générations.

Baromètre du mal-être en France : la solitude touche toutes les générations.

A l’occasion de son congrès annuel, SOS Amitiés a publié son dernier baromètre du mal-être en France, et son constat est désolant : la solitude touche toutes les générations.

Ce baromètre fait suite à de précédentes publications, comme les rapports annuels de l’observatoire des souffrances psychiques disponibles sur le site de l’association depuis 2012. Le baromètre 2023 a été diffusé par la presse.

Les constats du baromètre de SOS Amitiés

Fondée en 1960, SOS Amitiés est une fédération regroupant 44 associations locales, et près de 1700 bénévoles. Leur écoute se fait par téléphone, messagerie et “tchat”. Son objectif principal, selon leur site, est “de prévenir le suicide par l’écoute du mal-être, de l’angoisse ou du désespoir de toute personne en souffrance“.

L’association reçoit de très nombreux appels : 3.3 millions en 2022, en hausse de 244 000 comparé à 2021. Elle a pu répondre à environ 700 000 appels, soit 20% des appels reçus.

La majorité des appels reçus vient de personnes entre 45 et 64 ans, et les femmes sont majoritaires (60%). Selon la presse, l’étude note que “les personnes entrant dans cette tranche d’âge se sentaient déjà seules avant le Covid. L’épidémie les a fait basculer dans les problèmes psychologiques, comme la dépression“. Au total, le nombre de personnes évoquant des idées suicidaires a augmenté de 44% comparé à 2021. Cette dégradation de la santé mentale rejoint de nombreux constats, sur le plan national et international.

 

Le mal-être des jeunes en hausse

Point saillant du baromètre : la part des appels venant de jeunes de moins de 14 ans a monté fortement entre 2020 et 2022 : +40%. Le contact se fait le plus souvent par messagerie en ligne proposée par l’association. Selon les écoutants de l’association, ces jeunes qui ont appelé  en 2022 sont en recherche “d’un adulte référent, qu’ils n’ont pas trouvé dans leur écosystème familial, sportif ou scolaire“.

Déjà en novembre 2021, la Défenseure des droits Claire Hédon publiait un rapport soulignant, entre autres, l’écart entre hausse des besoins de psychiatrie pour les enfants (doublement en 20 ans) et les difficultés d’accès aux soins.

La Cour des comptes a récemment publié un rapport sur le sujet. Dans son introduction, la Cour note : “Bien que le manque de données concernant la situation française rende difficile l’estimation des effectifs concernés, on peut néanmoins estimer qu’environ 1,6 million d’enfants et adolescents souffrent d’un trouble psychique. Comme dans les autres pays de l’OCDE, l’épidémie de covid 19 a eu pour effet d’augmenter dans des proportions importantes les troubles psychiques chez les enfants à partir de 10 ans et chez les adolescents“. La Cour souligne “une offre saturée” en ce qui concerne les soins proposés.

Ce constat n’est pas sans lien avec l‘alerte à la sur-médication lancée récemment par le Haut Conseil à la Famille. Des facteurs de stress cités par le baromètre rejoignent d’ailleurs ceux du Haut Conseil : des peurs de l’avenir liées au réchauffement climatique, aux guerres.

 

Le sentiment d’isolement s’étend ainsi à toutes les tranches d’âge. Une situation à prendre au sérieux pour les pouvoirs publics et au sein des familles.

 
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CESE : un avis aux antipodes de la solidarité

CESE : un avis aux antipodes de la solidarité

CESE : un avis aux antipodes de la solidarité

 

Mardi 9 mai, le CESE a adopté l’avis « Fin de vie : faire évoluer la loi ? », favorable à l’euthanasie et au suicide assisté.

Aux antipodes de la solidarité invoquée, les préconisations contenues dans cet avis, en levant l’interdit de tuer, menacent directement le lien social et la vie des personnes les plus fragiles.

 

En parallèle de la Convention citoyenne sur la fin de vie qui a rendu ses conclusions le 2 avril dernier, une commission temporaire sur la fin de vie avait été mise en place au sein du CESE, réunissant des conseillers désignés par les 19 groupes qui le composent.

A la suite de ses travaux menés depuis le mois de novembre, celle-ci a présenté son avis « Fin de vie : faire évoluer la loi ? » au CESE réuni en séance plénière le mardi 9 mai. L’avis a été adopté par 98 voix pour, 6 voix contre, et 12 absentions, cinq ans après l’adoption en avril 2018 d’un avis favorable à une « sédation profonde explicitement létale ».

