Le Sénat adopte une PPL pour améliorer la prise en charge de la SLA

Le Sénat adopte une PPL pour améliorer la prise en charge de la SLA

Le Sénat adopte une PPL pour améliorer la prise en charge de la SLA

 

Une proposition de loi visant à améliorer la prise en charge de la sclérose latérale amyotrophique (SLA) – dite maladie de Charcot et d’autres maladies évolutives graves a été adoptée à l’unanimité le mardi 15 octobre 2024 au Sénat.

 

Que contient cette proposition de loi ?

Cette proposition de loi, portée par les sénateurs LR Philippe Mouiller et Gilbert Bouchet et les rapporteurs de la commission des affaires sociales Laurence Muller-Bronn et Corinne Féret comporte trois articles. Elle poursuit deux objectifs principaux :

  • accélérer les procédures d’accès aux aides financières et techniques pour les malades atteints de pathologies dégénératives entraînant des handicaps lourds et irréversibles,
  • réduire les inégalités liées à l’âge entre les patients en supprimant, pour les mêmes malades, la barrière d’âge de 60 ans qui établit à l’heure actuelle une différence dans la nature des aides financières accessibles.

La particularité de la SLA est d’être, à ce jour, incurable et par ailleurs d’évolution très rapide, avec une espérance de vie au diagnostic de 3 à 5 ans en moyenne (vérifier). Cet état de fait a deux conséquences :

  •  N’ayant à l’heure actuelle pas accès à un traitement visant à les guérir, les malades ne peuvent compter que sur des dispositifs techniques et des aides humaines visant à améliorer leur confort de vie ;
  • Ces dispositifs et ces aides évoluent très rapidement : un élément d’aide peut parfois s’avérer obsolète en l’espace de quelques semaines ou quelques mois.

La proposition de loi entend ainsi instaurer une priorité pour les dossiers de ces patients similaires dans le cadre de leur examen par les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) en charge de l’attribution des dispositifs d’aide et des prestations, notamment la prestation de compensation du handicap (PCH).

En effet, si elles sont tenues à un délai de quatre mois maximum, en réalité le temps d’attente des patients est souvent plus long, pouvant aller jusqu’à neuf mois dans certains départements. Or ce délai ne correspond pas du tout à la réalité des personnes atteintes de la SLA, dont le rythme d’évolution est plus rapide que la validation des dossiers pour leur attribuer les aides techniques dont ils auraient besoin.

Il en résulte des patients qui n’ont pas les dispositifs adéquats, ou bien qui sont obligés de les acheter eux-mêmes, sans aucune aide. Ainsi le sénateur Gilbert Bouchet, coauteur de la proposition de loi et lui-même atteint de SLA, témoigne-t-il par la voix de son collègue Philippe Mouiller : “Gilbert nous dit que dans son cas, la procédure d’évaluation de l’équipe pluridisciplinaire a conclu à la prescription d’un matériel qui, lorsque la décision a été rendue, ne lui était plus d’aucune utilité. Il a dû s’acheter lui-même le fauteuil électrique qui convenait à son handicap à ce moment-là, sans attendre la dégradation de son état de santé.”

Les procédures sont ainsi “en décalage avec la temporalité des malades”, d’autant que, rappellent les différents sénateurs qui s’expriment dans la discussion générale, la maladie évolue différemment pour chaque personne, rendant très difficile l’anticipation des besoins.

 

Deuxième volet de cette proposition de loi, la question de l’âge des patients.

La SLA touche majoritairement des personnes entre 50 et 70 ans. Pour les trois quarts des patients, le diagnostic intervient après 60 ans (et en moyenne, à 68 ans). Or après cet âge, les malades n’ont pas accès à la même aide financière qu’avant cette barrière.

