Séparation des parents : quels impacts pour les enfants ?

23/02/2024

Séparation des parents : quels impacts pour les enfants ?

 

France Stratégie, organisme rattaché au Premier Ministre, a publié un récent rapport étudiant l’impact de la séparation des parents sur le niveau de vie de leurs enfants . 

Qui est concerné par la séparation des parents ?

Quelques chiffres clés sont rappelés dans cette étude. Une publication de l’INSEE datant de 2020 estime que 4 millions d’enfants mineurs ont des parents séparés. Il y a environ 14.7 millions d’enfants mineurs en France. La proportion est donc de 27% d’enfants mineurs ayant des parents séparés. L’étude donne également quelques éléments sur la taille des familles. Les familles avec 1 enfant mineur représentent 45% des familles, celles avec 2 enfants mineurs sont 38%.

Les enfants mineurs vivant dans des familles de 4 enfants ou plus forment 4% de cette population. Enfin, quand la séparation survient, 86% des enfants restent avec leur mère, 11.5% sont en garde alternée selon les données de 2020.

L’étude apporte des détails sur les probabilités de séparation des parents. En évolution, le risque de séparation a légèrement augmenté entre 2012 et 2019. La probabilité pour un enfant de voir ses parents se séparer est la plus forte vers l’âge de 7 ans (2.8%) et elle décroît jusqu’à l’âge de 11 ans (2.1%) pour rester ensuite stable. Les couples plus pauvres se séparent davantage que les couples aux revenus plus élevés. Enfin, « Les enfants de parents mariés ou pacsés font face à une probabilité de rupture bien moindre (1,8 %) que les enfants dont les parents sont en union libre (4,4 %) ».

Comment évolue le niveau de vie des enfants après la séparation des parents ?

Le rapport souligne que l’impact de la séparation a été souvent étudié sous l’angle des parents. Le but de l’étude est de se centrer sur les enfants mineurs par « le projet de création d’une base de données ad hoc permettant de suivre la trajectoire de niveau de vie et les conditions de vie des enfants et d’étudier l’impact de la séparation du point de vue de l’enfant ». Un panel d’environ 36 000 enfants ayant vécu une séparation de leurs parents a été constitué, panel suivi sur plusieurs années.

Un groupe dit « de contrôle » constitué de 93 000 enfants dont les parents sont restés ensemble permet de comparer l’évolution des situations.

Les auteurs constatent un impact important de la séparation : « les enfants dont les parents se séparent vivent l’année de la séparation dans un ménage dont le niveau de vie est en moyenne 19 % inférieur à celui précédant la séparation ». De plus cet impact n’est pas ponctuel : « Cette baisse de niveau de vie est durable : cinq ans après la séparation, le niveau de vie des enfants dont les parents se sont séparés est toujours inférieur d’environ 12 % en moyenne à leur niveau de vie avant la séparation ».

Cette moyenne cache une disparité : l’impact est plus fort lorsque les enfants résident avec leur mère, le cas le plus fréquent de loin. L‘étude ne fait pas apparaître de grandes différences en fonction de la taille de la fratrie.

Si l’impact sur le niveau de vie s’atténue, voire disparaît dans le temps lorsque le parent gardien se remet en couple, cette situation n’est pas majoritaire. Selon les auteurs, « la remise en couple du parent gardien ne concerne qu’une proportion minoritaire des enfants, qui croît de manière régulière mais lentement : 5 % d’entre eux sont concernés l’année suivant la séparation, près de 20 % trois ans après, et près de 30 % six ans après. Ainsi, six ans après la séparation, 70 % des enfants vivent encore avec le parent gardien seul ».

Quand on compare la situation avec les enfants du même âge dont les parents restent ensemble, le contraste est plus fort : « la différence de niveau de vie après la séparation est encore plus marquée, de l’ordre de 27 % l’année de la séparation, et toujours 22 % au bout de cinq ans ».

L’impact de la séparation des parents sur les conditions de logement.

L’étude se penche aussi sur l’évolution des conditions de logement de ces enfants. La séparation des parents implique souvent un changement de logement : « L’année de la séparation, 38 % des enfants quittent le logement occupé l’année précédente, 18 % un an après la séparation puis 15 % deux ans après ». Pour la plupart, le déménagement se fait dans la même commune ou le même département. Le logement social joue un rôle important d’amortisseur du « choc économique » de la séparation.

« Trois ans avant la séparation, 15 % des enfants résident en logement social quand ils vivent avec leurs deux parents. Cette proportion fait plus que doubler après une séparation pour les enfants vivant chez leur mère. » Une étude de 2013 montrait déjà que les familles monoparentales sont les plus demandeuses de ces logements.

En conclusion, les auteurs appellent aussi à croiser ces premières données de « trajectoire » des enfants mineurs avec des données du ministère de l’Education nationale « pour connaître l’impact des séparations sur la réussite scolaire ». Une étude ancienne de l’INED (2002) concluait que « quel que soit le milieu social, la rupture du couple parental est associée à une réussite scolaire plus faible chez l’enfant ».

Ces données constituent une incitation supplémentaire à des politiques de soutien pour les familles et les couples afin de favoriser « un éco-système pour la famille durable » comme Alliance VITA le demandait dans ses « priorités à l’humanité » en 2022.

 

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