 

Ce nouvel avis du CESE est convergent avec les conclusions de la Convention citoyenne et l’avis n°139 du CCNE. Sous couvert d’un « projet humaniste d’une société solidaire, inclusive et émancipatrice », il préconise l’autorisation de l’euthanasie et du suicide assisté « pour des personnes souffrant de maladies graves et incurables, provoquant des souffrances physiques ou psychiques insupportables et inapaisables » sans nécessairement être en fin de vie.

Cette préconisation s’appuie sur le même argument que la Convention citoyenne et le CCNE : la loi actuelle ne répondrait pas à toutes les situations médicales, en particulier pour les personnes atteintes de maladies graves et incurables dont le pronostic vital n’est pas engagé à court terme. Pourtant, cet argument n’est étayé par aucune donnée dans l’avis.

 

Les autres arguments en faveur d’une évolution de la loi sont les inégalités induites par la pratique de l’euthanasie et du suicide assisté à l’étranger, ainsi que l’existence d’euthanasies clandestines en France, « en dehors de tout cadre légal » qui pourraient « générer des dérives. » A aucun moment en revanche ne sont évoquées les très nombreuses dérives connues de l’euthanasie et du suicide assisté à l’étranger ni la persistance d’un grand nombre d’euthanasies clandestines dans les pays qui autorisent l’euthanasie.

Il faut dire que les membres de la commission temporaire n’ont pu avoir à travers leurs auditions qu’une vision très partielle de la pratique de l’euthanasie et du suicide assisté à l’étranger, puisque la seule « audition » prévue sur cette question était le visionnage de la table ronde très partisane organisée par la Convention citoyenne à laquelle participaient le Docteur Corinne Vaysse-Van Oost, médecin activiste belge et l’association Dignitas en Suisse pourvoyeuse de suicides assistés.

 

Les préconisations de cet avis du CESE vont loin, plus loin même que la loi belge, puisque le CESE préconise notamment d’intégrer le suicide assisté et l’euthanasie aux directives anticipées, permettant ainsi l’euthanasie de personnes inconscientes. Il préconise également de renforcer le rôle de la personne de confiance et de prévoir une « procédure accélérée devant les tribunaux dans les situations d’impossible conciliation ».

La treizième et dernière préconisation va jusqu’à demander des dispositions « afin de prévenir d’éventuelles poursuites et de préserver les droits des bénéficiaires et de leurs héritiers ».

Dans cet avis, tout est donc déjà prévu pour faciliter au maximum l’euthanasie et le suicide assisté. Quant aux garde-fous pour protéger les personnes les plus fragiles qui pourraient se sentir « de trop », on aura beau chercher dans le rapport, on n’en trouvera pas. Nulle part d’ailleurs ne figure une évocation des risques d’une évolution législative pour des personnes âgées, isolées ou fragiles. La solidarité est invoquée une vingtaine de fois dans le rapport, comme une formule incantatoire. Pourtant, elle semble bien éloignée des préoccupations de ce projet qui se veut « humaniste ».

 

Enfin, le CESE ne s’en cache pas, la prochaine loi sur la fin de vie ne serait qu’une étape. L’avis prévoit déjà en conclusion la nécessité de « nouvelles évolutions législatives ». Les débats en séance plénière montrent que c’est l’euthanasie des mineurs qui pourrait être la prochaine étape.

Quant aux mots de suicide assisté et d’euthanasie, le rapport propose de les remplacer, en raison de leur « forte résonance pour celles et ceux ayant connu des situations difficiles et douloureuses. »

 

Si cet avis n’a qu’une portée purement consultative et ne présume en rien du contenu du projet de loi annoncé par Emmanuel Macron d’ici la fin de l’été, il n’en demeure pas moins préoccupant et révélateur d’une idéologie qui méprise la faiblesse, dévoie le principe de solidarité et érige l’autonomie individuelle en absolu, au risque de pousser les plus fragiles vers la sortie.

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Vote du suicide assisté et de l’euthanasie au Portugal au détriment des soins palliatifs

Vote du suicide assisté et de l’euthanasie au Portugal au détriment des soins palliatifs

Vote du suicide assisté et de l’euthanasie au Portugal au détriment des soins palliatifs

 

Ce vendredi 12 mai le parlement portugais a approuvé une loi de dépénalisation du suicide assisté et de l’euthanasie.

