Prévention du suicide : le dispositif VigilanS mesure son efficacité

07/09/2023

Santé Publique France vient de publier une étude mesurant l’efficacité d’un dispositif de prévention du suicide. A l’occasion de la journée mondiale de prévention du suicide, la publication des résultats montre les bénéfices d’un dispositif de recontact.

 

Qu’est-ce que le dispositif VigilanS ?

Créé en 2015 dans la région Hauts de France, et étendu aux autres régions par la suite, ce dispositif organise un réseau de recontact et d’alerte, par des professionnels de santé, autour d’une personne ayant fait une tentative de suicide.

L’observatoire national du suicide a publié des données chiffrées sur les comportements suicidaires. Environ 9200 personnes se suicident par an, et les tentatives de suicide entrainent 100,000 hospitalisations et environ 200,000 passages aux urgences. Par ailleurs, 75% des récidives ont lieu dans les 6 mois après une tentative. La survenue d’une tentative de suicide multiplie par 20 le risque d’une autre tentative dans l’année qui suit, et par 4 le risque de suicide ultérieur. Le risque de récidive est donc très important après une tentative de suicide.

Pour une personne sortant d’une hospitalisation pour une tentative de suicide, le dispositif comporte plusieurs outils :

  1. La proposition et la remise, si elle l’accepte, d’une carte ressource avec un numéro vert gratuit, pour un contact permanent en cas de mal-être ou de problème.
  2.  Si la personne a fait plusieurs tentatives, un contact par téléphone dans les 10 à 20 jours qui suivent sa sortie d’hôpital, et l’envoi d’une carte personnalisée ou d’un SMS tous les mois durant quatre mois.
  3. Au bout de 6 mois, la personne est contactée pour une évaluation téléphonique détaillée et la décision ou non de reconduite du dispositif.

 

Quels sont les résultats de l’évaluation du dispositif ?

L’évaluation de VigilanS a porté sur les données des 6 premières régions d’expérimentation sur la période 2015-2017. L’étude s’intéresse à environ 23,000 personnes ayant fait une tentative de suicide, la moitié ayant intégré le dispositif et l’autre moitié non.

Les chiffres montrent une nette différence. Santé publique France note que : “Dans le premier groupe, 3 214 réitérations suicidaires ont été identifiées contre 5 014 pour les patients non exposés. Ces résultats montrent une diminution de 38 % du risque de réitération suicidaire (passage aux urgences ou hospitalisation pour tentative de suicide ou décès par suicide) dans les 12 mois suivant leur tentative de suicide chez les patients VigilanS. L’efficacité du dispositif est observée quel que soit le sexe ou s’il s’agit de la première tentative de suicide de la personne ou non.”

Cette forte diminution du risque de récidive est une bonne nouvelle en soi.

Santé Publique France ajoute également un élément économique : “L’évaluation médico-économique a montré que 1 € investi dans le dispositif VigilanS permettrait d’économiser 2 € de coût de santé. En moyenne, 248 € de coûts de santé seraient ainsi économisés pour chaque patient inclus dans VigilanS.”. Rapportée à l’ensemble des personnes de l’étude, par exemple, l’économie se monterait à 2.85 M€.

 

La prévention du suicide reste un enjeu majeur en France

D’après les données disponibles, le nombre de suicides serait à la baisse tendancielle en France (plus de 12000 suicides en France au milieu des années 80). D’après un rapport de l’OMS en 2019, la France se classait 75° sur 183 pays pour son taux de suicide. Celui-ci -12.3 pour 100,000 habitants en 2017- reste au-dessus de la moyenne des pays européens. Ce taux est nettement plus élevé chez les hommes que chez les femmes et augmente avec l’âge.

 

Les bénéfices du dispositif VigilanS pour préserver des vies soulignent l’importance du lien relationnel, ainsi que le besoin d’une prise en charge adéquate par le système de santé. Alors que les débats sur la fin de vie se poursuivent, ces éléments, la relation humaine et la qualité des soins, devraient être le cœur d’une amélioration de la prise en charge de la fin de vie, et non la légalisation d’une mort administrée qu’elle qu’en soit la forme. Plusieurs articles de psychiatres ont récemment alerté sur le basculement que représenterait une légalisation du suicide assisté alors que la prévention est un objectif majeur.

 

Pour aller plus loin : L’effet Werther ou la contagion suicidaire

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