La prestation de compensation du handicap n’est accessible qu’aux personnes dont le diagnostic a été posé avant les 60 ans, même s’ils sont désormais plus âgés ; mais lorsque le diagnostic a été rendu après, les personnes bénéficient de l’Allocation personnalisée d’autonomie (Apa) qui est avant tout pensée pour accompagner la perte d’autonomie des personnes âgées, et qui ne couvre pas les frais engendrés par la SLA à la même hauteur que la PCH. Le reste à charge pesant sur les patients et leurs familles est ainsi de 8000€ dans le cadre de la PCH, et de 16 000€ dans le cadre de l’Apa.

Le troisième article de la proposition de loi vise à compenser le surcroît de dépenses de PCH occasionné par le dispositif grâce un concours financier de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie au département.

 

Un vote unanime pour améliorer la prise en charge des maladies dégénératives graves 

 

Le large soutien transpartisan à ce texte – 318 sénateurs issus de tous les groupes ont soutenu la proposition de loi par leur signature avant le vote -, l’unanimité des 335 votants ainsi que la commune motivation des sénateurs et du gouvernement à améliorer la prise en charge des maladies dégénératives graves, sont frappants à l’écoute des débats.

En introduction de la séance publique, le sénateur de la Drôme Gilbert Bouchet, atteint de la maladie de Charcot, témoigne de sa situation personnelle. Affaibli, en fauteuil et sous respirateur, il s’exprime quelques instants au micro de l’hémicycle, largement applaudi. Il a coécrit le texte de loi avec le président de la commission des affaires sociales.

Si aucun ne s’oppose à la proposition telle qu’elle est présentée en séance publique, certains sénateurs ouvrent la discussion sur des thématiques annexes : la recherche de traitement thérapeutique, l’exploration des causes environnementales, la rémunération des professionnels de santé,

On peut saluer le “pragmatisme” revendiqué par le sénateur Philippe Mouiller et par le ministre. Un sens du concret a en effet semblé présider aux échanges et au vote unanime de cette proposition de loi, qui doit désormais poursuivre son chemin législatif à l’Assemblée nationale.

Deux sénateurs ont évoqué le débat sur la fin de vie en revendiquant  le recours à l’euthanasie et au suicidé assisté. La priorité doit être de poursuivre la recherche et l’amélioration de la prise en charge pour que les patients vivent au mieux tout au long de leur maladie plutôt que stigmatiser ces personnes comme éligible à la mort provoquée.

 

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Contre la douleur, quelle stratégie ?

Contre la douleur, quelle stratégie ?

Contre la douleur, quelle stratégie ?

 

Jeudi 17 octobre 2024 se tient la 2ème journée mondiale de lutte contre la douleur. C’est l’occasion de mieux appréhender la relation de l’être humain avec la souffrance physique et ses répercussions.

Qu’est-ce que la douleur ?

« Une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes », selon l’association internationale pour l’étude de la douleur. La France, par la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, reconnaît le soulagement de la douleur comme un droit fondamental de toute personne. Certes, en tant que telle, la douleur fait partie du fonctionnement normal du corps humain. La douleur est d’abord une alerte bénéfique voire une information vitale.

Si nécessaire, cette alerte provoque un mouvement réflexe d’urgence qui court-circuite la conscience, comme lorsque se retire vivement une main qui a touché un objet brûlant. La douleur incite à la prudence. Elle facilite aussi la prévention des maladies par les messages qu’elle envoie. Une personne partiellement insensibilisée à la suite d’un accident ou d’un problème de santé (ex. : spina-bifida) devra se surveiller davantage pour compenser ce défaut d’alerte.

Une douleur mérite d’être communiquée à ceux qui prennent soin (proches, soignants). Quand un patient est incapable de s’exprimer – certaines personnes polyhandicapées ou en fin de vie – ses soignants doivent déceler les signes d’une douleur qui ne peut s’exprimer par des mots (position fœtale, gémissements, grimaces et tout autre langage non verbal). En plus des grilles d’autoévaluation, qui reconnaissent le caractère subjectif et personnel de la perception douloureuse, une typologie des douleurs est utilisée par les soignants : douleur aigüe, douleur chronique et douleur liée aux soins.

