Suicides annoncés

02/02/2024

Suicides annoncés : Lauren Hoeve et Thomas Misrachi

 

Le samedi 27 janvier 2024, ont été médiatisées deux annonces concernant un suicide, dans deux contextes très différents.

La première concerne une jeune néerlandaise de 28 ans, atteinte d’autisme. Lauren Hoeve revendique depuis des années l’euthanasie à cause d’un syndrome de fatigue chronique provoquant de grandes souffrances. Par un tout dernier message sur X (anciennement Twitter), la jeune femme a écrit : « Je me fais euthanasier », message accompagné d’une image où figure un jeune enfant avec des lunettes de soleil levant le pouce à côté d’un médecin.

L’euthanasie suicidaire, accomplie en présence de ses parents et de sa meilleure amie, avait été annoncée, il y a quelques jours à ses 7 800 abonnés sur X : « Mon dernier jour sera le samedi 27 janvier. L’euthanasie aura lieu entre 13h30 et 14h30. »

La seconde annonce émane d’un journaliste français de TF1. Thomas Misrachi était invité ce même 27 janvier par France 5 pour la sortie de son livre « Le dernier soir » (Grasset) qui raconte la fin de vie de Jacqueline Jencquel.

La militante du suicide assisté a mis fin à ses jours en mars 2022, à 78 ans, alors qu’elle semblait en bonne santé. Lui aussi adhérent de l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), Thomas Misrechi non seulement assume lui avoir « tenu la main » pendant qu’elle prenait la substance létale, mais a encore fait part de sa décision de « programmer » sa propre mort à l’âge de 75 ans (il en a aujourd’hui 53), tout en avouant qu’il lui sera difficile de l’expliquer à sa fille, aujourd’hui petite.

Quoique très différentes, les deux affaires ont un certain retentissement médiatique : la première parce que Lauren Hoeve, très suivie sur les réseaux sociaux, n’était aucunement en fin de vie, ni atteinte d’une maladie mortelle ; la seconde parce que Thomas Misrachi revendique le droit au suicide assisté sans critère de santé, au nom de l’autonomie absolue et de l’aversion pour la vieillesse.

Le suicide de la jeune femme s’est effectué en toute légalité aux Pays-Bas, tandis que Thomas Misrachi affirme et semble assumer risquer une condamnation pour « non-assistance à personne en danger » et « promotion du suicide ». On découvre – si son témoignage est véridique – que le tout dernier post de Jacqueline Jencquel qui affirmait mourir seule, est mensonger. Mais on a aussi la confirmation que son suicide est aussi lié à des difficultés financières.

Vivant dans un superbe appartement dans le 7ème arrondissement de la capitale, elle avait des difficultés à payer son loyer après avoir beaucoup dépensé son argent, pensant mettre fin à ses jours plus tôt.

Alors qu’est envisagé en France d’ouvrir le suicide assisté aux personnes souffrant d’une affection avec pronostic vital engagé à moyen terme, les deux affaires confirment que cette brèche n’arrêterait en rien la revendication du suicide assisté et de l’euthanasie pour des personnes n’ayant pas de pathologie mortelle, voire n’ayant aucune pathologie.

Mais surtout, l’on ne peut qu’être effrayé devant le retentissement social d’une telle annonce anticipée de suicide chez une personne en bonne santé, sur le seul critère de l’âge. Comment concilier ce type de revendication avec la politique de prévention du suicide ?

Les pouvoirs publics s’alarment à juste titre de la forte proportion du suicide, en France, chez les plus de 75 ans. Et les sociologues ont décrit l’effet Werther, cette contagion du suicide chez les personnes qui ont un profil comparable à ceux qui ont mis fin à leurs jours. Le message implicite et inconscient que lance le jeune quinquagénaire aux personnes âgées, après avoir durement stigmatisé l’état de dépendance, c’est : réussissez votre sortie avant la vile dépendance ! Autrement dit : vous n’avez plus votre place parmi nous, les bien-portants.

Vous avez dit fraternité ?

 

Voir nos articles sur la prévention du suicide.

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