COMMUNIQUE DE PRESSE – 1er mars 2024
Rencontre internationale sur la fin de vie : Euthanasie et suicide assisté à l’étranger
La légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté s’est effectuée dans chacun de ces pays à partir d’une triple promesse, dont la rencontre internationale a permis d’évaluer la crédibilité :
- l’euthanasie et le suicide assisté ne seront autorisés qu’à titre exceptionnel,
- l’accompagnement des personnes vulnérables et ou en fin de vie ne sera pas affecté,
- ce « nouveau droit » individuel, qui n’enlèvera rien à personne, sera sans conséquence sur les autres.
Pour le Belge Léopold Vanbellingen, docteur en droit, chargé de recherche à l’Institut européen de bioéthique, « la logique de subjectivité et de non-discrimination, à l’origine de la légalisation de l’euthanasie, a très rapidement conduit à son extension à des cas qui auraient été inimaginables au moment du vote de la loi ».
Le Canadien Trudo Lemmens, professeur de droit et politique de la santé, rappelle que dans son pays, « l’ouverture d’une aide médicale à mourir (AMM) à des cas exceptionnels en fin de vie a glissé vers une thérapie quasi-universelle pour les souffrances parfois vagues liées à la maladie et au handicap ».
Aux Pays-Bas, le nombre d’euthanasies a été multiplié par cinq depuis 2002 et au moins 20 pour cent des maladies invoquées pour recourir à l’euthanasie concernent aujourd’hui des patients qui ne sont pas en phase terminale : démence, psychiatrie, polypathologies liées au vieillissement, handicaps, etc.
Même tendance en Suisse où les conditions d’admission au suicide assisté se sont progressivement élargies, si bien que le taux de suicide en général a doublé en quelques années.
Johannes Irsiegler, psychiatre et psychothérapeute, rapporte qu’en Suisse la personne en détresse qui estime que sa propre vie ne vaut plus la peine d’être vécue rencontre tout un réseau lui permettant d’aller jusqu’au suicide.
Catherine Dopchie, médecin en soins palliatifs en Belgique, constate, témoignages à l’appui, que dans les maisons de repos, l’euthanasie devient un « droit » pour le résident et un devoir qui s’impose au médecin.
En Belgique, l’euthanasie est devenue une proposition parmi d’autres dans la planification des soins.
Au Canada, seulement 30 à 50% des Canadiens ont accès à une forme de soins palliatifs de qualité, et très peu, seulement environ 15%, ont accès à des soins palliatifs spécialisés pour traiter des problèmes plus complexes, explique Leonie Herx, médecin en soins palliatifs.
Enfin loin de constituer seulement un nouveau droit qui n’enlève rien à personne, les pratiques de l’euthanasie et du suicide assisté changent la société en profondeur. Stève Bobillier, docteur en philosophie et sciences sociales et éthicien suisse rappelle que le suicide n’est pas un acte individuel, mais qu’il a un impact conséquent sur les proches, les soignants et la société en général. Et par effet de suicide mimétique (phénomène documenté par des chercheurs depuis des décennies), la législation relative au suicide assisté mène à une banalisation dangereuse au détriment de sa prévention.
Pour Theo Boer, professeur d’éthique de la santé aux Pays-Bas, qui a cru à la loi de son pays avant de déchanter : « L’euthanasie a un impact bien plus important que sur les 6 % de Néerlandais qui meurent après avoir été euthanasiés. Le regard que nous portons tous sur le vieillissement, la fragilité, la dépendance aux soins et la notion même d’humanité a changé. Même les personnes qui meurent de mort naturelle se posent la question du choix de l’euthanasie en raison de la possibilité d’y avoir recours.»
Il a conclu la rencontre sur ces mots :
« Quand la mort accélérée des personnes dépendantes, malades ou âgées est présentée comme une solution, un bien, une forme de désespérance devant la vulnérabilité s’insinue inexorablement dans les esprits. Et les premières victimes de cette désespérance, ce sont les personnes les plus fragiles, menacées par le suicide – sous toutes ses formes – et l’euthanasie. »
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