L’appréhension de la douleur accompagne une double-évolution culturelle et technique : d’un côté, au moins dans les pays occidentaux, d’immenses progrès ont été faits pour lutter contre la douleur, grâce à des médicaments (pas seulement analgésiques, car certains anti-inflammatoires et antidépressifs agissent aussi sur la sensation douloureuse), grâce aussi à des interventions chirurgicales (par ex. chirurgie du rachis) mais également à l’aide de « stratégies » ni médicamenteuses, ni invasives (voir plus loin) ; d’un autre côté, la tolérance à cette douleur a progressivement baissé : elle apparait davantage comme un mal évitable, et de moins en moins comme une fatalité.

Inutile d’attendre pour traiter : la prévention de la douleur a progressivement pris sa place dans l’arsenal thérapeutique. Cependant, du fait de l’accessibilité aux antalgiques, il ne faudrait pas perdre la sagesse des méthodes analgésiques « naturelles ». D’autant qu’elles sont parfois contre-intuitives. D’où les efforts des autorités de santé pour, par exemple, encourager la mobilisation des membres souffrants. On sait qu’un mal de dos tend à tétaniser et à crisper alors que – de façon prudente et selon la situation clinique – c’est la mobilisation qui est plus souvent préconisée pour vaincre la douleur, car « le mouvement est antalgique ».

Il reste beaucoup à faire pour qu’une culture diversifiée et experte de lutte contre la douleur se généralise, certains soignants ne l’ayant pas encore pleinement intégrée à leur pratique. On trouve encore, à l’arrivée en soins palliatifs, des patients très douloureux n’ayant pas bénéficié de toute la panoplie utile : diagnostics pointus, grilles d’auto-évaluation, pompes à morphine et stratégie non médicamenteuse. Parmi ces stratégies figurent, la relaxation, la kinésithérapie, l’hypnose, l’écoute, la méditation…

La relation et l’affection elles-mêmes sont analgésiques : des soignants rapportent que, dans les services d’EHPAD où ils passent plus régulièrement dans les chambres pour s’enquérir de l’état des résidents, ces derniers consomment moins d’analgésiques. La douleur entre en effet chez l’être humain, qui se sait « mortel », en résonance avec la solitude, la peur de l’aggravation ou de la durée, le sentiment d’inutilité, d’indignité etc. La perception de la douleur a des composantes psychiques complexes à ne pas négliger.

A tous les stades de la vie s’impose un arbitrage avant de mettre en route ou de faire évoluer un traitement médicamenteux de la douleur. La douleur doit être combattue sans « complaisance », mais l’effacement total de toute douleur risque parfois de se faire au détriment de la santé et de la relation (effets secondaires : somnolence, constipation, nausées… jusqu’à la mort en cas de surdosage).

Les autorités sanitaires mettent en garde contre la hausse des prescriptions d’opioïdes, notamment de tramadol qui peut générer une dépendance, après le retrait du marché, il y a une  dizaine d’années, du Di-Antalvic et de tous ses génériques, à cause de leur dangerosité. La tentation d’éteindre toute plainte – qui est une façon de la fuir – doit aussi être régulée par le désir de conserver au maximum la capacité d’expression du patient, sa conscience et sa liberté. C’est pourquoi la sédation analgésique est en principe réversible. Elle permet de se reposer (par exemple la nuit), car la douleur épuise, pour pouvoir (le lendemain) communiquer. La sédation profonde ne sera décidée « continue jusqu’au décès » qu’en dernière extrémité, de façon exceptionnelle.

Une douleur intense ou chronique peut provoquer angoisse et abattement, induisant des souffrances morales. A l’occasion de le la journée de lutte contre la douleur, Alliance VITA rappelle l’existence de Centres anti-douleur, structures spécialisées dans la prise en charge de la douleur chronique. L’association déplore les files d’attente imposées par le manque de moyens dans ces centres ; ils privent certains patients lourdement éprouvés du soulagement auxquels ils ont droit.

