Le fiasco choquant d’une euthanasie en Belgique

Le fiasco choquant d’une euthanasie en Belgique

Le fiasco choquant d’une euthanasie en Belgique : une femme étouffée dans un coussin suite à une euthanasie ratée

 

Le media Sudinfo a révélé le 6 septembre 2023 qu’une belge trentenaire atteinte d’un cancer avait été étouffée par deux infirmières à l’aide d’un coussin suite à une euthanasie qui aurait raté.

 

La jeune femme âgée de 36 ans était atteinte d’un cancer et avait appris en décembre 2021, que selon les médecins il ne lui restait qu’un an à vivre.

Alors que son état se dégradait, elle a demandé une euthanasie. Cette dernière a été pratiquée le 29 mars 2022. L’acte a eu lieu en présence d’un médecin et de deux infirmières qui accompagnaient la patiente depuis plusieurs mois. Le produit injecté ne produisant pas l’effet mortel escompté en raison d’un sous-dosage, l’équipe médicale a étouffé la femme avec un coussin.  C’est ce qu’a révélé l’autopsie mais aussi une des infirmières présentes qui se serait confiée à un tiers.

A juste titre des voix s’élèvent en Belgique et à l’étranger pour dénoncer un acte barbare.  Cela doit nous interroger cependant sur la gravité de l’intention euthanasique qui a pu conduire des personnes a priori bienveillantes à un tel acharnement.

Qu’est-ce qui a été exactement pratiqué ? L’enquête le révélera dans quelques temps puisque le compagnon d’Alexina et sa fille de 15 ans ont déposé plainte au parquet de Liège.

Le mobile avancé pour cette demande d’euthanasie était d’apaiser les souffrances. D’après l’équipe médicale, l’euthanasie représentait l’unique solution. Quid de proposition de soins palliatifs plutôt qu’une solution aussi expéditive ?

Au-delà de l’aspect sordide et dramatique de cette affaire, la manière dont les médias rapportent les faits est pour le moins surprenante.

Elle semble révélatrice d’une confusion qui s’est insinuée dans la pratique belge entre produits sédatifs et euthanasie. Les mots sédation et euthanasie sont utilisés indifféremment. Comme si la sédation normalement prévue dans l’intention de soulager la douleur, injectée à forte dose, se présentait comme une euthanasie déguisée.

Cela n’est pas sans rappeler ce qui a été dénoncé aux Pays-Bas. Dans le 3ème rapport quinquennal (2012-2016) d’évaluation de la loi néerlandaise, publié en juillet 2017, l’étude des certificats de décès montre que les « sédations profondes et continues jusqu’au décès » sont passées de 8,2% des décès en 2005 à 18% en 2015.

3 questions au Pr Ducrocq sur les défis de la SLA

3 questions au Pr Ducrocq sur les défis de la SLA

Le professeur Xavier Ducrocq est neurologue et exerce depuis près de 40 ans en milieu hospitalier. De par sa spécialité, il accompagne des patients atteints de SLA (ou maladie de Charcot) en phase diagnostic, en suivi des phases de la maladie et assure le lien avec les équipes spécialisées ou de soins palliatifs.

1. Quelles sont les manifestations de la SLA (sclérose latérale amyotrophique) ou maladie de Charcot ?

La SLA réalise une paralysie musculaire généralisée, rapidement progressive, d’évolution fatale en 2 à 3 ans en moyenne. Elle est due à une dégénérescence des neurones moteurs de la moelle épinière et de la partie basse du cerveau, (le bulbe rachidien.) La paralysie débute le plus souvent dans les membres inférieurs, puis atteint en quelques mois les membres supérieurs.

Elle touche l’ensemble de la musculature, y compris respiratoire. Lorsqu’elle atteint le bulbe, elle affecte la déglutition et la phonation entrainant des difficultés croissantes puis la perte de la capacité de mâcher, d’avaler, de parler.

Certaines formes, rares, évoluent beaucoup plus lentement. Il existe des cas extrêmes comme celui du physicien Stephen Hawking qui a vécu 56 ans avec cette maladie, ce qui nous montre aussi qu’elle n’atteint pas les capacités intellectuelles. Certaines formes vont toutefois se compliquer de démence frontale.

