33 000 signatures remises à l’Elysée par le collectif Soulager mais pas tuer

33 000 signatures remises à l’Elysée par le collectif Soulager mais pas tuer

33000 signatures remises à l’Elysée par le collectif Soulager mais pas tuer

 

Après la présentation en Conseil des Ministres du projet de loi “relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie”, Soulager mais pas tuer a organisé une conférence de presse autour de « bien et de mal portants » qui ont dénoncé le déni de fraternité que constitue cette prétendue “aide à mourir”. Ils ont aussi lancé un appel aux parlementaires : d’un droit à l’euthanasie, on dérape vite à un devoir. Le handicap, la dépendance ou la maladie appellent la solidarité et non le rejet.

 

Temps forts de la conférence de presse de Soulager mais pas tuer

Gérard Colin est handicapé de naissance à la suite d’une erreur professionnelle. On lui donnait 8 ans à vivre, il a aujourd’hui 69 ans ! Il vit dans un foyer et est engagé pour la défense des personnes en situation de handicap et pour améliorer l’accessibilité.

Je suis en situation de handicap et j’aime la vie. Jamais je n’aurais voulu manquer l’expérience de la vie. Ma crainte c’est qu’il y ait des dérives comme au Canada où des personnes en situation de handicap ont demandé l’euthanasie parce qu’ils n’avaient plus les moyens de payer leur logement“.

 

Isabelle Mordant est polytechnicienne, mariée et mère de deux enfants. Elle accompagne son fils Thomas. Âgé de 25 ans, celui-ci est atteint d’une grave maladie génétique qui lui interdit tout mouvement. Isabelle est auteur de “Mystère de la fragilité” où elle raconte le parcours semé d’embuches que Thomas a dû affronter avec ses parents pour surmonter les obstacles liés à sa maladie et à une société où la fragilité est associée à l’échec et suscite le rejet.

En tant que mère de Thomas, jeune mathématicien brillant et déjà, à 25 ans, enseignant-chercheur à l’Université Paris-Saclay, je veux témoigner que j’ai découvert, au fil des années, à quel point, malgré les difficultés indéniables de la maladie, Thomas mène une vie riche, épanouissante, heureuse, une vie qui lui confère une place pleine et entière dans notre société, ne serait-ce qu’à titre professionnel.

En tant qu’aidante, je souhaite dire, aussi, que pour mener cette belle vie, Thomas a besoin d’aide. Les aides existent mais elles sont encore très insuffisantes. Une « aide à mourir » serait, il faut bien le dire, plus simple à mettre en œuvre que toutes ces « aides à vivre », moins coûteuse, et d’une efficacité redoutable. J’en appelle donc solennellement à nos dirigeants : avant d’envisager la possibilité d’une aide à mourir, vous devez, d’abord et de manière exclusive, considérer la question de développer les aides à vivre dont tous les plus vulnérables d’entre nous ont terriblement besoin“.

 

Carolina Leitao de Moraes a 37 ans et habite Toulouse. Elle est dépendante du fait d’un handicap, moteur, visuel et auditif… Carolina s’insurge contre l’idée que le suicide puisse être présenté comme une voie possible.

Tant de gens, même jeunes, mettent fin à leur vie parce qu’ils se sentent seuls, isolés, alors même qu’ils ne sont pas touchés physiquement par la maladie ou le handicap. Alors dire que la maladie légitimerait un suicide, d’autant plus un suicide par la main d’un tiers qui engage la conscience et la responsabilité d’autrui… est pour moi une absurdité ! En permettant le suicide assisté, quelles considérations pouvons-nous attendre et espérer des soignants si, d’une façon simple rapide, ils peuvent résoudre le problème par une injection… ?

 

Claire Boucher a 62 ans. Après avoir travaillé 32 ans, elle est à la retraite depuis 8 ans. Elle aime la vie malgré un handicap physique de plus en plus lourd et parfois douloureux. Claire est sensible à la fraternité qui appelle à n’exclure personne. Elle interpelle aussi les “bien portants” qui peuvent ressentir légitimement de la peur à la pensée de la vulnérabilité. Mais la peur ne doit pas dicter une politique.