Par ailleurs, Alliance VITA relève que la « douleur » et ses souffrances induites sont encore largement invoquées à l’appui des revendications euthanasiques. Elles ont été largement promues par l’utilisation abusive de l’alternative piégée (ou choix truqué) : « souffrir atrocement ou mourir sans souffrir ? » En 2024, il serait particulièrement scandaleux que le défaut de soulagement de la douleur incite certains patients au suicide sous quelque forme que ce soit.

 

 

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Italie : la GPA considérée comme un crime y compris à l’étranger

Italie : la GPA considérée comme un crime y compris à l’étranger

Italie : la GPA considérée comme un crime y compris à l’étranger

 

C’est une avancée importante dans la lutte contre la gestation pour autrui (GPA), intervenue à la veille de la Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains. Le Sénat italien a voté définitivement le 16 octobre 2024 une loi, déjà adoptée par les députés le 26 juillet 2023, élargissant l’interdiction de la gestation pour autrui à celles pratiquées à l’étranger.

La position italienne s’inscrit dans un mouvement de prise de conscience de la gravité de cette pratique qui se développe depuis une dizaine d’années contre l’exploitation du corps des femmes et le trafic humain.

En 2013, le sort du petit garçon Gammy atteint de trisomie avait provoqué un scandale mondial. Commandé par un couple australien à une mère porteuse thaïlandaise, le petit garçon avait finalement été “refusé” par les commanditaires qui n’ont pris que sa sœur jumelle.

Plusieurs pays ont par la suite interdit ou restreint fortement le recours de la GPA notamment pour les étrangers :  Inde, Thaïlande,  Népal, ou encore Mexique…

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Chiffres de l’IVG en France en 2023 : pour aller plus loin

Chiffres de l’IVG en France en 2023 : pour aller plus loin

Chiffres de l’IVG en France en 2023 : pour aller plus loin

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Le 25 Septembre 2024, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS) a publié son enquête annuelle sur l’IVG qui, au-delà de l’augmentation du nombre d’avortements, montre que :

  1. Les principaux indicateurs sont à la hausse.
  2. Les disparités géographiques des taux de recours à l’IVG sont très marquées.
  3. Les IVG hors Etablissements de Santé sont en forte augmentation.
  4. Le nombre de praticiens de l’IVG a notablement augmenté.

 

 

I – Tous les principaux indicateurs sont à la hausse

En 2023, 243 623 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été enregistrées en France, soit 8600 de plus qu’en 2022. Cela représente une augmentation de +3,7% après celle de +8% en 2021, ce qui traduit un léger ralentissement du rythme de hausse. Parmi ces avortements, 79% sont effectués par voie médicamenteuse, contre 78% en 2022.

Outre le nombre absolu d’IVG en France, les autres indicateurs comme le ratio d’avortement et le taux de recours à l’IVG sont à la hausse et atteignent des records historiques si l’on regarde leur évolution depuis 1990.

Le ratio d’avortement qui mesure le rapport entre le nombre d’IVG et le nombre de naissances vivantes, connait une forte croissance : +9,7%. Cette augmentation reflète à la fois la hausse des IVG et la baisse de la natalité. En 2023, 678 000 bébés sont nés en France soit 6,6 % de moins qu’en 2022 et près de 20 % de moins qu’en 2010, année du dernier pic des naissances. (Source INSEE)

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Le taux de recours à l’IVG, c’est-à-dire le nombre d’IVG pour 1000 femmes en âge de procréer, s’établit à 16.8 IVG pour 1000 femmes, contre 16.2 en 2022.

 

II – LES DISPARITÉS GÉOGRAPHIQUES DES TAUX DE RECOURS A L’IVG SONT TRÈS MARQUÉS

Le taux de recours à l’IVG est très différent d’un département à un autre avec des taux variant du simple (en Mayenne, le taux s’établit à 9,9 IVG pour 1000 femmes) à plus du double (dans les Alpes Maritimes les taux est de 23,7 IVG pour 1000 femmes).

