Déminer la relation homme-femme

Décidément, les relations entre hommes et femmes sont compliquées. On a pu expliquer que c’est parce que nous venions de deux planètes distinctes, ou au contraire parce que nous sommes complètement identiques. Nos rapports cèdent pourtant régulièrement à des excès de mots (maux) sexistes, agressifs ou castrateurs qui accusent nos différences.
 
Il y a de quoi être usé de ces guérillas identitaires, entre dénigrement, fusion des genres ou différenciation excessive. Même si nos différences signent notre appartenance au masculin ou au féminin, il ne s’agit pas de retourner au « bon vieux temps » de la lampe à pétrole. Mais vouloir gommer les spécificités de l’autre en absorbant son identité ou en le réduisant à nos attentes, nous limite à la fusion. Pas besoin d’avoir un doctorat en physique nucléaire pour comprendre sa signification : là où coexistaient plusieurs entités, il n’y en reste qu’une. Et deux personnes enfermées dans une même cellule finissent toujours par se marcher sur les pieds…
 
Quand parlerons-nous avec douceur du tandem que nous formons : hommes et femmes, nés de nos propres complémentarités, transmettant la vie à notre tour dans une tendre alchimie de gènes masculins et féminins. Tout notre compagnonnage est inscrit dans cet élan joyeux vers l’avenir.
 
Alors, que diable, un peu d’audace ! Osons nous dire l’un à l’autre que nous sommes mutuellement indispensables. Il est formidable de vérifier que les entreprises qui réussissent le mieux ne sont ni celles comportant une majorité d’hommes, ni celles ayant recruté davantage de femmes : ce sont celles qui sont composées d’un nombre équilibré d’hommes et de femmes.
 
Dans ce monde en crise où il nous faut réinventer nos partenariats, accueillons nos différences comme une chance exceptionnelle. Sachons nous reconnaître achevés et pourtant incomplets et engageons l’aventure d’une émulation mutuelle bienveillante, curieuse et créative.
 

Pas touche à mes gamètes !