Ecoutez les sans voix, ceux qu’on n’a jamais vus sur un plateau de TV, ni entendus sur aucune antenne de radio. On nous dit que les Français ont été écoutés mais lesquels ? Celui qui se projette, celui qui ne veut pas mourir de façon indigne. Mais qu’est-ce qu’être indigne de vivre ? Tous égaux, nous sommes tous dignes de vivre quel que ce soit notre handicap ou notre maladie. Ecoutez-nous, entendez-nous“.

 

Caroline Brandicourt, Porte-Parole du collectif a terminé la conférence de presse en témoignant de son action en faveur des soins palliatifs.

 « Anticiper sa mort n’est qu’un semblant de liberté. Parce qu’on ne sait jamais ce dont on se prive… Il sera difficile à bien des personnes malades de ne pas demander la prétendue aide à mourir qu’on leur aura présentée comme une ultime liberté. Le risque est grand que par défaut de soins palliatifs accessibles, ils y soient poussés…»

 
Depuis sa création en 2014, le Collectif reste mobilisé pour la généralisation d’une véritable culture palliative et contre l’euthanasie et le suicide assisté, dans la fidélité à ses convictions que son logo résume : la main, signe de protection et de soin ; le cœur, signe de vie et de solidarité.
 
 
 
 
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Un texte du Vatican sur la dignité humaine

Un texte du Vatican sur la dignité humaine

“Dignité infinie” : Un texte du Vatican sur la dignité humaine

 

Mardi 9 avril 2024, un « ministère du Vatican [1] a rendu publique une déclaration sur la dignité humaine, intitulée Dignitas infinita (en latin, dignité infinie). Conformément aux demandes du pape François qui a contribué à l’aboutissement de ce texte, il présente un panorama étendu des atteintes à la dignité humaine, avec des références à ses prédécesseurs et de multiples citations du pape actuel.

 

Dans un contexte où ce mot est l’objet de définitions contradictoires et de controverses, le texte réaffirme la primauté de la « dignité ontologique » de l’être humain : c’est l’attribut spécifique de tout être humain sans aucune exception, attribut que rien, ni personne, ni lui-même ne pourraient lui enlever. Le texte distingue cette dignité ontologique de trois autres formes de dignité.

  • D’abord la « dignité morale » qui peut être perdue quand un mal épouvantable est infligé à autrui, par un comportement « indigne », mais cela n’enlève pas la dignité ontologique.
  • Ensuite « la dignité sociale » qui « se réfère aux conditions dans lesquelles la personne vit » (par exemple dans des modalités matérielles ou sanitaires indignes d’un être humain).
  • Enfin une «dignité existentielle », plus subjective, exprime la perception qu’a la personne de sa propre vie. En raison de difficultés ou drames, elle peut « vivre sa condition de vie comme “indigne”, sans que sa dignité ontologique soit en rien effacée ».

Cette dignité ontologique inaliénable – et même « infinie » – est présentée comme la clé de voute de l’anthropologie chrétienne autant que comme « fondement des droits et des devoirs de l’homme ». C’est aussi « une référence objective pour l’exercice de la liberté humaine ». En raison du « caractère relationnel de la personne » le texte met en effet en garde contre « une liberté autoréférentielle et individualiste » dont le déploiement porte tôt ou tard atteinte à la dignité. C’est d’ailleurs notre commune dignité qui nous appelle au service d’autrui.

Le texte prend soin d’insister sur le caractère spécifiquement humain de la dignité. Si « chaque créature possède sa bonté et sa perfection propres », « seul un “anthropocentrisme situé” est possible. » Car c’est notre dignité d’être humain qui nous incite à «prendre soin de l’environnement, en tenant compte en particulier de cette écologie humaine qui préserve son existence même.» Citant ici l’enseignement du pape François, le texte pointe l’importance d’une fraternité et d’un « ordre social » seuls capables de compenser le risque d’une « liberté » à sens unique, celle des forts et des riches s’exerçant au détriment des faibles et des pauvres, au mépris de leur dignité.

