[CP] – Euthanasie : pour un devoir de réserve du mouvement mutualiste

[CP] – Euthanasie : pour un devoir de réserve du mouvement mutualiste

Alliance VITA dénonce l’engagement indécent des mutuelles en faveur de l’euthanasie et les appelle à un devoir de réserve compte tenu des conflits d’intérêt potentiels.

« Choisir sa fin de vie : l’ultime liberté ? », tel est le thème d’un forum organisé par le 43e Congrès de la Mutualité Française le 7 septembre 2022. Il accueillera le président d’honneur de l’ADMD, Jean-Luc Romero, le chef du service des soins intensifs et membre du comité d’éthique du centre hospitalier régional Citadelle à Liège, François DAMAS et le Président de la MGEN, Matthias SAVIGNAC.

Début juillet, la MGEN avait publié une enquête Ifop intitulée « Regards sur la fin de vie en France » en revendiquant son engagement militant en faveur de l’euthanasie dans un Manifeste Fin de vie. Un Manifeste dans la droite ligne du plaidoyer pour « une aide active à mourir » de Thierry Beaudet lorsqu’il était président de la Mutualité Française. Thierry Beaudet est aujourd’hui Président du CESE, Conseil Economique Social et Environnemental, chargé d’organiser la consultation citoyenne sur la fin de vie.

Alors que les mutuelles de santé se définissent elles-mêmes comme des acteurs essentiels du système de santé et qu’elles s’affirment forces de proposition pour le grand âge et l’autonomie, leur engagement pour un « droit de choisir une fin de vie digne » – en réalité l’euthanasie ou le suicide assisté – pose question.

Par leurs cotisations, les adhérents doivent être assurés que les mutuelles prennent en charge les coûts liés à leurs frais de santé particulièrement au moment où ils sont les plus vulnérables, qu’ils soient âgés, malades ou en fin de vie. L’entraide et la solidarité affichées jusque dans l’intitulé de ce 43ème congrès sont incompatibles avec la promotion d’une mort administrée.  Car l’interdit de tuer est le socle qui permet la confiance entre soignants et soignés.

Comment ne pas voir, qu’ainsi promue par des instances officielles dédiées à la santé publique, la liberté revendiquée par certains devient inéluctablement devoir de mourir pour les plus fragiles, les plus pauvres, les plus isolés ?

Pour le porte-parole d’Alliance VITA, Tugdual Derville : « Au-delà des prises de position en faveur de la dignité et de la liberté individuelle, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur les économies que pourraient prétendre réaliser les mutuelles si l’euthanasie venait à être légalisée. Les confusions et les inquiétudes induites par de telles prises de parole dans l’esprit des adhérents ne doivent pas être sous-estimées. Au moment où le système de santé est fragilisé, et devant l’évidence du conflit d’intérêt, les mutuelles devraient s’imposer un devoir de réserve sur la question de la fin de vie. »

C’est la raison pour laquelle Alliance VITA demande au gouvernement de veiller à la neutralité des acteurs de la protection sociale sur ce sujet si délicat ainsi qu’à l’impartialité du CESE, organisateur de la consultation sur la fin de vie.

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Salon « Désir d’enfant » :  GPA masquée et business de la procréation

Salon « Désir d’enfant » : GPA masquée et business de la procréation

Le salon Désir d’enfant ouvrira ses portes les 3 et 4 septembre pour la 3ème année consécutive. Les deux éditions précédentes avaient créé la polémique autour de la GPA dont l’événement faisait la promotion.

 

La pratique de la GPA étant interdite en France, plusieurs associations avaient dénoncé la présence d’agences spécialisées dans la « maternité de substitution » et avaient alerté les pouvoirs publics… en vain et en dépit de la ligne rouge affichée par le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti. Se réfugiant derrière le caractère « purement informatif et non commercial » de l’événement, ses organisateurs se défendaient de faire la promotion de la GPA.

 

Depuis, en décembre 2021, le président de la République a réaffirmé son opposition  à l’autorisation de la GPA en France parce qu’« elle met en question la dignité du corps de la femme et sa marchandisation ».

 

Cette année, la page d’accueil du site précise que « la GPA ne sera pas représentée pour cette édition ».

