Pilules contraceptives : des études scientifiques pointent les risques
Plusieurs études scientifiques récentes ont étudié les risques que présente la prise de pilules contraceptives hormonales pour les femmes. Certaines études approfondissent des sujets déjà connus du public et qui ont fait l’objet de publications et d’articles depuis de nombreuses années (pour une recension d’Alliance VITA, voir ici).
Contraception hormonale et cancer du sein
Le lien entre risque accru de cancer du sein et prise de pilule hormonale est étudié et documenté depuis longtemps. Une étude publiée en 1996 dans the Lancet en avait déjà fait état. L’OMS signale d’ailleurs ce risque dans sa classification des produits carcinogènes. Une nouvelle étude parue au printemps dernier s’est de nouveau penchée sur ce sujet. Elle a porté sur un échantillon d’environ 10,000 femmes habitant le Royaume Uni et atteintes d’un cancer du sein, entre 1996 et 2017. Les principaux résultats font ressortir que le risque de cancer du sein augmente de 20 à 30% pour les femmes utilisant une contraception hormonale.
Ce risque serait présent quelle que soit la forme d’administration de la substance : pilule, sterilet, implant. Selon les auteurs, leurs analyses ont “révélé des risques relatifs (RR) significativement élevés pour l’utilisation actuelle ou récente de contraceptifs progestatifs uniquement“. Autre résultat de cette recherche, le risque de cancer est avéré quelle que soit la formule utilisée, progestative ou une combinaison oestroprogestative. L’étude s’est intéressée à l’association à “court terme” entre la prise de la contraception et le développement d’un cancer du sein.
Elle ne fournit pas d’information sur les risques à long terme ni sur l’impact relatif à la durée de prise de la contraception hormonale.
Selon l’Institut National du Cancer “le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment observé chez les femmes en France, comme dans l’Union européenne et aux États-Unis. Le nombre de cas observés chaque année a tendance à diminuer depuis 2005, même si cette maladie reste la première cause de décès par cancer chez les femmes en 2023“. En France il y a chaque année environ 60,000 nouveaux cas. En 2018, 12100 femmes sont décédées de ce cancer. Le risque de ce cancer augmente avec l’âge et il existe d’autres causes que celles de la contraception hormonale.
L’étude, ainsi que le site de l’OMS, signalent également que certains types de contraception hormonale auraient un effet protecteur sur d’autres formes de cancer. Plusieurs études suggèrent en effet que les femmes sous pilule combinée risqueraient moins d’être atteintes d’un cancer de l’ovaire ou de l’endomètre. Cependant ni l’étude, ni le site de l’OMS, ne fournissent de mesure quantifiée de cette protection.
La prévalence de ces cancers est largement moindre. Alors qu’une femme sur 8 en France est touchée par le cancer du sein, le cancer de l’ovaire touche une femme sur 70. Et selon la Revue du praticien, l’incidence du cancer du corps de l’utérus est 7 fois moindre que celle du cancer du sein : 8224 cas en 2018 contre 58459 cas.
Pilule et impact sur la santé mentale
Différentes études se sont aussi penchées sur les liens possibles entre santé mentale et prise de contraception orale. En 2016, une étude portant sur plus d’un million de femmes au Danemark avait conclu que “l’utilisation de la contraception hormonale, en particulier chez les adolescentes, a été associée à l’utilisation ultérieure d’antidépresseurs et à un premier diagnostic de dépression, suggérant que la dépression était un effet indésirable potentiel de l’utilisation de contraceptifs hormonaux“.
Une nouvelle étude parue en juin 2023, et portant sur plus de 260,000 femmes au Royaume Uni, a confirmé ces résultats.
Les auteurs ont cherché en particulier à mesurer un “biais” venant du fait que des femmes arrêtent la contraception hormonale quand elles en ressentent un effet sur leur humeur. Ce comportement conduirait à sous-estimer l’impact de la contraception hormonale sur le risque de dépression. Au total, les auteurs confirment les résultats précédents : “nos résultats suggèrent que l’utilisation de contraception orale, en particulier au cours des 2 premières années, augmente le risque de dépression. De plus, son utilisation pendant l’adolescence pourrait augmenter le risque de dépression plus tard dans la vie“.
Une étude encore plus récente, parue en août 2023, s’est intéressée au lien entre prise de pilule hormonale contraceptive et régulation du stress. Sur un petit échantillon de 131 jeunes femmes, les chercheurs ont mesuré la présence dans le sang d’une hormone (l’ACTH hormone adénocorticotrope) agissant elle-même sur la production de cortisol, hormone elle-même impliquée dans la régulation du stress. L’étude mesurait la présence de l’hormone ACTH avant et après des activités de groupe (comme des jeux de société, de la chorale…) dont l’effet est généralement de diminuer le niveau de stress.
Les auteurs ont conclu à un “impact de la contraception orale sur une altération de la dynamique de réponse au stress” et appellent à des études plus poussées.
Ce panorama de recherches récentes souligne l’impact de la prise de contraception hormonale sur la santé des femmes. Une diffusion de ces informations auprès du grand public doit faire partie de la politique de santé publique, d’autant plus que les pouvoirs publics promeuvent la contraception hormonale notamment par sa gratuité jusqu’à 25 ans instaurée depuis janvier 2022.
Une approche plus écologique intégrant le respect des fonctions biologiques et hormonales naturelles du corps pourrait aussi être intégrée dans les campagnes des pouvoirs publics sur ce sujet de la contraception.