 

“Quelques violations graves de la dignité humaine”

Une fois posés ces enjeux généraux, suit, dans une plus longue dernière partie un panorama de “quelques violations graves de la dignité humaine”. Le texte ne prétend pas à l’exhaustivité, mais a le mérite d’inviter le lecteur à la cohérence.

  • Il commence par « le drame de la pauvreté », en fustigeant les écarts croissants entre riches et pauvres, « iniquité flagrante » dont « nous sommes tous responsables, à des degrés divers. »
  • Puis vient « la guerre », avec son cortège de drames et de deuils qui frappent les populations civiles. Le texte assume une prise de distance notable vis-à-vis du concept de « guerre juste » : « pour construire la paix, nous devons sortir de la logique de la légitimité de la guerre ».
  • Vient alors « le travail des migrants », dans un paragraphe qui se conclut par une citation du pape François : « les accueillir est une manière importante et significative de défendre la dignité inaliénable de chaque personne humaine indépendamment de son origine, de sa couleur ou de sa religion ».
  • On aborde alors « la traite des personnes » considérée comme « ignoble » sous toutes ses formes : commerce d’organes et de tissus humains, exploitation sexuelle d’enfants, travail d’esclave – y compris la prostitution –, trafic de drogues et d’armes, terrorisme et crime international organisé.

Un bref paragraphe insiste sur les « abus sexuels » que l’Eglise doit combattre « en commençant par elle-même ».

  • Plus inédit, suit un développement charpenté titré « Les violences contre les femmes ». Ce « scandale mondial » est présenté de façon détaillée, intégrant la nécessité d’une « égalité effective » incluant « la parité des salaires pour un travail égal, la protection des mères qui travaillent, un juste avancement dans la carrière, l’égalité des époux dans le droit de la famille, la reconnaissance de tout ce qui est lié aux droits et aux devoirs du citoyen dans un régime démocratique » (la citation est du pape Jean-Paul II !).
  • S’y ajoute la condamnation des violences sexuelles, auxquelles deux réalités sont rattachées : « la contrainte à l’avortement, qui touche aussi bien la mère que l’enfant, si souvent pour satisfaire l’égoïsme des hommes » et « la polygamie » qui est « contraire à l’égale dignité de la femme et de l’homme et est également contraire « à l’amour conjugal qui est unique et exclusif » ».
  • Vient enfin un paragraphe entier sur « le phénomène du féminicide » qui « ne sera jamais assez condamné », qualifié plus loin de « fléau » avec « de nombreuses situations de violence qui sont étouffées derrière tant de murs. » Une culture du respect de toutes doit se développer, avec « des attitudes de reconnaissance et de gratitude envers la femme, envers nos mères et nos grands-mères qui sont un rempart dans la vie de nos cités. »
  • Il n’est pas anodin que vienne juste après le sujet des violences faites aux femmes le paragraphe titré « l’avortement » puis celui qui traite de « la gestation pour autrui ». Le texte est ferme contre ces deux atteintes à la dignité.

L’avortement est proscrit au nom de la dignité de l’enfant humain à naitre, « en toute phase de son développement », dès la conception. Le texte dénonce les ambiguïtés de vocabulaire, en appelant, à propos d’avortement, à « appeler les choses par leur nom », et l’inversion des valeurs : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal !» Il précise que la « défense de la vie à naître » ne peut être distinguée de celle de l’ensemble des droits humains, qu’il faut protéger des « puissants du moment », et ajoute : « La seule raison est suffisante pour reconnaître la valeur inviolable de toute vie humaine ».

Ce n’est donc pas une question de religion, mais de justice universelle, même si la foi peut contribuer à l’engagement, comme celui de mère Teresa de Calcutta, qui est donné en exemple pour sa « défense de toute vie conçue ».