 

En effet aucune des 40 sociétés et associations partenaires annoncées, ne propose officiellement la prestation de GPA. Au programme des conférences qui jalonneront les deux jours, rien n’apparait sur cette pratique.

 

Exit donc la GPA ? Pas tout à fait puisque 3 séances de dédicace d’une heure chacune seront consacrées à des livres rédigés par les différents membres de la famille Mennesson. Pour rappel, le couple Mennesson a eu recours, en 2000 en Californie, non seulement à une mère porteuse, mais aussi à une femme donneuse d’ovocytes. « Couple emblématique de la GPA en France », il a obtenu, par un arrêt de la cour de cassation d’octobre 2019, la transcription en droit français des actes de naissance des jumelles Fiorella et Valentina. Cette dernière signera Moi, Valentina, née par GPA, le samedi, puis ses parents ouvriront le programme dominical des dédicaces avec Interdits d’enfants, 20 ans après, tandis que Fiorella le clôturera avec Ma famille, la GPA et moi.

 

Contrairement à l’affichage, le salon se fait donc à nouveau le relais d’une pratique illégale sur notre territoire et qui porte gravement atteinte à la dignité des femmes et des enfants.

 

Par ailleurs, l’événement réunit en son sein tout le spectre du marché de la procréation : traitements pour booster sa fertilité, traitements FIV, expertise médicale, conseils juridiques et accompagnement psychologique. » Il se présente comme un havre sécurisant et garantissant des « conseils éthiques et médicalement fondés », prétendument à rebours de la jungle numérique avec ses options multiples, « peu fiables et risquées. Pourtant, la présence d’une banque de gamètes promettant à ses futurs clients de pouvoir « choisir parmi la plus grande sélection de donneurs au monde… avec accès à des photos d’enfance, enregistrements vocaux et résultats de dépistage du donneur. », contredit le caractère soi-disant éthique des conseils prodigués pendant ces deux jours. Cette présence est également un pied de nez à la loi française qui interdit le commerce de gamètes.

 

Derrière les bonnes intentions proclamées de soutenir et d’accompagner l’accès à la parentalité, cet événement révèle l’instrumentalisation du « désir d’enfant » par une économie de la reproduction à l’origine d’un « business » qui se compte aujourd’hui en milliards de dollars.

Prendre sa place au service d’une société plus humaine

Prendre sa place au service d’une société plus humaine

 

couv udtDu 26 au 28 août, Alliance VITA a tenu sa 25ème Université d’été près de Lyon sur le thème : Prendre sa place au service d’une société plus humaine. A travers différents ateliers, conférences, échanges, les participants de ce temps fort de notre association ont pu goûter les nombreuses façons de prendre sa place dans une société souvent décrite comme fragmentée ou “archipellisée”.

Prendre sa place, une décision.

Contre la tentation de renoncer à peser dans les débats, contre l’envie de s’écarter d’une société où l’éthique s’aligne sur le moins-disant, nous avons pu entendre le témoignage tonique d’un dirigeant d’entreprise engagé pour le bien commun et les réflexions éclairantes d’une philosophe. En substance, leur message soulignait la difficulté de prendre sa place si nous sommes rongés par le pessimisme sur l’avenir de la société. L’alarmisme peut être une rouille qui corrode notre volonté d’action, et un anesthésiant contre tout engagement. Décider de ne pas déserter, décider de s’engager pour la dignité de chaque vie humaine, c’est déjà s’opposer à une vision misanthrope véhiculée par des idéologies comme le transhumanisme. L’humain serait « inachevé » et coupable des grands dérèglements actuels, l’humain serait « de trop » sur notre planète. Face à ces refrains décourageants, il pourrait être tentant, inversement, de cultiver la colère comme posture. Si la vie morale commence souvent par un sentiment d’indignation, nous sommes invités à cultiver un goût du bien, du beau et du vrai. Et l’espérance.

 

Prendre sa place, une mission.