Donner, quel mot magnifique ! Alors une campagne pour encourager le don, à l’approche de Noël, qui ne désire signer des deux mains ?
C’est une campagne encouragée par le gouvernement qu’organise la très officielle Agence de biomédecine. Elle est donc financée, par l’impôt. La cause semble sérieuse. Il s’agit, d’après les affiches, de « donner le bonheur d’être parents » à ceux qui n’y parviennent pas naturellement. Donner son sang, ses plaquettes, un rein — pourquoi pas ? C’est citoyen, utile, généreux. Mais offrir sa paternité ou sa maternité ? Est-ce si évident ? Quand, dans un couple, les techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) ne fonctionnent pas, parce que les cellules reproductrices de l’homme ou de la femme ne le permettent pas, la loi autorise de les remplacer par celles d’un « donneur anonyme » de gamètes (voire par un embryon).
Les hommes sont invités à livrer leur sperme dans des centres particuliers, les CECOS. Facile, dit-on : il suffit d’une masturbation. Pas très romantique tout de même, comme la suite d’ailleurs, soit l’insémination artificielle, soit la fécondation in vitro (à l’extérieur du corps), suivie du tri des embryons ainsi conçus dont certains sont détruits. Dans les deux cas l’intimité du couple demandeur est d’autant plus blessée que l’un ou l’autre est, de fait, privé de descendance. C’est le prix qu’on a cru devoir payer pour la joie d’enfanter un bébé tant désiré. Comme si la détresse légitimait toute transgression.
La campagne 2011 cible davantage les femmes, car, pour leurs gamètes, les ovocytes, c’est, affirme ses promoteurs la « pénurie marquée ». Il faut dire que le prélèvement n’a rien d’anodin : d’abord stimulation ovarienne, ensuite ponction sous anesthésie… Avec de réels risques pour la santé voire la fécondité future, souligne la gynécologue Pauline Tiberghien, qui travaille dans un centre d’AMP. Elle note qu’on prévoit de garder pour la donneuse une partie de ses précieux ovocytes, au cas où elle deviendrait infertile… Comme si procréer en laboratoire plutôt que par une relation sexuelle était anodin ! Outre l’anonymat du don de gamètes, le fait que les donneurs puissent ne pas être eux-mêmes parents la scandalise… Pour 800 couples annuellement, ce sont « des kilos de documentation » qui sont envoyés dans chaque centre d’AMP. Au point que le docteur Tiberghien s’interroge sur la motivation réelle d’une telle débauche de moyens. S’agit-il vraiment d’aider ces couples ou bien d’alimenter en matière première une industrie en pleine expansion, voire les laboratoires pharmaceutiques en quête des précieux ovocytes ?
La campagne est pourtant attrayante. Elle présente deux couples, qui se ressemblent étrangement, comme pour mieux faire passer l’idée que les gamètes sont interchangeables. Elle ne parle surtout pas de père ou de mère biologique… même si les analyses destinées à vérifier la filiation se nomment toujours « test de paternité » ou « de maternité » Mais on s’acharne à désincarner les donneurs. Nombre de couples cacheront à leur enfant qu’il fut ainsi conçu, sans l’apport biologique de l’un ou l’autre de ses parents. De tels secrets de famille s’avèrent délétères. L’enfant sent parfaitement qu’on lui dissimule quelque chose d’important. Il peut souffrir de ne pas ressembler à l’un ou l’autre de ses parents. Arrivés à l’âge adulte, des personnes ainsi conçues ont dénoncé cette privation de la moitié de leur histoire biologique. Qui est leur géniteur ou leur génitrice ? Aurait-il pu transmettre un risque de maladies héréditaires à surveiller ? Comment éviter de tomber amoureux d’un demi-frère ou d’une demi-sœur ? Avant que la loi ne limite le nombre d’enfants obtenus par donneur, 10 actuellement, on a fait n’importe quoi. D’un seul donneur parisien sont nés 4 320 enfants en 20 ans ! Encore aujourd’hui, certains « donneurs compulsifs » passeraient de centre en centre, ce qui leur permet d’engendrer 150 enfants. Objectif avoué : avoir le plus possible de descendants !
Gare donc à la fausse générosité. Les gamètes n’ont rien à voir avec d’autres organes. Quoi qu’en disent la loi et la morale officielle, elles devraient rester incessibles. Car livrer sa descendance à la manipulation est irresponsable.
Tout cet argent ne pourrait-il pas être utilisé pour prévenir et soigner vraiment l’infertilité, ici… ou ailleurs ? Pollution, sédentarisation, alimentation ; l’Occident se perd en conjectures pour comprendre pourquoi monte l’infertilité. Dans les pays émergents, on manque de soins de base : les moyens mis par les pouvoirs publics dans cette campagne rendraient leur fertilité à un nombre incalculable de couples.

Euthanasie : ça grenouille !

Euthanasie : ça grenouille !

Le lobby de l’euthanasie est décidé à faire feu de tout bois pendant la campagne présidentielle. Mais quelle est sa réelle influence électorale ? Pour la quatrième année consécutive, l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) a choisi le 2 novembre pour manifester à Paris, sur le Parvis des Droits de l’homme du Trocadéro, et dans d’autres villes de France, en faveur de l’euthanasie.

Pour 2011, la tentative de récupération du jour des morts, détourné en « journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité », a franchi une nouvelle étape avec des encarts publicitaires dans deux quotidiens nationaux et même un spot télévisé diffusé trois fois sur France 2. L’image et le slogan visent le choc. Vue au travers des barreaux d’un lit d’hôpital, une femme inanimée est reliée à des machines. Légende : « Certains condamnés n’ont toujours pas le droit de voir leur peine écourtée ». Faudrait-il instaurer une « peine de mort » terminale pour les personnes gravement malades ? C’est ce que craint Robert Badinter. L’ancien garde des Sceaux a dénoncé la menace d’arbitraire qu’il perçoit derrière l’idée de légaliser l’euthanasie, même partiellement. Le procédé publicitaire qui consiste à effrayer à propos des derniers jours est quant à lui jugé « insultant » par le professeur Olivier Jonquet, chef du service de réanimation médicale du CHU de Montpellier.

Réduire la fin d’une vie au bip d’une machine, n’est-ce pas méconnaître les efforts que font les proches et le personnel soignant pour humaniser des instants qui se révèlent bien souvent précieux ? Le lobby de l’euthanasie assume une stratégie anxiogène Quoi qu’il en soit, le lobby de l’euthanasie assume une stratégie anxiogène. Il se targue de sondages d’opinion selon lesquels 94% des Français approuveraient désormais le recours à l’euthanasie.