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Ces différences sont stables d’une année sur l’autre. Néanmoins la hausse est plus importante dans certains départements. Par exemple en Haute Saône et dans les Hautes Pyrénées (+18%), dans le Cantal (+15%), l’Aisne (+13%), l’Orne (+12%), le Lot, la Haute Corse et l’Ardèche (+13%), l’Allier et le Cher (+11%), on a enregistré une hausse du taux de recours supérieure à 10%.

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III –  LES IVG HORS ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ SONT EN FORTE AUGMENTATION

 

En 2023, 100 532 IVG ont été réalisées hors établissement de santé. Il s’agit d’une augmentation de +11,5% par rapport à 2022 et de 32% par rapport aux 76280 de 2021. Ces IVG hors établissements de santé représentent désormais 41% de la totalité des IVG réalisées en 2023.

Les IVG pratiquées hors Etablissement de santé se répartissent ainsi :

  • 11 488 en centre de santé ou centre de santé sexuelle,
  • 89 044 dans un cabinet libéral.

 

Les chiffres par département indiquent des écarts territoriaux très importants. Par exemple, en Haute Vienne et dans la Sarthe, ces IVG représentent 3,7% et 5% des IVG. A l’inverse, dans les Hautes Alpes et les Alpes Maritimes, ils pèsent respectivement 71,4% et 64,8%.

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La pratique de la téléconsultation alimente également cette hausse.

  • Les praticiens des IVG en ligne (en téléconsultation) représentent a minima 8% des praticiens soit 254 praticiens.
  • Si l’on applique ce chiffre au nombre d’IVG, on a donc une estimation minimale de 19490 femmes qui ont recours à l’IVG en téléconsultation sans rencontrer un professionnel de santé en présentiel.

 

VI – LE NOMBRE DE PRATICIENS DE L’IVG A NOTABLEMENT AUGMENTÉ

 

La pratique des IVG médicamenteuses a été autorisée en cabinet de ville en 2005, puis, en 2009, en centre de santé et en centre de santé sexuelle. Elles représentent 52 % du total des IVG médicamenteuses. Les praticiens mobilisés pour la pratique des IVG en cabinet de ville peuvent être :

  • des sages-femmes : 1 183 sages-femmes ont pratiqué 41 000 IVG en 2023 soit 693 de plus qu’en 2022. Ces 41 000 IVG représentent 47% des IVG effectuées en ville.
  • des médecins généralistes : 888 ont pratiqué 22 500 IVG soit 154 de plus qu’en 2022.
  • des gynécologues médicaux/gynécologues-obstétriciens : 860 ont réalisé 24 000 IVG.

Ces chiffres montrent que l’offre de soignants pour pratiquer l’IVG a considérablement augmenté de l’ordre de 35% entre 2020 où on comptait 2356 praticiens et 2023 où ils sont désormais 3170 à réaliser des IVG. 85% (693) de cette hausse vient des sages-femmes.

 

La hausse du nombre d’avortements et de tous les indicateurs qui mesurent l’IVG, conjuguée à l’augmentation du nombre de praticiens montre que l’accès à l’interruption volontaire de grossesse loin d’être freiné est au contraire de plus en plus facilité. Il manque malheureusement des indicateurs et des données qui permettraient d’approcher plus finement la réalité de l’avortement en France. L’augmentation des chiffres chaque année devrait interroger les pouvoirs publics et les conduire à mener une véritable étude sur les causes et les conséquences de l’avortement en France.

chiffres de l’ivg en france en 2023 : pour aller plus loin

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La santé mentale, grande cause nationale 2025

La santé mentale, grande cause nationale 2025

La santé mentale, grande cause nationale 2025

 

La santé mentale en France est un sujet de préoccupation croissante, tant en raison de la prévalence des troubles mentaux que du manque de ressources disponibles pour y répondre. Véritable enjeu de santé publique, la santé mentale a été décrétée « grande cause » de l’année 2025 par le premier ministre Michel Barnier, lors de son discours de politique générale le 1er octobre devant les députés.

