Périnatalité : une étude se penche sur le facteur de l’âge du père
Une récente étude américaine s’est penchée sur l’impact de l’âge du père sur la santé des bébés à la naissance. De façon moins intuitive, elle pointe également l’influence de l’âge du père pour la santé de la mère pendant sa grossesse.
Fertilité masculine : le facteur âge à ne pas négliger
La question de l’âge de la paternité est moins abordée dans les médias que l’âge de la maternité. Sur les questions de fertilité, le terme « d’horloge biologique » est plus souvent associé aux femmes. Biologiquement, la notion de « réserve ovarienne » n’a pas d’équivalent direct pour la fertilité masculine. En effet, la spermatogénèse est un processus plus continu, et qui ne ralentit que lentement avec l’âge. Des cas de paternité très tardive sont évoqués dans les médias, comme celle à 80 ans du célèbre acteur Robert de Niro, au début de cette année.
La loi bioéthique, qui autorise l’autoconservation des gamètes sans aucune raison médicale, a fixé par décret en septembre 2021 des « limites » qui prennent en compte cette différence et cette réalité biologiques. Elle est donc autorisée à partir de la vingt neuvième année pour les hommes comme pour les femmes, et reste possible jusqu’aux 37 ans de la femme, et aux 60 ans de l’homme.
Dans les récents débats sur la baisse de la natalité en France, le report de l’âge du premier bébé pour une femme a été régulièrement cité comme un facteur explicatif. Selon l’INSEE, cet âge moyen du premier bébé est passé de 26.5 ans à 31 ans sur les cinquante dernières années. On souligne moins que l’âge moyen du premier bébé a également reculé pour les hommes. Un des facteurs les plus importants est « mécanique ».
Il est lié à l’écart d’âge dans les couples. L’INSEE, dans une étude de 2016, avait mesuré qu’en moyenne dans un couple, l’homme avait 2.5 années de plus que la femme.
La question de l’impact de l’âge du père sur la fertilité de couple a fait l’objet de plusieurs études. L’une d’entre elles était menée par des médecins de l’hôpital de Toulouse en 2012. Dans leur conclusion, ils écrivaient que : « une autre conclusion clé est que l’impact de l’âge de l’homme, comme l’âge de la femme, est un facteur important et majeur à prendre en considération. Cela devrait encourager les couples à essayer de commencer à planifier d’avoir des enfants plus tôt« .
Quel impact de l »âge du père pour l’enfant et pour la mère ?
La récente étude parue en août dernier aux Etats Unis s’est penchée sur « les tendances sociodémographiques et les résultats périnataux chez les pères de 50 ans et plus ». Les auteurs partent du fait que « l’âge des pères à l’accouchement augmente, avec un nombre croissant de naissances attribuées aux pères plus âgés« . Le pourcentage de paternité « à un âge avancé » reste bas : 1.3% des naissances, mais avec une tendance nette : 18% de hausse depuis 2011. 500,000 enfants aux Etats-Unis sont nés entre 2011 et 2022 de pères de plus de 50 ans.
L’étude conclut à des impacts statistiquement significatifs de l’âge avancé pour l’enfant et même pour la mère.
Par exemple, comparé au groupe de pères âgés de 30 à 39 ans, pour les pères entre 50 et 59 ans, le risque d’une naissance prématurée augmente de 16%. Le risque de poids insuffisant pour le bébé (« low birth weight ») augmente aussi de 14%. Enfin, le risque de diabète gestationnel pour la mère augmente également de 13%. Le risque de naissance prématurée passe même à 21% quand le père a plus de 70 ans.
Les auteurs constatent également que le recours à des techniques de procréation artificielle a été deux fois plus important dans les cas de paternités plus âgées comparé au groupe de pères âgés de 30 à 39 ans. Cet état de fait est probablement lié au fait que la fertilité masculine décline aussi avec l’âge.
A côté de ces facteurs négatifs mis en lumière dans cette étude, les auteurs rappellent que des facteurs positifs peuvent exister comme » la stabilité financière, l’amélioration des possibilités nutritionnelles et éducatives ».
Le report de naissance à un âge plus avancé est une tendance lourde dans la société, que ce soit pour les mères ou pour les pères.
L’impact sur la fertilité de l’âge de l’homme et de l’âge du couple (c’est-à-dire de l’homme et de la femme) sont moins connus que celui du seul âge de la femme. D’après le Rapport sur les causes d’infertilité de 2022, « l’effet délétère de l’âge de l’homme sur sa fertilité commence lui aussi à être connu des spécialistes de la reproduction, mais reste peu appréhendé par le grand public ». Chez l’homme, avec l’âge, et selon le mode et les conditions de vie, la qualité (nombre, mobilité, anomalies morphologiques ou génomiques) des spermatozoïdes peut s’altérer. L’âge altère la concentration et la qualité spermatiques.
L’augmentation du risque d’infertilité masculine avec l’âge est modérée et très progressive à partir de 40 ans, mais franche au-delà de 50 ans.
Les résultats statistiques de cette nouvelle étude soulignent l’intérêt d’informer le grand public sur le facteur de l’âge et ses impacts quand on parle de fertilité et de natalité.
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