Même contestation de la GPA qui « traite l’enfant en simple objet » et « lèse gravement la dignité de la femme et de l’enfant. » C’est « en vertu de sa dignité inaliénable » que l’enfant a en effet le droit « d’avoir une origine pleinement humaine et non artificielle et de recevoir le don d’une vie qui manifeste en même temps la dignité de celui qui la donne et de celui qui la reçoit. »

Quant à la femme, elle ne saurait être « un moyen asservi au profit ou au désir arbitraire d’autrui ». C’est contraire à sa dignité, qu’elle soit contrainte à la GPA où qu’elle « décide librement de s’y soumettre ».

  • Les paragraphes qui suivent évoquent « L’euthanasie et le suicide assisté » qui ont « la particularité d’utiliser une conception erronée de la dignité humaine pour la retourner contre la vie elle-même. » Or, « il faut réaffirmer avec force que la souffrance ne fait pas perdre à la personne malade la dignité qui lui est propre de manière intrinsèque et inaliénable ». Il faut donc prendre soin, « en évitant tout acharnement thérapeutique ou toute intervention disproportionnée » mais en répondant aux besoins de la personne : « besoins d’assistance, soulagement de la douleur, besoins émotionnels, affectifs et spirituels ». La texte rappelle qu’« il n’y a pas de conditions sans lesquelles la vie humaine cesse d’être digne et peut donc être supprimée ».

 

Dans cette logique, « aider la personne suicidaire à mettre fin à ses jours est donc une atteinte objective à la dignité de la personne qui le demande, même s’il s’agit de réaliser son souhait. » Au contraire chacun a « le droit aux soins et aux traitements » en s’attachant à ce que « les plus faibles, notamment les personnes âgées et les malades, ne soient jamais écartés ». En effet, poursuit le texte qui cite ici encore le pape François : « la vie est un droit, non la mort, celle-ci doit être accueillie, non administrée. Et ce principe éthique concerne tout le monde, pas seulement les chrétiens ou les croyants ».

Suit un titre original, « La mise au rebut des personnes handicapées » menacées par « une culture du déchet » alors que « la façon dont sont traités les plus défavorisés » est un critère clé pour mesurer le respect de la dignité humaine par une société. Il faut être capable de « prendre en charge la personne présente dans sa situation la plus marginale et angoissante et être capable de l’oindre de dignité » Bref, « tout doit être fait pour sauvegarder le statut et la dignité de la personne humaine ».

 

Théorie du genre et Changement de sexe

Viennent deux séries de paragraphes articulés titrés « Théorie du genre » puis « Changement de sexe ». Commençant par « réaffirmer que chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec respect », le texte dénonce « toute marque de discrimination injuste », « toute forme d’agression et de violence », et notamment « le fait que, dans certains endroits, de nombreuses personnes soient emprisonnées, torturées et même privées du bien de la vie uniquement en raison de leur orientation sexuelle », ce qui est « contraire à la dignité humaine ».

En revanche, est assimilé « à la tentation séculaire de l’être humain » de se faire Dieu le fait de « vouloir disposer de soi, comme le prescrit la théorie du genre, sans tenir compte de cette vérité fondamentale de la vie humaine comme don ».

Par ailleurs, cette théorie « cherche à nier la plus grande différence possible entre les êtres vivants : la différence sexuelle », qui est « fondatrice », « la plus grande » mais aussi « la plus belle et la plus puissante » que l’on « puisse imaginer ». En réalité, « le sexe biologique (sex) et le rôle socioculturel du sexe (gender), peuvent être distingués, mais non séparés », d’où le rejet de « toutes les tentatives visant à masquer la référence à la différence sexuelle inéliminable entre l’homme et la femme. »

Pour aborder le changement de sexe, le texte commence par affirmer que « La dignité du corps ne peut être considérée comme inférieure à celle de la personne en tant que telle. » Or, « le corps humain participe à la dignité de la personne, dans la mesure où il est doté de significations personnelles, en particulier dans sa condition sexuée. » Par conséquent « Toute intervention de changement de sexe risque, en règle générale, de menacer la dignité unique qu’une personne a reçue dès le moment de la conception. »

Pour autant, le texte « n’exclut pas la possibilité qu’une personne présentant des anomalies génitales qui sont déjà évidentes à la naissance ou qui se développent plus tard, choisisse de recevoir une assistance médicale afin de résoudre ces anomalies. » Une telle intervention ne saurait être assimilée à un changement de sexe.