On estime qu’environ 8 000 personnes sont affectées par la SLA. Comparée à d’autres maladies dites neurodégénératives, elle est 10 à 15 fois moins fréquente que la maladie de Parkinson, elle-même beaucoup moins fréquente que la maladie d’Alzheimer.

 

2. Comment est organisée la prise en charge ?

Il n’existe pas de marqueur spécifique de la maladie. Le diagnostic repose sur la clinique, la rapidité d’évolution, et l’électromyogramme qui analyse le fonctionnement des nerfs et les muscles. Le fait que l’on n’ait pas de marqueur est frustrant. L’incertitude ne permet pas d’agir avec la même aisance que lorsqu’on est certain d’un diagnostic.  Il n’existe pas actuellement de traitement curatif.

Les principaux axes de recherche consistent à essayer de comprendre l’origine du processus de dégénérescence dont on ignore toujours la cause.

Des centres experts SLA ont été créés pour essayer de mieux coordonner les soins, la prise en charge respiratoire et les autres symptômes. Il en existe une vingtaine en France mais certains peuvent être éloignés du lieu de vie des personnes qui au fil du temps ont de plus en plus de difficultés à se déplacer.

D’autre part, le centre sert à bien accompagner ponctuellement mais pas sur le long terme. A un certain stade, la prise en charge peut se faire dans un hôpital de proximité et ultimement par une structure de soins palliatifs. Ce sont des patients à accompagner jusqu’au bout et plus on avance dans la maladie, plus l’accompagnement nécessite davantage d’intervenants pour vraiment s’adapter aux patients. Or bien souvent la Médecine s’exerce dans la vitesse et la rentabilité. Cette maladie vient percuter la logique de rentabilité économique et les problèmes d’effectifs soignants.

Il s’agit d’une médecine humble où le médecin doit de se mettre à l’écoute du patient pour s’adapter à ses besoins. Le médecin peut être force de proposition, mais toujours dans un souci d’ajustement, ce qui est délicat.  Cette maladie soulève toutes les questions éthiques de fin de vie notamment celle de l’acharnement thérapeutique : la pose d’une gastrostomie*, une assistance respiratoire plus ou moins invasive sont-elles raisonnables ? La réponse n’est jamais absolument exacte.

Pour les soignants, il est délicat d’anticiper les étapes (l’insuffisance respiratoire ou les problèmes de déglutition ) qui vont immanquablement intervenir à un moment ou un autre sans nuire à la vie présente du patient.

D’où l’importance de la prise en charge palliative. La culture palliative, née en cancérologie, s’est petit à petit diffusée dans les services traitant les maladies neurologiques. Si l’insuffisance respiratoire d’un patient qui a une SLA n’est pas différente en soi de celle d’un insuffisant respiratoire après bronchite chronique, il existe malgré tout une spécificité de la SLA : le patient ne communique pas aussi facilement que les autres ; il est beaucoup plus dépendant physiquement parce qu’il est totalement paralysé.

Les soins sont beaucoup plus lourds : c’est pourquoi les services de soins palliatifs et les neurologues collaborent pour bien accompagner ces malades. Ce travail ensemble permet de s’ajuster au patient avec la meilleure connaissance possible de sa pathologie. Les soins palliatifs peuvent répondre à tout ce dont un patient atteint de SLA en fin de vie peut avoir besoin.

3. Pourquoi cette maladie est-elle aujourd’hui stigmatisée et utilisée pour revendiquer l’euthanasie ? 

C’est une maladie incurable, d’évolution assez rapide.  La paralysie progressive entraine la perte de toutes les capacités physiques. On devient totalement dépendant, vulnérable ; la communication elle-même peut devenir extrêmement compliquée.

Mais il y a de nombreuses maladies aussi difficiles qui ne sont pas stigmatisées comme celle-là. Peut-être parce que le patient avec une SLA garde toutes ses facultés intellectuelles dans l’immense majorité des cas. Se voir diminuer ainsi est douloureux, pour le patient comme pour les proches.

Mais je suis surpris que cette maladie soit utilisée pour justifier l’euthanasie.  Si la fin de vie d’un patient atteint de SLA est souvent marquée par l’insuffisance respiratoire, les grands insuffisants respiratoires, confrontés à des questions similaires, sont bien plus nombreux, sans pour autant qu’on les stigmatise de la même façon.