 

Cette adoption intervient après que le texte initial s’est heurté à deux reprises aux remises en cause du tribunal constitutionnel et à deux vétos du président de la République.

La version remaniée de la loi prévoit que le suicide assisté soit pratiqué sous certaines conditions en première intention et que le recours à l’euthanasie ne soit autorisé qu’en raison d’une incapacité physique du patient à se suicider.

 

Ce vote est d’autant plus inquiétant que ce pays est marqué par une crise de son système de santé et un sous-développement des soins palliatifs. Le mouvement citoyen Stop Eutanásia a lancé plusieurs campagnes ces dernières années alertant sur l’urgence de soins adaptés et d’accompagnement des personnes fragilisées en fin de vie, et contre la violence et l’inhumanité de l’euthanasie.

Le tribunal constitutionnel pourrait être à nouveau saisi par des députés de l’opposition.

vote du suicide assisté et de l'euthanasie au portugal
VITA sur le terrain : enquête auprès des acteurs en soins palliatifs.

VITA sur le terrain : enquête auprès des acteurs en soins palliatifs.

VITA sur le terrain : enquête auprès des acteurs en soins palliatifs

 

Écouter ceux qui sont impliqués dans la fin de vie : c’est l’objectif qu’Alliance VITA a poursuivi en enquêtant sur le terrain auprès des acteurs en soins palliatifs.

Sans être une étude quantitative, cette enquête a permis d’avoir des résultats qualitatifs intéressants. Environ 120 acteurs investis dans les soins palliatifs ont été écoutés. Ces acteurs ont suivi en très grande majorité (plus de 75%) une formation spécifique et beaucoup se disent désireux de poursuivre leur formation, conscients de l’évolution rapide et permanente des soins.

 

Les grands constats de l’enquête

Un accès aux soins palliatifs insuffisant

Premier constat qui rejoint les propos tenus dans les médias ou lors de la Convention citoyenne : l’accès aux soins palliatifs reste insuffisant, un constat partagé par trois quarts des personnes enquêtées. Les trois facteurs cités qui concourent le plus à cette situation sont sans surprise

  • le manque de moyens humains et financiers – les deux étant liés,
  • le manque d’information du public,
  • le manque de formation des soignants.

Les zones rurales et les soins à domicile sont particulièrement impactés dans cet accès restreint. Sont plus rarement cités le facteur du tabou de la mort, la lourdeur administrative ou la croissance des besoins en soins palliatifs en raison de l’allongement des situations de fin de vie.

Une douleur psychique moins bien prise en charge

Les acteurs interrogés estiment que la douleur physique est bien prise en charge (61% dans notre échantillon) ou bien prise en charge avec des réserves (29%). Les ressources médicamenteuses sont estimées satisfaisantes, les réserves portent sur les accès (manque de recours aux services existants) ou sur la formation de médecin généraliste.

La prise en charge de la douleur psychique nécessite des investissements plus importants : les réserves sont plus importantes quant à la qualité de la prise en charge. Le manque de psychothérapeutes et de temps pour les soignants – donc de moyens – pour des soins plus humains, en particulier à domicile est un facteur important. Il est souvent exprimé que la prise en charge de cette souffrance n’est pas que médicamenteuse ou professionnelle mais concerne aussi la présence de la famille et des aidants, y compris s’agissant de la présence spirituelle.

 

Des demandes d’euthanasie rares et qui disparaissent avec des soins appropriés

Sur les douze derniers mois, les personnes rencontrées ont constaté peu de demandes d’euthanasie. 42 personnes citent des demandes inférieures à 5, 10 seulement ont entendues plus de 5 demandes. Les chiffres sont assez proches en ce qui concerne la sédation profonde et continue : 37 et 7 respectivement.

Ces demandes ne sont pas forcément réitérées. Ce sont plutôt des appels à l’aide, des « je veux que ça s’arrête » de la part du patient qui souffre ou de la part des proches qui souffrent eux-mêmes en voyant le patient souffrir. Les personnes interrogées ont constaté que ces demandes disparaissaient avec les soins appropriés, “entièrement” selon 46% et “la plupart” selon 43% des personnes interrogées. Ces demandes venaient des familles dans 36% des cas, avec une mention des situations d’agonie longue.