011 11 09 2 sondage

www.dessinendirect.com

Qu’en est-il en réalité ?

D’abord, il n’est pas du tout certain que les sondés fassent la différence entre l’arrêt ou l’abstention des traitements disproportionnés (souvent dénommés acharnement thérapeutique) et la pratique de l’euthanasie, ni, d’ailleurs, qu’ils aient pleinement conscience de ce que proposent les services de soins palliatifs. L’ADMD les prétend « compatibles » avec la pratique de l’euthanasie, mais elle les décrit comme des mouroirs, avec sa conception misérabiliste de la dépendance en fin de vie. Ensuite, et surtout, il est encore moins certain que l’impact électoral de l’euthanasie soit à la hauteur de ce qu’avancent ses promoteurs. Ils clament : « Pas une voix pour les candidats anti-euthanasie » et leur dernier encart en appelle aux candidats à la présidence de la République. Certes, fin 2009 puis début 2011, deux propositions de loi ont fait émerger le débat sur l’euthanasie au Parlement sous l’impulsion du Parti socialiste. Mais le vainqueur des primaires du PS est celui qui est resté le plus évasif sur le sujet. François Hollande s’est contenté de promettre un débat, qui, certes, serait à hauts risques, alors qu’avec 0,6% des suffrages, le plus transgressif des six candidats sur les questions de société, le radical de gauche Jean-Michel Baylet, est arrivé bon dernier… 

C’est considérer qu’une telle loi est inéluctable qui serait fatal Force est de constater que l’ADMD a rassemblé moins de 200 personnes le 2 novembre dans la capitale. Pas de quoi pavoiser, même si Jean-Luc Romero annonce « plus de 500 manifestants ». Sur Twitter, il ne s’estime plus d’ailleurs que « raisonnablement optimiste » sur la loi qu’il appelle de ses vœux. En réalité, pour la plupart des Français, elle n’est aucunement une priorité politique. Les électeurs qui font de l’opposition à l’euthanasie un critère majeur de leur vote pourraient même être nettement plus nombreux que ceux décidés à réserver leur voix à l’euthanasie. Est-ce la raison de la prudence affichée par François Hollande ? Le décalage est fréquent entre une température de l’opinion prise au travers de sondages et le poids politique réel d’un sujet.

C’est justement le cas pour la peine de mort. La responsabilité politique sait parfois résister aux impulsions populaires. Jean-Luc Romero n’a de cesse d’obtenir des candidats un engagement ferme. En se faisant menaçant, jouerait-il à la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf ?

La menace d’une loi socialiste pour l’euthanasie est réelle, mais c’est considérer qu’une telle loi est inéluctable qui serait fatal. L’enjeu des prochains mois est de résister à l’intimidation. La crédibilité de l’ADMD peut tout autant s’imposer à l’usure que se dégonfler comme une baudruche.

Homoparentalité, mode d’emploi

Petit manuel de manipulation à l’usage de ceux qui veulent imposer à la France un « droit à l’enfant ».

