Hausse des euthanasies aux Pays-Bas

11/04/2025

Hausse des euthanasies aux Pays-Bas

 

 

Pays-Bas : les autorités appellent à la « grande prudence » sur l’euthanasie

Le nombre d’euthanasies aux Pays-Bas a augmenté de 10% passant de 9.068 en 2023 à 9.958 en 2024. Les autorités sanitaires incitent les médecins à une « grande prudence » en particulier en cas de troubles psychiques, réitérant les alertes de l’année précédente.

 

Une augmentation continue des euthanasies depuis 2001

Les autorités néerlandaises s’interrogent après la publication du rapport des euthanasies pratiquées en 2024.

Le nombre de déclarations d’euthanasie par rapport au taux de mortalité total s’élève à 5,8 %. Ces chiffres ne prennent pas en compte les euthanasies clandestines, par définition non chiffrables, et les sédations palliatives cachant parfois des euthanasies. Dans certaines régions, 10 à 20% des décès sont liés à l’euthanasie.

Dans 9 753 rapports (97,94 %), il était question « d’interruption de vie sur demande » et dans 187 rapports (1,88 %) de suicide assisté. Dans 18 rapports (0,18 %), il s’agissait d’une combinaison des deux lorsque le patient ne décède pas assez rapidement dans le cadre du suicide assisté. Le médecin intervient alors pour administrer lui-même à nouveau le produit.

La majorité des euthanasies sont pratiquées à domicile (7728), soit 77%, suivi des maisons de retraite ou hospices pour 18%.

En introduction du rapport, le président coordinateur des commissions régionales de contrôle de l’euthanasie (RTE), Jeroen Recourt, souligne que « Comme les années précédentes, le nombre de cas d’euthanasie a également augmenté de manière significative en 2024. » C’est pourquoi une enquête a été diligentée pour explorer les causes de la croissance. Cependant il indique que : « On peut maintenant affirmer qu’il n’y a aucune raison de penser que la croissance constante de ces dernières années va bientôt prendre fin. »

 

Appel à la prudence en cas de maladie psychique

Les euthanasies pour des souffrances résultant de troubles psychiques (219 cas) ont augmenté de 70% par rapport à l’année précédente.

Dans un communiqué publié en mars 2025, les commissions de contrôle de l’euthanasie pointent particulièrement six cas où le médecin n’a pas respecté les exigences ou procédures prévues par la loi. Elles mettent en garde tout spécialement pour les cas d’euthanasie qui découlent en grande partie de souffrances résultant d’une maladie psychique, rappelant que le médecin doit toujours faire appel à une expertise psychiatrique pour ces patients.

 

Une augmentation de 150% des euthanasies pour démence

L’euthanasie a été accordée à 427 personnes souffrant de démence soit une augmentation de 150% en 4 ans. Par manque de moyens humains, seuls 346 de ces rapports ont été évalués en 2024. Les autres le seront en 2025. Parmi ceux-ci, 340 patients étaient encore aptes à discerner. Il s’agissait de patients dans une phase de démence au cours de laquelle ils avaient encore une idée des symptômes de leur maladie, comme la perte de personnalité et d’orientation dans le temps et dans l’espace.

Six rapports évalués en 2024 concernaient des patients atteints de démence à un stade avancé. Ils n’étaient plus juridiquement en capacité de consentir de façon éclairée et n’étaient plus en mesure de communiquer de manière significative à ce sujet. Leur demande écrite d’euthanasie, préalablement rédigée, a remplacé une demande orale. Plus de la moitié des euthanasies (57,5%) pour démence ont été pratiquées par des médecins affiliés au « Centre d’expertise en euthanasie » qui prennent en charge des euthanasies que d’autres professionnels ne souhaitent pas pratiquer pour des raisons diverses.

Au total 1417 des euthanasies ont été exécutées par ces médecins du centre d’euthanasie, orientés par un médecin traitant, ou encore à la demande de patients ou de familles.

 
 
 

Cas spécifiques : dons d’organes et euthanasie en duo

28 cas d’euthanasie ont donné lieu à un don d’organes, pratique très controversée dans le cadre d’une mort programmée. L’euthanasie doit alors avoir lieu à l’hôpital.

Si deux patients demandent une euthanasie simultanée et que cette demande est acceptée, le Commission de contrôle enregistre cela comme un duo euthanasie. Jusqu’en 2024, cela ne se produisait qu’avec des conjoints. Cette année, pour la première fois, des cas d’euthanasie en duo impliquant des membres proches de la famille plutôt que des conjoints ont été signalés. En 2024, 54 signalements de duos ont été reçus, pour 108 personnes.

 

Désillusion quant à « un cadre strict »

Le professeur Theo Boer, ancien contrôleur des cas d’euthanasie aux Pays-Bas, alerte à nouveau la France, dans une tribune parue dans le monde le 7 avril 2025, alors que débute l’examen d’une proposition de loi sur le suicide assisté et l’euthanasie.

« Depuis plus de vingt ans, les Pays-Bas expérimentent l’euthanasie dans un cadre présenté comme strict, balisé, éthique. explique-t-il. Pourtant, les chiffres publiés dans le dernier rapport du comité d’examen, daté du 24 mars, racontent une autre histoire. Celle d’un élargissement constant, d’une banalisation progressive et d’un basculement culturel silencieux. »

Déjà en décembre 2022, il s’inquiétait de cette évolution. Mettant en garde la France de ne pas légiférer sur l’euthanasie, il faisait ainsi remarquer que « ce qui est perçu comme une occasion bienvenue par ceux qui sont attachés à leur autodétermination devient rapidement une incitation au désespoir pour les autres ».

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