 

Violence numérique

Enfin, les deux derniers paragraphes intitulés : « Violence numérique » mettent sévèrement en garde contre les conséquences des « progrès des technologies numériques ». Certes, ils peuvent permettre de « promouvoir la dignité humaine » mais tendent aussi « de plus en plus à créer un monde dans lequel se développent l’exploitation, l’exclusion et la violence, qui peuvent aller jusqu’à porter atteinte à la dignité de la personne humaine. » Et d’évoquer la prolifération des « fausses nouvelles et des calomnies. »

Par ailleurs, comme l’écrit le pape François : « le monde numérique est aussi un espace de solitude, de manipulation, d’exploitation et de violence, jusqu’au cas extrême du dark web. » Et le texte de souligner le « risque de dépendance, d’isolement et de perte progressive de contact avec la réalité concrète » mais aussi « le cyber bizutage », la pornographie, et des « jeux de hasard » aboutissant à l’exploitation de la personne sans pudeur.

Résultat : « Le respect de l’autre a volé en éclats ». Ressort de cette dénonciation de la « face sombre du progrès numérique » un appel à ce qu’internet offre « plus de possibilités de rencontre et de solidarité entre tous » et à la « construction du bien commun ».

En conclusion, l’Eglise demande en effet que « le respect de la dignité de la personne humaine, en toutes circonstances, soit placé au centre de l’engagement pour le bien commun et de tout système juridique. »

 

La lecture de ce texte encouragera ses lecteurs dans leur engagement spontané à défendre la dignité humaine contre de multiples injustices : ils y trouveront l’argument-clé de la dignité ontologique de toute personne humaine. Certains découvriront à cette occasion que ce même argument vaut pour d’autres injustices, qu’ils ignorent ou négligent. Le grand mérite d’un tel panorama est bien cet appel à la cohérence. Le « tout est lié » cher au pape François sous-tend la publication de Dignitas infinita. Universelle autant qu’infinie, la dignité n’est-elle pas le trésor qui nous relie tous et nous invite à faire preuve d’humanité ?

 

[1] Le « Dicastère pour la doctrine de la foi »

 

Retrouvez nos articles sur l’écologie humaine | La prostitution | L’avortement | La recherche sur l’embryon humain.

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[CP] – Projet de loi fin de vie : 5 sujets d’inquiétude pour une mobilisation résolue

[CP] – Projet de loi fin de vie : 5 sujets d’inquiétude pour une mobilisation résolue

COMMUNIQUE DE PRESSE – 10 avril 2024

Projet de loi fin de vie

5 sujets d’inquiétude pour une mobilisation résolue

Présenté en Conseil des ministres, le projet de loi fin de vie acte le suicide assisté et l’euthanasie maladroitement dissimulés derrière une « aide à mourir ». C’est d’autant plus choquant et inquiétant qu’avec le plan décennal de soins palliatifs présenté par la ministre du travail, de la santé et des solidarités, on est loin de répondre aux besoins des Français.

Quant aux critères d’éligibilité, maladie grave et incurable, volonté libre et éclairée, pronostic vital engagé à moyen terme, souffrances physiques ou psychologiques réfractaires ou insupportables, on entend déjà qu’ils seraient difficiles à appliquer. La seule notion de pronostic vital engagé à moyen terme ouvre la porte à toutes les dérives dans la mesure où les études montrent partout dans le monde qu’il est impossible de prédire avec fiabilité la mort à moyen terme. Une fois l’interdit de tuer levé par une loi qui entend répondre à des demandes prétendument exceptionnelles, nul doute que le cadre initialement fixé finirait par sauter.