Etape numéro 1 : Transgresser, discrètement

Ce qui est interdit dans l’Hexagone, il faut d’abord l’obtenir à l’étranger. Facile.
Pour les hommes, suivez l’exemple de Marc-Olivier Fogiel. Cette année, l’animateur a ramené avec son compagnon une petite fille née aux Etats-Unis où ils avaient loué les services d’une mère porteuse. Une pratique strictement interdite en France au nom du droit de l’enfant et de celui des femmes. C’est pourquoi les anonymes ont intérêt à importer discrètement les petits. Il existe des filières pour cela. A signaler, pour les bas salaires, les prix compétitifs dans les pays émergents : des femmes pauvres feraient n’importe quoi pour sortir de la misère. Elles sont soldées.
Passons aux Françaises désirant enfanter sans s’imposer une relation sexuelle avec le père de l’enfant. Les options sont moins exotiques.
1/ Pour se passer définitivement du géniteur, se rendre en Belgique : on en reviendra enceinte des fameux bébés « Thalys », obtenus par insémination artificielle avec donneur. Il suffit là aussi de payer. Le donneur est oublié.
2/ A tenter, pour les aventurières, l’option bricolage procréatif avec seringue etc. L’affaire peut être montée dans nos frontières, par Internet et toujours sans relation sexuelle, avec un simple rendez-vous. Car des hommes en mal de paternité sont à la recherche de femmes homosexuelles pour concevoir « sans sexe » un bébé, puis se partager l’enfant.
A ce stade, restez discrets sur les techniques de conception. Elles ne sont pas très romantiques, même si l’actuel maire de Paimpol (Parti radical) se félicite en public d’avoir obtenu son fils grâce à une « généreuse collaboratrice » qui lui a donné ses ovocytes.
L’intérêt de l’enfant ? Chut ! N’en parlons pas pour le moment. Il doit s’effacer devant un désir irrépressible. Considérons donc qu’il n’est pas prouvé qu’un petit d’homme ait besoin d’un père et d’une mère. Peu importe que vous ayez privé délibérément un enfant de l’un ou de l’autre : il ne dit rien. Sa petite bouille de nouveau-né entouré de sourires béats fera fondre les critiques. L’affaire est dans le sac. Vous avez le beurre.

Etape numéro 2 : Mettre la France devant le fait accompli

Il vous faut l’argent du beurre. Sortez du bois !
Les enfants sont à dévoiler dans leur cocon de tendresse. A faire filmer et photographier sans modération.
Car le moment est venu de mettre la mère-patrie à contribution. C’est votre chance : elle est généreuse et ne pose pas de question indiscrète. Votre santé et celle de votre bébé « Thalys » seront suivies gracieusement, dès le début de la grossesse et jusqu’à l’accouchement.
Pour les bébés issus d’un bricolage procréatif, vous pouvez même réussir à faire entrer deux femmes et deux hommes en salle de naissance et partager à quatre le grand moment. Sympa d’impliquer les hommes si vous avez négocié avec eux la garde alternée. Rassurez-vous : personne n’osera vous reprocher de discriminer le nourrisson en prévoyant de le balloter entre deux foyers. Par ailleurs, ce serait jouer à la fée Carabosse que de prédire qu’il devra aussi endurer d’autres séparations, en cas de vie sentimentale chaotique des quatre heureux parents.
Si quelque mauvais ange tente une critique, renvoyez le presto à la proportion de couples hétéros en rupture ; ça lui clouera le bec. La priorité : c’est vous. Et l’essentiel, c’est qu’un beau bébé comble votre manque d’enfant.
Pour la suite, la République a bon dos : elle vous fera bénéficier de tout l’arsenal de ses prodigalités : assurance maladie, gratuité scolaire, tarifs préférentiels si vous profitez de l’avantage « monoparental » etc. A calculer au mieux.
Vous voilà avec l’argent du beurre. Il reste à conquérir la crémière.

Etape numéro 3 : Revendiquer la transgression

L’homoparentalité que vous avez organisée, en occultant l’intérêt de l’enfant, c’est le moment de la revendiquer… « dans son intérêt » ! Embobiner ainsi la société, c’est le coup de génie.
Mais pour gagner, il faut entrer dans cette bataille judiciaire et médiatique avec agressivité.
Si vos bambins sortent d’une mère porteuse, accusez « la France des droits de l’homme » de priver vos pauvres enfants d’état civil. D’en faire des apatrides. Criez que c’est inhumain.
L’enfant vient-il d’une insémination avec donneur ? Pour forcer la société à reconnaître qu’il doit avoir deux mamans, faîtes planer la menace de votre propre mort ou d’une séparation d’avec votre compagne. Votre objectif d’étape : obtenir pour elle la « garde conjointe ». Faite confiance à votre avocat pour monter un dossier béton et le médiatiser.
Surtout, n’ayez pas peur de vos contradictions. Avoir sciemment contourné la loi démocratiquement votée, qui vous gênait, ne vous empêche aucunement d’utiliser à fond les lois qui vous intéressent, et même de les manipuler à votre avantage. Au besoin, faîtes bien sentir que vous vous inscrivez dans le sens de l’Histoire. Laissez entendre que ce que vous désirez est « inéluctable » : c’est le meilleur moyen de le faire advenir. Intimidez vos adversaires en brandissant les lois anti-homophobie propres à les réduire au silence. Et s’ils les critiquent, mettez en avant la démocratie.
Si les Parlementaires semblent réticents, le concept d’homoparentalité peut pénétrer les cerveaux par des artifices juridiques voire judiciaires. Déjà, vous avez réussi à faire oublier qu’un enfant ne peut – pour le moment – être conçu que d’un homme et d’une femme. En attendant le clonage. Il vous a suffi d’occulter totalement le géniteur ou la génitrice. Mais attention, pas de gaffe ! Gardez-vous, pour toujours, de les nommer père ou mère biologique.

