Recommandations pour accompagner les femmes enceintes vulnérables
La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de publier des recommandations de bonnes pratiques pour repérer et accompagner les femmes enceintes vulnérables pendant et après leur grossesse.
Ce travail a été effectué dans le cadre de la politique des 1000 premiers jours pour mieux accompagner le moment de la grossesse et de l’accouchement ainsi que le suivi dans la durée de la santé de l’enfant et de sa mère.
Au terme d’un rapport approfondi, la HAS publie six fiches pratiques pour favoriser une bonne coordination des professionnels médicaux et sociaux dans le cas de 6 situations particulières :
- femme enceinte et addictions
- femme enceinte en situation de handicap
- grossesse et postpartum en milieu carcéral
- femme enceinte en grande précarité sociale
- mineure enceinte
- femme enceinte victime de violences au sein du couple
Dans un communiqué, la HAS explicite le rôle de ces fiches qui ont pour but de développer « les modalités du dépistage et de l’organisation du parcours de soins en fonction de chacune de ces situations ».
Un bémol cependant sur l’accompagnement des mineures enceintes : parmi les propositions, la fiche prescrit d’informer la mineure sur le droit à l’IVG et la possibilité d’accoucher sous le secret, alors que ce n’est pas le cas pour les autres situations. Il faudrait veiller à ce que cela ne se traduise pas en une incitation si la jeune souhaite malgré les difficultés poursuivre sa grossesse.
En France sur les 201 000 femmes victimes de violences domestiques chaque année, 40% de ces violences démarrent dès la première grossesse. Ces situations peuvent conduire à l’avortement alors que des femmes souhaiteraient l’éviter. Dans sa fiche dédiée, la HAS souligne que « Les femmes victimes de violence ont un risque plus élevé de grossesses non désirées et d’IVG répétées ». Une étude avait montré en 2013 que peu de médecins posaient la question des violences lors des consultations d’avortement.
La HAS propose de faire un repérage systématique pour toutes les femmes en consultation pré et post natale pour les orienter vers un parcours de soins adapté pendant leur grossesse qui leur assure une sécurité physique, une protection juridique et une prise en charge coordonnée vers des unités de soins dédiées aux femmes victimes de violence et des professionnels experts (psychologues, assistantes sociales etc. ).
Pour Alliance VITA qui accompagne des femmes enceintes confrontées à des situations de précarité et de solitude, cette attention particulière des pouvoirs publics est bienvenue en espérant que les moyens soient à la hauteur des ambitions. La Haute autorité insiste « sur l’importance de mobiliser les moyens organisationnels, humains et financiers nécessaires au déploiement de ces recommandations » dans un contexte de tension du système de santé.