 

Santé mentale de quoi parle-t-on ?

Selon l’OMS, qui y consacre une journée mondiale le 10 octobre, la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

La santé mentale englobe :

  • La santé mentale positive désignant le bien-être, l’épanouissement personnel, les ressources psychologiques et les capacités d’agir de l’individu dans ses rôles sociaux.
  • La détresse psychologique réactionnelle qui n’est pas forcément révélatrice d’un trouble mental.
  • Les troubles psychiatriques de durée variable, plus ou moins sévères et/ou handicapants.

 

Etat dégradé de la santé mentale en France

Selon des rapports et études récents de Santé publique France, environ un français sur cinq souffre d’un trouble mental chaque année, incluant des troubles dépressifs, anxieux, ou des troubles psychotiques.

La dépression est l’un des troubles les plus fréquents, touchant environ 10 % de la population à un moment donné dans la vie. L’anxiété est également un problème courant, particulièrement après des périodes de stress prolongé, comme la pandémie de COVID-19. Santé publique France a ainsi constaté une hausse des troubles anxieux, des états dépressifs, ainsi qu’une augmentation du stress post-traumatique après la pandémie.

Les jeunes (16-24 ans), les femmes, les personnes en situation précaire et les personnes âgées sont particulièrement vulnérables aux troubles mentaux.

 

Les jeunes particulièrement vulnérables

La dégradation de la santé mentale, observée depuis la crise sanitaire, concerne plus particulièrement les adolescents (11-17 ans) et les jeunes adultes (18-24 ans). Les recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires ont fortement augmenté en 2021 puis 2022, pour rester depuis à un niveau élevé. Chez les jeunes de 18-24 ans, la hausse s’est même poursuivie de façon marquée en 2023.

Face à ces chiffres et à cette situation, le Sénat a voté à l’unanimité en janvier l’inscription de la santé mentale des jeunes comme grande cause nationale.

Dans une interview à France Info en mars dernier, un chef de service psychiatrique d’un hôpital parisien estimait ainsi qu’il était temps de mettre les moyens, “beaucoup de moyens”. “Si on ne met pas le paquet maintenant, on aura affaire à une génération sacrifiée dans quelques années”, redoutait-il.

 

Le mal-être des seniors

D’après une étude de l’INSEE, publiée en 2021, on constate qu’environ 1 million et demi de personnes âgées de plus de 75 ans en France souffrent d’isolement social sévère ou modéré, soit près de 12 % de cette population. Le baromètre « Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France » des Petits Frères des Pauvres et datant de septembre 2021, dénonçait une aggravation alarmante de la situation d’isolement des aînés en affirmant que 530 000 personnes âgées de 60 ans et plus sont en situation de mort sociale.

Selon le rapport 2020 de l’observatoire national du suicide, les décès par suicide des personnes âgées de 75 ans ou plus représentent 20 % de l’ensemble des décès par suicide, alors que cette tranche d’âge ne constitue pourtant que 9 % de l’ensemble de la population. En février 2023, le bulletin de Santé publique France sur les conduites suicidaires dans les régions françaises pendant et à la suite de la crise sanitaire rappelait que les taux pour 100 000 habitants les plus élevés de suicide sont constatés chez les seniors.

 

Au-delà de la labellisation de la santé mentale comme « grande cause » de l’année 2025, quelles pistes d’amélioration ?

Un collectif très large regroupant une vingtaine d’acteurs de la santé mentale, de la psychiatrie et du secteur médico-social, représentant quelque trois mille organisations réclamait ce label « grande cause » soutenant qu’il permet d’obtenir des diffusions gratuites de messages sur les télévisions et radios publique. 