En réalité, ne vous inquiétez pas trop car vous avez des alliés : les personnes qui vivent une relation homosexuelle après avoir, en d’autres temps, procréé naturellement, dans le cadre de relations avec une personne de sexe opposé, parfois même d’un mariage en bonne et due forme, suivi d’un divorce. Ils sont incontestablement « parents » et se disent « homosexuels ». Ce sont les fers de lance de la notion d’ « homoparentalité ». Il faut les dire très nombreux, puisqu’ils sont incalculables… Par un tour de passe-passe, leur lobbying a réussi à faire accoler à une pratique particulière (l’homosexualité) une réalité antinomique : le fait de devenir parent. Peu importe que l’homoparentalité n’existe pas dans les faits (une relation homosexuelle restant inféconde), l’usage du mot a imposé la légitimité de votre revendication dans les esprits. Quand on dit que la parole est créatrice !

Etape numéro 4 : Passer à l’enseignement

Et ce n’est pas tout : il manque encore le sourire de cette crémière. L’homoparentalité triomphante, dont vous êtes les pionniers, il faut l’enseigner aux petits Français, sans tarder.
Grâce à vous, on peut dynamiter le modèle ringard d’une famille hétéro-centrée. C’est le parti socialiste qui le dit, et la majorité présidentielle hésite à lui résister. Les politiques détestent par dessus tout être suspectés d’homophobie. C’est un mot piège car il amalgame à l’idée de haine et de discriminations injustes dont peuvent souffrir des personnes homosexuelles toute opposition aux revendications politiques de leur lobby, à commencer par… l’homoparentalité. Amalgame pratique pour tuer la pensée. Arme fatale dans la guerre des mots.
Derrière ce paravent, constituez-vous en association. Inventez une folle statistique : 350 000 enfants concernés. Plus c’est gros, plus ça passe.
D’un coup de gueule, vous obtiendrez d’un ministre de l’Education nationale apeuré l’ajout de la mention « homoparentale » aux familles – notez bien le pluriel – étudiées dans une option de Terminale L. Pour commencer, acceptez d’entrer au lycée par cette petite porte. Vous connaissez le coup du pied passé dans l’ouverture…
Si un conservateur prétendait encore que le petit d’homme a besoin d’être élevé par un père et une mère, faites-lui le coup du choix truqué : il s’agit de mettre en scène un couple hétéro alcoolique qui tabasse sans arrêt ses pauvres gosses face à deux adorables homos qui les cajolent. En général, ça passe. Plus tard vous pourrez traduire en justice vos opposants. Patience.

Un dernier conseil. Vos enfants vont bien. Quoiqu’il arrive, c’est le discours officiel. Il ne faut pas s’en écarter si vous voulez garder l’avantage. Même à l’adolescence. Faites peser le moindre petit coup de blues des rejetons sur le compte de « l’homophobie ambiante ».
Et si, par malheur, l’un d’entre eux avait un jour le culot de vous reprocher de l’avoir privé d’un père ou d’une mère, prenez-le à part et expliquez-lui qu’il vous doit la vie. C’est-à-dire tout.
Dites-lui bien que contester la façon dont vous l’avez conçu reviendrait à remettre en cause son existence même. Ça le calmera.

L’embryon défini – Octobre 2011

L’embryon défini – Octobre 2011

La Cour de Justice Européenne s’est intéressée de près au tout premier commencement de la vie humaine.

Quand commence la vie humaine ? Et comment définir l’embryon humain ? Réponse limpide des magistrats de la Cour Européenne de Justice.