  • Nous sommes inquiets face au choix du gouvernement d’accélérer sur la mise en place d’une mort administrée : si la loi était adoptée, le risque serait grand de voir l’euthanasie et le suicide assisté s’imposer aux patients par défaut d’accès aux soins nécessaires.
  • Nous sommes inquiets pour la prévention du suicide dont la légalisation d’un « suicide assisté » ruinerait l’universalité.
  • Nous sommes inquiets pour les soignants entrainés dans ces protocoles effarants, alors qu’une majorité a rappelé que « donner la mort n’est pas un soin ».
  • Et nous sommes surtout inquiets pour les personnes vulnérables qui ont particulièrement besoin d’être protégées, accompagnées et soulagées, plutôt que poussées implicitement vers la sortie.

Telles sont les 5 raisons de notre opposition résolue.

Dès le début de l’examen du texte, nous nous mobiliserons devant l’Assemblée nationale. Avec des soignants et des personnes fragilisées par la maladie nous dirons notre refus de l’euthanasie et du suicide assisté et nous défendrons une société fondée sur l’interdépendance, la solidarité et une fraternité qui aide à vivre, sans jamais pousser à mourir.

 Contact presse

Claire-Anne Brulé

+ 33(0)6 67 77 14 80 – contactpresse@alliancevita.org

projet de loi fin de vie : 5 sujets d’inquiétude pour une mobilisation résolue

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Une mobilisation majeure pour l’abrogation universelle de la GPA

Une mobilisation majeure pour l’abrogation universelle de la GPA

Une mobilisation majeure pour l’abrogation universelle de la GPA

 

Cette conférence est une étape majeure un an après le lancement de la déclaration de Casablanca, une  proposition de Convention internationale pour l’abolition universelle de la gestation par autrui (GPA) soutenue par des experts de 75 pays.

 

Le choix de l’Italie pour cette première conférence a un sens particulier. Une proposition de loi est en cours d’examen au parlement italien qui vise à rendre l’interdiction de la GPA encore plus stricte en pénalisant les commanditaires. Des députées de la plupart des partis italiens de droite comme de gauche sont intervenues en présence de la ministre italienne de la famille, de la natalité et de l’égalité des chances, Eugenia Roccella.

Tout au long des deux jours sont intervenues des expert venus d’Europe, d’Amérique latine, des Etats-Unis et d’Afrique. Olivia Maurel, porte-parole de la Déclaration de Casablanca, elle-même née de GPA a donné son témoignage et encouragé à stopper cette pratique qui conduit à marchandiser les enfants et contrevient gravement au droit des femmes.

Sont également intervenues Reem ALSALEM, rapporteure spéciale à l’ONU sur la violence contre les femmes et les filles et Velina Torodova, membre du Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU. Ces deux représentantes onusiennes sont venues en tant qu’observatrices, rappelant qu’aucune position officielle n’avait été prise sur cette question. Cependant une avancée notable a eu lieu en 2023 avec le vote des députés européens d’ajouter la GPA à des fins d’exploitation reproductive dans la liste des crimes de traite des êtres humains.

une mobilisation majeure pour l’interdiction universelle de la gpa

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Education à la sexualité à l’école : un programme qui suscite des inquiétudes

Education à la sexualité à l’école : un programme qui suscite des inquiétudes

Education à la sexualité à l’école : un programme qui suscite des inquiétudes

 

Le sujet de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle à l’école est un sujet brûlant.

Alors même que le rôle de l’école est d’instruire, est-ce aux établissements scolaires de prendre en charge une telle éducation qui relève de l’intime ? Et cela, dès la maternelle ? A quel âge faut-il parler de quel sujet, et qui doit le faire afin de respecter en chaque élève sa liberté de conscience ? Comment répondre à tous les enjeux posés par la sexualité : prévention des violences, apprentissage du respect et des limites, image de soi et des autres, santé et responsabilité ?