Ces indications rejoignent les conclusions d’études menées sur les demandes d’euthanasie recensés ici. Les demandes sont rares, les demandes répétées encore plus rares, et elles peuvent être l’expression d’une demande de maitrise de sa vie face au corps médical dans une situation de vulnérabilité évidente.

 

Quel progrès dans les soins palliatifs en France ?

Les lois sur la fin de vie sont explicitement citées comme des facteurs de progrès dans la culture palliative : les soignants et le public semblent mieux informés, une certaine culture de toute-puissance médicale semble perdre du terrain.

L’écoute, la collégialité de la décision médicale, l’implication des associations de bénévoles pour les soins palliatifs sont citées parmi les progrès. Les mêmes personnes soulignent également les lacunes dans la situation actuelle : le manque de moyens a déjà été souligné. Selon elles, il faut plus de formation pour une prise en charge de la douleur de façon plus précoce. La formation sur le plan éthique, pour une prise en charge palliative globale, est aussi mentionnée.

La culture palliative doit aussi s’étendre vers le grand public. La connotation “fin de vie” peut faire peur et générer des rejets conscients ou pas, rendant le dialogue plus difficile, comme le montrait l’enquête du CNSFPV.

Les progrès constatés sont le fruit des efforts de praticiens et de bénévoles investis dans les soins palliatifs, soutenus par des lois qui ont choisi une troisième voie entre refus de l’acharnement thérapeutique et refus de l’euthanasie.

L’enquête de VITA sur le terrain corrobore les progrès accomplis et les efforts importants à fournir pour arriver à une situation satisfaisante. Comme le souligne le rapport de la mission Falorni, il manque de données robustes sur les besoins palliatifs. Alliance VITA demande, avant toute modification de la loi, que soit établi un état des lieux exhaustif sur les situations et les besoins concernant la fin de vie en France.

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La santé des enfants nés par FIV ? L’Académie de médecine se penche dessus

La santé des enfants nés par FIV ? L’Académie de médecine se penche dessus

La santé des enfants nés par FIV ? L’Académie de médecine se penche dessus

 

Être conçu par fécondation in vitro (FIV) a-t-il un impact sur la santé à moyen et long terme des enfants ? C’est la question sur laquelle s’est penché un groupe de travail de l’Académie de médecine (ANM), qui vient de publier son rapport, exprimant une prise de position officielle, adoptée par 55 voix pour, 4 contre et une abstention.

Ce groupe de travail est né à la suite d’un colloque international organisé par l’Inserm en 2021 qui portait sur l’incidence des anomalies se manifestant chez les enfants nés par PMA.

 

Qu’est-ce qui présente un possible impact sur la santé des enfants ?

Les phases de gamétogenèse (maturation des ovocytes et des spermatozoïdes) et de développement de l’embryon avant son implantation dans l’utérus sont particulièrement sensibles. Ce qui correspond aux phases où des manipulations ont lieu, dans le cadre de la procréation artificielle. Lors de cette période, a naturellement lieu une reprogrammation épigénétique et la mise en place d’empreinte génomique parentale qui jouent un rôle déterminant dans le développement embryonnaire.

Les traitements hormonaux de stimulation ovarienne mis en place pour récolter les ovocytes maternels, les conditions dans lesquelles les embryons sont conçus et cultivés in vitro puis, parfois, congelés plus ou moins longtemps avant d’être décongelés font partie des procédures les plus suspectées d’être à l’origine des troubles observés. Notamment, par leur impact sur les phénomènes épigénétiques (la manière dont est régulée l’expression des gènes). Mais ces mécanismes d’altération sont mal connus et peu documentés.

 

La FIV, en quelques chiffres

En France, la première naissance par FIV date de 1978. Depuis lors, le nombre de naissances par FIV ne cesse d’augmenter. En 2019, la part atteint 3,6% des naissances. On estime à près de 10 millions les enfants nés par FIV à travers le monde, et les plus âgés ont maintenant plus de 40 ans.

 

Qu’a étudié le groupe de travail ?

Etant donné l’étendue des questions qui se posent en PMA, il s’est focalisé uniquement sur la FIV standard avec congélation embryonnaire, en excluant celles avec donneurs de gamètes. Il s’est également focalisé sur les résultats qui lui semblaient les plus significatifs : il ne s’agit donc pas d’une enquête complète ni globale.