Le problème d’une loi qui définirait la SLA comme éligible à l’euthanasie ou au suicide assisté, c’est d’en faire une espèce de prêt-à-porter, de modèle dans lequel il faudrait entrer. Ce qui serait forcément réducteur, chaque situation étant unique. Cela pourrait beaucoup réduire les possibilités de dialogue et d’approche du patient. La légalisation risque de créer une sorte d’obligation pour le patient. Les patients s’adaptent si on leur donne le cadre et les moyens pour le faire. Un patient atteint de SLA me disait : « je ne voulais pas que mes filles me voient comme ça, diminué, comme je suis. » Et dans le même temps, quelques minutes après, il allait aussi me dire : « On est dans un autre rapport. On est plus proches, on s’est dit des choses qu’on ne s’était pas dites auparavant. » Lorsque son état respiratoire s’est dégradé, il a réitéré sa demande de sédation terminale. Mais il voulait attendre l’anniversaire de sa fille. On a donc attendu l’anniversaire de sa fille et quelques jours avant, il est mort de lui-même sans qu’on n’ait rien fait de particulier. En service de soins palliatifs depuis plusieurs mois, il recevait quotidiennement les visites de son épouse et de ses filles.

L’histoire de ce patient est éloquente. Quand il raisonne, il veut l’euthanasie, puis il veut la sédation. Et quand il revient au réel, ce n’est pas le moment, il y a toujours autre chose à faire du début de la maladie jusqu’à la fin. Son ambivalence est permanente.

C’est un phénomène bien connu déjà depuis longtemps et en particulier par les services de soins palliatifs. C’est vrai quelles que soient les maladies terminales. Cette ambivalence en fin de vie est tout à fait classique, respectable et salutaire même. Le tout, c’est de pouvoir l’entendre. Or si on légalise l’euthanasie ou le suicide assisté, on va priver ces patients de cette liberté de parole. Certains n’oseront plus l’évoquer par peur du passage à l’acte, par peur des conséquences. Alors qu’aujourd’hui ils ont cet espace de liberté de pouvoir dire ce qui les habite et c’est un appel à l’écoute, au dialogue.

Pour ce patient, derrière sa revendication d’euthanasie, il y avait le souhait de parler simplement, de dire ce qui le faisait souffrir et que ce soit entendu.

Après 40 ans d’exercice de la médecine, et de la neurologie en particulier, je fais encore le constat aujourd’hui de la capacité des personnes à s’adapter à la nouvelle condition que crée la maladie, même la plus handicapante. Au fond de chacun je constate que des ressources vont être mobilisées pour donner un autre sens à sa vie et souvent moins superficiel qu’auparavant.

 *Procédé qui permet d’administrer directement des nutriments dans l’estomac lorsqu’une alimentation par la bouche est impossible.

Pour aller plus loin : Etude sur les enjeux de la loi Leonetti pour les patients atteints de SLA

Prévention du suicide : le dispositif VigilanS mesure son efficacité

Prévention du suicide : le dispositif VigilanS mesure son efficacité

Santé Publique France vient de publier une étude mesurant l’efficacité d’un dispositif de prévention du suicide. A l’occasion de la journée mondiale de prévention du suicide, la publication des résultats montre les bénéfices d’un dispositif de recontact.

 

Qu’est-ce que le dispositif VigilanS ?

Créé en 2015 dans la région Hauts de France, et étendu aux autres régions par la suite, ce dispositif organise un réseau de recontact et d’alerte, par des professionnels de santé, autour d’une personne ayant fait une tentative de suicide.

L’observatoire national du suicide a publié des données chiffrées sur les comportements suicidaires. Environ 9200 personnes se suicident par an, et les tentatives de suicide entrainent 100,000 hospitalisations et environ 200,000 passages aux urgences. Par ailleurs, 75% des récidives ont lieu dans les 6 mois après une tentative. La survenue d’une tentative de suicide multiplie par 20 le risque d’une autre tentative dans l’année qui suit, et par 4 le risque de suicide ultérieur. Le risque de récidive est donc très important après une tentative de suicide.

Pour une personne sortant d’une hospitalisation pour une tentative de suicide, le dispositif comporte plusieurs outils :

  1. La proposition et la remise, si elle l’accepte, d’une carte ressource avec un numéro vert gratuit, pour un contact permanent en cas de mal-être ou de problème.
  2.  Si la personne a fait plusieurs tentatives, un contact par téléphone dans les 10 à 20 jours qui suivent sa sortie d’hôpital, et l’envoi d’une carte personnalisée ou d’un SMS tous les mois durant quatre mois.
  3. Au bout de 6 mois, la personne est contactée pour une évaluation téléphonique détaillée et la décision ou non de reconduite du dispositif.