En juin 2023, le ministre de l’éducation Pap Ndiaye a commandé au Conseil supérieur de l’éducation (CSP) un projet pour un vrai programme d’éducation à la sexualité traversant tous les niveaux. Le CSP a rendu sa copie en mars dernier. Il fait l’objet de consultations et le texte définitif, attendu pour le mois de mai, devrait entrer en application en septembre 2024.

 

I. Pourquoi ce programme scolaire d’éducation à la sexualité ?

  • L’éducation à la sexualité à l’école, prévue dans la loi depuis 2001

Cette éducation à la sexualité est en réalité prévue par la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception, qui statue que le code de l’éducation est complété par une section ainsi formulée : « Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène. Elles peuvent associer les personnels contribuant à la mission de santé scolaire et des personnels des établissements […] ainsi que d’autres intervenants extérieurs. »

Dans les faits, ces trois séances annuelles sont loin d’être réalisées.  Certains pointent une lacune, quand d’autres estiment que ce n’est pas à l’école d’assurer un rôle d’éducation à la sexualité.

 

Avec ce document publié le 5 mars 2024, le Conseil supérieur des programmes s’emploie à couvrir l’intégralité de la scolarité, de la petite section à la Terminale : 65 pages de préconisations et de tableaux synthétiques proposent, en face des objectifs et des compétences à acquérir, des exemples d’activités à mettre en place, et le cas échéant, de “co-animation” (séances en interdisciplinarité). Au collège et lycée, sont ainsi mobilisées l’ensemble des matières enseignées aux élèves, de la SVT au français.

Un niveau de détail et un nombre de compétences et notions censés permettre une application simplifiée pour les professeurs, mais qui interroge tout de même sur la formation dont bénéficieront les personnels scolaires pour animer ces séances.

Par ailleurs, dans les pages d’orientation générales pour les différents cycles (voir pp. 18, 33 et 49 du programme), on trouve la mention suivante : « L’association éventuelle avec des intervenants ou des partenaires extérieurs agréés est conçue sous l’autorité des équipes pédagogiques responsables, pour permettre une insertion cohérente au sein de la programmation retenue. » Les critères que doivent respecter les structures extérieures pour obtenir l’agrément ne sont pas renseignés. Les parents sont ainsi laissés dans l’ignorance face aux associations qui interviennent auprès de leurs enfants.

 

II. Des points intéressants

  • Les dimensions affective et relationnelle intégrées à l’éducation à la sexualité

Alliance VITA, dans une contribution écrite adressée au CSP en novembre 2023 sur le sujet faisait plusieurs propositions. L’une des recommandations principales de cette note était de « renforcer la dimension affective et relationnelle dans l’éducation sexuelle » des jeunes. Force est de constater que le programme essaie de tenir ensemble trois axes tout au long de la scolarité. Il s’agit d’apprendre à « se connaître, vivre et grandir avec son corps », mais aussi à « rencontrer les autres et construire des relations, s’y épanouir » et enfin à « trouver sa place dans la société, y être libre et responsable ». La sexualité serait ainsi globalement intégrée dans un développement complet de la personne humaine, en lien notamment avec le développement affectif.

  • Prévention des violences sexuelles et repérage d’enfants en danger

Un des points positifs de ce programme est l’attention portée à la prévention des violences de nature sexuelle envers les enfants, avec une éducation progressive aux notions d’intimité, de respect de son corps et de celui des autres, de « bon » ou « mauvais » secret, d’adultes de confiance.

  • La pornographie évoquée, mais une prévention à renforcer

pornographie enfence danger rapportMalheureusement, comme le montre une étude de l’Arcom datant de mai 2023, les adolescents sont exposés de plus en plus jeunes à la pornographie. Ainsi, 51% des garçons de 12 ans et 65% des garçons de 16 ans se rendent sur un site pornographique chaque mois (contre 55% des hommes majeurs). Le programme évoque ce sujet, en prévoyant pour les classes de quatrième une sensibilisation au fait que la pornographie ne représente pas la réalité avec la notion ainsi rédigée : « Mettre en évidence que la pornographie représente, de manière faussement réaliste et stéréotypée, des actes sexuels fragmentés, violents et dépourvus de toute dimension affective ou sentimentale. ».

