Couples, des facteurs qui poussent à la séparation ?
L’Unaf (Union Nationale des Associations Familiales) vient de publier un rapport étudiant les causes de séparation dans les couples. L’objectif de cette étude réalisée en 2021-2022 était de « comprendre le processus conjugal qui conduit à la séparation ».
Cette enquête est qualitative. L’auteur, sociologue au CNRS, a mené des « entretiens biographiques » d’une vingtaine de couples séparés, en interrogeant la femme et l’homme sur leur vécu commun jusqu’à la séparation. Outre sa taille limitée, l’échantillon constitué comporte des biais notés dans le rapport :
« les couples appartenant aux classes moyennes-supérieures sont sur-représentés, et ils sont quasiment tous bi-actifs« . C’est-à-dire que la femme et l’homme ont un emploi, auquel se rajoute la charge des activités familiales.
Des facteurs qui pèsent sur le couple
La sociologue mentionne une des hypothèses qu’elle a cherché à vérifier par cette enquête : « que les couples peuvent être malmenés par les conditions de vie liées au rythme imposé par les situations professionnelles, les déplacements domicile-travail, la peur de perdre son emploi, la nécessité de disposer de revenus monétaires en hausse etc« . Des entretiens biographiques menés, un facteur supplémentaire ressort : le poids de normes sociales pour ces couples des classes moyennes-supérieures. Ainsi « les normes de confort matériel (avoir un logement à soi, disposer d’une belle maison, pouvoir gâter ses enfants, s’offrir des loisirs…) et de « bonne parentalité » qui imposent des exigences en hausse et accentuent le caractère « hyper tendu » des vies contemporaines ».
L’enquête pointe sur un enchainement déstabilisateur pour ces couples :
« L’agrandissement de la famille génère aussi un travail domestique et parental en hausse, qui conduit à un surinvestissement des femmes dans la sphère domestique et des hommes dans la sphère professionnelle« .
D’une part cette asymétrie est plus insatisfaisante aujourd’hui, en particulier pour les femmes dans une société où la demande « d’égalité des rôles » est forte.
D’autre part, il devient plus difficile pour le couple d’avoir des projets communs, « ce qui contribue à éloigner les deux conjoints« .
L’auteur conclut que » les difficultés des couples rencontrés semblent moins résulter d’un éloignement en raison d’envies, de valeurs, de projets qui divergeraient au fil du temps que d’une absence de disponibilité pour continuer de les partager et pour formuler des projets pour soi« .
Des propositions pour aider les couples
« On s’aimait plus », « on a pris chacun un chemin différent », « on a changé et on ne se comprend plus »… Ces expressions entendues pour parler d’un divorce peuvent dire une certaine fatalité. Cette enquête s’inscrit dans une vision différente pour le couple. Le divorce n’est pas le constat d’un désamour inévitable, le signe d’une fragilité intrinsèque à l’amour. Dans cette enquête, les causes de la séparation se comprennent plutôt par » la manière dont les individus se représentent ce que devrait être le couple et de la place de chacun dans ce dernier« .
Selon une enquête statistique, les femmes sont plus souvent à l’origine de la séparation (75% des cas) que les hommes. Les entretiens ont conduit la sociologue à faire ce constat également :
« Dans la réalité de la vie conjugale, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à remettre en cause la pérennité de la relation conjugale quand elles font le constat que la relation conjugale ne répond plus à leurs attentes« .
Tout en révoquant une vision naïve de l’amour « romantique » qui dure sans « besoin d’une attention particulière« , le rapport se termine avec quelques pistes pour aider la construction d’un couple durable.
- Au niveau de la société, favoriser l’éducation affective et sexuelle en tenant compte des aspirations personnelles à l’égalité, pour les femmes comme pour les hommes.
- Au niveau de chaque couple, favoriser la « conversation conjugale » pour « exprimer ses attentes dans la relation« .
Dans sa conclusion, la sociologue estime que « « la fin du couple » est moins le résultat d’une société individualiste que le fait d’une société qui demeure inégalitaire« . Pourtant, dans son analyse, elle pointe la représentation plus récente dans notre société du « couple-soi » défini comme « la possibilité de se réaliser soi tout en vivant à deux« .
Dans une récente émission, la sociologue des sentiments et du couple Eva Illouz affirme « croire en l’amour heureux » et rappelle que « le progrès moral consiste en reconnaitre l’autre comme notre égal« .
Un programme à vivre à deux pour chaque couple ?
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