33000 signatures remises à l’Elysée par le collectif Soulager mais pas tuer
Après la présentation en Conseil des Ministres du projet de loi « relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie », Soulager mais pas tuer a organisé une conférence de presse autour de « bien et de mal portants » qui ont dénoncé le déni de fraternité que constitue cette prétendue “aide à mourir”. Ils ont aussi lancé un appel aux parlementaires : d’un droit à l’euthanasie, on dérape vite à un devoir. Le handicap, la dépendance ou la maladie appellent la solidarité et non le rejet.
Temps forts de la conférence de presse de Soulager mais pas tuer
Gérard Colin est handicapé de naissance à la suite d’une erreur professionnelle. On lui donnait 8 ans à vivre, il a aujourd’hui 69 ans ! Il vit dans un foyer et est engagé pour la défense des personnes en situation de handicap et pour améliorer l’accessibilité.
« Je suis en situation de handicap et j’aime la vie. Jamais je n’aurais voulu manquer l’expérience de la vie. Ma crainte c’est qu’il y ait des dérives comme au Canada où des personnes en situation de handicap ont demandé l’euthanasie parce qu’ils n’avaient plus les moyens de payer leur logement« .
Isabelle Mordant est polytechnicienne, mariée et mère de deux enfants. Elle accompagne son fils Thomas. Âgé de 25 ans, celui-ci est atteint d’une grave maladie génétique qui lui interdit tout mouvement. Isabelle est auteur de « Mystère de la fragilité » où elle raconte le parcours semé d’embuches que Thomas a dû affronter avec ses parents pour surmonter les obstacles liés à sa maladie et à une société où la fragilité est associée à l’échec et suscite le rejet.
« En tant que mère de Thomas, jeune mathématicien brillant et déjà, à 25 ans, enseignant-chercheur à l’Université Paris-Saclay, je veux témoigner que j’ai découvert, au fil des années, à quel point, malgré les difficultés indéniables de la maladie, Thomas mène une vie riche, épanouissante, heureuse, une vie qui lui confère une place pleine et entière dans notre société, ne serait-ce qu’à titre professionnel.
En tant qu’aidante, je souhaite dire, aussi, que pour mener cette belle vie, Thomas a besoin d’aide. Les aides existent mais elles sont encore très insuffisantes. Une « aide à mourir » serait, il faut bien le dire, plus simple à mettre en œuvre que toutes ces « aides à vivre », moins coûteuse, et d’une efficacité redoutable. J’en appelle donc solennellement à nos dirigeants : avant d’envisager la possibilité d’une aide à mourir, vous devez, d’abord et de manière exclusive, considérer la question de développer les aides à vivre dont tous les plus vulnérables d’entre nous ont terriblement besoin« .
Carolina Leitao de Moraes a 37 ans et habite Toulouse. Elle est dépendante du fait d’un handicap, moteur, visuel et auditif… Carolina s’insurge contre l’idée que le suicide puisse être présenté comme une voie possible.
« Tant de gens, même jeunes, mettent fin à leur vie parce qu’ils se sentent seuls, isolés, alors même qu’ils ne sont pas touchés physiquement par la maladie ou le handicap. Alors dire que la maladie légitimerait un suicide, d’autant plus un suicide par la main d’un tiers qui engage la conscience et la responsabilité d’autrui… est pour moi une absurdité ! En permettant le suicide assisté, quelles considérations pouvons-nous attendre et espérer des soignants si, d’une façon simple rapide, ils peuvent résoudre le problème par une injection… ?«
Claire Boucher a 62 ans. Après avoir travaillé 32 ans, elle est à la retraite depuis 8 ans. Elle aime la vie malgré un handicap physique de plus en plus lourd et parfois douloureux. Claire est sensible à la fraternité qui appelle à n’exclure personne. Elle interpelle aussi les « bien portants » qui peuvent ressentir légitimement de la peur à la pensée de la vulnérabilité. Mais la peur ne doit pas dicter une politique.
« Ecoutez les sans voix, ceux qu’on n’a jamais vus sur un plateau de TV, ni entendus sur aucune antenne de radio. On nous dit que les Français ont été écoutés mais lesquels ? Celui qui se projette, celui qui ne veut pas mourir de façon indigne. Mais qu’est-ce qu’être indigne de vivre ? Tous égaux, nous sommes tous dignes de vivre quel que ce soit notre handicap ou notre maladie. Ecoutez-nous, entendez-nous« .
Caroline Brandicourt, Porte-Parole du collectif a terminé la conférence de presse en témoignant de son action en faveur des soins palliatifs.
« Anticiper sa mort n’est qu’un semblant de liberté. Parce qu’on ne sait jamais ce dont on se prive… Il sera difficile à bien des personnes malades de ne pas demander la prétendue aide à mourir qu’on leur aura présentée comme une ultime liberté. Le risque est grand que par défaut de soins palliatifs accessibles, ils y soient poussés…»
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