Journée mondiale de la contraception : quelles tendances en France ?
La journée mondiale de la contraception, le 26 septembre, est l’occasion d’observer des tendances en France sur cette question. Cette journée, la 17ème, est une plateforme, soutenue par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) pour promouvoir l’information et l’utilisation de méthodes contraceptives.
Quelles tendances pour l’utilisation des différentes méthodes contraceptives ?
Les enquêtes des instituts publics comme l’INSERM et l’INED ont relevé depuis plusieurs années une baisse de l’utilisation de la contraception hormonale féminine (pilule contraceptive). Selon un article publié dans The Conversation qui s’appuie sur ces études, en 2019, 26% des femmes âgées de 15 à 49 ans y ont recours. Elles étaient 47% en 2005. Une tendance à la baisse s’était alors déjà amorcée et ce chiffre est passé à 36% en 2010.
Différents événements, comme par exemple le scandale de la pilule de 3° et 4° génération, alertant sur des effets secondaires néfastes peuvent avoir contribué à une désaffection pour les méthodes hormonales. Plusieurs études scientifiques ont également pointé les risques supplémentaires dans plusieurs domaines : cancer du sein, santé mentale, gestion du stress (voir notre article sur ce sujet ici).
Plus récemment, un nouveau scandale sanitaire lié à un médicament progestatif et prescrit, entre autres, comme moyen de contraception met en lumière la question des effets secondaires et de l’intégralité de l’information données aux patientes. Des témoignages poignants, comme celui paru dans Ouest France cet été, souligne le manque d’informations fiables données aux patientes. Selon la présidente de l’association Amavéa qui vient en aide aux femmes victimes de méningiomes liés à la prise de ces progestatifs : “Dans 90 % des cas, les femmes sont en colère. Elles se demandent pourquoi elles n’ont pas été informées avant. Et au moins la moitié d’entre elles ont été en errance thérapeutique“
Aujourd’hui, de nombreux articles ou émission sur le sujet utilisent l’expression de “charge mentale contraceptive” pour décrire la dysmétrie introduite par les dispositifs de contraception hormonale à destination des femmes (pilule, stérilet…). Des témoignages publiés par des femmes illustrent ces aspects négatifs : absence de dialogue régulier dans le couple, manque de prise en compte par les hommes des contraintes et des effets secondaires de la pilule pour les femmes, souhait d’une approche plus écologique.
En lien avec cette remise en cause du modèle de contraception géré par les femmes, la pratique de la vasectomie est en hausse en France. En 2024, l’Assurance Maladie a publié des chiffres. Ils montrent que “le nombre de vasectomies a fortement augmenté depuis 2010 en France, avec un taux annuel multiplié par 15 en 12 ans (de 1 940 en 2010 à 30 288 vasectomies en 2022)“. En pourcentage de la population masculine, ce chiffre reste très bas comparé à d’autres pays. Selon une étude internationale publiée en 2021, la vasectomie est pratiquée par 20% des hommes au Royaume Uni et 15% au Canada.
Des signes contradictoires existent cependant sur cette tendance d’utilisation de méthode de contraception masculine. Ainsi, l’OMS a publié l’été dernier une étude montrant que l’utilisation du préservatif était en baisse dans les populations jeunes. Cette étude portait sur un vaste échantillon (242 000 jeunes, 42 pays). L’âge des participants (15 ans) est néanmoins une limite importante pour extrapoler une tendance plus générale sur la population.
Les limites de l’approche dissociant sexualité et procréation
Des informations scientifiques sont disponibles pour souligner l’impossibilité de dissocier complétement procréation et sexualité. Les experts distinguent souvent l’efficacité théorique et l’efficacité pratique, qui tient compte des imperfections d’utilisation dans la vie réelle. L’OMS a publié un tableau proposant une mesure d’efficacité : le taux de grossesse pour 100 femmes faisant appel à la méthode considérée. Un point ressort clairement : dans la colonne “efficacité pratique” (“as commonly used” dans la version anglaise du tableau), aucune méthode n’atteint une efficacité à 100%.
Même pour les méthodes dites de contraception définitive comme la vasectomie, il reste une faible (0.15%) probabilité de grossesse. Un témoignage paru cet été dans le magazine Marie-France illustre concrètement cette probabilité.
Ce fait devrait inciter les pouvoirs publics et les acteurs de l’éducation à présenter les méthodes contraceptives de façon intégrale. L’expression “paradoxe contraceptif” décrit le fait que beaucoup de femmes qui avortent utilisaient une méthode contraceptive (chiffre de 72% dans un rapport de l’IGAS publié en 2010).
Le discours de dissociation est donc pris en défaut sur le terrain de la vie réelle. Les chiffres de l’avortement publiés cette semaine, avec un record de 243 623 IVG, illustrent l’urgence d’une approche globale sur ce sujet. La communication autour du thème de la contraception pourrait utilement en rendre compte à l’occasion de cette journée.
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