Lors d’un atelier, l’intervenante rappelait l’importance de nous approprier notre mission personnelle, sans quoi un sentiment de vide intérieur peut s’installer. S’appuyant entre autres sur les travaux de Viktor Frankl sur le sens de la vie, elle nous rappelait que nous ne sommes pas dans ce monde par hasard, nous ne sommes pas nés à une mauvaise époque mais nous y avons une place et une mission à mener.  Cette mission se décline pour les membres d’Alliance VITA sous plusieurs formes. Dans des ateliers orientés vers la pratique, les participants à cette Université d’été ont pu se former davantage à l’écoute, à la prise de parole – dans sa dimension active comme dans le décryptage des figures oratoires- et à la rencontre avec des décideurs.

“A l’écoute des personnes confrontées aux épreuves de la vie”, cette mission de VITA s’est incarnée, lors d’une soirée, par l’écoute attentive de paroles entendues au sein du service SOS Bébé. Paroles poignantes, anonymes, où la détresse des situations décrites est palpable.

 

Un intervenant invitait les participants à “chercher la résonance des petits”. Faire une place aux plus fragiles, porter leur voix auprès des décideurs et du grand public, c’est prendre sa place dans la grande famille de ceux qui ne désespèrent pas de l’humanité et dessiner un horizon et un futur là ou d’autres ne voient plus qu’une impasse.

[CP] – Consultation sur la fin de vie :  Alliance VITA défendra la dignité des plus fragiles

[CP] – Consultation sur la fin de vie : Alliance VITA défendra la dignité des plus fragiles

Au lendemain de l’annonce par Elisabeth Borne d’une consultation sur la fin de vie avant la fin de l’année, Alliance VITA se mobilise pour défendre une société fondée sur l’interdépendance et la solidarité intergénérationnelle.  A l’heure où le système de santé est ébranlé, l’association appelle à ce que cette consultation prenne en compte tous les défis sociaux et humanitaires de la prise en charge de la fin de vie. 

 

Forte de son expérience auprès des personnes confrontées à une fin de vie difficile, Alliance VITA veut que chacune soit soutenue, accompagnée dignement jusqu’au terme de sa vie.

Ne nous y trompons pas, le risque de soulever un tel « débat », c’est de fragiliser le socle de la confiance entre soignants et soignés garanti par l’interdit de tuer alors que nous tentons de sortir d’une pandémie qui a fragilisé et isolé nombre de nos contemporains.

 

Plusieurs urgences doivent être prises en compte :

– urgence à accompagner le vieillissement et la fin de vie ;

– urgence à finaliser une loi grand âge et autonomie ;

– urgence à lutter contre la mort sociale des personnes âgées ou dépendantes ;

– urgence à rendre les soins palliatifs accessibles partout en France.

Enfin, au-delà des engagements politiques nécessaires, nous sommes tous appelés à trouver des façons de vivre qui relient les générations et les rendent solidaires.

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Anonymat du don de gamètes et PMA avec tiers donneur

Anonymat du don de gamètes et PMA avec tiers donneur

Le décret sur la levée de l’anonymat du don de gamètes ne résout pas l’impasse de la PMA avec tiers donneur.

 

A compter de ce 1er septembre 2022, date où prend effet cette mesure de la loi bioéthique de 2021, les enfants qui naitront par procréation artificielle (FIV ou insémination) avec tiers donneur pourront, à leur majorité, demander la levée de l’anonymat de l’homme ou de la femme à l’origine du don de sperme ou d’ovule, et donc à l’origine de leur vie.

 

I. Pourquoi la loi a-t-elle changé ?

 

Le recours au don de gamètes, pratiqué depuis les années 70, a été légalisé en France par la première loi de bioéthique en 1994. Cette technique a été autorisée malgré les graves questions éthiques qu’elle soulève et les risques encourus en invoquant la souffrance et le désir des couples, dans un cadre qui se voulait strict : pour des raisons thérapeutiques (infertilité médicalement constatée), avec pour modèle la procréation naturelle : un homme et une femme, vivants, en âge de procréer. Ces conditions ont volé en éclat avec la loi de 2021 qui supprime légalement toute référence paternelle à certains enfants.

 

Une génération après, ce sont des enfants devenus majeurs qui ont témoigné de la souffrance d’être délibérément privés d’origine.  Ils sont un certain nombre à avoir entrepris des recherches, à avoir créé et à s’être regroupés en association, à avoir témoigné et revendiqué une évolution de la loi.

