Congrès de la SFAP : les soignants des soins palliatifs disent non à l’euthanasie et au suicide assisté
Du 14 au 16 juin, la Société Française d’Accompagnement et de Soins palliatifs (SFAP) tenait son congrès annuel à Nantes. Au cours de ce congrès, l’association a présenté les résultats d’une « convention soignante » menée par 1 500 professionnels de santé représentant 25 métiers. Les résultats montrent les grandes réserves et les craintes de ces soignants face à l’annonce d’une évolution de la loi sur la fin de vie.
En parallèle de la Convention citoyenne, la SFAP a mené une « convention soignante » pendant un mois. Au cours de 130 réunions en visioconférence, les différents professionnels ont réfléchi sur l’impact qu’aurait une légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté sur leurs pratiques. Les résultats de cette convention ont été présentés le deuxième jour du congrès.
Sans ambiguïté, le premier message-clé qui se dégage de cette réflexion est que « donner la mort n’est pas un soin ». « Toute évolution de la loi vers la légalisation de l’euthanasie comprend un risque de dérives inévitables et une rupture majeure dans le « ce que soigner veut dire », selon des propos cités dans les résultats de la convention.
Pour la majorité de ces soignants, l’euthanasie et le suicide assisté sont incompatibles avec les soins palliatifs. Ils ont exprimé dans cette convention leur refus de participer à l’une de ces pratiques et leur inquiétude pour les personnes vulnérables et dépendantes, qui pourraient se sentir une « charge pour autrui ». Néanmoins, ils s’engagent à continuer à accompagner leurs patients « quoiqu’il arrive ». Enfin, ils demandent que soient impérativement développés les soins palliatifs et la formation en soins palliatifs.
Lors de l’assemblée générale, les participants ont pu voter sur leurs émotions face à l’annonce de la préparation d’un projet de loi. Les émotions dominantes exprimées étaient l’inquiétude, la méfiance, la peur et la vigilance.
Puis, au cours d’un émouvant discours, la présidente de la SFAP Claire Fourcade s’est engagée à refuser toute légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté : « Le débat en cours semble parfois se réduire à un choix entre euthanasie et suicide assisté. Or nous savons tous que face à un dilemme apparemment insoluble, il faut refuser de se laisser enfermer dans un choix binaire et chercher une 3e voie, penser autrement. Nous qui vivons tout proches de la vulnérabilité et de la faiblesse, nous pensons que le soin à l’approche de la mort est inconditionnel ». Les acteurs des soins palliatifs participeront activement au débat à venir :
« Faut-il nous opposer ou composer ? Faut-il nous asseoir à la table et continuer à écrire un texte qui nous déchire ou laisser à d’autres le soin de décider de notre avenir ? Nous ne voulons pas nous résigner. Nous irons à la table de l’écriture de la loi à venir. Nous irons témoigner de ce que nous vivons. Nous dirons ce qui est pour nous essentiel. […] Nous dirons non à la fin d’une forme d’éthique collective et à la blessure infligée aux liens qui relient les citoyens et aux solidarités familiales, amicales, citoyennes qui exigent parfois beaucoup d’efforts quand l’autre souffre ou meurt. Un autre chemin existe que celui de la fragmentation, des choix illusoires et de la solitude infinie. »
Longuement applaudie, Claire Fourcade a conclu son discours par ces mots : « Nous demandons au Gouvernement et au Parlement de poursuivre cette voie française de l’accompagnement, en ne faisant pas peser la décision et la réalisation de la mort provoquée sur les équipes soignantes du patient. Nous disons notre espoir d’une société dans laquelle s’impose « la loi du plus faible », celui que nous continuerons d’accompagner quoi qu’il arrive parce que c’est notre métier, notre engagement et notre fierté. »