Baromètre du mal-être en France : la solitude touche toutes les générations
A l’occasion de son congrès annuel, SOS Amitiés a publié son dernier baromètre du mal-être en France, et son constat est désolant : la solitude touche toutes les générations.
Ce baromètre fait suite à de précédentes publications, comme les rapports annuels de l’observatoire des souffrances psychiques disponibles sur le site de l’association depuis 2012. Le baromètre 2023 a été diffusé par la presse.
Les constats du baromètre de SOS Amitiés
Fondée en 1960, SOS Amitiés est une fédération regroupant 44 associations locales, et près de 1700 bénévoles. Leur écoute se fait par téléphone, messagerie et « tchat ». Son objectif principal, selon leur site, est « de prévenir le suicide par l’écoute du mal-être, de l’angoisse ou du désespoir de toute personne en souffrance« .
L’association reçoit de très nombreux appels : 3.3 millions en 2022, en hausse de 244 000 comparé à 2021. Elle a pu répondre à environ 700 000 appels, soit 20% des appels reçus.
La majorité des appels reçus vient de personnes entre 45 et 64 ans, et les femmes sont majoritaires (60%). Selon la presse, l’étude note que « les personnes entrant dans cette tranche d’âge se sentaient déjà seules avant le Covid. L’épidémie les a fait basculer dans les problèmes psychologiques, comme la dépression« . Au total, le nombre de personnes évoquant des idées suicidaires a augmenté de 44% comparé à 2021. Cette dégradation de la santé mentale rejoint de nombreux constats, sur le plan national et international.
Le mal-être des jeunes en hausse
Point saillant du baromètre : la part des appels venant de jeunes de moins de 14 ans a monté fortement entre 2020 et 2022 : +40%. Le contact se fait le plus souvent par messagerie en ligne proposée par l’association. Selon les écoutants de l’association, ces jeunes qui ont appelé en 2022 sont en recherche « d’un adulte référent, qu’ils n’ont pas trouvé dans leur écosystème familial, sportif ou scolaire« .
Déjà en novembre 2021, la Défenseure des droits Claire Hédon publiait un rapport soulignant, entre autres, l’écart entre hausse des besoins de psychiatrie pour les enfants (doublement en 20 ans) et les difficultés d’accès aux soins.
La Cour des comptes a récemment publié un rapport sur le sujet. Dans son introduction, la Cour note : « Bien que le manque de données concernant la situation française rende difficile l’estimation des effectifs concernés, on peut néanmoins estimer qu’environ 1,6 million d’enfants et adolescents souffrent d’un trouble psychique. Comme dans les autres pays de l’OCDE, l’épidémie de covid 19 a eu pour effet d’augmenter dans des proportions importantes les troubles psychiques chez les enfants à partir de 10 ans et chez les adolescents« . La Cour souligne « une offre saturée » en ce qui concerne les soins proposés.
Ce constat n’est pas sans lien avec l‘alerte à la sur-médication lancée récemment par le Haut Conseil à la Famille. Des facteurs de stress cités par le baromètre rejoignent d’ailleurs ceux du Haut Conseil : des peurs de l’avenir liées au réchauffement climatique, aux guerres.
Le sentiment d’isolement s’étend ainsi à toutes les tranches d’âge. Une situation à prendre au sérieux pour les pouvoirs publics et au sein des familles.
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