C’est grâce à Green­peace-Allemagne, que la Cour eu­ro­­péenne de Justice (CEJ) s’est intéressée au tout premier commencement de la vie humaine. Il y a 14 ans, en effet, le professeur Brüstle avait breveté une lignée de cellules souches d’origine embryonnaire, obtenue au prix de la destruction d’embryons. L’association écologiste contestait ce brevet et, par son arrêt du 18 octobre, la CEJ lui a donné raison. La décision, qui interdit toute brevetabilité de procédés ayant impliqué la destruction d’embryons humains, s’impose aux 27 États membres de la Communauté européenne. La Cour a donné de l’embryon une définition claire et complète : «  Tout ovule humain doit, dès le stade de sa fécondation, être considéré comme un ‘embryon humain’ dès lors que cette fécondation est de nature à déclencher le processus de développement d’un être humain.  » Les mots rappellent le B-A BA de cours de biologie. Le produit d’une conception est bien nommé embryon, et non pas «  amas de cellules  » comme le prétendent les scientifiques qui désirent l’utiliser pour leur recherche. C’est à leur portefeuille que l’arrêt pourrait porter atteinte, car c’est uniquement la brevetabilité de l’être humain qu’il proscrit, et non pas le principe de l’utilisation de l’embryon pour la recherche, dont il n’est pas question à ce stade.

Non contents de définir l’embryon par la façon dont il advient «  naturellement  », c’est-à-dire la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde, les 13 magistrats européens ont tenu à anticiper les évolutions techniques, avec, en toile de fond, le clonage. Des apprentis sorciers rêvent en effet de contourner les lois des hommes — et celles de la nature — pour produire des embryons humains avec la même technique que celle utilisée pour faire naître la brebis Dolly, c’est-à-dire sans fécondation. Le clonage utilise un ovocyte dont on a remplacé le noyau par celui d’une cellule adulte…

Certains avaient pensé pouvoir décréter qu’un clone n’aurait pas le statut d’être humain. La Cour européenne en a décidé autrement. Les magistrats expliquent que constituent aussi un embryon humain «  tout ovule humain non fécondé dans lequel le noyau d’une cellule humaine mature a été implanté et tout ovule humain non fécondé qui, par voie de parthénogénèse, a été induit à se diviser et à se développer  ». Autrement dit, même produit de façon artificielle, un être humain reste un être humain, dès le début… Évidemment, l’arrêt conduit à s’interroger sur l’avortement, la fécondation in vitro ou la recherche sur les embryons surnuméraires. Ces trois réalités provoquent chaque année la destruction de cinq cent mille embryons humains en France. Sans oublier les méthodes dites «  contragestives  » qui empêcheraient la nidation de plusieurs millions d’autres embryons déjà conçus.

Cependant, l’arrêt de la CEJ a beau être motivé par «  le respect de la personne humaine  », il ne concerne que le droit commercial. Il a néanmoins été salué par la COMECE (Commission des épiscopats de la communauté européenne) comme «  une étape majeure dans la protection de la vie humaine  » sur le plan législatif.

La convergence observée en Allemagne entre certains écologistes et les chrétiens sur ces sujets n’est pas surprenante, même si elle contraste avec la situation française, les Verts hexagonaux semblant ignorer totalement la dimension humaine de l’écologie quand il s’agit de bioéthique. L’aversion des Allemands pour les manipulations eugénistes est liée au traumatisme que les pratiques du régime nazi ont provoqué dans leur pays.

Quelle sera la portée de l’arrêt du 18 octobre 2011 ? Les personnes attachées au respect de la vie célèbrent une précieuse victoire dans la «  bataille des mots  ». Résultat d’autant plus notable qu’en France, la définition légale de l’avortement a été restreinte : la suppression délibérée de la vie humaine avant la nidation de l’embryon n’entre pas dans la loi de 1975.

En évitant une définition restrictive de la vie à ses débuts, les magistrats européens ont refusé de livrer aux appétits commerciaux les embryons préimplantatoires et tous les organismes hybrides qu’on peut imaginer fabriquer à partir de la destruction d’embryons. Quant à envisager que cette décision fasse tomber les lois sur l’avortement ou la bioéthique, c’est aller un peu trop vite. L’Histoire montre que le Droit, aussi sérieux soit-il, demeure en pratique subordonné à l’irrationalité des rapports de force politiques et sociaux.