En terminale, l’angle est celui de la différence entre érotisme et images explicites avec l’item suivant : « Comprendre les fondements et les mécanismes de la fabrique culturelle de l’excitation et de ses modèles (pornographie et violence) dans une société d’images et de réseaux qui ne laisse que peu de place à l’imaginaire […] »

Cet enjeu d’importance aurait néanmoins mérité un traitement plus ambitieux : par exemple la question de l’addiction à ce type d’images et les répercussions sur la personne et sa sexualité ne sont même pas évoquées. Rien n’est dit de l’influence de la pornographie sur la société toute entière, qu’elle imprègne de violence et de stéréotypes comportementaux qui dégradent l’ensemble de notre culture et des relations humaines, surtout chez les jeunes.

 

III. Des points qui interrogent

  • Peu de nuances sur la contraception et l’IVG

pilule contraceptiveNulle part dans l’éducation à la sexualité n’est abordée la question cruciale de la différence entre les filles et les garçons sur le plan de la relation affective et de la relation sexuelle.

Si l’information sur la contraception fait largement partie intégrante du programme, elle reste présentée comme la “solution miracle” sans la moindre nuance. On n’y trouve aucune mention des risques pour la santé de certaines contraceptions hormonales, de l’efficacité des méthodes contraceptives qui n’est jamais garantie à 100% (décalage entre efficacité théorique et pratique, indice de Pearl), de la fertilité particulièrement importante des jeunes filles. Rappelons que 72% des femmes qui ont vécu une IVG étaient sous contraception quand elles ont découvert leur grossesse. (Source : IGAS 2010).

Pour une meilleure prévention de l’avortement, il serait intéressant d’apporter aux jeunes une informations plus complète sur les causes et les conséquences de cet acte, le rôle du garçon, les alternatives…

  •  « Distinguer sexualité et reproduction » : un artifice trompeur

A plusieurs reprises dans le projet de programme, le fait de “distinguer sexualité et reproduction” est présenté comme une compétence à acquérir. Les grossesses “non prévues” ou “non désirées” sont toujours présentées comme un “risque”, au même titre que les IST notamment. Cela participe d’une culture qui vise à banaliser l’avortement plutôt qu’à l’éviter. Rappeler que la sexualité et la procréation, terme plus approprié que reproduction, sont liées permettrait d’éviter bien des malentendus.

  • Un discours « orienté » sur le genre

changement de sexeS’il est évidemment positif que les jeunes élèves soient laissés libres de choisir leurs jeux selon leurs préférences et leurs goûts (petite section : « Diversifier les activités proposées pour permettre à chacun de s’épanouir : favoriser une utilisation mixte et ouverte à tous de tous les coins jeux (coin cuisine, garage, bricolage, déguisement) et cela selon les goûts de chacun ; ouvrir à tous les élèves les activités proposées en classe : projets artistiques, constructions en volume et activités physiques. »), il est en revanche problématique de vouloir à toute force leur faire intégrer des notions de « stéréotypes » ou de rôles « assignés »…

Ce qui est prévu notamment en moyenne section : « Décrire et échanger à partir de la lecture d’albums ou d’imagiers en explicitant les assignations de rôle et les stéréotypes perceptibles. » et en grande section : « expliciter, à partir d’albums stéréotypés, les rôles des personnages ; réfléchir sur leur possible inversion, en lien avec les modèles exprimés par les enfants. » Il n’est certainement pas neutre de parler d’« assignations de rôles » et l’on peut se demander quel bien cela fait à des petits enfants en pleine construction.

En conclusion, le CSP donne l’impression de jouer les équilibristes. Des lacunes notables invitent à rester en alerte sur ce qui sera effectivement proposé dans les établissements.

Retrouvez tous nos articles sur la sexualité.

education à la sexualité à l'école : un programme qui suscite des inquiétudes

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