 

Quels sont les résultats de l’évaluation du dispositif ?

L’évaluation de VigilanS a porté sur les données des 6 premières régions d’expérimentation sur la période 2015-2017. L’étude s’intéresse à environ 23,000 personnes ayant fait une tentative de suicide, la moitié ayant intégré le dispositif et l’autre moitié non.

Les chiffres montrent une nette différence. Santé publique France note que : “Dans le premier groupe, 3 214 réitérations suicidaires ont été identifiées contre 5 014 pour les patients non exposés. Ces résultats montrent une diminution de 38 % du risque de réitération suicidaire (passage aux urgences ou hospitalisation pour tentative de suicide ou décès par suicide) dans les 12 mois suivant leur tentative de suicide chez les patients VigilanS. L’efficacité du dispositif est observée quel que soit le sexe ou s’il s’agit de la première tentative de suicide de la personne ou non.”

Cette forte diminution du risque de récidive est une bonne nouvelle en soi.

Santé Publique France ajoute également un élément économique : “L’évaluation médico-économique a montré que 1 € investi dans le dispositif VigilanS permettrait d’économiser 2 € de coût de santé. En moyenne, 248 € de coûts de santé seraient ainsi économisés pour chaque patient inclus dans VigilanS.”. Rapportée à l’ensemble des personnes de l’étude, par exemple, l’économie se monterait à 2.85 M€.

 

La prévention du suicide reste un enjeu majeur en France

D’après les données disponibles, le nombre de suicides serait à la baisse tendancielle en France (plus de 12000 suicides en France au milieu des années 80). D’après un rapport de l’OMS en 2019, la France se classait 75° sur 183 pays pour son taux de suicide. Celui-ci -12.3 pour 100,000 habitants en 2017- reste au-dessus de la moyenne des pays européens. Ce taux est nettement plus élevé chez les hommes que chez les femmes et augmente avec l’âge.

 

Les bénéfices du dispositif VigilanS pour préserver des vies soulignent l’importance du lien relationnel, ainsi que le besoin d’une prise en charge adéquate par le système de santé. Alors que les débats sur la fin de vie se poursuivent, ces éléments, la relation humaine et la qualité des soins, devraient être le cœur d’une amélioration de la prise en charge de la fin de vie, et non la légalisation d’une mort administrée qu’elle qu’en soit la forme. Plusieurs articles de psychiatres ont récemment alerté sur le basculement que représenterait une légalisation du suicide assisté alors que la prévention est un objectif majeur.

 

Pour aller plus loin : L’effet Werther ou la contagion suicidaire

Maladies neurodégénératives : alerte sur la situation des aidants

Maladies neurodégénératives : alerte sur la situation des aidants

Maladies neurodégénératives : alerte sur la situation des aidants

 

Le 12 juillet, Sandrine Josso, députée de Loire-Atlantique, et Laure Lavalette, députée du Var, co-rapporteures de la mission flash sur les maladies neurodégénératives, ont présenté leurs conclusions à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Inspirée par des interpellations d’aidants à bout de souffle, cette mission dresse une série de recommandations pour mieux soutenir les nombreuses personnes atteintes de ces maladies.

Elle alerte particulièrement sur la situation des aidants qui connaissent parfois de grandes difficultés pour accompagner leur proche malade.

 

De quoi parle-t-on ?

L’expression « maladies neurodégénératives » (MND) ou « maladies neuroévolutives » désigne des « maladies chroniques progressives qui touchent le système nerveux central » (Santé publique France).

Selon le rapport de la mission flash, ces maladies touchent 47 à 50 millions de personnes dans le monde, dont 60 à 70 % pour la seule maladie d’Alzheimer. En France, on dénombre 1 200 000 personnes touchées par la maladie d’Alzheimer, 300 000 cas de maladie de Parkinson et 110 000 personnes atteintes de la sclérose en plaques. On s’attend à une progression de ces effectifs avec le vieillissement de la population.