 

Sur quelles études porte ce rapport ?

Les membres du groupe de travail ont étudié l’impact probable des FIV sur les cancers pédiatriques, les troubles du neurodéveloppement et du comportement, les troubles de la croissance et du métabolisme, les troubles cardiovasculaires, les altérations de la fertilité. Ainsi que ceux liés aux gènes soumis à l’empreinte génomique et aux modifications épigénétiques. (Tout ce qui impacte l’expression des gènes).

 

Quelles observations ?

Ils constatent que des études comparatives mieux caractérisées devraient être poursuivies, notamment à des âges plus avancés. Car les résultats déjà publiés ne sont pas toujours concordants. Par ailleurs, les altérations observées chez les enfants ne sont pas forcément imputables à la FIV en elle-même, mais au fait que les couples infertiles peuvent être plus à risque de transmettre des facteurs responsables de perturbations de leur propre santé. Par exemple, certains garçons nés à la suite d’une FIV avec micro-injection de spermatozoïdes dans l’ovocyte (ICSI), faite pour pallier l’infertilité masculine d’origine génétique de leur père, risquent eux aussi d’être stériles. Mais globalement, l’impact sur la fertilité des enfants nés par FIV reste trop peu étudié.

  • Concernant la croissance et le métabolisme, les résultats qu’ils ont étudiés sont disparates mais plutôt rassurants. Pour autant, un suivi au long cours est indispensable car certaines pathologies ne se révèleront qu’au cours de la vie adulte.
  • Concernant les cancers pédiatriques, les études existantes sont mitigées. Certaines rapportent que les leucémies et les tumeurs du système nerveux central ont été en général observées avec la même incidence, selon les conditions de conception. Mais d’autres rapportent une fréquence de cancers plus élevée en cas de FIV, particulièrement s’il y a eu aussi congélation embryonnaire. La France vient de lancer une vaste étude sur la question, basée sur une cohorte de 100 000 enfants conçus par FIV, dont 40 000 issus d’un transfert de congélation embryonnaires. Les résultats sont en cours d’analyse.
  • Concernant les troubles cardiovasculaires suspectés depuis longtemps, les quelques études disponibles présentent de nombreuses limites : les échantillons sont faibles, les données de naissance peu documentées, les facteurs de santé des parents peu renseignés… néanmoins, un risque modéré d’anomalies cardiovasculaires n’est pas exclu. Une piste d’explication est donnée par le stress oxydant induit sur les embryons lors des manipulations et conditions de culture impliquant des modifications de pH, température, taux d’oxygène etc. ce stress oxydant peut être responsable de modifications épigénétiques, elles-mêmes à l’origine de complications cardiovasculaires.
  • Concernant les troubles du comportement et de neurodéveloppement (déficit intellectuel, troubles du spectre de l’autisme, difficultés d’apprentissage, hyperactivité, troubles de l’attention, troubles obsessionnels compulsifs, anxiété etc.), là aussi les quelques études disponibles se contredisent et leurs auteurs tempèrent leurs conclusions. Pour les explications, les auteurs évoquent aussi les modifications épigénétiques liées aux milieux de culture des embryons. Par ailleurs, les liens entre ces troubles et les conditions de naissance passent aussi par les risques accrus, dans le cadre des PMA, de grossesses multiples et de prématurité. Quant au contexte socio-familial, majeur dans l’étude de ces troubles, il devrait être clairement pris en compte, ce qui n’est pas encore le cas.

 

L’emballement de la technique

 

Trois études mentionnées par l’Académie de médecine concernent la « qualité » des embryons conçus in vitro et « testés » avant implantation, en particulier lorsque le père est porteur d’une infertilité liée au syndrome de Klinefelter. Dans ces situations où les spermatozoïdes sont rares, certains peuvent être néanmoins recueillis dans le sperme ou directement prélevés dans les testicules pour être ensuite introduits directement dans l’ovocyte (ICSI) pour le féconder. Si les enfants nés sont des garçons, ils peuvent être porteurs des mêmes caractéristiques génétiques et donc des mêmes troubles que leur père. Les résultats de ces 3 études montrent des taux élevés d’anomalies chromosomiques. Ce qui conduit les praticiens qui proposent ces techniques à recommander la pratique d’un diagnostic préimplantatoire systématique aux couples.