 

Progressivement leurs voix ont trouvé un écho le 12 avril 2019,  l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a même adopté une recommandation préconisant de lever l’anonymat des donneurs de gamètes, estimant qu’il était contraire aux droits de l’enfant.

 

L’expérience de l’adoption, qui permet de donner une famille à des enfants qui en sont privés, montre déjà combien la séparation d’un enfant de ses parents peut être une épreuve pour lui comme pour ses parents. Provoquer intentionnellement cette rupture se révèle être une grave atteinte à l’identité des enfants.

 

Connaitre ses origines – son père et sa mère – est un réel besoin. C’est la réalité de ce besoin qui a abouti à ce que la loi change. Pourtant, la loi n’a pas remis en question le fondement du problème, mais juste ses conséquences.

 

Par ailleurs, les tests génétiques prédisent la fin de l’anonymat total. Les immenses banques de données génétiques ont déjà permis à de nombreuses personnes nées de dons de retrouver leur géniteur, des demi-frères ou sœurs, grâce à des tests ADN en vente libre à l’étranger, par Internet.

 

II. Ce qui change au 1er septembre 2022

 

Les personnes qui souhaitent désormais donner leurs gamètes (spermatozoïdes et ovocytes) ou leurs embryons congelés doivent accepter que leur identité (nom, prénom, date et lieu de naissance) ainsi que d’autres données non identifiantes (âge, état général au moment du don, situation familiale et professionnelle, caractéristiques physiques, motivations les ayant conduites à avoir donné) puissent être révélées aux enfants issus de ces dons quand ils auront atteint leur majorité, si ceux-ci en font la demande.

Cette levée de l’anonymat ne signifie pas pour autant que les enfants majeurs pourront entrer en contact avec leur père ou leur mère biologique qui demeureront libres d’accepter ou pas une relation. Elle ne modifie pas non plus la filiation fondée sur l’intention établie par la loi de 1994.

 

Pour encadrer ces demandes de levée d’anonymat et ce suivi, une commission a été créée : la Commission d’accès des personnes nées d’une assistance médicale à la procréation aux données des tiers donneurs (CAPADD) dont la composition a été publiée ce 29 août 2022. Placée auprès du ministre chargé de la santé, elle est présidée par un magistrat. Ses membres sont des représentants des ministères de la justice, des affaires sociales et de la santé, ou issus du monde associatif, notamment des associations d’enfants nés de dons anonymes (Origines, PMAnonyme), ou encore de l’Association des Parents Gays et Lesbiens.

 

III. Pour les dons effectués avant le 1er septembre 2022

 

Les dons antérieurs au 1er septembre 2022 resteront anonymes. Néanmoins, les donneurs concernés qui le souhaitent peuvent transmettre rétroactivement à la commission leur identité et leurs informations non identifiantes, et accepter qu’elles soient révélées si un ou des enfants nés de leur don en fait la demande.

 

Les personnes nées d’une PMA avant cette modification de la loi peuvent aussi saisir la commission afin qu’elle contacte leur donneur pour savoir s’il consent à la transmission de ses informations personnelles. S’il refuse, son identité ne sera pas transmise et ses éventuels gamètes congelés restants seront détruits à une date fixée par décret. Mais son anonymat, s’il reste maintenu par l’administration, pourrait être remis en question si des tests génétiques sont entrepris.

 

Ce changement dans les conditions d’accès aux origines est révélateur : le réel revient toujours s’imposer à nous. Le lien biologique ne peut être balayé comme s’il ne comptait pour rien. La loi bioéthique a évolué pour limiter les conséquences pour les enfants nés de dons mais n’a pas remis en cause le fondement du problème. Par ailleurs, le besoin de connaitre ses origines ne débute pas à la majorité, c’est dès la petite enfance que peuvent commencer les questionnements existentiels des enfants.

La loi bioéthique, dans son encadrement des conditions d’accès à la procréation artificielle, promeut de plus en plus une forme de droit à l’enfant. Ce faisant, elle organise des atteintes aux droits de l’enfant, notamment ceux protégés par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) qui stipule « le droit de l’enfant, dans la mesure du possible, de connaître ses parents et d’être élevé par eux. »

 

Retrouvez tous nos articles sur la PMA.

don de gamètes campagne pour le don de gamètes : où est l’intérêt de l’enfant ?

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