L’inertie des pouvoirs publics

La mission flash rappelle que depuis le début des années 2000, plusieurs plans ont été mis place pour structurer l’action publique. Le plan « maladies neurodégénérératives » (dit PMND), dernier en date, couvrait la période 2014-2019. Le rapport d’évaluation de ce plan pointe le nombre trop important de mesures et la « trop grande ambition de certaines », empêchant une totale mise en œuvre du plan. Ce plan a été relayé par une feuille de route 2021-22. La mission flash relève que celle-ci n’a pas fait l’objet d’une évaluation publique à ce jour et qu’aucun nouveau plan n’a été encore lancé.

 
 

Fin 2022, les associations membres du Collectif Maladies neurodégénératives (MND) ont d’ailleurs alerté la Première Ministre sur les conséquences d’une inertie politique et ont appelé le gouvernement à prendre ses responsabilités et à s’engager sur des propositions concrètes.

La mission flash appelle à « diligenter rapidement un nouveau plan pluriannuel qui prenne en compte les MND « rares » et qui associe les malades et les aidants ».

Recommandations

La mission flash formule une série de recommandations pour mieux accompagner les personnes atteintes de ces maladies.

Meilleure connaissance et prévention

Partant du constat que les personnes atteintes de ces maladies sont mal connues, ce qui entrave le suivi et l’analyse des causes, la mission flash préconise la création de registres nationaux et départementaux. Elle propose également de développer la prévention à travers une campagne nationale d’information.

Puis elle demande que soit entreprise une réflexion visant à fusionner la prestation de compensation du handicap (PCH) et l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et de supprimer la barrière d’âge (60 ans). En effet, actuellement, le niveau de prise en charge peut varier très fortement en fonction de l’âge auquel survient la maladie (avant ou après 60 ans).

Formation et recherche

La mission flash alerte particulièrement sur le manque de neurologues dans certains départements et les impacts sur la prise en charge des patients et sur la durée de « l’errance de diagnostic ». Elle relève que certains professionnels « connaissent mal les MND et peuvent faire les mauvais diagnostics ». Pour pallier ces difficultés, la mission préconise d’augmenter le nombre de neurologues et de renforcer leur formation. La recherche doit aussi être renforcée, notamment sur les causes des MND, encore mal connues.

Un meilleur soutien des aidants au cœur des préconisations

Dans leur communication, les co-rapporteures de la mission flash ont tenu à alerter sur la situation difficile des aidants. Selon le baromètre Orcip 2016, les aidants sont exposés à un risque de surmortalité de 60% dans les trois ans qui suivent le début de la maladie de leur proche et un aidant sur trois meurt avant son proche aidé de 60 ans ou plus.

Ainsi, la mission flash propose une série de mesures pour mieux les soutenir :

  • Mettre en place des contrôles médicaux réguliers,
  • Soutenir les associations de patients et d’aidants,
  • Créer un statut unique de l’aidant, quelle que soit leur relation familiale avec la personne aidée,
  • Inscrire un droit pour l’aidant à rompre son contrat de travail,
  • Faciliter le départ à la retraite de l’aidant à l’âge légal (sans décote),
  • Assouplir l’allocation journalière du congé de proche aidant.

Enfin, la mission flash est revenue sur le « droit au répit » institué par la loi de 2015 sur l’adaptation de la société au vieillissement. La mission a souligné que pour rendre ce droit effectif, les structures actuellement en place sont très insuffisantes. Elle a cité l’expérience réussie du Village landais Alzheimer voulu par Henri Emmanuelli, avec un taux d’encadrement bien au-dessus de la moyenne, mais unique en son genre en France. La mission flash appelle à sortir d’un modèle trop centré sur l’EHPAD, qui n’est pas adapté à tous les patients, et à créer plutôt des unité d’accueil de jour adaptées selon le degré de dépendance.

Aujourd’hui, alors que certaines maladies neurodégénératives sont bien souvent citées pour justifier une évolution de la loi sur la fin de vie, on voit que bien des choses restent à faire pour mieux accompagner les personnes atteintes de ces maladies et leurs proches. Il est urgent de mettre en place un nouveau plan pluriannuel en lien avec les associations de patients et d’aidants. En outre, comme l’a souligné la députée Monique Iborra lors de la communication de la mission flash, les difficultés auxquelles font actuellement face les personnes touchées par les MND et leurs proches pourraient être abordées dans une loi grand âge et autonomie, qui s’avère plus que jamais nécessaire.

