France : attention aux plus fragiles !

10/10/2023

Journée mondiale de la Santé Mentale : France : attention aux plus fragiles !

 

Le 9 octobre, à la veille de la journée mondiale de la santé mentale, Santé publique France a confirmé la dégradation de la santé mentale des Français en 2023, notamment celle des jeunes.

Cette aggravation s’observe depuis septembre 2020 et le début de la grande pandémie.

Parmi les indicateurs inquiétants signalés, l’appel aux urgences pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires qui avait « fortement augmenté en 2021 puis 2022 », est resté « à un niveau élevé », avec une hausse « marquée », chez 18-24 ans en 2023. Chez les 11-17 ans, les passages pour idées suicidaires sont même encore en hausse en 2023. En s’alarmant de cette situation, Santé publique France, note que le recours à l’aide reste encore largement taboue sur ces problématiques. Des actions sont annoncées pour encourager des moyens de prévention des souffrances psychiques (l’activité physique, le sommeil et les loisirs) et insister sur « l’importance d’en parler ».

En mars 2023, un autre rapport – émanant cette fois du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge – s’était inquiété d’un problème spécifiquement français : la forte consommation de médicaments psychotropes par les enfants de 6 à 17 ans. Ils étaient 500.000 en 2019, soit deux fois plus nombreux qu’en 2010 à consommer de tels médicaments, souvent hors des conditions règlementaires de prescription. Pour 700 professionnels du soin aux petits enfants cosignataires en 2022 d’une tribune, la hausse des pratiques suicidaires chez les jeunes est liée à trois facteurs : délitement des structures de soins, faiblesse du tissu social et familial et sentiment d’isolement.

Ces constats alarmants interviennent alors que la France débat de la levée de l’interdit de tuer, un interdit légal qui structure la relation entre soignants et soignés depuis 2500 ans. En septembre 2022, le Comité consultatif national d’éthique s’est prononcé – malgré la réserve de 8 de ses membres – pour la légalisation du suicide assisté. Le CCNE a bien noté l’argument des spécialistes de la prévention qui relevaient « l’ambiguïté de la coexistence de politiques de prévention du suicide et d’une demande d’ouverture d’un droit à l’assistance au suicide chez certaines personnes, même dans des situations exceptionnelles ».

Mais il est passé outre, laissant même entendre en annexe de cet avis n°139 que « La neutralité du terme suicide, qui est sans doute son aspect le plus problématique, devrait s’établir » progressivement. Le risque de banalisation d’un drame qui touche à la fois de plus en plus les jeunes et majoritairement les personnes âgées choque les tenants d’une prévention universelle du passage à l’acte. On risque de signifier à nos concitoyens les plus vulnérables qu’ils ne sont plus dignes de prendre leur place dans la société.

En juillet 2023, une tribune, signée par une centaine de « professionnels de la psychiatrie, de la psychanalyse et de la psychologie » pointait à son tour « les angles morts » du débat actuel : ce sont essentiellement des bien-portants qui sont favorables au suicide ; il n’est que très rarement demandé par les personnes dépendantes ; quant aux personnes qui sont passées à l’acte et ont survécu, dans l’immense majorité des cas, elles sont heureuses d’avoir été sauvées. C’est que la volonté suicidaire est ambiguë et non pas définitive.

Eriger un droit au suicide consacrerait à leurs yeux l’abandon des personnes en souffrance psychique, et le renoncement à la créativité des soignants pour accompagner. Cette menace prend une acuité particulière au moment où l’on constate que la santé mentale des Français s’est encore dégradée.

 

Pour aller plus loin :

Quand les enfants vont mal : un rapport lance une alerte sur l’état de santé mentale des enfants – Alliance VITA

 

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