Par ailleurs, l’ANM préconise de développer et de soutenir intensément en France des projets de recherches cliniques et fondamentales spécifiques, ces dernières pouvant être menées sur des modèles animaux mais aussi sur des embryons humains donnés à la science.

Ainsi, comme souvent, la technique appelle la technique, et ici aussi ce que nomme Jürgen Habermas dans L’Avenir de la nature humaine. Vers un eugénisme libéral ?, « la consommation d’embryons humains ».

 

L’AMP, responsable de dysgénisme

Dans le cas des FIV avec ICSI déjà mentionné, qui conduit à la naissance de garçons souffrant de problèmes de stérilité comme leur père, l’ANM conclut que cette technique contribue à « favoriser la diffusion aux générations suivantes de caractères génétiques qui ne se transmettaient pas naturellement ». Ainsi, même « si la PMA n’est pas elle-même la cause du trouble de santé de l’enfant, elle fait preuve en l’occurrence de dysgénisme ». (elle augmente la fréquence d’anomalies dans une population).

 

Quelles suites ?

De nombreuses incertitudes demeurent, les résultats ne sont pas tous pertinents ni concordants, par manque de données, variations méthodologiques, effectifs trop faibles… il est par ailleurs parfois difficile d’imputer directement des anomalies constatées aux techniques de PMA elles-mêmes. Les conditions de grossesse et de naissance (prématurité) qu’elles contribuent à induire jouent également. Ainsi que l’état de santé des parents, conduisant souvent au recours à la PMA.

L’académie de médecine conclut qu’il en ressort globalement que les enfants nés par FIV peuvent être parfois atteints de troubles de la santé sans qu’un type particulier prédomine, que leur incidence est relativement modérée et qu’en cas d’augmentation significative de l’incidence, elle n’est pas beaucoup plus importante que chez les enfants conçus naturellement.

 

Mieux suivre – mieux renseigner les conditions de conception

Le suivi des enfants devrait être accru, jusqu’à un âge avancé. L’ANM juge aussi que d’autres études devraient être menées, et qu’il serait bénéfique qu’il puisse y avoir un croisement des bases de données de santé des différentes sources disponibles (Agence de la biomédecine, système national des données de santé, Caisse primaire d’assurance, registres de patients etc.). Elle juge aussi qu’il serait intéressant de comparer la santé des fratries, lorsque certains sont nés naturellement, d’autres par FIV.

Pour mieux comprendre l’impact du rôle des conditions de culture, des méthodes de congélation-décongélation etc. sur les événements épigénétiques, il serait aussi fondamental que les procédures utilisées pour la conception d’un enfant soient documentées, ce qui est rarement le cas. Elle rappelle par ailleurs cette mission qui a été confiée à l’Agence de la biomédecine dès sa création en 2004, d’évaluer « les conséquences éventuelles de l’assistance médicale à la procréation sur la santé des enfants qui en sont issus » (CSP Art. L. 1418-1).

 

Pour une information claire des parents

Malgré les incertitudes, l’ANM plaide pour qu’une meilleure information soit donnée aux personnes ayant recours à la FIV, notamment sur l’absence de risque authentifié mais aussi sur les risques potentiels de ce mode de procréation pour la santé à moyen et à long terme des enfants qui naîtront. Et pour qu’en cas d’apparition de troubles de la santé chez leur enfant, la prise en compte des conditions de conception puisse conduire à une meilleure prise en charge. Par exemple, étant donné le risque cardio vasculaire, les parents pourraient être incités à informer leurs enfants, à mettre en place un suivi précoce et des habitudes hygiéno-diététiques appropriées. Mais aussi, pour qu’en cas d’apparition de troubles, ils puissent participer à des études les concernant, y compris quand ils seront à l’âge adulte.

 

Ce rapport met en lumière l’importance qu’il convient d’accorder au suivi médical des enfants nés par procréation assistée et l’importance de recueillir l’ensemble des données liées aux techniques utilisées lors des différentes étapes : stimulation ovarienne, ponction, fécondation in vitro, ICSI, milieux de culture, techniques de congélation- décongélation, transfert etc.

Par ailleurs, il démontre également en lui-même, au travers de ses préconisations, que la logique même de procréation assistée entraine vers toujours plus de technique, notamment en augmentant le recours à la recherche sur l’embryon humain et au contrôle qualité des embryons avant implantation.

 
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