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Le marché de la procréation : un salon qui en dit long

Le marché de la procréation : un salon qui en dit long

Le marché de la procréation : un salon qui en dit long

 

Pour la 4ème année consécutive se tiendra ces 2 et 3 septembre à Paris le « salon de la fertilité et de la parentalité ». Renommé cette année avec les mots anglais « Wish for a Baby », ce salon qui s’appelait jusqu’alors « désir d’enfant » suscite depuis sa création la polémique, puisqu’il a déjà permis à des exposants, notamment des entreprises étrangères, de faire la promotion et de proposer des « prestations » interdites en France et moralement contestables, comme la gestation pour autrui.

Bien qu’il propose des conférences qui semblent intéressantes et équilibrées sur des problématiques douloureuses comme l’endométriose ou les moyens de préserver la fertilité, ce salon qui se targue sur son site de n’être qu’un « événement purement informatif et non commercial » donne malgré tout un aperçu tristement parlant de quatre réalités modernes.

D’abord, celle que la procréation humaine constitue et alimente un marché (in)humain, mondial et colossal. Les exposants et les conférenciers viennent de République Tchèque, Ukraine, Espagne, Etats-Unis, Pays-Bas, Danemark, Royaume Uni et aussi de France, bien sûr.

Ensuite, que depuis plusieurs décennies, et surtout depuis l’apparition de la fécondation in vitro et de la main-mise de la technique sur l’embryon et les gamètes, les biotechnologies n’ont eu de cesse de transformer le regard porté sur la procréation humaine : la vie reçue mue en vie fabriquée, contrôlée, passée au crible des tests génétiques…

Mais aussi, que, de plus en plus, le désir d’enfant est en mutation. Ce désir génère une exigence et se formule désormais comme un « droit ».

Enfin, ce droit tend à s’individualiser, comme si la procréation était devenue un attribut personnel, une capacité personnelle, individuelle, et non plus la seule fonction humaine parmi toutes qui se vit à deux, dans l’altérité sexuelle.

Il y a ainsi Cryos International, la banque de sperme danoise qui “exporte” dans le monde entier, qui viendra expliquer « comment ça fonctionne ». Amnios In Vitro Project, société espagnole qui propose la « méthode ROPA » pour couples de femmes, aussi appelée “maternité partagée”, qui consiste à inséminer l’ovocyte d’une femme avec un donneur de sperme, puis à implanter l’embryon dans l’utérus de sa partenaire…

Une pratique interdite en France. Vida Fertility Institute, une chaine de clinique de procréation, expliquera la manière dont on peut obtenir un ovocyte en Espagne. Quant à la société « IVF Couriers », elle viendra expliquer comment se passe le transport international d’embryons, ovocytes et gamètes… ce qui n’est pas sans rappeler la sordide mais brillante enquête de la journaliste Louise Audibert menée en 2020.

Autre information notable, la banalisation de l‘eugénisme technologique est également au rendez-vous. Les kits « FIV avec don d’ovocytes ou double don avec Diagnostic Génétique Pré-implantatoire sur les embryons obtenus » seront présentés par plusieurs conférenciers et exposants étrangers. Comme Tree of Life, une chaine de société californienne, qui donnera un enseignement sur « les innovations en matière de planification familiale : une plongée approfondie dans la FIV, le test génétique préimplantatoire et le don d’ovocytes »…

Nous voyons bien que nous sommes dans l’ère de la fabrique et de la marchandisation du vivant. L’embryon humain, les ovules, les spermatozoïdes sont devenus des produits marchands. La procréation artificielle sert des desseins plus larges que la seule réponse à une infertilité affectant un couple homme-femme, en âge de procréer. Elle sert une nouvelle économie, pétrie de valeurs libérales du libre choix et de l’individu tout puissant.

C’est un système dans lequel les personnes, acheteurs, ressources ou produits, deviennent elles-mêmes les moyens asservis à cette « économie de la vie ».

Ce salon en dit long sur les enjeux et les défis qui entourent la protection de la dignité de la procréation. Nous voyons bien à quel point il devient urgent de penser l’humain, de sortir de la fascination de la technique ou de la logique de marché.

 

Infertilité et assistance médicale à la procréation : enjeux actuels et propositions.

PMA à tout prix