« On compte 13 millions de personnes touchées par un trouble psychique chaque année, une personne sur quatre est concernée au cours de sa vie : ça nous paraît une justification suffisante pour qu’un gouvernement prenne le sujet à bras-le-corps », a souligné Jean-Philippe Cavroy, délégué général de Santé mentale France, membre-clé du collectif.

Dans un système de santé en crise, la psychiatrie fait figure de grand malade : 48% de postes de praticiens titulaires sont vacants à l’hôpital et en 25 ans on est passé de 1.1 million de personnes suivies à 2.5 millions alors que dans le même temps 88 000 lits de psychiatrie ont été fermés.

 

1. Selon les professionnels de ce secteur, les priorités seraient de :
  • Former et recruter davantage de psychiatres, psychologues et autres intervenants en santé mentale pour réduire les délais d’attente et améliorer l’accès aux soins.
  • Moderniser les établissements psychiatriques.
  • Intégrer les soins de santé mentale dans les services de santé primaires ce qui permettrait une meilleure prise en charge dès les premiers symptômes, limitant ainsi les cas graves nécessitant des hospitalisations.
  • Renforcer l’accès aux consultations psychologiques : depuis 2022, un dispositif « Mon Psy » permet de bénéficier de consultations avec un psychologue remboursées par la Sécurité sociale. Ce type d’initiative pourrait être élargi pour inclure plus de séances et plus de professionnels accrédités.
  • Former davantage les médecins généralistes, qui sont souvent le premier contact des patients, à détecter les signes de détresse mentale et à orienter les patients vers des spécialistes.

 

Marie-José Cortes, présidente du Syndicat des psychiatres des hôpitaux a réagi ainsi à la déclaration de Michel Barnier : « Ce qui nous importe, c’est que la psychiatrie ne soit pas oubliée, dissoute, dans cette expression de santé mentale. Renforcer les moyens humains de la psychiatrie de secteur, renforcer le dépistage, renforcer la prise en charge des situations d’urgence et de crise, en évitant à tout prix les ruptures de parcours de soins : voilà les objectifs que le gouvernement doit prendre à bras-le-corps. »

Le collectif Printemps de la psychiatrie plaide quant à lui pour que la priorité soit donnée à des « conditions d’accueil et de soin dignes et attentionnées ».

 

2. Il faut aussi multiplier les actions de prévention pour réduire la stigmatisation et encourager les gens à consulter un professionnel dès les premiers signes de trouble mental.

Pour les jeunes, des actions spécifiques doivent être menées dans les écoles, comme la mise en place de cellules de soutien psychologique et des programmes de prévention. Pour les personnes âgées, Thierry Gallarda, chef du service de psychiatrie de l’adulte âgé au GHU psychiatrie et neurosciences de l’hôpital Sainte-Anne à Paris, préconise de remédier aux « préjugés liés à l’âge et à une confusion fréquente entre les symptômes du vieillissement et ceux de troubles mentaux, comme la dépression ou l’anxiété », par le développement de formations visant à reconnaître les signes spécifiques de cette détresse. Ces personnes pourraient également être mieux orientées vers un psychiatre compétent ou bénéficier de services de soutien psychologique à domicile.

 

3. Il faut mieux accompagner les familles et les proches

Quant aux familles et aux proches des personnes souffrant de troubles mentaux, elles jouent un rôle crucial, tout en étant confrontées à des défis considérables. Des programmes de soutien spécifiques pour les aidants pourraient être mis en place, avec un accès à des formations, à des ressources et à un accompagnement psychologique.

 

Prendre soin de la santé mentale, ce n’est pas seulement prendre soin d’une personne malade. Car à travers la maladie, c’est tout le réseau de relations qui est touché et qui bénéficie, ou pas, d’une prise en charge de la personne atteinte. Les répercussions pour l’ensemble de la société d’une dégradation de la santé mentale ne sauraient être minimisées. Une solidarité effective envers les personnes fragilisées dans leur santé mentale, et l’allocation de moyens importants, serait un signe de bonne santé de la société.

 

 
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