Dossier
Fertilité
Lutte contre l’infertilité
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’infertilité est définie par l’absence de grossesse après plus de 12 mois de rapports sexuels réguliers sans contraception. Les observateurs de l’INSERM constatent que les consultations surviennent très vite. Les techniques de maitrise de la fécondité ont rendu les personnes plus anxieuses et impatientes quand l’enfant tarde à venir.
L’infertilité est devenue un enjeu sanitaire majeur. Un couple sur sept consulte pour infertilité et 1 sur 10 poursuit des traitements.
- On observe une augmentation de l’infertilité masculine ces 50 dernières années. En un demi-siècle, la densité des spermatozoïdes aurait diminué de moitié chez les Occidentaux. Les scientifiques attribuent la croissance de l’infécondité à des facteurs environnementaux (pesticides et pollution) ou aux modes de vie (tabagisme, sédentarité, etc.).
- Par ailleurs, l’âge de la maternité ne cesse de reculer, ce qui a pour conséquence de majorer le nombre de consultations.
Dans ce contexte, il convient de s’interroger sur la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention qui ne se limite pas à offrir la technique d’une procréation médicalement assistée mais recherche également les causes pour la prévenir et la guérir.
L’âge « social » de la maternité s’éloigne de l’âge biologique de la maternité
L’âge moyen pour un premier enfant est passé de 24 ans à 31 ans de 1974 à 2023.
Parmi les facteurs cités : l’allongement des études, la « mise en couple » plus tardive, le désir d’être professionnellement stabilisée avant d’envisager une grossesse. L’INSEE souligne que « la médicalisation de la contraception a pu également faciliter ce report ». En conséquence, « la fécondité tardive est 3.4 fois plus élevée en 2019 qu’en 1980 ».
Les femmes cadres ou à l’inverse sans profession ont également une fécondité tardive plus forte. Pour un quart des mères de 40 ans ou plus, cette naissance est leur premier bébé.
Nos recommandations
Les recherches sur l’infertilité et les alternatives au recours à l’AMP sont insuffisantes. Il convient de s’interroger sur les causes de l’explosion de l’infécondité dans nos pays et sur la quasi absence de politique de prévention.
- Renforcer les recherches médicales contre l’infertilité, notamment celles induites par nos modes de vie ou des questions environnementales et celles pour trouver des traitements qui visent à restaurer la fécondité. Il n’est pas juste que la PMA soit proposée comme une réponse médicale précipitée alors que l’infertilité n’est pas médicalement constatée. De nouvelles approches émergent, à partir de l’observation des corps et de leurs rythmes, telles que les naprotechnologies qui pourraient offrir des alternatives à l’AMP et préserver l’autonomie procréative des couples.
- Assurer une meilleure information par des campagnes auprès des jeunes
Comme le recommande le CCNE, « l’information sur la chute de la fertilité des femmes avec l’âge devrait être accessible très tôt à l’ensemble des jeunes », ainsi que « sur les risques d’une grossesse tardive, pour les femmes elles-mêmes et pour l’enfant à naître, sur la diminution du taux de succès des AMP tardives et l’incertitude sur le devenir des enfants nés d’une AMP tardive ». - Améliorer les conditions de vie et de travail pour que les couples puissent procréer à un âge plus jeune, comme le recommandent le CCNE et le Comité d’orientation de l’Agence de la Biomédecine. De telles mesures devraient faire l’objet d’un travail approfondi avec les pouvoirs publics, les collectivités locales, les instances médicales et les partenaires sociaux.
Des voix médicales et scientifiques de plus en plus nombreuses s’élèvent pour demander une éducation à la fécondité associée à l’éducation à la sexualité, qui serait une prévention de l’infertilité.
Dans son avis n° 126 (p. 13) du 15 juin 2017, le CCNE alertait sur les conséquences individuelles et médicales des grossesses tardives :
« la fréquence des complications, tant pour la mère (hypertension artérielle, diabète) que pour l’enfant (hypertrophie fœtale, prématurité), augmente rapidement avec l’âge de la mère et rend nécessaire une surveillance adaptée au risque encouru. Or, ces risques sont mal connus et sous-estimés par les femmes et leurs conjoints ».
Les mêmes voix demandent également que des mesures soient prises pour qu’il soit possible et facile de concilier grossesse, maternité et études ou entrée dans la vie professionnelle.